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Carausius, commandant, pirate et empereur du Nord !

Marcus Aurélius Mausaeus Valérius Carausius, digne nom latin à rallonge, masque en réalité l’origine ménapienne de l’individu né dans la région des Flandres actuelle de la Belgique.

A ses débuts, Carausius est pirate sur le Rhin. Il s’engage ensuite dans l’armée romaine, gagne du galon et grimpe dans l’estime de ses chefs, et se distingue lors de la campagne du co-empereur Maximien Hercule contre les Bagaudes. Lors de ces opérations, il est confronté à Gennebaud, un chef franc lorgnant sur les possessions romaines sur la rive gauche du Rhin.
En 285, en reconnaissance de ses états de services et surtout de son expérience et loyauté, Carausius est nommé commandant de la « flotte britannique », la flotte romaine de la Manche stationnée à Gesoriacum (Boulogne). Il est chargé d’éliminer les pillards et autres pirates, mais, plutôt que de les combattre, Carausius laisse Gennebaud et ses pirates écumer les mers et les eaux intérieures, à condition de prélever un gros pourcentage du butin. Il amasse ainsi un immense pactole qui lui permet d’acheter la fidélité de ses hommes. Cependant à Rome, Maximien, excédé par les manigances de son protégé, envoie quelqu’un pour le tuer. L’attentat échoue et Carausius se rebelle ouvertement. Avec le soutien de sa puissante flotte et celle des pirates francs de Gennebaud, il réussit à soulever les légions britanniques et gauloises de la Gaule Belgique, et se déclare empereur du Nord !
Le nouvel empereur auto proclamé fait tout pour obtenir la reconnaissance de ses « co-empereurs » à Rome, c’est-à-dire Maximien et Diocletien. Carausius fait même battre une monnaie aux trois bustes des « co-empereurs » mais en vain. A Rome, ils savent que l’unique co-empereur de Carausius c’est Gennebaud, « le roi des pirates francs sur les rives de l’océan ».

Aurélianus aux trois bustes, Carausius, Maximien et Dioclétien, et légende « Carausius et ses frères » !

Entre Rome et Carausius commence un bras de fer. Fin stratège, Carausius ouvre les hostilités et invite Gennebaud à s’établir sur l’île de Bataves et le pays de l’Escaut que les Francs pillent à tout va ! L’empereur du Nord fait ainsi coup double, il donne du fil à retordre à Maximien et bloque aussi l’embouchure du Rhin par où une flotte romaine pourrait venir le menacer.
Carausius lance aussi une invitation aux Saxons et aux Hérules qui déstabilise encore un peu plus la région en 287.
Maximien, privé de flottes et harcelé par les Barbares est contraint de tempérer. Il bât les Saxons et Herules, obtient la soumission des Francs, comme peuple fédéré, soumission très théorique comme le montre la suite des évènements ! Enfin, il fait construire une flotte et forme des marins sur le Rhin. En 289, il appareille triomphalement dans l’idée de mater le félon. L’expédition échoue pour cause de mauvais temps. Selon les sources romaines, en réalité, la flotte de Maximien, composée de novices, a essuyé une cuisante défaite face à Carausius et ses galères, et aussi face aux pirates francs de Gennebaud !

Les galères, symbole de la puissance de Carausius.

Le roi des pirates

Henry Every, alias : Henry Avery, John Avary, Long Ben ou Benjamin Bridgeman… fut l’un des plus célèbres flibustiers anglais. Né en 1659, personne ne connait la date de sa mort, elle est donnée pour après 1696 !

Il serait mort en 1699 ou 1714, mais rien n’est moins sûr, sous un de ses nombreux noms d’emprunts.
En 1693, Henry Every est contremaitre sur le Duke, un navire anglais faisant partie d’une flotte de quatre vaisseaux armée à Bristol, Angleterre. Ces quatre navires ont pour but d’aller chercher des épaves de galions espagnols « chargés de trésors » ayant coulé dans la mer des Caraïbes ! Pour aller repêcher ces trésors, les Anglais doivent obtenir l’autorisation des Espagnols pour exploiter les épaves, seulement elle tarde à venir, les quatre navires dont le Duke, mouillent en baie de Corogne, capitale de la Galice à l’époque, pendant près de six mois et les marins anglais ne sont plus payés !
C’en est trop pour Henry Every, sous son impulsion 85 marins du Duke se révoltent (une mutinerie), et s’emparent du navire, les voilà devenu pirates ! Le Duke est rebaptisé « Fancy », Every est élu chef des pirates et en profite pour créer son pavillon, resté célèbre, un crâne de profil surmontant les deux tibias, qui eux sont un classique des pavillons pirates. Ils mettent les voiles vers l’Afrique occidentale. En chemin ils s’associent à deux petits sloops, des navires de pirates plus petits ce qui les rend plus maniables à l’attaque et ils se lancent dans les abordages…

