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Le retour de Black Sam, le pirate !

Depuis maintenant des années, des chasseurs de trésors fouillent l’épave du « Whydah Gally » le dernier navire du pirate Black Sam ! Samuel Bellamy de son vrai nom, ses deux bateaux furent coulés par une tempête en 1717 dans la baie de Cap-Cod, Massachusetts, États-Unis. Les dernières recherches ont permis la découverte d’un conglomérat de monnaies, d’argent et d’or ainsi que des ossements provenant de six pirates ! Les deux navires, le Whydah et le Marie Jane, avaient environ 220 hommes d’équipage et transportaient un fabuleux trésor, le fruit de plus de cinquante abordages sur des navires marchands ! Depuis une dizaine d’années, les chercheurs possèdent l’ADN d’un descendant de Samuel Bellamy et ils espèrent bien finir par le retrouver, au moins un morceau… Ce qui mettrait fin au mystère, car si officiellement Black Sam est mort sur le Whydah en 1717, personne n’en est vraiment sûr !
Trois ans plus tard, un homme fut pendu pour acte de piraterie à Cap-Cod, il affirmait être Samuel Bellamy et fut pendu sous ce nom ! Le mystère perdure, à suivre…
Toute l’histoire Back Sam, en détails, dans Monnaies & Détections n° 80.


Source : divernet.com

L’île sans trésor

Dans sa magnifique Histoire des pirates, J.-P. Moreau fait la part de la réalité et du rêve et parvient à ne pas briser ce dernier. Il est pourtant amoché, notre imaginaire du flibustier, par le chapitre intitulé « Le trésor des pirates » ; le résumé que nous essaierons d’en faire ici va décevoir les fans de Barbe-Noire, du capitaine Kidd et des messages abscons de La Buse…

En effet l’île del Coco, au large du Costa Rica, semble avoir révélé un trésor à un certain Keating en 1844 (il faut dire qu’il avait bénéficié des indications de l’un de ceux qui l’ont enterré) et si comme on l’affirme, il s’agit des richesses de la ville de Lima, nul doute que la somme devait être faramineuse une fois les biens réalisés.
Ce trésor enfoui en 1821 par des mutins s’étant emparé du navire affrété par José de la Serna, dernier vice-roi du Pérou, pour empêcher que l’or du Pérou ne tombe aux mains des indépendantistes est donc le seul à s’être concrétisé. L’île del Coco étant réputé pour trois trésors célèbres : celui évoqué plus haut, celui du pirate Davis englouti dans la baie au XVIIe siècle et, le dernier, celui de Graham non retrouvé depuis le XIXe siècle, elle est, d’après J-P Moreau la plus célèbre des îles au trésor. Un seul trésor retrouvé sur trois, avouons tout de même que la légende semble plus riche d’or que le sable sous les cocotiers…
D’autant qu’un peu plus loin, l’auteur doute de la véracité de l’or trouvé par Keating en 1844, en fait il estime invraisemblable l’existence même du bateau chargé des richesses du Pérou et confié à un capitaine étranger. Etranger et incompétent, pourrait-on ajouter, puisqu’une fois en mer son second se mutine et le navire est dérouté. Aïe ! Le mythe de l’île del Coco est sérieusement mis à mal ! Quand on pense qu’un chercheur y résida vingt ans, ce Robinson détectoriste nous émeut. Buvons le calice jusqu’à la lie et enchaînons avec les fouilles sous-marines.
“Aucun (navire coulé) jusqu’à présent (2006) n’a révélé de fabuleux trésor monétaire”. Les navires des boucaniers semblent être les témoins d’une vie aventureuse, certes, mais misérable.
J.-P. Moreau relève deux chantiers qui ne furent pas complètement vains, tout de même : la fouille du Speaker, navire du capitaine Bowen englouti au large de Maurice en 1702 et celle du Whydah du capitaine Bellamy qui opérait à la même époque mais dans les parages des Bahamas, cette fois. De l’épave du Speaker ont été remontées six pièces d’or mais aussi quelques superbes instruments de marine et l’on sait la valeur marchande que peuvent atteindre ces antiquités. De l’épave du Whydah, ce sont huit mille pièces de Huit, en argent donc, qui furent remontées. Mais comme l’expédition avait coûté à ses mécènes six millions de dollars, il n’est pas douteux que les seuls qui ont fait finalement un profit sont les fouilleurs rétribués…

La fameuse pièce de huit.

