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Histoire d’une chevalière

23 janvier 2019, deux prospecteurs, Étienne et Jean-Pierre, arpentent la plage du Sillon à Saint-Malo, la cité des Corsaires ! La récolte n’est pas terrible, il y a beaucoup d’aluminium ramené par la marée sur cette plage, et puis Étienne voit enfin du jaune apparaitre, une belle chevalière en or de 12 grammes et en plus avec des armoiries ! Il le dit lui-même, la première fois qu’il fait une telle découverte en 30 ans de prospection, les prospecteurs sont des gens modestes…

Les deux prospecteurs vont tenter d’identifier le propriétaire de la chevalière. Dans un premier temps grâce au poinçon du joaillier, ils vont trouver un fil à tirer, le joaillier Rennais existe toujours, il leur annonce que la bague a été façonnée par son prédécesseur dans les années 1960 et finalement trouve un nom de famille, dans ses archives ! Un châtelain de la région rennaise, d’où les armoiries. La chevalière n’était pas sous le sable depuis bien longtemps, elle avait été perdue en juillet 2018 et a désormais retrouvé son propriétaire, ce dernier la tenait de son père, qui l’avait fait façonner en 1960 aux armoiries de leur famille.

Source : francebleu.fr

Le poinçon de Lambesc ou les méfaits du SRA de PACA

Lu dans les cahiers numismatique de la SENA n° 230 décembre 2021 un intéressant article consacré sur le poinçon monétaire dit « de Lambesc » et les outils monétaires massaliétes. Les auteurs, L.-P. Delestrée, J.A. Chevillon et Karim Méziane ne m’en voudront pas je l’espère, si je vous résume cet article sommairement car les pensées qui m’ont traversé l’esprit, à la lecture de cette étude, soulèvent plus de questions sur la forme et l’accès à l’information de base que le fond de l’article.

En 2012, M. Feugère consacrait quelques lignes, sur la foi de médiocres clichés sur ce poinçon apparu sur le net et déclarait que ce poinçon était un document de première importance. En 2016, l’inventeur le présente sur Ebay avec de bons clichés. Le SRA lui tombe dessus, s’ensuit une procédure pénale, l’inventeur paie une amende, le poinçon est récupéré par la DRAC de la région Paca mais il ne fut pas procédé au classement qui pourtant s’imposait en raison de l’intérêt exceptionnel de l’objet. A noter que le droit de propriété de l’Etat sur cet objet est douteux car le juge reconnaissait le caractère fortuit de la trouvaille, dès lors que les faits étaient antérieurs à la loi sur le patrimoine de 2016, on peut se poser des questions sur les éventuelles pressions exercées pour ce jugement…

L’étude proprement dite 

Le poinçon comporte une empreinte intacte ce qui permet l’hypothèse très probable d’un outil intermédiaire pour la réalisation d’un coin neuf à l’identique du précédent qui se serait cassé. Il suffisait à l’artisan d’imprimer une empreinte sur un support en argile crue, en cire ou en métal mou (disques monétaires par exemple) permettant d’obtenir une image en relief sur une pastille d’argile destinée à être fixée sur la base du moule dans lequel, après cuisson, devait être coulé le bronze nécessaire à la fabrication du coin lui-même. Une telle manipulation permet d’expliquer le très bon état de conservation de la plupart des poinçons monétaires connus et du poinçon dit de Lambesc en particulier. D. Hollard et L.-P. Delestrée pensent que le poinçon de Lambesc a été coulé de la manière suivante : une obole de Marseille a été enfoncée dans une plaque d’argile, l’artisan a ensuite monté une paroi circulaire autour de la plaque en la rétrécissant (cône), après séchage il y a eu coulage du métal en fusion. Typochronologiquement, la monnaie ayant servi à la fabrication du poinçon est celle du groupe G dans les séries émises au IV et IIIe siècle avant JC (référence trésor de Lattes). La déduction des auteurs fait donc remonter la fabrication du poinçon à la fin du IVe siècle et au cours du IIIe siècle avant notre ère.
Après l’étude du poinçon, les auteurs se penchent sur les outils correspondant à ce monnayage et cette époque. Il s’avère que depuis la première découverte de poinçon monétaire gaulois en 1986, leur nombre est passé à 18 à ce jour (décembre 2021) et sur ces 18, cinq y compris celui de cette étude appartiennent aux chaines de fabrications des monnaies massaliètes : le poinçon d’Aix en Provence 2010, le poinçon de Lambesc 2012, le poinçon de la Cloche, poinçon vente CGB mars 2015, poinçon vente Palombo, mai 2004 (ce dernier ayant trait aux drachmes légères les autres aux oboles).
Face à cette abondance de poinçons, un seul coin est connu : celui de droit d’obole massaliéte, vente Albuquerque mars 1992. D’après l’étude de l’unique cliché en leur possession les auteurs rapprochent ce coin d’une série de monnaie à la tête à gauche frappée sur flan court connue et étudiée sur le trésor d’Entremont et les éléments nettement plus dissociés et simplifiés du motif au relief très atténué semblent dater de la fin du IIe siècle ou du début du Ier siècle avant.
L’article se termine sur la présentation de deux nouveaux outils monétaires qui ont fait récemment leur apparition officieuse. Le coin monétaire de Pourrières et le poinçon monétaire d’une obole salyenne « au long nez ».
Pour le premier, on n’a que deux clichés pour étude et une provenance approximative. L’étude de la gravure permet de rattacher la création de ce coin monétaire d’obole de Marseille entre la fin du IIIe et le milieu de la première partie du IIe siècle avant JC. Pour le second, l’empreinte moulée est une imitation indigène des oboles de Marseille émises en Provence dans la première partie du Ier siècle avant JC. Ces monnaies sont attribuables à certaines ethnies présentes au sein de la confédération des Salyens. Les auteurs ont retrouvé cinq monnaies dont le droit correspond à celui du poinçon, l’une est référencée dans l’ouvrage de H. Dhermy publié en 2011 et les quatre autres dans celui de J. Desquines édité en 2018. Malgré l’usure générale du poinçon, on retrouve sur les monnaies tous les détails présents sur celui-ci ; ces caractéristiques sont typiques des oboles « au long nez » qui proviennent pour la plupart, de la Provence centrale et plus particulièrement du territoire des tritolli (bassin de saint Maximin la Sainte Baume).

