MONNAIES ET DETECTIONS

Pour les passionnés de la détection

Bienvenue sur le Blog Officiel
Monnaies et Détections

Catégorie : Numismatique

La Grèce

On sait qu’avant l’apparition du monnayage proprement dit, les Grecs du Péloponèse, et plus spécialement de l’Argolide, ont utilisé comme monnaie des broches à rôtir en fer, semblables à nos fers à brochettes actuels, les « obeloi ». Six obeloi pouvaient tenir dans la main formant ainsi une poignée ou « drachme ». C’est en effet l’étymologie probable du mot qui désigna, jusqu’à l’euro d’aujourd’hui, l’unité monétaire grecque.
Le monnayage véritable conserva ces dénominations, à cela près que le doublet « obole » fut généralisé (obèle gardant presque toujours son sens de broche) et maintint la division de la drachme en six oboles… montrant bien que ces fameuses « drachmes d’obeloi » étaient bien, à l’origine, d’authentiques proto-monnaies.
Les premières pièces de monnaies (en argent et en or) sous la forme actuelle sont, selon Hérodote, l’œuvre des Lydiens vers 650 av. J.C, plus tard, l’usage et la fabrication se répandront dans la Grèce entière.
Durant la période archaïque les pièces fabriquées par les Lydiens sont en électrum, un alliage naturel d’or et d’argent !

Sur l’île d’Égine on frappa les premières monnaies grecques, les fameuses tortues éginétiques qui perdurèrent en différents endroits de la Grèce pour le commerce.
Dès le début, on tenta de tricher en rognant des morceaux des pièces encore pas vraiment rondes… alors pour contrer ces premiers « escrocs » les monnayeurs se mirent à ajouter sur les pièces, des motifs, des décors et à imprimer un cercle autour, on n’était qu’au début de la monnaie « protégée » et plus tard les cités grecques émirent l’emblème de leur ville ou l’image des divinités la protégeant.

Durant la période classique, les pièces frappées au Ve siècle av. J.-C. Sont parmi les plus belles monnaies jamais réalisées. Plus tard, les Romains puis les Anglais et aussi les Français s’inspirèrent des modèles grecs.

La suite dans Monnaies & Détections n° 120

Ducatum bullonii, le Monaco des Ardennes

Le duché de Bouillon, à la frontière actuelle du Royaume des Belges et de la République Française, est fascinant à plusieurs titres pour un collectionneur. 

Liard de Bouillon.

En effet, le richissime duc de Bouillon était, à la toute fin de l’Ancien Régime, le maître d’une principauté mais aussi le comte d’Evreux. Titre associé à une pairie, il est le dernier des comtés du duché de Normandie qui est considéré comme très contrôlé et centralisé dès ses débuts et les quelques comtés qui le subdivisent sont confiés à des parents. Voici pourquoi il est étonnant que, bien après la chute de la Normandie en 1204, bien après le bris de l’anneau ducal en 1469, le comté d’Evreux existât encore en 1789 .
Si cette disgression normande était nécessaire, c’est parce que la fortune du duc de Bouillon lui vient de son comté-pairie d’Evreux bien plus que de sa souveraineté. Une situation qui rappelle celle de Monaco : fortune des Matignon-Grimaldi en Normandie, la plus grasse des provinces françaises avant la Révolution, et, en plus, pour le prestige d’alors mais aussi le plaisir des historiens d’aujourd’hui, une principauté aux confins de la France.
Or les principautés intéressent les numismates et les détectoristes trouvent moult monnaies (cf. le liard de Bouillon en illustration) voire d’insignes militaires venues d’icelles. Nous présentons ici un insigne du 98e Régiment d’Infanterie, le successeur du Régiment de Bouillon, des troupes allemandes servant la France, puisque le duché de Bouillon était du Saint Empire Romain Germanique. C’est ce régiment d’infanterie français qui en a prolongé les traditions, avis aux détectoristes et collectionneurs de militaria.
Le duché de Bouillon a perduré jusqu’en 1815, le Congrès de Vienne l’a condamné, contrairement à Monaco. Pourtant Bouillon avait un duc, servant comme militaire dans l’armée britannique victorieuse tandis que Monaco avait un prince – titre traditionnellement moins important que celui de “duc” – servant dans l’armée vaincue. Cependant Mr de Grimaldi était protégé par Talleyrand alors que personne n’épaulait plus l’ascension de Mr d’Auvergne.
Lequel s’appelait à sa naissance “Dauvergne” et n’avait jamais mis les pieds à Evreux non plus qu’à Bouillon avant d’être un adulte.

