MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Archive pour janvier, 2020

13,5 tonnes d’or

Incroyable saisie pour la police chinoise de Haikou, capitale de la province de Hainan. L’ancien secrétaire du comité du Parti communiste de 2008 à 2010, l’équivalent d’un maire en France, Zang Qi, a été arrêté pour des soupçons de corruption. Et la police chinoise a découvert chez lui, 13,5 tonnes d’or ! Ce n’est pas fini, en plus de cet or stocké au sous-sol de sa vaste résidence, la police a découvert caché un peu partout dans la maison l’équivalent de 30 milliards de dollars en espèces ! Au moins le procureur ne devrait pas manquer d’arguments au procès… La province d’Hainan est peuplée d’environ neuf millions d’habitants, dont les fermes et villages les plus isolés n’ont pas encore l’eau courante ni l’électricité…


Source : thesun.co.uk + Allez voir une des nombreuses vidéos sur la découverte de l’or en tapant dans votre moteur de recherche « gold chinese official corrupt ».

Trouvaille 109.01

Bonjour, je vous contacte pour mettre un article sur votre magazine. Il y a peu de temps un ami me demande si cela me dit de faire de la détection dans une petite crique en Bretagne où il a déjà fait quelques objets en argent. J’accepte sa proposition. Manque de chance, le jour même, j’ai un imprévu avec ma voiture et vers 10h, Jeremy m’envoie un message sur Messenger pour savoir s’il peut m’appeler pour identifier une monnaie. Il m’appelle et me dit “Tom prends pas des pincettes et dis-moi ce que tu en penses même si ça peut me décevoir. Il m’envoie une photo, Waouh ! C’est une royale en or. Par contre elle n’est pas française. Je regarde vite fait sur Internet du côté des monnaies portugaises. Bingo ! Une 1000 réal en or de Saint Vincent ! (7,58 g). Jeremy le soir même me dit : “Tom, je sais pas pourquoi, mais pour moi il y en a d’autres !” Sans le savoir un ami à lui passe deux jours après dans la même crique sauf que lui, il soulève les cailloux et là : bingo pour lui aussi ! Une monnaie en or espagnole de Philippe II. Moi aussi voulant ma monnaie en or, nous sommes retournés en janvier 2019 après des coups de vents en Bretagne. J’avais dit à Jeremy : “S’il y a des monnaies sur une rive, il y a de fortes chances qu’il y en ait de l’autre côté du bras de mer”. La chance me fuit encore car ce jour là j’oublie mon pro pointer. Ayant un CTX3030, je vous laisse imaginer la galère pour trouver des micros cibles dans du sable vaseux ! Vite découragé, je vois une prairie et l’agriculteur près de l’endroit où je me trouve. Je préviens Jeremy et je lui dis que je vais demander l’autorisation à la personne. Je me dis à ce moment : “Autant dans la mer, les monnaies se déplacent, autant en prairie elles restent quasiment à l’endroit de la perte”. Après quelques minutes, j’ai un bon son. Je creuse assez profond car je n’ai pas mon pro pointer et là, dans une motte, je vois une monnaie sur la tranche. Rien qu’avec la tranche, j’ai vite compris de quoi il s’agissait ! Je l’a nettoie doucement et voilà qu’entre mes mains j’ai 2000 ans d’Histoire : un quart de statère osisme en électrum. Après recherches pour une identification, il s’avère qu’il est inédit et non répertorié. Début février Jeremy est retourné dans cette crique magique et a refait une monnaie ,mais cette fois-ci en argent, avec une contremarque en forme de fleur de lys. J’ose espérer que l’histoire ne s’arrêtera pas en si bon chemin… Affaire à suivre… Ps : En pièces jointes les monnaies une fois nettoyées. Thomas

