MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Archive pour septembre, 2021

L’épée volée du sacre de Charles X

Le sacre de Charles X.

Le retour de la monarchie en France au XIXe siècle fut chaotique et compliqué ! Louis XVIII né à Versailles (1755-1824), frère cadet de Louis XVI (1754-1793), fut ainsi roi de France à la chute de Bonaparte, de 1814 à 1824 (hors période des Cents jours), mort sans aucun héritier, la couronne de France revient ainsi à son frère cadet. Il était comte d’Artois quand il émigra en 1789, et organisa la défense de la couronne depuis l’étranger, en organisant un débarquement qui échoua en Vendée en 1795.

La couronne du sacre.

Ainsi, il devient roi de France le 16 septembre 1824 sous le nom de Charles X.
Etant nostalgique de la monarchie absolue de droit divin et voulant à tout prix gommer tout héritage de la Révolution, Charles X fit reprendre pleinement le cérémonial de l’ancien régime. Son frère Louis XVIII avait renoncé à la cérémonie du sacre parce qu’il n’aurait pu en supporter les fatigues ! Charles X reprit la tradition et voulut une cérémonie fidèle à celle de ces ancêtres, c’est-à-dire grandiose et fastueuse ! Les préparatifs commencèrent dès novembre 1824, un budget très important fut consacré à la restauration des bâtiments et la décoration fastueuse de la cathédrale de Reims et du palais épiscopal. Le roi fit spécialement composer une messe par Luigi Cherubini, directeur du conservatoire de Paris et commanda également un opéra à G. Rossini, « Le voyage de Reims ». Une épée fut aussi réalisée pour le sacre de Charles X, celle-ci était composée de 1 576 diamants, Charles ne voulant pas utiliser l’épée du sacre des rois de France car celle-ci fut profanée par Bonaparte qui fit gommer les fleurs de lys ornant la poignée de l’épée et l’utilisa lors de son sacre comme empereur des Français, et cela révulsait Charles X  qui n’avait que haine et mépris pour Bonaparte.
Le 27 mai 1825, le cortège royal partit de Compiègne, étape incontournable sur la route du sacre. Le 29 mai le sacre de Charles X se déroula devant un parterre de nobles, de savants, d’artistes et poètes, Victor Hugo composa l’ode « Le sacre de Charles X » qu’il publia dans son recueil « Odes et ballades ». Une médaille en argent fut émise à l’occasion du sacre, d’un diamètre de 41 mm et de 40,25 grammes, œuvre de Gayrard Raymond (1777-1858). Cette médaille fut également émise en bronze.
Pour rassurer l’opinion populaire, Charles X avait accepté de prêter serment de fidélité à la charte constitutionnelle de 1814, charte octroyée par Louis XVIII qui met en place une monarchie constitutionnelle et qui garantit les libertés acquises par la Révolution de 1789 !
Le sacre de Charles X fut des plus limités dans l’opinion publique où l’anticléricalisme était vivace ! Le peuple n’y voyait que la résurrection de l’ancien Régime, et le ministère autoritaire de Villèle lui valut une impopularité tenace. L’avènement du ministère Martignac en 1828 n’y changea rien ! La chambre ayant refusé la confiance au cabinet Polignac fut dissoute mais les élections furent favorables à l’opposition !

La suite dans Monnaies & Détections n° 119

Le coffre de Napoléon, suite

Suite de la brève du numéro 117, sur la statue de Napoléon à Rouen. Statue démontée en juillet 2020, le socle cachait des liasses de papiers rongées par l’humidité et un tube de laiton scellé. La statue date seulement de 1865, il a donc fallu presque un an, à la Drac pour ouvrir un tube de laiton, ouverture faite à l’aide d’aiguille à ultrason et d’un maillet en téflon. D’après les journalistes qui ont suivi l’affaire de près, le tube contenait un trésor !
7 monnaies en bronze, 5 monnaies d’argent et 5 en or ! Des monnaies à l’effigie de Napoléon III, sans plus de précision sur leurs valeurs faciales… Et les journalistes de rajouter que désormais les numismates de la Drac travaillent sur l’analyse de ces monnaies pour en déterminer l’origine et la provenance. Étant donné qu’il y a une date et un poinçon d’atelier sur chaque monnaie, ça ne devrait pas leurs prendre plus de six mois…
A suivre !