La suite dans Monnaies & Détections 116

Arnaques aux trésors

Trouver un trésor : un des plus vieux rêves du monde ! Combien d’hommes se sont lancés dans cette quête infernale et ont tout perdu, argent, famille, amis, raison et parfois même la vie et cela suite à la recherche de chimères, de fabuleux trésors, ne reposant sur aucun document historique mais uniquement sur des ouï-dire.

L’île Cocos

La plus grande chimère est sans contexte l’île des cocos – ou plutôt l’île des gogos –, l’île aux pirates censée recéler de fabuleux trésors que personne n’a jamais découverts ! 500 expéditions lancées entre 1841 et 2012, des millions et des millions dépensés, plusieurs morts par accident ou meurtres, plusieurs blessés graves et tout cela pour 33 misérables pièces d’or frappées entre 1773 et 1779 et rien d’autre… et pourtant on dit que… il paraît que… on raconte que… toujours des ouï-dire et rien d’autre, du vent, encore et encore… Et pourtant en 2019, certains écrivent encore et colportent cette chimère, sans apporter la moindre preuve, aucun document historique, aucune pièce d’archive, aucun travail universitaire, rien et encore rien, se contentant pour la plupart de copier er recopier la version de R. Charroux parue en 1962 dans « Trésors du monde : enterrés, emmurés, engloutis », comme l’écrit si bien J.P. Moreau à propos de l’île des gogos « on trouve juste quelques faits colportés par ceux qui écrivent sur les trésors, sans recherches originales, mais en se recopiant les uns les autres ».
Et en effet, je prends l’exemple du « trésor » de Graham Bennett, alias Benito Bonito « la lame sanglante », selon ces auteurs, ancien capitaine de la Royal Navy, ayant même secondé l’amiral Nelson à la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805). Sauf que, hélas, les archives de la Royal Navy démontent avec fracas cette version ! En effet, aucun officier du nom de Graham Bennett n’a jamais secondé l’amiral Nelson, pire, aucun officier portant ce nom n’a servi dans la Royal Navy à l’époque, mais bon, il paraît que…
Ainsi les escrocs pariant sur la cupidité, la naïveté et le désir de certains de s’enrichir rapidement, montèrent de véritables arnaques aux trésors dans les années 1920-1930, la mode à Londres étant la recherche de trésors sur l’île des cocos, avec appels de fonds et annonces alléchantes dans les plus sérieux journaux de l’époque, et le très sérieux Daily Mail publiant des mises en garde contre ces arnaques ! Déjà le Daily Morning Call, très sérieux journal de San Francisco publia le 19 mars 1872 : « s’il n’y a pas de trésor sur l’île cocos, il y en a dans la poche des gens », à savoir dans la poche des arnaqueurs !
Car en effet, les grands gagnants dans ces histoires sont les chercheurs de trésors arnaqueurs, ceux-là ont déjà trouvé « le trésor » dès qu’ils mettent la main sur un sponsor, ou sur un pigeon à plumer ! Montant de la sorte des expéditions qui tournent rapidement court et reviennent bien sûr bredouille, le budget ayant été dilapidé en salaires, notes de restaurants et autres dépenses de luxe. Voilà le véritable trésor…, le cash des sponsors et des pigeons…

Le pirate-terrassier de l’île Cocos

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L’Île de la Tortue ou la capitale de la flibuste

Voici donc une ultime balade à travers les îles aux trésors qui me sont chères et plus particulièrement celle de la Tortue. En guise de clap de fin, j’aurais cette citation de Jean-Baptiste Blanchard à vous offrir : « Il en est d’un secret comme d’un trésor : il est à demi découvert, quand on sait qu’il est caché (1772) ». Et je reste persuadé que vous en connaissez des secrets, à la pelle !

