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Les méreaux des fêtes folles

Méreau à la femme qui boit.

L’origine du mot «méreau» vient du latin « merare », signifiant : partager, distribuer. Il était coutume dans le domaine ecclésiastique de donner en récompense cette sorte de piécette aux ecclésiastiques et aux chanoines qui assistaient à l’office ou à quelques délibérations, ainsi qu’à d’autres cérémonies, sans oublier les fêtes folles de l’évêque dont il est question dans cet article. Les méreaux servaient à fixer les droits sur chacun, aux distributions, et avaient une valeur pécuniaire invariable contrairement aux monnaies. On pouvait aussi les échanger contre des vivres, vêtements, ou même de la monnaie.

Historique des fêtes folles
Les fêtes saturnales ecclésiastiques que l’on célébrait à la fin du Moyen-âge jusqu’au XVIIIe siècle découlaient des fêtes romaines dites « des calendes » situées entre le solstice du 25 décembre et l’épiphanie du 6 janvier. Ces festivités étaient connues pour leurs débordements excessifs.
D’après certains historiens, l’origine de ces fêtes remonte à Salomon et aux premiers siècles de notre ère ; d’après la Bible au 32e chapitre de l’Ecclésiaste faisant allusion à la coutume de nommer un roi du festin ou de couronner un président du banquet, probablement empruntée par les Israélites aux Egyptiens, ou encore aux Ascodroupites et aux Ascites, sortes d’hérétiques qui, vers l’an 373, voulurent renouveler parmi les chrétiens les dissolutions des bacchanales, qui étaient célébrées en l’honneur du Dieu romain Bacchus. Ces fêtes prirent naissance en Egypte, d’où elles passèrent en Grèce où on les nommait Dionysies, et de là, en Italie. Elles se célébraient pendant la nuit avec des transports délirants au bruit des tympanons et des cymbales phrygiennes.
Les femmes seulement avaient le droit d’y prendre part ; plus tard, les hommes y furent admis, et avec eux l’enivrement des festins, les désordres et les scandales.
Enfin, le sénat de Rome, usant d’une sévérité salutaire, les abolit en l’an 566.
Cependant elles furent encore reprises sous quelques empereurs avides de débauche, et la licence y fut portée à son comble. On voit donc dans ces mascarades et dans les joies désordonnées du carnaval un reste des saturnales se traînant à travers les siècles, comme pour attester l’incroyable attachement des hommes au passé, par le côté qu’ils auraient dû oublier.
On sait que sous une autre forme, les fêtes dureront jusqu’au Moyen-âge pour être finalement supprimées au XVIIIe siècle.

A l’époque médiévale, elles étaient appelées fêtes des fous, fêtes des innocents, fêtes de l’évêque, fêtes des connards, fête du pape des fous, fêtes du prince des sots ou fêtes de l’âne…
D’après le décret de la faculté de théologie de Paris en l’an 1444, un témoignage sous forme de peinture représente les désordres de ce carnaval. On retrouve aussi des lettres patentes du roi Charles VII du 17 avril 1445, adressées aux baillis et prévôts de la ville de Troyes, témoignant d’une demande de suppression des festivités. Mais les fêtes reprirent peu à peu. Plus tard, les chapitres pour le conseil de l’évêque ne se bornaient pas à tolérer les fêtes folles, mais parfois ils participaient à la dépense. Par un acte du 5 décembre 1533, le chapitre de la cathédrale d’Amiens permit de célébrer la fête des innocents et accorda la somme de soixante sous à tous les vicaires. On retrouve un acte identique pour la ville de Reims de l’an 1479. Dans les registres du chapitre de l’église de Laon de 1284 à 1397, il est mentionné la fête des innocents où l’on voit des enfants de chœur faisant une cavalcade dans toute la ville.
On est aussi surpris qu’à Senlis, en 1523 lors des fêtes, les chanoines changeaient de place au chœur, revêtus de tenues vestimentaires les plus délirantes de manière à exciter la risée et la raillerie des assistants pendant la messe. Concernant la « fête de l’âne », l’historien Pierre Louvet nous décrit avec détails les cérémonies qui se pratiquaient : la prose de l’âne qu’on y chantait, sur le cri semblable au braiment de l’animal qui remplaçait l’Amen, et qui était répété par tous les fidèles présents ! Auparavant une femme et un enfant étaient entrés dans l’église sur le dos d’un âne, pour représenter la vierge Marie et l’enfant Jésus. Et tous les fidèles étaient déguisés avec un bonnet d’âne pour ridiculiser le clergé.
Au XVIe siècle, pendant les fêtes, certains jeux étaient pratiqués dans les cimetières. L’occasion de boire jusqu’à l’ivresse était une opportunité, car le vin coulait à flots.

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