Source : lepoint.fr

119.08

Bonjour, et bravo pour votre revue. J’ai besoin de vos idées et votre savoir pour deux objets que j’ai trouvés dans le département du Nord. L’objet numéro 1 mesure 6,1 cm sur 0,5 et pèse 3,75 g. L’objet numéro 2 mesure 6,5 cm en totalité sur 1,3 cm et pèse 12,74 g. Sur ces 2 objets il y a des décorations qui pour moi sont faites à la main. Pour la monnaie et le poids monétaire tout a été trouvé dans le Nord aussi. 5 liras Vittorio Emanuele II 1,60 g pour 1,7 cm de diamètre. Le poids monétaire est pour l’ange d’or de Philippe VI de Valois, il pèse 6,05 g pour 1,8 cm de diamètre. Merci à vous et longue vie à votre revue, Benj.
Pour les deux morceaux d’objets, cela restera sans retour. Objets incomplets, petits, dont les possibilités d’utilisation sont extrêmement variées. Et vous avez raison concernant la décoration c’est du travail artisanal.
La monnaie italienne est connue, elle date de la circulation monétaire de l’union latine. Son poids est de 1,61 g au titre des 900 millièmes de même module que notre 5 francs or. Elle a été tirée à 600 000 exemplaires, atelier T pour Turin. La monnaie est en état TTB+ et peut se négocier entre 170 et 220 euros selon la fébrilité du collectionneur.
L’identification du poids est correcte, il y a beaucoup de variétés, le vôtre présente l’archange Saint Michel debout, couronné, tenant une croix à la longue hampe posée sur la tête d’un dragon gisant sous ses pieds, et l’écu de France aux trois lis. Une légende sur le côté « IDR » que nous n’avons retrouvée nulle part. Le revers est lisse.

Ducatum bullonii, le Monaco des Ardennes

Le duché de Bouillon, à la frontière actuelle du Royaume des Belges et de la République Française, est fascinant à plusieurs titres pour un collectionneur. 

Liard de Bouillon.

En effet, le richissime duc de Bouillon était, à la toute fin de l’Ancien Régime, le maître d’une principauté mais aussi le comte d’Evreux. Titre associé à une pairie, il est le dernier des comtés du duché de Normandie qui est considéré comme très contrôlé et centralisé dès ses débuts et les quelques comtés qui le subdivisent sont confiés à des parents. Voici pourquoi il est étonnant que, bien après la chute de la Normandie en 1204, bien après le bris de l’anneau ducal en 1469, le comté d’Evreux existât encore en 1789 .
Si cette disgression normande était nécessaire, c’est parce que la fortune du duc de Bouillon lui vient de son comté-pairie d’Evreux bien plus que de sa souveraineté. Une situation qui rappelle celle de Monaco : fortune des Matignon-Grimaldi en Normandie, la plus grasse des provinces françaises avant la Révolution, et, en plus, pour le prestige d’alors mais aussi le plaisir des historiens d’aujourd’hui, une principauté aux confins de la France.
Or les principautés intéressent les numismates et les détectoristes trouvent moult monnaies (cf. le liard de Bouillon en illustration) voire d’insignes militaires venues d’icelles. Nous présentons ici un insigne du 98e Régiment d’Infanterie, le successeur du Régiment de Bouillon, des troupes allemandes servant la France, puisque le duché de Bouillon était du Saint Empire Romain Germanique. C’est ce régiment d’infanterie français qui en a prolongé les traditions, avis aux détectoristes et collectionneurs de militaria.
Le duché de Bouillon a perduré jusqu’en 1815, le Congrès de Vienne l’a condamné, contrairement à Monaco. Pourtant Bouillon avait un duc, servant comme militaire dans l’armée britannique victorieuse tandis que Monaco avait un prince – titre traditionnellement moins important que celui de “duc” – servant dans l’armée vaincue. Cependant Mr de Grimaldi était protégé par Talleyrand alors que personne n’épaulait plus l’ascension de Mr d’Auvergne.
Lequel s’appelait à sa naissance “Dauvergne” et n’avait jamais mis les pieds à Evreux non plus qu’à Bouillon avant d’être un adulte.