L’île carapace

L’île baigne dans la Mer des Caraïbes, à quelques encablures au nord-ouest d’Haïti, dont elle dépend. L’île de la Tortue est un bout de terre étiré en longueur, de trente-sept kilomètres de long pour sept de large. Elle présente un visage escarpé sur sa partie nord, une côte rocheuse et des falaises battues par les vagues qui n’offre pas un accès aisé aux navires. Cependant sa côte sud-est est bien plus accueillante, un port y sera même édifié, le port de Basse-Terre qui permettait aux XVIIe et XVIIIe siècles d’accueillir dans une anse abritée, une dizaine de vaisseaux de ligne. Le nom de l’île, pour le moins original « Tortuga de mar » lui aurait été attribué par Christophe Colomb en 1492 lorsqu’il aborde pour la première fois Hispaniola (ancien nom d’Haïti). En effet, l’île rocheuse présente sur l’horizon la forme arrondie de la carapace d’une tortue. L’île semble prometteuse aux espagnols, ses ressources naturelles abondantes, figuiers, bananiers, citronniers, orangers, ponctuent sa surface, on y croise une faune riche, bœufs sauvages, sangliers, crabes, pigeons ramiers… Un petit paradis que les Espagnols ne tarderont pas à exploiter, d’autant plus que les tribus indiennes, les Arawaks, peuplant l’île, sont doux et accueillants. Malheureusement pour les tribus natives, une ressource cachée de l’île va entraîner leur disparition progressive : l’or. Plusieurs mines du métal précieux sont exploitées par les nouveaux arrivants, les Indiens servent de main d’œuvre corvéable à merci et meurent d’épuisement dans les tunnels humides de la Tortue. Christophe Colomb écrira : « Ce qu’il y a de mieux, c’est l’or. Avec l’or on constitue des trésors et celui qui les possède fait ce qu’il veut ». La Tortue, devenue l’objet de tous les désirs, vivra depuis lors des déchirements sur de nombreuses décennies.

Une lutte de possession

L’île n’est pas fortement peuplée par les colons espagnols qui se trouvent en majorité sur l’île d’Hispaniola. Les colons installent un premier village, Basse-Terre et développent la culture du tabac dans ses terres fertiles. Les Français expulsent les Espagnols de la Tortue en 1629 et s’installent dans le bourg côtier. Ils y seront rejoints par des Anglais et des Hollandais. L’île très riche en gibier permet le développement de la chasse pour assurer la subsistance des nouveaux colons. Il y aura donc les « chasseurs » habiles au tir au fusil et les « boucaniers » chargés de fumer la viande des bœufs sauvages ou des sangliers, sur des boucans ou grils, afin d’en assurer la conservation. Les boucaniers sont des hommes aux mœurs rudes, proches des coureurs de bois. Les descriptions de l’époque les représentent comme vêtus de haut-de-chausse en toile, d’une chemise épaisse, à leur ceinture pend un sabre et une calebasse à poudre. Ils sont coiffés d’un bonnet de feutre à visière et leurs pieds sont enveloppés dans des chaussures sans coutures, de peau de porc séché. Ils arborent une barbe épaisse et n’hésitent pas à manger la viande crue… Ceux qui ne chassent pas sont appelés, les « habitants », ils cultivent les terres de la Tortue et vivent dans de petites maisons sommaires.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 100

Black Sam

Il est toujours considéré comme le plus riche des pirates qui ait jamais vécu, comme étant celui qui amassa la plus grosse fortune. Des centaines de millions de dollars en or et argent volés après l’abordage de 53 navires marchands ! Samuel Bellamy, allias Black Sam le pirate ! Une partie de son trésor fut retrouvé en 1984 par le chasseur de trésor Barry Clifford.

