MONNAIES ET DETECTIONS

Pour les passionnés de la détection

Bienvenue sur le Blog Officiel
Monnaies et Détections

Articles taggés ‘monnayage colonial français’

L’Indochine française (ou l’Union indochinoise française) est une ancienne colonie d’exploitation, création de l’administration coloniale, regroupant, sous une administration unique : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine sous le nom d’état du Viêt Nam (territoire identique à celui de l’actuelle République socialiste du Viêt Nam), le Laos et le Cambodge et le territoire de Kouang-Tchéou-Wan. L’unité monétaire y est la piastre.
Après une phase de conquête où se distinguèrent missionnaires, officiers et géographes, la politique coloniale française en Indochine vit s’illustrer des hommes politiques comme Jules Ferry, Paul Bert, Paul Doumer ou Albert Sarraut.
Lourde fiscalité et pression administrative furent à l’origine de troubles, avant que la montée du nationalisme annamite, la seconde guerre mondiale et l’intervention du Japon ne mettent fin à un siècle de présence française en Indochine.

La conquête de l’Indochine

L’évangélisation du Tonkin, de la Cochinchine et du Cambodge se fait entre 1658 et 1700.
Les premiers missionnaires catholiques de nationalités portugaise, espagnole, italienne et française mettent le pied en Indochine au XVIIe siècle et fondent des communautés chrétiennes.
Dans les années 1620, un missionnaire, le père Alexandre de Rhodes, met au point une écriture vietnamienne fondée sur l’alphabet latin. Toutefois, l’enseignement du Hán tự, le système d’idéogrammes chinois, continue dans les écoles. En 1661, le missionnaire François Pallu part pour une mission d’évangélisation et d’alphabétisation au Tonkin.
Il faudra attendre le début du XXe siècle, pour que le Quốc ngữ, le vietnamien alphabétisé, s’impose graduellement, malgré la résistance des lettrés. Le Quốc ngữ sera imposé dans les écoles au détriment du sino-vietnamien, jugé comme un patois déchu. Ce nouvel alphabet facilitant l’apprentissage du français, l’administration française n’y sera pas étrangère.
En 1757-1761, la France perd ses possessions en Inde, à la suite de la guerre de Sept ans contre le Royaume Uni. (Monnaies et détection, n° 82 et n° 84)
À partir de 1763, sous Louis XV, les Français vont donc chercher à s’implanter en Asie pour s’assurer des débouchés. C’est le début des relations diplomatiques et des aides militaires françaises à l’Annam et au Tonkin. C’est aussi la présence des premiers commerçants français à Tourane et Saïgon.
L’empire d’Annam est dirigé par la dynastie des Nguyễn, qui s’étend du nord au sud de la péninsule indochinoise, sur sa côte orientale, du delta du Fleuve Rouge à celui du Mékong. Il est bordé à l’ouest par l’actuel Laos, morcelé en principautés, et au sud-ouest par le royaume khmer, entré dans une longue période de décadence.
De 1783 à 1788, sous Louis XVI, un premier projet de colonisation est mis en place : la France aide l’empereur Gia Long à prendre le pouvoir. Gia Long unifie le Vietnam. En remerciement, la France reçoit le comptoir de Tourane et l’archipel Poulo-Condore en 1788.
De 1793 à 1798, à cause de la Révolution française, la France renonce à son projet de conquête de l’Indochine, et abandonne le port de Tourane et l’archipel de Poulo-Condore.
Lors du Traité de Vienne (1815-1816), ces deux possessions abandonnées ne sont même pas évoquées.
Sous Louis XVIII, un retour colonial en Asie est envisagé. Des religieux et des conseillers militaires sont envoyés après 1817.
La conquête de l’Algérie et sa pacification (1830-1848) retarde un retour militaire en Indochine, qui ne sera pas effectif avant les années 1850.
Au cours des années 1840, la persécution ou le harcèlement des missionnaires catholiques par les empereurs Minh Mạng et Thiệu Trị (r. 1841-1847) ne suscita que des réponses sporadiques et non officielles des Français.
En 1847, la France intervient encore non officiellement pour protéger ses missions menacées par les empereurs. Elle attaque Da Nang (bataille navale de Tourane).
Dès 1854, des relations diplomatiques et militaires sont engagées avec le Cambodge qui deviendra protectorat français en 1863.
La France obtient l’Indochine province après province, de 1858 à 1887.
Les premières interventions militaires françaises officielles remontent à 1858, à l’époque du Second Empire (1852-1871) avec comme prétexte la protection des missionnaires et des communautés chrétiennes.
En août 1858, l’escadre franco-espagnole de Charles Rigault de Genouilly débarque à Tourane et s’en empare. C’est la première intervention militaire officielle des Français. C’est le début de la conquête de la Cochinchine. La campagne de Cochinchine (vietnamien : Chiến dịch Nam Kỳ, 1858-1862), commence comme une expédition punitive franco-espagnole limitée et se termine en guerre de conquête française. Elle se conclut par la colonisation française de la Cochinchine, prélude à presque un siècle de domination française au Viêt Nam.
En février 1859, Saïgon, capitale de la Cochinchine d’alors, est prise par la France, seule, car l’Espagne a auparavant abandonné la conquête après l’échec d’une tentative contre Hué.
Le 5 juin 1862, c’est la conclusion entre la France et l’empereur de l’Annam du Traité de Saïgon, stipulant que les trois provinces orientales du sud du Dai Nam : Bien Hoa, Gia Dinh, Vinh Tuong et l’île de Poulo Condor, deviennent la colonie de Cochinchine française. La France obtient également pour sa colonie la liberté religieuse, le droit de commercer et voyager librement le long du Mékong, à ouvrir au commerce les ports de Tourane, Quang Yen et Ba Lac (à l’embouchure du Fleuve Rouge), le droit de commerce en Annam et au Tonkin et 4 millions de piastres (20 millions de francs or).
Les Français placent leurs trois provinces vietnamiennes du sud sous le contrôle du Ministère de la Marine.
En 1863, le Cambodge est placé sous protectorat français.
En 1867, la France érige en colonie la Cochinchine et annexe le Cambodge. … La suite dans Monnaies & Détections n° 85