La suite dans Monnaies & Détections n° 119

King Henry gold specimen

Le plus gros spécimen d’or – les spécimens, dans la recherche d’or natif, sont des blocs de quartz où l’on voit les filaments d’or cristallisés, courir et suivre les veines de quartz –, découvert dans un filon australien de la mine de Kambalda en 2018, a finalement été vendu au musée de Perth, Australie. Les mineurs étaient tombés sur un filon exceptionnel, le plus gros bloc baptisé « King Henry », pèse 93 kilos pour environ 45 kilos d’or pur (M&D 103) !, vendu pour 3 millions de dollars au musée. Il y a déjà eu de plus gros spécimens découverts par le passé mais ils ont tous fini broyés… King Henry est exposé en compagnie d’une pépite d’argent, la Reine Karratha, découverte en 2000 dans un filon d’argent au sud de Karratha, Australie, c’est la plus belle et plus grosse pépite d’argent découverte à ce jour, elle pèse 145 kilos !


Source : thewest.com.au // Monnaies & Détections 103

119.05

Ci-joint la trouvaille faite hier aux alentours de Dieppe qui mesure 3,2 cm, pèse 57,2 grammes, Christophe.
On ne peut pas tirer beaucoup d’informations de cette statuette en bronze. Elle ne semble pas antique, on verrait plutôt une période plus récente. En tout cas le personnage dans sa robe couvrant les pieds et muni d’une capuche lui recouvrant le crâne suggère un moine en bure. On ne distingue quasiment pas le visage et le personnage semble porter quelque chose. On ne pense pas qu’il s’agisse d’une pièce de jeu d’échec et toutes les suppositions ne seront qu’hypothétiques sans la connaissance un autre objet identique et dument identifié.
Votre monnaie est un salut d’or de Henry VI de Lancastre : HENRICVS: DEI: GRA: FRACORV: Z: AGLIE: REX. Avers : l’archange Gabriel saluant la Vierge, les personnages sont vus à mi-corps et placés derrière les écus accotés de France et de France-Angleterre. Gabriel tend un volume inscrit AVE (descendant) ; au-dessus des rayons de lumière divine (Henri, par la grâce de Dieu, roi des Francs et des Anglais). Revers : (XPC’* VINCIT* XPC’* REGNAT* XPC’* IMPERAT: Croix latine plaine accostée d’un lis et d’un léopard, sous laquelle se trouve une h onciale, dans un décalobe fleurdelisé (Le Christ règne, le Christ règne, le Christ commande). La monnaie a été frappée à Paris (reconnaissable par la couronnelle qui démarre la légende de chaque côté) cette monnaie a été frappée en septembre 1423. Votre monnaie a la tranche légèrement écrasée sur la moitié de sa périphérie et on note à six heures sur l’avers une griffure. C’est un petit TTB- estimé à 1000 euros.

Les deux comtés de Hanau (suite)

Dans « Les deux comtés de Hanau » (M&D n° 102) nous avions tenté de montrer combien l’histoire des trois chevrons de Hanau est passionnante et saute du Rhin à l’Amazone. Ce blason se retrouve comme quartier des armoiries du grand-duché de Francfort.

5160 km2, 300 000 habitants, un grand-duc qui abdique le 28 octobre 1813 en faveur d’Eugène de Beauharnais et un contingent de 1300 hommes à fournir à la Grande Armée pour former le Régiment de Francfort. Comme tous les contingents germaniques, après la bataille de Leipzig perdue par Napoléon au soir du 19 octobre 1813, il se délitera. Cependant l’empereur va se voir couper la route à Hanau près de Francfort.
Ce 30 octobre, les Autrichiens, alliés aux Bavarois qui viennent de renverser leur alliance, coupent la route de l’armée française qui retraite depuis l’Est, depuis Leipzig, vers le Rhin.
Napoléon gagne et passe sur la route de Francfort. Il parvient à Mayence le 2 novembre.
La bataille de Hanau a donc sauvé les débris de la campagne d’Allemagne de 1813, pas tous cependant puisque, en 2015, il sera trouvé deux cents tombes de soldats français, sans doute des blessés de l’affrontement, morts dans les hôpitaux.
Son prédécesseur ayant abdiqué, depuis son refuge de Zürich, le 28, la bataille de Hanau ayant eu lieu deux jours après et les restes de l’armée française ayant quitté le grand-duché quatre jours après la renonciation, Eugène a donc formellement régné, sans gouverner puisqu’aux prises avec les Coalisés en Italie, sur le grand-duché de Francfort pendant quatre jours.
Evidemment, ce trop court règne n’a pas eu de conséquences numismatiques mais il permet sans conteste d’affirmer qu’Eugène de Beauharnais a eu sa couronne.