Depuis 2015 les fouilles ont repris sur le site de l’épave, quelques pièces de huit en argent et en or ont bien refait surface avec de nombreux artefacts, le plus gros du trésor est toujours sous l’eau, peut-être dans une seconde épave non localisée ou ailleurs.
Mais le plus surprenant de cette dernière campagne de fouille reste la découverte d’un fémur humain. Allez savoir pourquoi, les archéologues américains espèrent qu’il s’agit là du fémur de Black Sam ! Il y avait pourtant plus de 40 hommes d’équipage sur le Whydha, le dernier navire du pirate, les artefacts découverts autour du fémur laisseraient penser qu’il s’agissait d’un homme important… Une recherche ADN de comparaison avec des descendants de Bellamy est prévue.
Ce serait vraiment une fin incroyable pour Black Sam, surtout que l’on n’est même pas sûr qu’il trouva la mort lors du naufrage (voir l’article du n° 80 : Le trésor de Black Sam), à suivre…

Sources : telegraph.co.uk / Monnaies & Détections n° 80

Île de la Réunion ou les ravines aux trésors

Beauté géographique

L’île de la Réunion est un territoire vaste à la géographie torturée typique des îles volcaniques. Elle étend ses plus de deux mille cinq cents kms2 dans des décors de rêves, cascades vertigineuses, chaos rocheux, ravines, cavernes et forêts à la végétation exubérante. Le Piton de la Fournaise, un de ses volcans aujourd’hui toujours actif, culmine à plus de trois mille soixante dix mètres d’altitude.
L’île de la Réunion au climat tropical tempéré, est implantée dans l’Océan Indien, sur la côte sud-ouest de l’Afrique et à quelques sept cents kilomètres à l’est de Madagascar. Une île comprise dans l’archipel des Mascareignes, sur l’ancienne route des Indes. Et très généralement, une île bordant les voies de communications maritimes, servait de base pour la piraterie et plus encore pour l’enfouissement de trésors dérobés sur les flottes marchandes.

Une île déserte jusqu’au XVIIe siècle

Route des Indes donc, où croisent au large des bateaux chargés d’or, de pierres et d’épices à destination de la vieille Europe. C’est le Capitaine portugais, Pero de Mascarenha qui reconnaît pour la première fois cette île déserte dès 1500 ; elle portera désormais le nom de Santa Appolonia puis de Mascarenha sur les portulans.
L’île devient un lieu d’escale de choix pour les navigateurs anglais, hollandais et portugais qui y trouvent de l’eau fraîche, des fruits et de la viande, (porcs et chèvres laissés par les Portugais lors de leurs escales).
L’île se voit réellement colonisée en 1642 et devient en 1663 terre française. Cette terre hostile se peuple d’artisans, de cultivateurs et d’éleveurs venus de France. La vie est rude, les cases éparses deviennent des hameaux de maisons en pierres sèches, les colons se marient avec des femmes malgaches. Plus tard, ce sont des femmes du royaume de France qui sont embarquées pour devenir les épouses des colons. L’île Bourbon et son peuple rapporté se développe avec l’implantation de la Compagnie française des Indes, la culture et l’exportation du café, essor malheureusement lié à l’esclavage. L’île de la Réunion ne trouvera son nom définitif qu’en 1793.