La suite dans Monnaies & Détections n° 119

Les deux comtés de Hanau (suite)

Dans « Les deux comtés de Hanau » (M&D n° 102) nous avions tenté de montrer combien l’histoire des trois chevrons de Hanau est passionnante et saute du Rhin à l’Amazone. Ce blason se retrouve comme quartier des armoiries du grand-duché de Francfort.

5160 km2, 300 000 habitants, un grand-duc qui abdique le 28 octobre 1813 en faveur d’Eugène de Beauharnais et un contingent de 1300 hommes à fournir à la Grande Armée pour former le Régiment de Francfort. Comme tous les contingents germaniques, après la bataille de Leipzig perdue par Napoléon au soir du 19 octobre 1813, il se délitera. Cependant l’empereur va se voir couper la route à Hanau près de Francfort.
Ce 30 octobre, les Autrichiens, alliés aux Bavarois qui viennent de renverser leur alliance, coupent la route de l’armée française qui retraite depuis l’Est, depuis Leipzig, vers le Rhin.
Napoléon gagne et passe sur la route de Francfort. Il parvient à Mayence le 2 novembre.
La bataille de Hanau a donc sauvé les débris de la campagne d’Allemagne de 1813, pas tous cependant puisque, en 2015, il sera trouvé deux cents tombes de soldats français, sans doute des blessés de l’affrontement, morts dans les hôpitaux.
Son prédécesseur ayant abdiqué, depuis son refuge de Zürich, le 28, la bataille de Hanau ayant eu lieu deux jours après et les restes de l’armée française ayant quitté le grand-duché quatre jours après la renonciation, Eugène a donc formellement régné, sans gouverner puisqu’aux prises avec les Coalisés en Italie, sur le grand-duché de Francfort pendant quatre jours.
Evidemment, ce trop court règne n’a pas eu de conséquences numismatiques mais il permet sans conteste d’affirmer qu’Eugène de Beauharnais a eu sa couronne.

La suite dans Monnaies & Détections n° 119

L’une des pièces de monnaie françaises parmi les plus recherchées est la 5 francs 1871 A ayant un trident pour différent. Elle a été frappée pendant la Commune de Paris dont on commémore actuellement le 150e anniversaire. Le directeur de la monnaie de Paris était pendant cette courte période, qui va du 18 mars 1871 au 28 mai 1871, Zéphirin Camélinat, un ancien ouvrier du bronze.

La Commune de Paris

A la fin de 1870, la France connait la défaite de Sedan, Napoléon III est destitué, le Second empire laisse la place à un gouvernement républicain dont les armées n’arrivent pas à ralentir les troupes prussiennes. Autour de Paris la résistance tente de s’organiser et le peuple de la capitale se révolte contre ceux qui conduisent la France de défaite en défaite. Le 18 mars 1871 des ouvriers rejoints par les gardes nationaux de Paris proclament la Commune de Paris. Ces responsables choisissent le drapeau rouge pour symbole. Parallèlement, le gouvernement dit d’Union nationale dirigé par Adolphe Thiers s’installe à Versailles et poursuit des négociations de paix avec Guillaume II, le nouvel empereur d’Allemagne. Une lutte sans merci s’engage entre les responsables de la Commune, favorables à la mise en place de mesures sociales et qui refusent une capitulation où la France perdrait l’Alsace et la Loraine et devrait payer une énorme dette de guerre, et le très conservateur régime versaillais qui cèderait aux exigences de la Prusse. Ce conflit armé dure 100 jours et se termine par le massacre de dizaines de milliers de Communards dans les rues de Paris, la fusillade d’autres partisans de la Commune dans le cimetière du Père Lachaise devant un mur qui prendra le nom de Mur des Fédérés et de nombreuses déportations en Algérie et en Nouvelle-Calédonie mais aussi l’idée sociale comme l’école laïque. En 2021 cette courte expérience de la Commune de Paris est commémorée dans le monde entier comme la première tentative d’établissement d’un régime politique populaire et social.

