MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Archive pour décembre, 2021

Autour de l’autre Charles X

Qui se souviendrait d’un énième prince capétien, devenu haut prélat du fait de son hérédité, s’il n’avait été le concurrent d’Henri IV ? 

Heureusement, des revues spécialisées comme Monnaies & Détections, par exemple, l’évoquent parfois, cet autre Charles X. Comme dans le n° 119 avec “L’épée volée de Charles X”, par Nostromo, dans lequel l’auteur a inséré un paragraphe sur le premier (!) Charles X, celui de la Ligue, le nôtre pour ce sujet.
Un détectoriste a récemment fait une jolie trouvaille avec deux petits cuivres de Charles X. L’état et leur fréquence rendent leur cote faible. Mais ces deux exemplaires sont les témoins de la pire guerre civile qu’ait connu la France. Sa durée ainsi que sa violence ont toutes deux fait du royaume de France un puzzle dont certains morceaux attiraient les convoitises. Si Paris ne s’est rendue qu’en 1594, après la longue dictature du conseil des Seize (nombre des quartiers du Paris de l’époque, si Toulouse ne s’est soumise qu’en 1596, le duc de Mercœur, un cousin des Guise, ne se soumettra qu’en 1598. Très tenté par une restauration du duché de Bretagne dont il est gouverneur depuis 1582, il s’appuie sur l’immense fortune de sa femme, descendante des ducs régnant à Nantes, et surtout, sur la puissance militaire espagnole qui a débarqué 3000 soldats cantonnés à Blavet.
Il y a soixante ans toute juste, F. Dumas a décrit (dans… “Trois trésors d’argent du temps de la Ligue”) quatre découvertes d’argent espagnol enterré durant les Guerres de Religion. La plus ancienne date de 1917 (les trois autres sont de 1961), exhumée à Pont-l’Abbé Lambour, l’auteure en a examiné onze pièces espagnoles. Le plus volumique des trésors est à Pont-Croix avec 400 monnaies environ trouvées sous la dernière marche de l’escalier menant à la cave d’une maison en démolition, l’auteure le situe vers l’année 1595 et suppose que le propriétaire est mort lors du sac de la ville par le ligueur Eder de la Fontenelle. Pour le trésor d’Auray, sorti d’une destruction de haie, il a été enfoui à même le sol, sous un chêne, entre 1589 et 1592. Les 78 monnaies sont toutes espagnoles, principalement des ateliers de Séville et de Mexico : un trésor de soldat, comme celui de Lagny, enfermé dans un pot de terre brisé lors de la découverte qui en renfermait 179, principalement au nom d’Henri III, cette fois.

La suite dans Monnaies & Détections n° 121

Les Vikings à Paris !

Les archéologues polonais viennent de faire une découverte assez surprenante, un trésor de monnaies carolingiennes découvert dans la région des lacs de Mazurie, situé dans le nord-est de la Pologne, les lacs de Mazurie sont constitués de plus de 2 000 lacs. Le trésor, composé de 118 monnaies d’argent, principalement des deniers à l’effigie de Louis le Pieux (778-840), le fils et héritier de Charlemagne et d’une « unique » obole de Charles II le Chauve (823-877).
Bien que la découverte soit accréditée aux archéologues, on sait que les premières monnaies ont été découvertes par un prospecteur à l’aide d’un détecteur de métaux ! Les rares journalistes qui en parlent le présentent comme un prospecteur accrédité…
Le trésor a été découvert dans un endroit désert, hors de tout contexte archéologique, seul un détail sort de l’ordinaire, la proximité de deux affluents de la Vistule et la présence du site viking de Truso, à environ soixante kilomètres au nord du trésor, en passant par le fleuve. Ce contexte particulier et la présence de l’obole fait penser aux archéologues polonais que ce trésor serait une partie de la rançon extorquée à Charles II le Chauve, par les Vikings pour épargner Paris en l’an 845 !
Ça reste une hypothèse, mais c’est le seul trésor viking découvert dans la région qui ne se compose que de monnaies franques, tous les autres dépôts comportent au moins des dirhams et bien souvent d’autres monnaies et surtout les dates des monnaies « collent » avec le siège de Paris en 845, un seul détail cloche, il n’y a que 118 monnaies !
C’est bien faible comme rançon pour épargner Paris, donc si les monnaies proviennent bien de la rançon, ça ne peut être qu’une fraction du trésor, la part d’un chef ou d’un guerrier ; en conclusion, il y a de fortes chances pour que d’autres trésors du même genre attendent d’heureux inventeurs dans la région des lacs de Mazurie…


