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Une si belle stèle…

En 2011, de nombreuses émeutes, révoltes et changements de régime secouent le monde arabe et des musées sont pillés.

Un sarcophage au placage d’or, du grand prêtre Nedjemankh, disparaît parmi d’autres objets. Il est vendu au Metropolitan Museum de New-York en 2017 pour la modique somme de 3,5 millions d’euros (il paraît légitime de se demander à quoi servent les experts du “Met”) puis doit être restitué à l’Egypte avec des excuses…
Dans cette affaire, un marchand ayant pignon sur rue, mais bien connu d’Interpol, Roben Dib, apparaît comme l’un des intermédiaires. Il travaille avec des antiquaires californiens, les frères Simonian. Ce réseau cosmopolite a également fait de belles affaires sur le dos du contribuable français puisque le Louvre d’Abu Dhabi s’est fendu de 50 millions d’euros pour 5 objets dont une stèle représentant le célèbre Toutankhamon en 2016.

La stèle de Toutankhamon.

D’ailleurs le directeur du Louvre (de 2013 à 2021) lui-même vient d’être mis sous contrôle judiciaire, soupçonné d’avoir contribué à blanchir ces antiquités illégalement parvenues jusque dans les collections du musée qu’il gérait. Il a été entendu pendant trois jours par les enquêteurs et le siège de l’Agence France Musées (laquelle gère Abu Dhabi Louvre) a été perquisitionné par les policiers français. Nous sommes au mois de mai de cette année 2022 donc l’affaire est à suivre.
Pour demeurer avec notre sympathique trio et leurs éventuels complices institutionnels il convient d’évoquer une autre stèle, celle de Pa-Di-Séna du VIIe siècle avant notre ère. Elle apparaît lors d’une vente aux enchères de la société Pierre Bergé en 2016 mais la justice du comté de New-York l’avait repérée dès 2012 dans les e-mails du trio d’enfer cité plus haut et elle est saisie en 2019.
C’est avec le sarcophage de Nedjemankh que l’enquête incidente sur la stèle de Pa-Di-Séna a commencé. Un expert et son compagnon qui avaient garanti l’objet pour la maison d’enchères sont brièvement emprisonnés en 2020.

Le sarcophage de Nedjemankh.

La suite dans Monnaies & Détections n° 125

Arnaque à l’égyptienne

L’ancien directeur du Louvre de Paris mis en examen dans une affaire de trafic d’antiquités !

Une nouvelle fracassante dans le monde de l’art et chez les archéologues, Jean-Luc Martinez, ancien président du Musée du Louvre et dont la fiche Wikipédia nous le présente ainsi : « est un archéologue et historien de l’art français spécialisé dans la sculpture grecque antique »…
Mis en examen, soupçonné de blanchiment et complicité d’escroquerie en bande organisée, avec plusieurs personnes françaises et étrangères, égyptologues, marchands d’art et autres intermédiaires, l’escroquerie aux dépens du MET « Metropolitan Museum de New York » et du Louvre d’Abu d’Abi porterait sur 56 millions d’euros !
Tout a commencé en 2019, le MET achète, 3,5 millions d’euros, un sarcophage doré égyptien, soi-disant sorti légalement d’Égypte en 1971 ; en réalité il avait été volé en 2011 pendant les soulèvements populaires qui secouèrent tout le Moyen-Orient ! Le sarcophage fut vendu avec un faux pédigrée, tous les faux papiers nécessaires, et les expertises de soi-disant spécialistes… (1)
La même bande, égyptologue, intermédiaires et marchand d’art avec cette fois Jean-Luc Martinez, est réapparue dans une autre histoire, celle d’une stèle de granite rose portant le nom de Toutankhamon ! Stèle royale donc et vendue une fortune au Louvre d’Abu d’Abi, tous les intermédiaires et autres « spécialistes » prenant bien sûr leurs commissions au passage… (2)
Le gros problème c’est que personne ne connait l’origine de cette stèle ! L’histoire nous apprend que tous les objets et artéfacts portant le nom de Toutankhamon furent détruits ou martelés à son époque, les seuls qui sont intacts sont ceux découverts dans son tombeau en 1922… Or cette stèle n’y était pas, vu ses dimensions on ne peut pas la louper ! Sans pédigrée, soit elle provient d’un pillage sur un site inconnu ou encore plus gros : c’est un faux ! En matière d’arnaque, plus c’est gros, mieux ça passe et accessoirement plus ça rapporte…

Le poinçon de Lambesc ou les méfaits du SRA de PACA

Lu dans les cahiers numismatique de la SENA n° 230 décembre 2021 un intéressant article consacré sur le poinçon monétaire dit « de Lambesc » et les outils monétaires massaliétes. Les auteurs, L.-P. Delestrée, J.A. Chevillon et Karim Méziane ne m’en voudront pas je l’espère, si je vous résume cet article sommairement car les pensées qui m’ont traversé l’esprit, à la lecture de cette étude, soulèvent plus de questions sur la forme et l’accès à l’information de base que le fond de l’article.