Zéphirin Camélinat, directeur de la Monnaie de Paris pendant la Commune de Paris

Rémi Zéphirin Camélinat est né le 14 septembre 1840 à Mailly-la-Ville dans l’Yonne. Il est d’abord paysan-vigneron dans sa région natale puis en île de France. Ensuite il s’installe à Paris où il travaille comme ouvrier. Il suit des études professionnelles et apprend l’anglais. Rapidement il se spécialise dans le travail du bronze et ses camarades le choisissent comme représentant syndical. En 1864 Zéphirin Camélinat participe à la création de l’Association Internationale des Travailleurs. En 1867 il prend une part prépondérante dans la grande grève victorieuse des ouvriers du bronze. Jusqu’à sa mobilisation en 1870 il allie travail et formation politique. Dès septembre 1870, il s’engage politiquement pour la fin des combats entre Français et Allemands et la création d’un état fédéral entre les deux nations.

La suite dans Monnaies & Détections n° 118

Une principauté napoléonide

La sœur la plus âgée de Napoléon Ier n’a pas été oubliée lorsque Bonaparte devient empereur des Français. Puisque c’est un empire, il a des couronnes vassales et Elisa Bonaparte va en recevoir une. Il s’agit des principautés de Lucques et de Piombino. Elle les possède jusqu’en 1809, quand Napoléon lui donne le grand-duché de Toscane, voisin de Piombino.

Monnaie de Félix et Elisa Baiocchi.

Piombino mérite à lui seul que l’on s’y intéresse. En effet, ce petit pays possède un long passé et ce contraste attire l’historien, point commun que Piombino partage avec la principauté de Monaco qui, elle, est loin d’être disparue. Pour être précis, Elisa Bonaparte a été faite princesse de Piombino le 28 mars 1805, un an avant de se voir “ajouter” la principauté de Lucques. Elle règne avec son mari, et les deux portraits apparaissent sur les monnaies qu’ils font toutes frapper à Florence : 3 et 5 centesimi de cuivre tandis que le 1 franco et la 5 franchi sont d’argent 900°/°°.
Cette histoire multiséculaire s’est gravée dans différents métaux propices à la frappe monétaire.
Piombino fait face à l’île d’Elbe et son prince en possède un morceau, de cette île qui deviendra si fameuse, plus tard, avec son impérial (et impatient) souverain en exil.
Piombino, c’est la Mer Tyrrhénienne, la côte ligure. Soleil et palmiers constamment harcelés par les Barbaresques jusqu’au début du XIXe siècle, même si leur cuisante défaite en 1675 contre les Médicis avait considérablement apaisé la navigation. Mais les grands-ducs de Toscane étaient très attirés, eux aussi, par leur petit voisin Piombino et son île de 222 km2, juchée sur un énorme gisement de fer. Leur protection contre les Barbaresques coûtait cher : ils avaient une base militaire à Portoferraio, l’actuelle capitale de l’île d’Elbe. (D’ailleurs, devenu souverain de l’île d’Elbe pour 11 mois, Napoléon Ier s’inspirera des armoiries des Médicis de Toscane pour le drapeau insulaire et non pas de celles des Boncompagni de Piombino). Pourtant de 1399 à 1859, avec des interruptions, la principauté de Piombino va exister malgré l’étreinte, de plus en plus étouffante, des grands-ducs de Toscane, émettant sa propre monnaie de 1594 à 1699. Ici, pour la bonne compréhension de la suite il faut rappeler que, grosso modo, la Toscane passe des Médicis aux Habsbourg, que l’Espagne et ses possessions italiennes (Naples, Sicile) passent des Habsbourg aux Bourbon et que Piombino passe des Appiani aux Boncompagni par héritage.
Piombino possède sa propre dynastie, entendons par là que la famille qui y règne n’est pas la branche cadette d’une autre qui aurait régné sur un Etat plus puissant. Piombino est dans la mouvance espagnole jusqu’au XVIIIe siècle puis dans la sphère autrichienne jusqu’à “l’unification” de l’Italie. Car la principauté est une petite exception : lorsque les Puissances redessinent l’Europe en 1815, elle n’est pas dissoute, non, mais vassalisée au sein du Grand-Duché de Toscane et ses princes, de la famille Boncompagni, continueront à régner… Sans plus de politique extérieure, ni d’armée ni de monnaie.