Commençons par la monnaie portugaise : il s’agit d’une monnaie du Portugal pour Joao III (1521-1557), type de Saint Vincent ou 1000 reis. Avers : IOANNES: III REX: PORTV ET AL (Jean III, roi du Portugal et d’Algarve). Ecu du Portugal couronné. Revers : USQUE ADMORTEN ZELATOR FIDEIS (Par ce signe tu vaincras). Saint Vincent à droite tient un navire et la palme des martyrs. Deux étoiles l’entourent de part et d’autres. C’est une monnaie qui représente Saint Vincent, tenant une palme et un navire rappelant son martyre subi en 304. Après avoir été épargné par les fauves de l’arène, son corps fut attaché à une lourde pierre et jeté à la mer. Le rocher se mit alors à flotter miraculeusement jusqu’au rivage. Ses restes furent alors ensevelis. En 1173, ses reliques furent amenées à la cathédrale de Lisbonne où elles reposent encore. La monnaie conserve un beau panache, elle est en TTB et s’estime 2200 euros.

La seconde monnaie trouvée par Jérémie ne se rattache pas du tout à la même époque puisque on est à la fin du XVIe siècle. Il s’agit d’un dizain ou douzain contremarqué, inidentifiable dans cet état.

L’ami qui soulève les cailloux a trouvé une monnaie des Pays Bas espagnols pour le duché du Brabant pour Philippe II en 1558. Cette monnaie est un réal d’or non daté, frappé à Anvers (Main), 149 841 exemplaires fabriqués pour tout le règne et pour cet atelier, De Mey 466. Avers : PHS. D: G HISP. ANG Z REX. DUX BRAB. Buste à droite de Philippe II couronné et cuirassé, dont la couronne coupe la légende. Légende sans séparation avec le champ et la figure mais avec grènetis extérieur. Revers : écu couronné aux armes écartelées en 1 de Castille et Léon (écartelé de), en 2 d’Aragon-Deux-Siciles (parti de), en 3 d’Autriche-Bourgogne ancienne (coupé de), en 4 de Bourgogne moderne-Brabant (coupé de) ; sur les 3 et 4, un écusson parti de Flandre et Tyrol. L’écu est entouré du collier de l’ordre de la Toison d’Or, le bijou pendant dans la légende. Légende : DOMINVS . MICH / HI . ADIVTOR main (le seigneur est mon aide). Cette monnaie possède un léger coup sur la tranche sinon elle est de belle conservation et s’estime environ 1000 euros.

Enfin dans un autre registre et avec une jolie chance, voyons votre quart de statère osisme. Ce quart peut se rattacher à la série « au trépied » (DT 2229), bien que le motif en triangle (« trépied ») soit complètement hors flan. Le profil est tourné à droite : c’est sans doute une variante originale de DT 2228-29. La localisation de cette série se situe au N-O des pays osismes. Avers : profil à droite ; la chevelure est entourée d’un cordon perlé. Devant, une croix bouletée. Revers : cheval androcéphale à gauche, au-dessus, les restes d’un aurige. En dessous, un trépied constitué d’une roue sur un trépied. Monnaie en état TTB,  estimation 400 euros.

115.03

Bonjour, je vous soumets une bague chevalière que j’ai trouvée dans la forêt de la Hardt à proximité de Sierentz. Elle est en argent, mais le médaillon est en or. Je pense qu’il représente un dieu romain mais je ne saurais dire lequel. Peut-être une bague d’un militaire ? Pour les dimensions, la partie la moins large fait 4 mm, et la partie la plus large fait 11 mm. Le diamètre de la chevalière, qui est de forme plutôt ovale, varie de 12 à 18 mm. Je ne peux pas y faire rentrer mon petit doigt ! Je vous remercie beaucoup ! Maxime

La photo a été faite sous lumière artificielle apparemment car on a du mal à différencier les deux métaux. Il s’agit bien sûr d’une bague gallo-romaine avec une inclusion de chaton or représentant un personnage mythologique, on hésite entre Mercure et Bacchus mais les symboles de Mercure les plus évidents sont le pétase et les sandales ailées non présents ici ? Bacchus a souvent une thyrse qui l’accompagne, est-ce l’objet qu’il porte en main gauche ? A la main droite il pourrait s’agir d’une coupe tripode… Tout cela est un peu tiré par les cheveux mais il n’en reste pas moins que c’est un bel objet. (Identification collégiale lecteurs MD sur page Facebook du magazine)

La chevalière de Thoinnet de La Turmelière

Dans le numéro 64 de Monnaies & Détections de juin-juillet 2012, page 54, un détectoriste soumettait à la sagacité des lecteurs sa superbe trouvaille : une chevalière armoriée en or.