Source : lefigaro.fr

121.16

Bonjour. Fidèle lecteur de votre revue depuis très longtemps (au passage félicitations pour la qualité et votre dévouement) je profite de votre rubrique pour vous exposer les photos de 2 objets trouvés sur un terrain cultivable où il semble que le passé fût riche en événements. Je pense que la matière est en pierre dure ou en métal recouvert de calcaire. Je vous remercie de votre attention. Rvbnd

Selon nous la matière est du plomb. En gros, les objets parfaitement identiques ont la forme d’un « Mug » en plus petit apparemment mais l’inventeur n’a pas fourni la taille des objets. Une anse est présente du côté de la grande ouverture à l’opposé, il y a juste un trou d’épingle en sortie comme pour passer un fil (de pèche ?) deux encoches sont présentes sur le corps, une longitudinale et une transversale comme si l’objet prenait place fixe dans un ensemble plus grand. C’est notre objet mystère du mois car aucune solution ne nous vient à l’esprit, et vous ?

Numismatique capétienne

La longévité des Capétiens est traduite en éléments numismatiques nombreux. Il existe des ouvrages qui traitent spécifiquement de l’héraldique capétienne (Cf. « L’héraldique capétienne » d’H. Pinoteau, 1976). Certains côtés pile sont à la conjonction de ces deux disciplines.

Engageons les hostilités avec un célèbre soldat, César, duc de Vendôme. Fils illégitime de Henri IV, il est pistonné par sa royale ascendance. En tant que général des galères, ces bras de forçats comme force de propulsion de la marine royale en Méditerranée, ses jetons sont recherchés par les passionnés de cette marine pénitentiaire. Précisons que les galères, dans d’autres pays, avaient des rameurs « volontaires ». Nous mettons entre guillemets car il fallait des raisons impérieuses pour ramer, dormir et combattre sur un banc exposé à la brûlure du soleil et aux paquets de mer. L’engagement volontaire n’était guère la tendance dans la France du Grand Siècle…


Sur un jeton où apparaît une galère au revers, les armoiries du duc de Vendôme sont à l’avers.
Trois fleurs de lys, c’est, comme chacun sait, l’emblème du roi de France. Ces armes sont dites « brisées » lorsque l’on modifie quelque peu celles du chef de famille pour montrer son rang secondaire. Pour un bâtard, il est d’usage de briser d’une barre, c’est à dire un trait qui part d’en haut à droite vers le bas à gauche. Comme les brisures gênent parfois l’orgueil de ces puissants, la barre rapetisse pour se transformer en « bâton ». En traduisant les armoiries de César, l’on sait qu’il est l’aîné d’une branche bâtarde des rois de France. Pourquoi « aîné » ? Parce qu’il ne « surbrise » pas : il n’a pas de brisure de cadet, en sus de celle d’enfant illégitime. Les cadets brisent de diverses manières. Il y a le lambel, très pratiqué de nos jours par la famille royale d’Angleterre et nous pouvons constater sur ce double tournois montré en illustration que le deuxième fils légitime du même Henri IV brise d’un lambel ses trois fleurs de lys. Gaston d’Orléans battait monnaie en tant qu’usufruitier de la souveraineté de Dombes. Une grosse principauté indépendante à quelques lieues de Lyon, cela méritait bien une production numismatique de la part de Gaston de Bourbon duc d’Orléans. Ce demi-frère de César de Bourbon-Vendôme, nous le rappelons mais chacun aura suivi, a fondé la première branche capétienne d’Orléans, laquelle est tombée en quenouille puisqu’il n’a pas eu de fils. Or, les Capétiens pratiquent la loi salique. Une autre branche coupée net sera la première branche des Bourbon-Conti. François de Bourbon-Conti, prince du sang, épouse une héritière de la principauté de Château-Regnault, ils battent monnaie et le prince de Conti considère peut-être que son ascendance royale prédomine sur sa petite principauté ardennaise. En effet, Château-Regnault ne figure nullement sur le double tournois présenté en illustration. Il est possible de suggérer une autre hypothèse que celle du dédain français pour les petites entités périphériques car le rappel de la parenté royale permettait sans doute (Conti + fleurs de lys) d’écouler avec facilité les monnaies locales sur tout le marché français. Les Conti, comme les Condé brisent leurs armes avec une bande. Là encore, la bande partait d’un coin vers l’autre mais elle a été raccourcie devenant un bâton. La bande part du coin opposé à celui d’où part la barre.

La suite dans Monnaies & Détections n° 121

Coup de bol

Belle découverte pour des archéologues autrichiens, sur le tracé d’une nouvelle ligne de chemin de fer, ils sont tombés sur une nécropole de l’âge de Bronze. Des centaines d’artéfacts en bronze, couteaux, épées, céramiques et un rarissime bol en or ! Le bol/assiette fait 20 centimètres de diamètre pour environ 5 de hauteur, on y trouve un motif dit « solaire » à sa base. Sur le pourtour du bol, des motifs assez caractéristiques de cette époque sont présents, des lignes de cercles et autres motifs géométriques, une découverte qualifiée de rarissime, puisqu’il n’y a qu’une trentaine de bols similaires dans toutes les collections européennes !