Les armoiries des Appiani ont été reprises dans celles des Boncompagni.

La suite dans Monnaies & Détections n° 118

 

Monnaies d’aubaine à La Réunion

Quitter le confort d’un cabinet d’avocat paternel pour s’engager dans l’Artillerie de Marine est le signe d’une personnalité forte. Le jeune Normand Decaen est né la même année que le jeune Corse Bonaparte. Ils ne seront jamais intimes. Toutefois, le Premier Consul saura la valeur de ce soldat dans l’âme qu’est Decaen.
Le natif de Caen (eh, oui !) va exploiter ses talents dans les domaines militaires et administratifs lorsqu’ils se retrouve à la tête des actuelles Réunion, Seychelles et Maurice.
En 1803, le général Decaen va devoir gérer des îles harcelées par la première flotte du Monde d’alors : la Navy (la vraie, pas l’américaine). Passons sur ses exploits contre la Perfide Albion car il est plus étonnant de le voir s’improviser maître de la Monnaie.
Il a la main sur les dizaines de corsaires français qui fraient dans l’Océan Indien et ceux-ci lui en annoncent une bien bonne : la prise de milliers de monnaies anglaises.
Le général Decaen ne va pas laisser perdre ces belles productions ennemies. La monnaie est nécessaire à la confiance de la population dans l’encaisse, l’estimation des produits et, en cas de coup dur, pour épargner. Alors Decaen, assiégé sous les palmiers, va convertir les monnaies de la “East India Company”. Les valeurs de 5, 10 et 20 cash vont trouver un cours légal à Maurice et à La Réunion au taux de 3 sous = 20 cash. La profusion des captures et la nécessité de petite monnaie ont incité le général Decaen à cette mesure pragmatique. Il n’y a pas de contremarques.
Si cette monnaie “magique”, puisque gratuite, n’a pas reçu la patte d’un artiste français, c’est bien un compatriote qui va graver une belle monnaie de dix livres en argent pour les îles.
Là encore c’est un hardi corsaire, Pierre Bouvet (1775-1860) qui capture le navire néerlandais “Ovidor” chargé de lingots d’argent. L’orfèvre local Aveline va en faire de magnifiques monnaies qui seront surnommées “piastres Decaen”. Une 40 livres en or était prévue mais Maurice (“île de France”) est subjuguée par les Anglais en 1810.

La suite dans Monnaies & Détections n° 118

Un pays qui se rétracte, constatation par la numismatique

Les plus extrêmes doutes doivent être émis quant à l’avenir à moyen terme du Danemark. La numismatique nous le crie : ce royaume rétrécit depuis le XIXe siècle. Ajoutons que l’invasion éclair de 1940 a démontré l’impuissance militaire du vieux royaume.
La dynastie a fourni de grands monarques dans le passé mais il faudrait sans doute un nouvel Harald aux Beaux Cheveux pour la sauver. En effet, il semble irrémédiable que les monarques sans pouvoir qui subsistent se trouvent prochainement ramenés au rang des princes allemands déchus en 1918. Un élu sera fier de les exhiber aux réceptions payées par l’impôt universel mais cela n’ira pas au-delà. Nous n’en sommes pas encore là mais lorsque le processus sera engagé le Danemark sera en tête de liste. Point de guillotine : une confortable pension et un engagement à la discrétion suffiront à la bonne conscience des parlementaires. Certains pourront estimer que la Belgique est encore plus menacée mais la tension entre Flamands et Wallons y provoque la nécessité d’un arbitre. Paradoxalement, les nationalistes flamands justifient l’existence d’un roi des Belges…

Le Danemark a toujours été une puissance navale.

Revenons au Danemark pour souligner que nous ne faisons pas de projections hasardeuses car le processus est déjà engagé. En 1944 les Américains ont décidé que l’Islande allait se séparer de la Couronne danoise. Et hop ! Une énorme île volcanique en moins pour les Glücksbourg (le nom “court” de la dynastie qui règne à Copenhague)… Occupés, dans tous les sens du terme, avec les Allemands, ils n’ont pas eu d’autre choix qu’entériner, après leurs politiciens, la décision prise à Washington. Heureusement que les Américains étaient des Alliés… Il faut préciser qu’ils avaient posé un jalon en 1918, lorsque Wilson avait demandé que l’union entre l’Islande et le Danemark soit personnelle. Neutres au début des deux guerres mondiales, les Danois ont quand même vu leur territoire amputé de manière plus drastique que s’ils avaient été des collaborateurs des Allemands durant les deux défaites de ces derniers en 1918 et 1945.