La suite dans Monnaies & Détections n° 119

119.02

Veuillez m’identifier cette trouvaille (dans un bois) bien oxydée, peut-être un bouton mais de quel vêtement ? Son poids est de 8 grammes et son diamètre de 33 millimètres. Cordialement, Pierre en Haute-Saône.
De par son grand diamètre, ce bouton devait être sur un vêtement style pardessus. Mais ne nous demandez pas la marque et la couleur du vêtement, on serait bien embêtés !

Le disque d’or de Cusco

Le Smithsonian American Art, musée à Washington, États-Unis, a récemment annoncé qu’il offrait à la ville de Cusco au Pérou, un disque d’or inca (ou pré-inca), qui est le symbole de la ville de Cusco ! Ce disque d’or, une feuille d’or martelée de différents signes et symboles, en or 22 carats, mesure 5,3 pouces de diamètre, environ 13,5 centimètres.
Le disque était dans les collections du Smithsonian depuis 119 ans ! Il apparaît la première fois dans les archives en 1853, il est alors offert au président du Pérou, José Rufino Echenique en visite à Cusco. À la mort de ce dernier, sa fille aurait vendu le disque en 1912 à un collectionneur privé… le docteur Gaffron, médecin allemand ayant vécu plusieurs décennies au Pérou et qui constitua une importante collection d’objets incas. Qui lui, le revendit au Smithsonian.
Les dernières études du disque le situent entre 800 avant JC et 100 après JC ; pour sa fabrication, il comporte 20 sections égales sur le pourtour, probablement un calendrier solaire ou lunaire voire les deux, puisqu’il n’a toujours pas été déchiffré ! Selon la légende, l’Inca pensait que le disque pouvait guérir toutes les blessures et prédire les tremblements de terre ! Après plus d’un siècle d’absence, il sera bientôt de retour dans la ville de Cusco.


Source : smithsonianmag.com

L’impôt du sang

Avant la guerre 1914-1918 et depuis la période napoléonienne, la conscription* se pratiquait par tirage au sort et comme il était permis aux citoyens aisés de se faire remplacer moyennant une contribution financière, on eut tôt fait de dénommer cette pratique « l’impôt du sang ».

Cette injustice profita à de nombreux « fils à papa » et autres petits bourgeois n’ayant aucune notion du devoir accompli. Ceux-là le payeront du prix fort lors du premier conflit mondial. Ils seront les premiers à périr au feu, la plupart n’ayant aucune notion du maniement des armes à feu ! Certains diront que justice fut rendue !
Cette pratique de la conscription fut instaurée en France par le décret du 23 août 1793 qui stipulait « dès ce moment jusqu’à celui où les ennemis de la France auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées ». Le comité du salut public imposa la conscription pour les hommes célibataires âgés de 18 à 25 ans… Par la suite, la loi Jourdan du 5 septembre 1798 instituait la conscription universelle et obligatoire de tous les Français âgés de 20 à 25 ans.
En 1805, sous Bonaparte, dans les rues de Paris, on voyait bien que la population s’inquiétait de la mobilisation de dizaines de milliers de conscrits pour constituer une armée de réserve, cela ne fit qu’envenimer la situation.
Le Grand Empire napoléonien réclamait des conscrits pour soutenir son effort de guerre. Au total, plus de 2 millions d’hommes furent enrôlés dans la grande armée entre 1803 et 1814. A elle seule, la Belgique en fournit plus de 216 000 entre 1798 et 1813.
La confédération du Rhin dut mettre à disposition 100 000 hommes, la Suisse 12 000, et pour l’Italie 125 000 hommes furent mis à disposition de Bonaparte ! Les états satellites et alliés durent fournir 600 000 hommes, 90 000 polonais, 17 000 westphaliens, 5 000 napolitains, 7 000 hommes du duché de Francfort, etc, etc…

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