Source : connaissancedesarts.com

121.04

Bonjour à tous ! Tout d’abord un grand merci pour votre magazine ! Je viens vers vous car j’ai trouvé cette monnaie en forêt dans le 21, elle fait 30 mm de diamètre, pour le poids je n’ai pas de balance à dispo, on peut bien lire Septime Sévère sur l’avers, mais j’ai l’impression que le profil ne correspond pas à Septime Sévère ! Pourriez-vous m’aider à l’identifier et à l’estimer ? Bonne détecte à tous, Charly
Sesterce. Avers : IMP CAES L SEPT SEV PERT AUG. Tête laurée de Septime Sévère à droite. “Imperator Cæsar Lucius Septimus Severus Pertinax Augustus” (L’empereur césar Lucius Septime Sévère Pertinax auguste). Revers : FIDEI LEG. T-R P II COS ? et SC dans le champ. La légende n’est pas lisible mais il doit s’agir de celle-ci : Fides (La Fidélité) debout à gauche, tenant une victoriola de la main droite et un étendard de la gauche. “Fidei Legionum Tribunicia Potestate Consul” (À la Fidélité des légions, revêtu de la puissance tribunitienne consul). L’état de la monnaie est un petit TB+ en cotation 70 euros.

Molette de potier

Bonjour, Je me permets de vous proposer un sujet pour votre magazine car, à ma connaissance, il n’a jamais (ou bien rarement) été abordé dans le milieu de la détection.
Il serait intéressant de le développer à mon avis car je suis persuadé que certains exemplaires doivent malheureusement trainer dans des BAM ou mal identifiés genre fusaïoles.
J’ai découvert mon exemplaire dans un petit bois alsacien à quelques encablures de Strasbourg en 2018 et identifié par un autre passionné. Seul un tout petit nombre (8 en y ajoutant les roulettes) semble répertorié, cette production se concentrerait sur la partie nord-est de la Gaule.

Ces molettes sont utilisées pour la décoration des céramiques (souvent sigillées comme le montre l’illustration en PJ) en marquant l’argile de motifs répétitifs.

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Le British-Museum dans les étoiles

Le célèbre musée anglais, certainement le plus beau du monde pour la partie archéologie, va en 2022 exposer deux des plus incroyables artéfacts de l’âge du bronze découverts en Europe et représentant des cartes astrales, les cartes des étoiles ! Tous les deux sont datés de 3 000 à 3 600 avant notre ère, des cartes en bronze et en or !
Les deux artéfacts ont été découverts aux détecteurs de métaux par des prospecteurs ou chasseurs de trésor amateurs et leurs histoires respectives résument assez bien, la différence de traitement d’un pays à un autre, entre les prospecteurs inventeurs de trésor…
L’un en Allemagne, le disque de Nebra découvert en 1999 et l’autre en Angleterre, en 2018 le pendentif solaire du Shropshire !
L’inventeur allemand du disque de Nebra savait qu’il avait fait une incroyable découverte, il savait aussi qu’en la déclarant il s’exposait à des poursuites judiciaires, il bascula donc du côté obscur et vendit son artéfact à un collectionneur privé pour 31 000 Deutch-Mark ! Le disque de Nebra changea de main à plusieurs reprises, atteignant la somme d’un million DM ! En 2002, les services allemands étaient au courant de son existence et réussirent à remettre la main dessus, un vrai coup de chance ! En remontant la filière des nombreux intermédiaires, ils retrouvèrent l’inventeur qui, en échange d’une modeste peine de 10 mois de prison, les conduisit au lieu de la découverte…
L’inventeur anglais lui a simplement déclaré sa découverte, les archéologues ont fouillé aussitôt le site. Et le British Museum a acheté l’artéfact pour 250 000 livres sterlings ! Une somme partagée à parts égales avec le propriétaire du terrain.
La conclusion s’impose d’elle-même, les Allemands ont beaucoup de chance de pouvoir prêter le disque de Nebra au musée anglais, il s’en est fallu de peu, pour qu’il disparaisse dans des collections privées, lui et son « histoire » ! Le système anglais, même s’il est plus couteux, est sans aucun doute le plus sûr pour que tous les artéfacts de cette valeur « autant marchande qu’historique » finissent là où est leur place, dans un musée…