Les pirates de l’île Bourbon

Il faut savoir que les premiers colons de l’île Bourbon entretenaient des rapports commerciaux et amicaux avec les flibustiers qui se ravitaillaient en produits frais, eau potable, bois, en échange des prises des forbans. C’est tout naturellement que la Réunion devint une des plaques tournantes des flibustiers de l’Océan Indien.
L’île est effectivement accueillante et quoi de plus logique pour les pirates que de cacher sur ses côtes le fruit de leurs pillages. Certaines zones au XVIIe et XVIIIe siècle sont d’un accès très difficile et ravines ou cavités peuvent se révéler d’excellentes caches.
Parmi les nombreux trésors enfouis dans l’île de la Réunion, on peut citer celui de Olivier Levasseur, surnommé « la Buse » pour son aptitude à fondre sur ses prises tel l’oiseau de proie. Mais la folie qui va entraîner des générations de chercheurs à la poursuite de son fabuleux butin débute paradoxalement lors de son exécution publique le 7 juillet 1730. Levasseur aurait jeté à la foule, juste avant sa pendaison, un parchemin aux caractères illisibles pour le commun des mortels. Un cryptogramme qu’il lance en criant à la foule : « Mon trésor à qui saura comprendre ! »
Ce calaisien d’origine embrasse très tôt la carrière de pirate. A bord de son navire, la « Reine des Indes », il écume tout d’abord les bateaux chargés de pèlerins se rendant à la Mecque. Puis, il croise régulièrement dans les eaux de l’Océan Indien. Il s’établit sur l’île Sainte-Marie qui touche Madagascar et rayonne à partir de ce refuge. En 1721, associé avec le pirate anglais John Taylor, sur son navire « Le Victorieux », il met la main sur un navire portugais de soixante-douze canons à la cargaison fabuleuse, la « Nostra Senhora do Cabo » ou la « Vierge du Cap ». Le trésor est énorme, il est estimé par les Historiens à plus de quatre millions et demi d’Euros. Barres d’or, pierres précieuses, diamants, perles et bijoux, soieries précieuses et une crosse d’or, sertie de rubis, le tout appartenant au vice-roi de Goa, son Excellence le Comte d’Ericeira…
Le pirate se retire sur l’île Sainte-Marie où il abandonne progressivement le métier à risque de pirate. Il faut dire que la répression des écumeurs des mers est sans pitié. Notre homme devient alors pilote dans la baie d’Antongil et tente de se racheter une conduite. Le Roi de France accorde la grâce aux anciens pirates qui acceptent une Charte de clémence ; en échange, ils se doivent de restituer le fruit de leur rapine. Levasseur hésite longuement puis restitue seulement une partie du trésor de la « Vierge du Cap ».
Il aurait pu continuer ainsi longtemps s’il n’avait pas été reconnu en 1729 par un Capitaine de La Compagnie des Indes, compagnie qu’il pillait allègrement dans un très proche passé. Levasseur est arrêté et conduit sur l’île Bourbon où il est jugé et condamné sans appel pour crime de piraterie.
On raconte que lors d’un passage sous bonne garde, à proximité de la Ravine à Malheur il aurait dit : « Avec ce que j’ai caché ici, je pourrais acheter toute l’île ».
Le pirate est pendu, le cryptogramme est sommairement déchiffré mais n’en reste pas moins obscur :
« Prenez une paire de pijon, virez les deux cœurs… tête de cheval… une kort fil winshient écu prenez une cuillère de mielle… outre vous en faites une ongat mettez sur le passage de la… Prenez deux liv cassé sur le chemin Il faut… toit à moitié couvé pour empêcher une femme… vous n’avez qu’à vous serrer la… pour veni… épingle… juillet… faire piter un chien turc un…qu’une femme qui veut se faire d’un… dans… dormir un homme… faut en rendre… qu’un diffur… »