Découverte dans un chemin forestier du Maine-et-Loire sans plus de précision, l’inventeur avait émis l’hypothèse que cette bague fut en rapport avec la terrible « Guerre de Vendée » qui secoua l’ouest de la France entre 1794 et 1796, le lieu de la découverte ayant apparemment été le théâtre d’un massacre en 1794. La relative petite taille (non précisée) et le poids de 10 à 15 grammes de l’objet, avait également enclin le détectoriste à penser que le bijoux appartenait à une femme. Enfin le style de la gravure lui avait fait estimer la datation avant la fin du XVIIIe siècle.

Pour ma part il me semble que la chevalière date tout au plus de la seconde moitié du XIXe siècle. Le style d’une gravure n’est pas un indice très probant, mais on observe là une gravure qui apparaît relativement moderne. L’absence de poinçon ne permet pas de donner d’indice pour dater un objet en métal précieux. De plus, la forme de l’anneau et de l’écu gravé sur le plateau tendent à faire penser que cette chevalière était destinée à un homme. La présence d’une couronne comtale surmontant l’écu pose également question. Sa petite taille est peut être due au fait qu’elle était portée à l’auriculaire, comme c’est la tradition pour les cadets, les aînés la portant à l’annulaire de la main gauche.

L’étude des armoiries gravées permet de les décrire comme ceci : écartelé, aux 1 et 4 d’azur au château à deux tourelles d’or girouettées, maçonnées et ajourées de sable, aux 2 et 3 d’or à trois œillets de gueules tigés et feuillés de sinople, au chef d’azur chargé de trois étoiles d’argent. La composition étant relativement particulière, elle m’a permis de retrouver la famille correspondante : Thoinnet de La Turmelière.

La famille Thoinnet de La Turmelière semble être un ramage de la maison noble Thoinnet, qui trouve son origine en Bretagne dès le XVe siècle dans l’évéché de Saint-Malo. Cette famille a formé ensuite deux branches distinctes qui se sont établies pour l’une d’entre-elles dans la région du Forez et du Lyonnais, et pour l’autre dans la région d’Ancenis (Loire-Atlantique). C’est cette dernière qui intéresse notre propos.

C’est Pierre Thoinnet (1714-1788), conseiller, secrétaire du roi et maire électif d’Ancenis, qui acheta la seigneurie de la Turmelière en 1772, et ajouta par la suite le nom de son domaine à son patronyme. Marié deux fois, il eut une nombreuse descendance puisqu’on ne lui compte pas moins de dix-neuf enfants ! Parmi cette nombreuse descendance, cinq de ses fils engendrèrent eux aussi. Mais la période révolutionnaire qu’a connu la France s’accommodait mal de l’aristocratie de l’Ancien Régime, et des cinq fils, quatre moururent en 1794 à Nantes des suites de leur engagement contre-révolutionnaire : Pierre-Guilaume (1743-1794), capitaine de la milice bourgeoise d’Ancenis, mourut de l’épidémie de typhus à l’hôpital de Nantes ; René-Jean (1752-1794), mourut dans les geôles du Bouffay à Nantes ; Nicolas-Dominique (1752-1794) quant à lui, périt sur l’échafaud place du Bouffay ; et Eutrope (1756-1794), mourut également du typhus alors qu’il était interné à l’hospice de la Réunion de Nantes.

Outre ces quatre frères qui périrent tragiquement, évoquons Pierre-François Thoinnet de La Turmelière (1773-1794), fils de Pierre-Guillaume cité précédemment. Car lui qui s’était engagé comme son père au sein de l’armée catholique et royale du Bas-Poitou et du pays de Retz sous les ordre du général de Charette, fut pris à Liré (Maine-et-Loire) et amené à Ancenis (Loire-Atlantique) pour dit-on, être fusillé à la porte de son hôtel avec son cousin. …

La suite dans Monnaies & Détections n° 109