MONNAIES ET DETECTIONS

Pour les passionnés de la détection

Bienvenue sur le Blog Officiel
Monnaies et Détections

Articles taggés ‘monnaies des pays bas espagnols’

Une boursée, une histoire

Dans le courant de l’année 2016, un prospecteur chanceux réussit à mettre la main sur une magnifique boursée composée de 7 monnaies, 5 en or et 2 en argent. Toutes sont datées des XVe-XVIe siècles. 3 des monnaies en or sont anglaises, les 4 autres des Pays Bas espagnols pour Charles Quint et Philippe II d’Espagne.

Ces monnaies furent découvertes dans un labour de l’entité de Dalhem en province de Liège, le long de l’ancienne route Aix-la-Chapelle/Maastricht, un axe militaire très important et emprunté par diverses armées et cela depuis l’Antiquité !
Cette petite boursée fut perdue (ou cachée ?) en 1579, année du siège de la ville de Maastricht par les armées espagnoles d’Alexandre Farnèse, troisième duc de Parme.
Le lieu de la découverte était à l’époque totalement ravagé par les armées espagnoles. Tous les villages, fermes, hameaux, châteaux furent pillés et ravagés. Cette région a déjà donné par le passé au moins 3 dépôts datés de 1579. En 1963, un agriculteur découvre dans son champ une boursée de 26 monnaies en argent, composée de monnaies espagnoles, hollandaises, de Liège et de Namur, terminus 1578, année du pillage du village de Hamay où fut découverte cette boursée ! Autre découverte en 1932 lors des travaux de terrassement dans une prairie du village de Haccourt lui aussi pillé en 1578, d’un petit dépôt de 61 monnaies d’argent espagnoles, hollandaises, de Namur, de Liège, et françaises, et un dernier dépôt connu pour cette époque dans un village de Aubel qui fut occupé par les troupes espagnoles de 1578 à 1579, encore dans une prairie en 1942 d’un dépôt de 108 monnaies d’argent caché dans 2 petites poteries, encore des monnaies espagnoles, hollandaises, de Lorraine, d’Allemagne, de Liège et de Saxe, terminus 1578.
Ce village d’Aubel donna aussi par le passé d’autres magots, en 1907, 102 monnaies d’argent autrichiennes et françaises, cachées en 1794. En 1964, dans une ferme du village, 31 monnaies d’argent, 13 monnaies d’or et plus de 200 pièces en cuivre, cachées cette fois en 1691. En 1982, 20 monnaies espagnoles en argent cachées en 1652, découvertes dans un prairie et en 2009 découverte d’un prospecteur d’une petite boursée de 10 monnaies, 9 en argent et une en or, terminus 1701. Tous ces dépôts furent découverts le long d’une ancienne route royale menant à Liège et Maastricht.
Pour en revenir à notre boursée, les numismatiques qui l’ont étudiée pensent qu’elle appartenait probablement à un mercenaire originaire des îles britanniques, anglais ou irlandais, servant dans les armées de Philippe II d’Espagne. Cette boursée fut perdue ou cachée lors des mouvements des armées marchant sur Maastricht en 1579.
Dix ans plus tôt les provinces hollandaises prennent les armes contre Philippe II d’Espagne et tentent ainsi d’accéder à l’indépendance, toutes ces provinces étant de religion calviniste, ce qui pour l’Espagne et Philippe II, en particulier, est une religion où détruire par la guerre et le sang. Ainsi le 8 mars 1578, une armée de 20 000 Espagnols prennent position devant Maastricht, ils sont accompagnés de 2 000 chariots vides, destinés à recevoir les fruits du pillage de la ville ! La ville, elle, est défendue par 1 200 soldats et 6 000 miliciens. Les villes proche de Dalhem et Limbourg sont déjà tombées aux mains des Espagnols, les villages, hameaux, fermes et châteaux autour de Maastricht sont aussi occupés. La ville est totalement isolée. Le 25 mars, les espagnols lancent l’attaque à coups de canon et creusent des mines. La défense de la ville est acharnée, les défenseurs creusent à leur tour des tunnels pour atteindre les sapeurs espagnols, les combats sous terre sont horribles. A l’arme blanche dans un premier temps, ensuite les défenseurs inondent les galeries espagnoles, 400 de ceux-ci meurent noyés, ensuite d’autres tunnels sont asphyxiés par le feu, 500 Espagnols périssent suite à l’explosion prématurée d’une mine. Cette première attaque est un échec cuisant.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°111 …