La suite dans Monnaies & Détections n° 95

Jamaica Island ou le naufrage de Port-Royal

Un port au bout de la péninsule

La Jamaïque, pays indépendant, est une île d’importance dans la Mer des Caraïbes, elle s’étend sur deux cent trente-quatre kilomètres de long pour quatre-vingt de large. Comme beaucoup d’îles des Caraïbes, la Jamaïque fut reconnue par Christophe Colomb qui en prit possession au nom de l’Espagne en 1494. Le navigateur créa la ville de « Sevilla la Nueva » sur la côte nord puis érigea « Santiago de la Vega » dans les plaines. Les tribus indiennes de la Jamaïque, les Arawaks, disparaissent sous la poussée colonisatrice espagnole. Ces derniers sont utilisés comme esclaves, notamment pour la culture de la canne à sucre. L’île ne présente pas un grand intérêt pour l’Espagne, si ce n’est son utilité stratégique sur les routes commerciales maritimes.
En 1655, l’Angleterre devant son échec à prendre possession d’Hispaniola se rabat sur l’île de la Jamaïque pour s’en emparer. Une colonie anglaise se développe et se fortifie avec la construction du Fort Cromwell en 1656, suivi plus tard par le développement de Port-Royal. La ville portuaire est située à l’extrême pointe d’une péninsule de sable, au sud-est de l’île de la Jamaïque.

Port-Royal, Sodome du nouveau monde

Port-Royal est un endroit sensible, les défenses bien qu’ayant été développées avec l’annexion anglaise, peuvent plier devant les forces espagnoles. Le gouverneur Edward d’Oley propose alors aux équipages de flibustiers de s’installer à Port-Royal, et d’en faire leur port d’attache. Une offre judicieuse qui éloigne les navires espagnols de ce repaire des « Frères de la côte ». Cette tolérance sera acceptée par les gouverneurs successifs qui y voient une manière d’affaiblir les forces espagnoles. Les flibustiers deviennent corsaires et attaquent de manière officielle, au nom du Roi d’Angleterre, les navires marchands croisant au large de l’île. Port-Royal devient très rapidement une ville florissante, les corsaires et commerçants de la ville y développent une activité lucrative liée aux raids sur les navires espagnols et français. Cette activité où les commerçants parrainent les corsaires dans leur pillage sera nommée « Commerce forcé ». Les corsaires seront rejoints par des équipages de pirates, trouvant en ces lieux un refuge sûr et abrité pour leurs navires. La proximité des voies commerciales, l’importance du port, les colonies côtières espagnoles proches font de Port-Royal une ville idéale pour les coureurs des mers.
Pourtant, l’image de cette ville florissante se ternit dans les années 1660. En effet, la faune bigarrée des pirates draine avec elle mendicité, prostitution, jeux d’argent, alcoolisme, maladies… Les rues ne sont plus sûres, la prolifération des tavernes n’aide pas à apporter la sérénité dans la ville portuaire. Entre 1672 et 1692, on peut dénombrer près de six-mille cinq cent à sept-mille résidents dans une ville très dense de près de vingt hectares.
Un célèbre corsaire, Henry Morgan, ayant touché également à la piraterie au cours de sa carrière, deviendra lieutenant-gouverneur de la Jamaïque en 1675. Il développe sur l’île une économie sucrière florissante et le commerce des esclaves. Morgan meurt en 1684 et sa dépouille est enterrée au cimetière de Palisadoes à proximité de Port-Royal. Mais déjà à cette époque, la ville tente de se reconstruire une image d’honnêteté, les flibustiers et pirates se font moins nombreux et Port-Royal entame une nouvelle décennie placée sous le signe de la respectabilité. Pourtant, l’année 1692 sonne le glas de ce nouveau départ, les puritains diront que la ville fut damnée pour ses dépravations passées.