La suite dans Monnaies & Détections n° 117

Monnaies dissidentes de la République

Dans un pays construit au fil des siècles autour d’une dynastie, comme la France capétienne, seule une révolution avait pu changer ce schéma. Née de la révolte, la Première République (1792) allait bien sûr connaître les mêmes phénomènes. Avec Stofflet, général vendéen, commence l’instauration d’un papier-monnaie “dissident” circulant sur un territoire précis où il est accepté. Stofflet est le seul à avoir pris cette initiative, contestée par les autres chefs royalistes le soupçonnant de vouloir détourner le ravitaillement nécessaire à la bonne marche de leurs armées à son profit avec ces bons.
Jean Stofflet a été fusillé à Angers en 1796.

L’Indochine sous l’Etat Français.

 

Il faut attendre la fin de l’époque napoléonienne pour voir les luttes de pouvoir se répercuter de nouveau dans la symbolique monétaire.
Les monnaies de siège à Anvers et Strasbourg passent du “N” de Napoléon I au “L” de Louis XVIII en 1814 lorsque le commandant de chacune de ces places finit par entériner le changement de régime en 1814. Strasbourg refit de même après les Cent Jours en 1815.
Un coup à la mairie de Paris, à la faveur de la défaite de Sedan, avait mis fin à la dernière monarchie française le 4 septembre 1870. Les monnaies changèrent illico de symbolique mais la dissidence contre Napoléon III avait déjà trouvé l’une de ses formes d’expression dans les nombreuses monnaies satyriques montrant l’empereur affublé de diverses coiffes militaires prussiennes… La nouvelle révolte de Paris dès 1871 et le court intermède de la Commune n’ont pas provoqué de nouveaux types, le graveur utilisant l’image d’Hercule, par Dupré, de 1848. Surnommés les « Hercule au trident », cette arme étant le différent de Camélinat, le graveur communard, ces pièces de cent sous sont recherchées.

La suite dans Monnaies & Détections n° 117

L’île sans trésor

Dans sa magnifique Histoire des pirates, J.-P. Moreau fait la part de la réalité et du rêve et parvient à ne pas briser ce dernier. Il est pourtant amoché, notre imaginaire du flibustier, par le chapitre intitulé « Le trésor des pirates » ; le résumé que nous essaierons d’en faire ici va décevoir les fans de Barbe-Noire, du capitaine Kidd et des messages abscons de La Buse…

En effet l’île del Coco, au large du Costa Rica, semble avoir révélé un trésor à un certain Keating en 1844 (il faut dire qu’il avait bénéficié des indications de l’un de ceux qui l’ont enterré) et si comme on l’affirme, il s’agit des richesses de la ville de Lima, nul doute que la somme devait être faramineuse une fois les biens réalisés.
Ce trésor enfoui en 1821 par des mutins s’étant emparé du navire affrété par José de la Serna, dernier vice-roi du Pérou, pour empêcher que l’or du Pérou ne tombe aux mains des indépendantistes est donc le seul à s’être concrétisé. L’île del Coco étant réputé pour trois trésors célèbres : celui évoqué plus haut, celui du pirate Davis englouti dans la baie au XVIIe siècle et, le dernier, celui de Graham non retrouvé depuis le XIXe siècle, elle est, d’après J-P Moreau la plus célèbre des îles au trésor. Un seul trésor retrouvé sur trois, avouons tout de même que la légende semble plus riche d’or que le sable sous les cocotiers…
D’autant qu’un peu plus loin, l’auteur doute de la véracité de l’or trouvé par Keating en 1844, en fait il estime invraisemblable l’existence même du bateau chargé des richesses du Pérou et confié à un capitaine étranger. Etranger et incompétent, pourrait-on ajouter, puisqu’une fois en mer son second se mutine et le navire est dérouté. Aïe ! Le mythe de l’île del Coco est sérieusement mis à mal ! Quand on pense qu’un chercheur y résida vingt ans, ce Robinson détectoriste nous émeut. Buvons le calice jusqu’à la lie et enchaînons avec les fouilles sous-marines.
“Aucun (navire coulé) jusqu’à présent (2006) n’a révélé de fabuleux trésor monétaire”. Les navires des boucaniers semblent être les témoins d’une vie aventureuse, certes, mais misérable.
J.-P. Moreau relève deux chantiers qui ne furent pas complètement vains, tout de même : la fouille du Speaker, navire du capitaine Bowen englouti au large de Maurice en 1702 et celle du Whydah du capitaine Bellamy qui opérait à la même époque mais dans les parages des Bahamas, cette fois. De l’épave du Speaker ont été remontées six pièces d’or mais aussi quelques superbes instruments de marine et l’on sait la valeur marchande que peuvent atteindre ces antiquités. De l’épave du Whydah, ce sont huit mille pièces de Huit, en argent donc, qui furent remontées. Mais comme l’expédition avait coûté à ses mécènes six millions de dollars, il n’est pas douteux que les seuls qui ont fait finalement un profit sont les fouilleurs rétribués…