En 2012, M. Feugère consacrait quelques lignes, sur la foi de médiocres clichés sur ce poinçon apparu sur le net et déclarait que ce poinçon était un document de première importance. En 2016, l’inventeur le présente sur Ebay avec de bons clichés. Le SRA lui tombe dessus, s’ensuit une procédure pénale, l’inventeur paie une amende, le poinçon est récupéré par la DRAC de la région Paca mais il ne fut pas procédé au classement qui pourtant s’imposait en raison de l’intérêt exceptionnel de l’objet. A noter que le droit de propriété de l’Etat sur cet objet est douteux car le juge reconnaissait le caractère fortuit de la trouvaille, dès lors que les faits étaient antérieurs à la loi sur le patrimoine de 2016, on peut se poser des questions sur les éventuelles pressions exercées pour ce jugement…

L’étude proprement dite 

Le poinçon comporte une empreinte intacte ce qui permet l’hypothèse très probable d’un outil intermédiaire pour la réalisation d’un coin neuf à l’identique du précédent qui se serait cassé. Il suffisait à l’artisan d’imprimer une empreinte sur un support en argile crue, en cire ou en métal mou (disques monétaires par exemple) permettant d’obtenir une image en relief sur une pastille d’argile destinée à être fixée sur la base du moule dans lequel, après cuisson, devait être coulé le bronze nécessaire à la fabrication du coin lui-même. Une telle manipulation permet d’expliquer le très bon état de conservation de la plupart des poinçons monétaires connus et du poinçon dit de Lambesc en particulier. D. Hollard et L.-P. Delestrée pensent que le poinçon de Lambesc a été coulé de la manière suivante : une obole de Marseille a été enfoncée dans une plaque d’argile, l’artisan a ensuite monté une paroi circulaire autour de la plaque en la rétrécissant (cône), après séchage il y a eu coulage du métal en fusion. Typochronologiquement, la monnaie ayant servi à la fabrication du poinçon est celle du groupe G dans les séries émises au IV et IIIe siècle avant JC (référence trésor de Lattes). La déduction des auteurs fait donc remonter la fabrication du poinçon à la fin du IVe siècle et au cours du IIIe siècle avant notre ère.
Après l’étude du poinçon, les auteurs se penchent sur les outils correspondant à ce monnayage et cette époque. Il s’avère que depuis la première découverte de poinçon monétaire gaulois en 1986, leur nombre est passé à 18 à ce jour (décembre 2021) et sur ces 18, cinq y compris celui de cette étude appartiennent aux chaines de fabrications des monnaies massaliètes : le poinçon d’Aix en Provence 2010, le poinçon de Lambesc 2012, le poinçon de la Cloche, poinçon vente CGB mars 2015, poinçon vente Palombo, mai 2004 (ce dernier ayant trait aux drachmes légères les autres aux oboles).
Face à cette abondance de poinçons, un seul coin est connu : celui de droit d’obole massaliéte, vente Albuquerque mars 1992. D’après l’étude de l’unique cliché en leur possession les auteurs rapprochent ce coin d’une série de monnaie à la tête à gauche frappée sur flan court connue et étudiée sur le trésor d’Entremont et les éléments nettement plus dissociés et simplifiés du motif au relief très atténué semblent dater de la fin du IIe siècle ou du début du Ier siècle avant.
L’article se termine sur la présentation de deux nouveaux outils monétaires qui ont fait récemment leur apparition officieuse. Le coin monétaire de Pourrières et le poinçon monétaire d’une obole salyenne « au long nez ».
Pour le premier, on n’a que deux clichés pour étude et une provenance approximative. L’étude de la gravure permet de rattacher la création de ce coin monétaire d’obole de Marseille entre la fin du IIIe et le milieu de la première partie du IIe siècle avant JC. Pour le second, l’empreinte moulée est une imitation indigène des oboles de Marseille émises en Provence dans la première partie du Ier siècle avant JC. Ces monnaies sont attribuables à certaines ethnies présentes au sein de la confédération des Salyens. Les auteurs ont retrouvé cinq monnaies dont le droit correspond à celui du poinçon, l’une est référencée dans l’ouvrage de H. Dhermy publié en 2011 et les quatre autres dans celui de J. Desquines édité en 2018. Malgré l’usure générale du poinçon, on retrouve sur les monnaies tous les détails présents sur celui-ci ; ces caractéristiques sont typiques des oboles « au long nez » qui proviennent pour la plupart, de la Provence centrale et plus particulièrement du territoire des tritolli (bassin de saint Maximin la Sainte Baume).

La suite dans Monnaies & Détections n° 122

Cheval de bronze

Le 12 août 2009, un agriculteur allemand dans le comté de Hesse, mettait au jour une superbe tête de cheval en bronze, provenant d’une statue équestre d’époque romaine ! L’état de Hesse, versa alors, la somme de 48 000 euros à l’inventeur, propriétaire du terrain.Somme qu’il trouva un peu légère, mais accepta…
Il y a quelques mois, l’affaire a refait surface : l’agriculteur s’est rendu compte qu’il avait été floué et a porté plainte, un rapport d’expertise estimant la tête à 1,6 million d’euro ! Et ce n’est qu’une estimation…
Le tribunal lui a finalement rendu justice en lui accordant la somme de 773 000 euros ! Plus les intérêts courant depuis la découverte, il y a neuf ans. Le comté peut encore faire appel…
Source : thehistoryblog.com