La suite dans Monnaies & Détections n° 122

Un nouveau regard sur les ateliers monétaires gaulois

On doit à Monsieur Louis-Pol Delestrée un nouveau regard sur la manière de frapper monnaies des ateliers monétaires gaulois. Jusqu’à présent, on imaginait les ateliers monétaires gaulois fonctionnant à l’identique des ateliers romains civiques et grecs. Rappelons que la monnaie est un droit public et que l’état romain se chargeait de cette fonction par le biais de personnage exerçant un pouvoir émetteur d’ordre politique. A contrario de l’usage romain et grec utilisant des ateliers fixes, pérennes dans le temps et localisés au pouvoir central de la ville émettrice, il se dessine, au vu des nouvelles recherches, un constat fort différent pour les ateliers gaulois. Ils devaient être mobiles, constitués d’artisans spécialisés et introduit dans la symbolique celtique et se déplaçaient en fonction des commandes de notables ou marchands partout en Gaule.

Ces trois dernières décennies, les trouvailles d’outils monétaires (à l’évidence pour la plupart, trouvailles de prospecteurs…) ont permis de mettre au jour deux outils monétaires inconnus auparavant : les poinçons et disques monétaires (voir article page 34 revue Monnaies & Détections N° 95). Ces outils, inconnus dans les ateliers monétaires romains fixes, sont un des nombreux éléments qui conceptualisent les ateliers itinérants gaulois.

 

Reprenons brièvement la chaine de production monétaire 

 

1. Les coins : 37 coins monétaires trouvés et publiés en France permettent d’avoir une idée précise de la composition métallique. Il fallait de véritables artisans spécialisés pour graver aussi artistiquement des symboles et figurations gauloises qui nous échappent complètement. De même, ces artisans devaient fréquenter la classe sacerdotale ou druidique pour pouvoir délivrer un message symbolique de leur mythologie sur les coins qu’ils allaient graver. Rappelons que les monnaies gauloises étaient anépigraphes jusqu’à la fin du IIe siècle avant JC et que les thèmes symboliques y sont totalement abstraits pour nous car non éclairées par des sources écrites.

Mais les coins sont fragiles et cassaient au bout d’un certain nombre de frappes et c’est la raison de l’existence des disques et poinçons suivants :

2. Le poinçon offre l’aspect du coin monétaire mais l’image à la base est en relief. Cette image en relief était obtenue par le moulage d’une monnaie frappée avec le coin d’origine. Il suffisait alors d’utiliser cette empreinte en relief et d’imprimer sur de l’argile ou un métal mou l’empreinte en creux pour obtenir, à partir de cette dernière, une nouvelle empreinte en relief qui pouvait être fixée à la base du moule dans lequel était coulé le bronze nécessaire à la création du nouveau coin en remplacement de celui qui avait lâché. 15 exemplaires sont connus et répertoriés.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°115 …

Trouvaille 21.24

Petit bouton en argent  au motif floral. Bouton de de vêtement, l’anneau est cassé ou devait être soudé , présence au revers de quatre contremarques de style poids monétaires ? Ils reprennent des signes et des symboles du style XVII° siècle et XVIII°, ce qui permettrait de dater le bouton de cette époque.