MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

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Cahiers de prospection 1994

Un fidèle lecteur de la revue Monnaies & Détections a accepté de nous livrer les cahiers de prospection qu’il tient depuis 1993, et sur lesquels il notait toutes ses sorties. Ces pages pleines de nostalgie nous rappellent une époque de liberté : nous pouvions prospecter sans contraintes, participer aux fouilles archéologiques du coin avec les érudits locaux, leur transmettre toute information ou toute trouvaille en rapport avec l’archéologie pour qu’ils fassent suivre aux officiels avec lesquels les rapports étaient confiants et cordiaux… Vingt ans après, comme les choses ont bien changé : l’archéologie est confisquée par les professionnels, comme le sol et le sous-sol le sont par l’Etat, et les prospecteurs sont voués aux gémonies par quelques psycho-rigides de la truelle, alors qu’ils pourraient – comme en Angleterre – être d’efficaces auxiliaires de l’Archéologie.

Samedi 30 avril 1994

Il fait enfin très très beau une vraie journée d’été. Le soir à 5 h je vais chez Albert D…car je l’ai vu au bureau et il m’a dit qu’il avait fini le gros œuvre de la villa et qu’il avait sorti toute la terre des fondations et du terrassement, je peux y monter détecter autour et dans le champ avant qu’il engazonne et qu’il laboure l’endroit où il va faire le jardin et le verger. Il me fait visiter la villa, il reste tout l’intérieur à faire, elle me parait très grande. Je commence par prospecter le grand tas de terre qu’il a poussé en limite du terrain, contre le champ de blé dans lequel il l’épandra quand il aura moissonné. Je n’ai pas de son, à part des ferreux, mais il y a quelques éclats de briques, qui m’ont l’air plus de foraines que de tegulae, et bien sûr des coulées de ciment et des morceaux de briques et de tuiles neuves. Puis je reviens vers la maison et je commence à prospecter assez loin des murs à cause du fouillis de matériels et matériaux posés partout. Le sol est bien propre car la lame du bull a décapé sur une dizaine de centimètres en poussant les tas de terre. Il y a quelques galets, de minuscules morceaux de briques, un isolateur de porcelaine blanche de clôture électrique, des tessons de poterie grise, des sons de ferreux. Albert me suit un moment avec une truelle à la main car il a commencé à travailler, puis quand il voit que je ne trouve rien, il repart à l’intérieur. Un long moment après, premier son franc : un DTL a demi-plié, presque en surface. Puis plus loin, je trouve une petite statuette blanche, il manque la tête, les mains, les jambes sont coupées aussi à hauteur des genoux… elle est en faïence, difficile de dire si elle est antique ou moderne, on dirait un personnage féminin en attitude d’orante, les mains à hauteur des hanches devaient être ouvertes vers l’avant… Un autre son : une petite médaille de cuivre, avec un personnage debout et une grande croix de l’autre côté. Puis des ferreux, une zone de gros galets, et autre son, très fort : je creuse un peu et je sors un drôle de crochet avec un petit anneau, on dirait qu’il y a des stries ou des dessins. Je finis le côté sans rien trouver d’autre et je fais le tour pour aller devant la villa, côté route. Il y a là aussi des galets, j’ai tout de suite des sons de ferreux, puis quatre petits bronzes très abimés, on devine un portrait à droite avec une couronne radiée sur un, les autres sont grumeleux. Et un autre DTL, puis une grosse pièce de 2 francs 1942. J’arrête vers 9 h car Albert remonte à la ferme pour souper, je lui montre les trouvailles et je m’en vais. Je nettoie le crochet en arrivant, c’est en fait un serpent, on voit très bien la tête, les écailles, et la queue, mais il n’a pas l’air très vieux.

Dimanche 24 juillet 1994

De 4 h à 8 h je vais au gué de G… sans détecteur pour faire les marmites. Je trouve plein de clous, certains de fers à cheval, une dizaine de balles de pêche et une cuillère avec un bout de crin, une balle brenecke mais pas de pièce.

Mardi 26 juillet 1994

(la canicule dure depuis 1 mois) Après avoir amené Axel et Flavien à la piscine je vais en bas des abattoirs et en descendant vers la grange je prospecte dans le lit de la rivière en essayant de repérer des gués. L’eau est basse, il y a plein de plaques rocheuses à découvert. Je trouve une cartouche complète de 9 mm, il y a quatre marquages, c’est une balle allemande de 1943, des balles de pêche, deux plombs de filet, et une longue épingle en bronze, peut-être de l’âge du bronze. C’est très pollué : bouchons métalliques, cannettes, papiers d’alu, fonds de batteries en plomb, ferrailles diverses.

Samedi 6 août 1994

A 5 h je vais aux B… derrière chez N., au niveau de la station de pompage. Je passe le détecteur sur la berge en amont de la station jusqu’à 7h30. Il fait très beau, très chaud, je ne trouve rien sinon des briques très abimées difficiles à dater. Tout le lit de l’Ariège est recouvert de galets écroulés de la falaise de l’autre côté, lors de la glissade de terrain. Je fais partir un long serpent gris dans l’eau, puis je vois descendre Roger B… et un autre gars en plein courant dans une barque verte. Ils ne m’ont pas vu. En revenant à la voiture, je trouve dans le chaume du bord du champ une pièce trouée et un gros 10 centimes Napoléon III.

Lundi 15 août 1994

Je pars à la foire à la brocante à Villenouvelle, puis je me change et je vais au gué de G… jusqu’à 8 h du soir sans le détecteur. Je trouve enfin l’endroit où il faut chercher. Il ne faut pas faire les marmites mais aller juste à la limite du profond, en bordure du gué, à l’endroit où il y a beaucoup d’eau et de courant, et chercher là. Je me repère sur le grand bidon de fer à demi enterré sur l’autre rive. Je trouve quatorze DTLs, deux pièces en cuivre jaune, épaisses, mais lisses, quantité de clous, une belle double agrafe à crochets, une hampe de flèche en bronze, cinq fers à bœufs, un débris d’éperon en fer, trois petites boucles de cuivre, un long poids de filet de pêche. J’arrête à 8 h car je commence à avoir froid dans l’eau.

Jeudi 18 août 1994

Je me change vite en sortant du bureau et je reviens au gué à 6h30. Mais l’eau a beaucoup monté, orages en Ariège ou lâcher de barrages pour l’irrigation. Je ne reconnais plus rien mais je tombe rapidement en face du vieux bidon de fer échoué sur l’autre bord, sur un endroit plein de clous. Lydie me rejoint vers 7 h et en une heure nous avons un plein fond de tamis de clous forgés. Je trouve un joli ardillon décoré de boucle mérovingienne. L’eau est froide et à 8 h nous sommes gelés, de toute façon il fallait partir car je suis invité à souper (fin des vacances, départ de Michel et des enfants).

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 93