Sources : inews.co.uk & wikipedia.org/wiki/Nebra

121.01

Bonjour, pouvez m’identifier cette petite monnaie en or trouvée dans le Perche elle fait 12 mm de diamètre et 1,09 g. J’ai trouvé ce petit bouton et cette petite bague dans le Perche aussi, je serais curieux de savoir l’époque et les dater. Merci, Gilles
Très beau triens mérovingien dont l’attribution nous divise ? À Limoge dans la Haute Vienne, avec les quatre lettres cantonnant la croix LENO se rapprochant de LEMO connu pour cette ville ?, ou Salagnac en Dordogne avec la légende SOLANIACO ? Au lieu de SELANIACO entourant le buste diadémé à droite. En légende extérieure peut être MO—MONITA ? Très belle monnaie entre 2500 et 3500 euros !
Deux petits objets atypiques ! Un bouton et une bague mais une seule photo de chaque ! On en profite pour vous redire qu’il ne faut pas hésiter à nous envoyer plusieurs photos prises d’angles différents ce qui nous permet de mieux appréhender l’objet. Par exemple, l’attache du bouton est un indice sérieux pour sa datation ! Annoncer le métal est important aussi car les couleurs de la photo ne reflétant pas les exactes nuances selon les flashs ou autres lumières électriques. Le bouton est un bouton d’amour du XVII-XVIIIe siècle, deux cœurs entrelacés surmontés d’une flamme, avec une légende extérieure : L’AMOUR NOUS UNIS. Il est en très bel état !
La bague, vue d’une seule face, ne permet pas de tirer des conclusions sérieuses ! Elle semble en bronze et le chaton rond semble en relief avec deux « yeux » de patte de verre blanche. Pas de datation possible.

Le trésor de l’abbaye

Dépliez une carte de France, promenez votre doigt au hasard, approchez-vous de la région Rhone/Alpes… Continuez et approchez-vous de l’Ardèche, là, cherchez un petit village du nom de Mazan-l’abbaye, vous y êtes ! De prime abord, rien de spécial ne distingue ce petit village pittoresque d’un autre, si ce n’est les ruines d’une ancienne abbaye. Mais avant de se plonger dans la légende, un peu d’histoire…

Naissance et vie de l’abbaye

Vers 1119/1123, une abbaye est construite dans le « Mas d’Adam », propriété du seigneur local “DeGéorant” qui le céda à l’évêque Devivier qui voyait le moyen de profiter des moines et qui désirait développer l’économie de sa région (et s’enrichir aussi par la même occasion). Dès le début du XIIe siècle, des chanoines vinrent s’installer sur le lieu du « Mas d’Adam » qui deviendra par la suite Mazan…
Comme il était de coutume à l’époque, plusieurs seigneurs et fortunes de local, firent don de terres à l’abbaye, celle-ci devint si importante que d’autres abbayes furent construites grâce aux richesses accumulées.
L’église était la plus grande et la plus belle de la région, 52 m de long et 24 m de large avec de grandes arches, un grand oculus, une coupole et des piliers intérieurs taillés dans du tuf rouge volcanique. Prospère de par ses terres et les richesses qu’elle a su en tirer, l’abbaye va prospérer jusqu’au XIIIe siècle.

Début du déclin

Après cette époque, certains événements commencent à faire vaciller la communauté religieuse. Pendant la guerre de 100 ans, les moines seront obligés de construire des fortifications autour de l’abbaye pour repousser les pillages (en partie toujours visibles), ensuite il y eut les guerres de religion, le climat qui changea et mis à mal l’agriculture locale (leur ressource de revenus principaux) puis les épidémies telles que la peste.
Suite à de nombreuses vicissitudes, l’abbaye perdit de son importance et de sa splendeur, elle tomba lentement dans l’oubli et les moines quittèrent peu à peu la région. Quand la Révolution arriva, il ne restait plus que 6 moines pour gérer la congrégation religieuse et les bâtiments.

Mise à mort

Le 13 février 1790, l’Assemblée nationale décréta la fin des ordres religieux et les bâtiments devinrent propriété de l’État et de la nation.
Quant aux quelques moines restants, ils demandèrent à pouvoir retourner dans leurs familles respectives. Les bâtiments furent ensuite vendus comme biens nationaux, c’en était fini de l’abbaye.
En 1843, on décide de construire une nouvelle église en utilisant les pierres de l’abbaye, une fois cela fait, les habitants des alentours vinrent se servir en matériaux de construction pour leur propre compte (cela était chose courante à l’époque). En 1905, face au péril que représentaient les ruines et le reste des arches, il fut décidé de dynamiter ce qui risquait de s’effondrer (méthode plutôt radicale). Les ruines et ce qui restait furent classés monuments historiques en 1946.
De nos jours il ne reste que des ruines de ce qui fut autrefois un centre religieux important à l’échelle locale, une partie du cloître, de l’église et une tour sont visibles et peuvent se visiter.

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