Le monnayage colonial français

La monnaie des comptoirs de l’Inde française (Pondichéry)

Une puissance coloniale est un Etat qui envoie dans un autre pays, une réunion de personnes – femmes, hommes et enfants – afin d’y établir une présence pérenne et autonome, une colonie de peuplement, et d’y bâtir une société. Cette nouvelle société s’épanouit et se développe en particulier grâce à l’agriculture, à la chasse et au commerce.

La colonie de peuplement (Canada français) est différente du comptoir commercial colonial (Inde française) dont le but n’est pas de peupler, mais de faire des échanges commerciaux avec les commerçants locaux.

Monnayage colonial est le nom donné aux monnaies émises dans et pour ces territoires soumis à une métropole, à une puissance coloniale. La numismatique coloniale française couvre trois siècles d’histoire et un très vaste espace géographique.

Les comptoirs coloniaux français de l’Inde sont formés de l’ensemble des territoires et des bureaux généraux de commerce établis en différentes localités, que la France a maintenu dans la péninsule indienne jusqu’au milieu du XXe siècle.

À la fin du XVIe siècle, deux évènements vont révolutionner l’Occident et son commerce maritime : la découverte de l’Amérique et la découverte de la route des Indes qui avaient auparavant apporté beaucoup au niveau économique pendant l’Antiquité. C’est bien le commerce qui garantira le contact entre l’Orient et l’Occident, bien qu’il ne soit pas encore question de colonies, mais plutôt de rêve et de convoitises liés aux richesses inestimables relatées dans les récits des voyageurs, poussant même les Européens à braver l’inhospitalité maritime de la côte du Coromandel.

Cet attrait pour la richesse de l’Inde est source de nombreux conflits entre membres de l’Europe qui veulent s’approprier le contrôle des routes maritimes et des comptoirs, qui deviendront très vite des bastions fortifiés. Ce sont les Anglais qui finalement au XIXe siècle arriveront à asseoir leur domination, après les Portugais, les Hollandais, les Danois, les Suédois. Les Français n’obtiendront le contrôle que tardivement après de nombreux échecs.

Comptoirs, compagnies de commerce et monnayages coloniaux 

En France, les comptoirs se développent aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment en Afrique occidentale pour la traite des Noirs et le commerce du coton, et en Inde (Pondichéry et Chandernagor) pour les indiennes de coton et les épices. Des comptoirs sont créés également en Amérique du Nord (par exemple, Tadoussac au Québec pour les fourrures et la morue).

Le comptoir colonial 

C’est une structure coloniale à vocation commerciale permettant au pays qui le contrôle de s’assurer un approvisionnement en ressources provenant des régions environnantes. Ces mêmes régions peuvent en échange acquérir des produits provenant du pays contrôlant le comptoir. Le principe du comptoir est que le pays qui le contrôle exclut le peuplement ou le contrôle politique direct des régions avec lesquels le commerce est réalisé, son but étant de faciliter le commerce en permettant le développement d’infrastructures locales : routes, voies ferrées, ports, habitations, infrastructures d’entretien des navires, banques, correspondant à la technologie et aux standards du pays qui le contrôle.

Les pays qui contrôlent ces comptoirs acquièrent ainsi la capacité d’accéder directement aux matières premières ou autres produits introuvables chez eux comme l’or, le caoutchouc, les épices, etc. Historiquement, les comptoirs sont aussi les lieux de départ du commerce des esclaves, notamment en Afrique subsaharienne.

Étant organisés par un seul pays, les échanges métropole/colonies sont monopolistiques – en général opérés par une seule grande compagnie commerciale – et protectionnistes, les prix n’étant pas fixés sur la base d’un échange concurrentiel, le tout au bénéfice exclusif du pays possédant le comptoir. En raison de leur intérêt commercial, les comptoirs sont souvent l’objet d’attaque ou d’invasion par des puissances concurrentes cherchant à prendre le contrôle du commerce régional.

Certains comptoirs restent des lieux d’échange commerciaux mais d’autres sont une étape avant la colonisation complète des régions avoisinantes, comme le fit la France en Afrique. … La suite dans Monnaies & Détections n° 82