La suite dans Monnaies & Détections n° 118

L’Île à Vache ou le repaire d’Henry Morgan

Une île nature

L’Île à Vache nommée ainsi pour les nombreuses têtes de bovins présentes sur ses terres, est un îlot de la mer des Caraïbes, positionné sur la côte sud d’Haïti, dont il est administrativement rattaché. L’île en elle-même s’étend sur une vingtaine de kilomètres de long sur quatre de large à sa pointe est. Plusieurs marécages et étangs parsèment ses terres, mais la zone la plus notable de l’île est recouverte d’une forêt de mangrove.
L’île est à l’heure actuelle peuplée de dix mille habitants dont le moyen de subsistance est surtout lié à l’agriculture et à la pêche. Le tourisme joue également un rôle important dans les ressources de l’île. En effet, ses plages immaculées, ses eaux limpides et poissonneuses, une nature exubérante et sauvage, attirent de plus en plus de visiteurs en quête d’un lieu encore intact que l’homme n’a pas encore corrompu.
Les côtes de l’île offrent dans sa zone nord-ouest, des criques naturelles abritées et en eau profonde qui peuvent accueillir de nombreux navires de plaisanciers, notamment la baie Ferret où est implanté le Port Morgan. Certains navigateurs du XVIIe siècle ne s’y sont pas trompés, ces criques accueillantes leur permettaient de faire escale loin des routes maritimes fréquentées. Parmi ces visiteurs aux mœurs troubles, on pouvait compter un certain Henry Morgan, pirate de profession.

Sir Henry Morgan

Henry Morgan est né en janvier 1635 au Pays de Galles. Issu d’une famille aisée, il est loin d’avoir le profil du pirate qu’il deviendra adulte. Une légende raconte qu’il fut enlevé enfant, à Bristol et vendu comme esclave à la Barbade. Mais aucune trace écrite de ce rapt n’est parvenue jusqu’à nous. Il semble pourtant que le jeune homme s’embarque très tôt comme simple mousse à destination de la Barbade en 1658. Il déserte ensuite son navire et vit sans le sou, de vols ou de mendicité. Pour échapper à la justice qui lui promet la corde, il prend fuite vers la Jamaïque où il s’associe à des flibustiers anglais. Le jeune homme est malin et entreprenant, il parvient à gagner au jeu un navire, son premier bateau d’écumeur des Caraïbes. Pourtant, Morgan est sans réelle expérience de la mer, il offre alors ses services à un capitaine corsaire du nom de Edward Mansfield dont il deviendra le second.
Dès 1668, il entame une carrière de corsaire, puis de pirate, fonction qu’il se plaît toujours à exercer avec une grande cruauté. Ses faits d’arme sont nombreux, accompagné de plus de cinq cent hommes d’équipage, il se fait une spécialité du pillage côtier. Ses proies sont des villes et des colonies espagnoles, notamment celles de Puerto del Principe à Cuba et de Portobello au Panama.