Le séisme du 7 juin 1692

Un peu avant midi, un tremblement de terre de grande ampleur secoue les côtes de la Jamaïque. Une partie de Port-Royal s’effondre dans la mer, les maisons de briques et de bois se disloquent et … La suite dans Monnaies & Détections n° 86

Ile Sainte-Marie ou le cimetière des forbans

 

Le cimetière des forbans. © Gilles Kerlorc’h

L’île jardin

Sainte-Marie présente une forme toute en longueur, effilée comme une dague – un peu plus de soixante kilomètres de long sur cinq de large – Sainte-Marie est une île singulière de l’océan Indien. L’île baigne à quelques encablures au nord-ouest de sa grande sœur, Madagascar. Ses eaux chaudes offrent un lieu idéal de rencontre et de reproduction des baleines. On la nomme à juste titre « île jardin », un petit paradis tropical qui offre au regard du visiteur une débauche de couleurs, une luxuriance végétale inégalée. De nombreuses espèces d’orchidées embaument les pistes, dont la somptueuse et rarissime « Reine de Madagascar », aux teintes mauves et rouges. La quasi-totalité de l’île est recouverte d’une forêt primaire exubérante : fougères, arbres et racines entremêlées. Dans les frondaisons, avec un peu d’attention (et beaucoup de silence), on peut observer plusieurs espèces de lémuriens, dont le grand lémur vari, au pelage ivoire et ébène. Il n’est pas vraiment farouche et vous approchera sans crainte lors de vos randonnées forestières. En longeant les rives sud-est de Sainte-Marie, vous aurez peut-être la chance de tomber sur un lieu insolite : d’antiques et mystérieuses pierres tombales, la plupart dévorées par la végétation. Ce sont les tombes des derniers flibustiers de l’océan Indien qui cachèrent peut-être à proximité de leur dernier séjour, le fruit fabuleux de leur rapine.

Les premiers visiteurs occidentaux

Le nom de Sainte-Marie fut donné à l’île en 1506 par des navigateurs portugais qui échappant à un naufrage trouvèrent refuge sur ses rives, le jour de l’Assomption. Les populations malgaches nomment cette langue de terre, Nosy Boraha. Depuis le naufrage portugais, l’île connut siècles après siècles la visite d’une faune bigarrée de coureurs des mers. Madagascar devint également pour les flibustiers un lieu d’asile. Au XVIIIe siècle, Nosy Baroha obtient le statut de petit royaume, gouverné par un certain Ratsimilaho, descendant d’un pirate anglais et d’une fille de chef malgache. Puis l’île est cédée à la France en 1750, dans un climat de violences. Bien des années plus tard, l’Angleterre s’approprie le territoire en 1811 – puis la France à nouveau en 1818, lequel est enfin rattaché à Madagascar en 1896…

La suite dans Monnaies & Détections n° 75

 

Libertalia : l’utopie pirate

Durant « l’Age d’Or » de la piraterie, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, des équipages composés des premiers rebelles prolétariens, des exclus de la civilisation, pillèrent les voies maritimes entre l’Europe et l’Amérique. Ils opéraient depuis des enclaves terrestres, des ports libres, des « utopies pirates » situées sur des îles ou le long des côtes, hors de portée de toute civilisation. 

La plus célèbre de ces enclaves fut celle du Capitaine Misson et de son équipage, qui établirent leur communauté intentionnelle, leur utopie sans loi, Libertalia, au nord de Madagascar au XVIIIe siècle.

Naviguant dans les mêmes eaux et à la même époque, Olivier Levasseur dit la Buse s’est rendu célèbre en 1721 en s’emparant du très riche vaisseau portugais de 72 canons « La vierge du cap » dans les eaux de l’ile Bourbon (La Réunion). Le butin fut immense et représente l’équivalent actuel d’environ 4.5 milliards d’euros…

En 1729, pour échapper à Duguay-Trouin, chasseur de pirate, La Buse a renoncé à la piraterie et est un modeste pilote dans la baie d’Antongil au nord de Madagascar. Il est fait prisonnier par le capitaine d’un bateau qui le reconnait et est très rapidement jugé et pendu sur l’ile Bourbon le 7 juillet 1730.

Entre la prise de « La vierge du cap » et sa mort, huit ans se sont écoulés, passés en majeure partie sur l’ile de Madagascar. Huit ans pendant lesquels La Buse a pu croiser Misson…

Lisez la suite dans Monnaies & Détections n° 73