La fameuse pièce de huit.

La suite dans Monnaies & Détections 116

De la rose au crocodile

Voyage en galère en Méditerranée 

La rose 

Ce voyage impromptu, dans le temps et les symboles, commence tout simplement dans un bois !

Les clous, les fers à bœuf et quelquefois une piécette sont les habituelles trouvailles de ces endroits où l’on a, au fil du temps, chassé, bûcheronné, essarté, travaillé la vigne ou labouré avec l’araire…

Puis la forêt a repris le dessus avec des espaces herbeux où paissent les agneaux de l’éleveur qui me permet d’arpenter ses terres. Fin de l’après-midi, les sangliers ont labouré partout, à la recherche de glands ou même de truffes. Une rondelle bombée et couleur d’aluminium attire mon attention… le dos est creux et empli de terre, une sorte de bouchon ou capsule ? Et non ! je vois alors un portrait « à la grecque » et au dos ce qui semble être une croix et de curieuses bosses autour en forme de haricot, une pièce gauloise perdue, isolée au milieu de nulle part.

Après nettoyage, simple passage à l’eau et léger lustrage sur une étoffe de laine, je pus admirer cette monnaie, une imitation d’une drachme de Rodhé ou Rhoda émise par les Volques Tectosages au 4e siècle av JC.

Les Volques, peuple celte, dont le nom proviendrait de falk (faucon = brave) ou simplement peuple, viendraient de la région du Danube, ils ont occupé une partie de l’Aquitaine et le Roussillon, Tectosage signifiant sans toit. L’autre partie des Volques sont les Volques Arécomiques occupant la Narbonnaise, ils fondèrent la ville de Nemausus (Nîmes) dont on verra plus loin un certain lien.

La monnaie originale, modèle de ma trouvaille, a été émise à Rhoda qui était une colonie grecque, fondée par des Rhodiens venus de la fameuse île de Rhodes, célèbre alors pour posséder l’une des 7 merveilles du monde, un colosse de bronze qui fut détruit lors d’un tremblement de terre en 227 av J.C.

On trouve bien sûr la rose originale, déployée, sur les monnaies de Rhodes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sculptures sur un sarcophage du combat de galères devant Troie.

Les Rhodiens sont connus (grâce à Homère dans l’Iliade) pour avoir fourni des galères aux forces grecques lors de la guerre de Troie.

En grec ancien rhodon c’est la rose et c’est pourquoi les colons arrivés sur leurs galères en actuelle Catalogne appelèrent leur ville Rhoda, actuellement Rosas (en rappelant la proximité culturelle et géographique avec l’aquitaine et la Narbonnaise).

Et c’est bien une rose (vue du dessus) qui orne le revers de la drachme de Rhoda et de ses imitations.

La rose et la croix

L’avers comporte le portrait de Perséphone, déesse passant une partie de son cycle de vie de manière souterraine (clin d’œil à ma monnaie). Pour la monnaie ci-après on note que ce serait Cérès, donc la Déméter grecque au vu de la date (3e av J.C.) …

La suite dans Monnaies & Détections 116