La prise de la région de Panama reste son plus grand fait d’arme. En 1669, Morgan pille les côtes cubaines, puis Maracaibo au Venezuela mais n’obtiendra pas pour autant la richesse espérée. Sa réputation d’homme cruel et sans pitié traverse les mers et son trésor de guerre ne demande qu’à grossir. Une de ses bases est la ville de Port Royal en Jamaïque, mais le capitaine gallois aime également se réfugier sur l’Île à Vache. Ses exactions mettent dos à dos deux nations, la guerre entre l’Angleterre et l’Espagne est pourtant terminée mais il suffit d’une étincelle pour rallumer le feu qui couve et ranimer les hostilités. Morgan bénéficie de la couverture bienveillante du gouverneur de la Jamaïque, Sir Thomas Modyford. Ce dernier lui offre la possibilité de devenir amiral de la flotte de la Jamaïque.
Cette même année, le vaisseau amiral de la flotte de Morgan, une frégate anglaise corsaire, explose accidentellement dans la baie Ferret de l’Île à Vache. Ce vaisseau commandé par le capitaine Edward Collier, mouille dans la baie de l’île en attendant de retrouver Morgan et plusieurs capitaines flibustiers dont Laurent de Graaf futur gouverneur de l’Île à Vache. Morgan réunit alors ses officiers sur le HMS Oxford pour préparer le pillage de la ville de Cartagena.
Pendant ce temps-là, l’équipage se lance dans une soirée de fête et de beuverie à la santé du roi d’Angleterre et du gouverneur de la Jamaïque. On ne sait pas réellement comment le feu fut mis aux réserves de poudre, un canonnier ivre dit-on, toujours est-il que l’Oxford explosa dans la nuit du 12 janvier 1669 entraînant dans la mort plus de deux cents hommes d’équipage et cinq capitaines de la flotte de Morgan. Certains officiers réunis pour le conseil de guerre en poupe parvinrent à en réchapper, tout comme Henry Morgan, mais d’extrême justesse. On raconte que les survivants repêchèrent les corps de leurs camarades noyés ou brûlés, non pas pour leur donner une sépulture chrétienne, mais pour les délester de leurs bagues et bijoux en or. Pirates jusqu’au bout des ongles…
En 1670, Morgan obtient le commandement de la flotte corsaire anglaise de la Jamaïque, il pille allègrement navires, villes et côtes. Le Panama est à nouveau l’objet de ses rapines, en 1671 il tue et rançonne, secondé par deux mille hommes, les colons espagnols. La ville est incendiée et pillée, Henry Morgan met la main sur sept cent cinquante mille pièces d’or. Il fait torturer les habitants d’une manière effroyable, afin qu’ils révèlent les caches des richesses de la ville. Alexandre-Olivier Exquemelin, chirurgien de bord, témoigne dans un livre de ses exactions :
« Beaucoup de moyens furent utilisés dans le but de les faire parler, dont l’écartèlement associé à des coups de bâton ou d’autres instruments. Les pirates mirent des mèches enflammées entre les doigts de certains captifs, qu’ils finirent par brûler vifs. Ils tordirent des cordes autour de leurs fronts et serrèrent jusqu’à ce que les yeux des suppliciés jaillissent de leur orbite ».
Le roi d’Espagne choqué par ces violences, menace l’Angleterre d’une nouvelle guerre si ces exactions ne sont pas sévèrement punies.
Morgan revient donc en Angleterre en 1672 où il est emprisonné pour la forme pendant quelque temps, afin de calmer la colère espagnole. Il revient pourtant à la Jamaïque en 1675, après avoir été anobli par le roi Charles II. Il est nommé vice-gouverneur avec la charge de lutter contre la piraterie. Un retournement de veste assez singulier en connaissant l’homme et ses faits de pirateries avérés.
Morgan n’est pas reconnu pour être un excellent navigateur, on lui doit plusieurs naufrages ou échouages dont il réchappera à chaque fois. En 1675, il est à bord du navire Jamaica Merchant, un bateau de commerce anglais dont il a le commandement. Ce dernier fait naufrage à quelques encablures de l’Île à Vache. Il y eut peu de victimes et la cargaison fut vraisemblablement sauvée par les survivants.
Morgan se retire de la piraterie et passe le restant de ses jours à la Jamaïque où il obtient le titre prestigieux de gouverneur général, cependant en 1683, il est dessaisi de son poste de gouverneur. Il meurt en 1688, victime de la tuberculose ou d’avoir trop abusé de rhum dans les tavernes de Port Royal. Sa dépouille est enterrée dans le cimetière de Palisadoes à proximité de Port Royal, ville qui disparaît sous les eaux en 1692 après un tremblement de terre historique.

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Le trésor de Black Sam

Il vint au monde le 23 février 1689 dans le comté du Devonshire, Angleterre, il s’appelait Samuel Bellamy. Mais, c’est sous un autre nom que la mort viendra le chercher, 28 ans plus tard, un nom resté gravé dans les mémoires, celui de Black Sam : le Pirate !  

La vie de Samuel Bellamy (1) bien que courte fut extrêmement mouvementée. Sa mère meurt en le mettant au monde ; étant le plus jeune d’une fratrie de six enfants, Samuel a la vie dure et s’engage très jeune, à l’âge de 15/16 ans, dans la Royal-Navy où il participera à plusieurs combats. Il se marie aussi, très jeune, et a un fils. Puis pour une raison inconnue, il quitte la Navy, l’Angleterre, femme et enfant en 1710 – il n’a alors que 21 ans – pour aller faire fortune au Nouveau-Monde. Bien qu’il ait promis à sa femme de revenir fortune faite, elle ne le reverra jamais ! Samuel pendant son séjour dans la Royal-Navy est devenu un bon marin et il a sûrement entendu parler de naufrages, en particulier de galions espagnols. Car il a la ferme intention de devenir un chasseur de trésor et de récupérer les fortunes englouties au large de la Floride, États-Unis !

Les premières années passées au Nouveau-Monde sont assez décevantes pour Samuel, il est très loin de faire fortune… 1715 va être une année charnière qui va faire basculer son destin. Il débarque à Cap Cod, Massachusetts qui deviendra son port d’attache. Il y rencontre la jeune Maria qui a tout juste 15 ans et en tombe amoureux. À Cap Cod il croise la route de deux hommes en particulier, qui lui proposent de s’embarquer avec eux comme pirate ! Maria est enceinte et il lui faut de l’argent… Terminée la chasse aux trésors engloutis ! il décide de chasser des trésors bien plus tangibles et accessibles sur les mers, il sera pirate et comme tous les pirates, Samuel Bellamy prend un nom de guerre, ce sera : Black Sam !

La suite dans Monnaies & Détections n° 80