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Nom de code : Kin No Yuri

Deuxième partie : suite du n° 84

1er juin 1945, tunnel n° 8 sous la montagne de Bambang, nord des Philippines. Le n° 8 rejoint le n° 9 traversant de part en part la montagne, il est long de plusieurs kilomètres. Les 175 ingénieurs en chef du Lys d’or y sont réunis, un ingénieur pour chaque site impérial*. Le saké coule à flot et à chaque tasse on hurle un Banzaï. Le long du tunnel des tonnes de barres d’or, de platine, des lingots de toutes tailles, des barils de pièces d’or, des Bouddhas en or, des vases remplis de diamants, de rubis s’entassent, le trésor des Princes !

Dans un des tunnels adjacents, plus de 200 prisonniers coréens, les rares survivants de ceux qui ont creusé les tunnels sont sous bonne garde. Discrètement, le général Yamashita et les Princes de sang en charge de l’opération Kin No Yuri, accompagnés d’une dizaine d’officiers sortent du tunnel et quelques minutes plus tard une immense explosion retentit, suivie d’un silence… de mort.

Près de 1000 hommes, soldats japonais, ingénieurs et prisonniers de guerre viennent d’être ensevelis vivants ! Yamashita rejoint la poche de Kiangan qu’il va tenir jusqu’à la reddition d’octobre 1945, les Princes sont exfiltrés vers le Japon à l’aide d’un sous-marin.

La dernière des caches impériales vient d’être définitivement murée. Maintenant, la plus grande des chasses aux trésors terrestres de tous les temps peut commencer, celle des 175 caches impériales !

La légende de Santa Romana

Comme nous l’avons vu précédemment, l’interrogatoire du Major Kojima, le chauffeur du général Yamashita, fut confié à un officier du renseignement de la C.I.A, surnommé Santy, de son vrai nom Severino Garcia, dit aussi Santa Romana. Né aux Philippines il s’était engagé bien avant la guerre dans l’armée US. Son appartenance au renseignement, sa connaissance des langues en plus de l’anglais, le tagalog pour les Philippines et du japonais, le désigne naturellement pour l’interrogatoire de Kojima, il ne le sait pas encore, mais ce coup du destin va changer sa vie et faire de lui un homme richissime ! Son supérieur qui participa aussi aux interrogatoires, le capitaine Joseph McMicking va lui aussi devenir subitement très riche. Que les deux hommes qui ont fait parler Kojima soient du jour au lendemain, après la guerre, devenus millionnaires n’est certainement pas dû au hasard.

À sa mort en 1974, Santy laissa une multitude de comptes et coffres bancaires dans le monde entier pour une valeur estimée de 50 milliards de dollars ! Ses héritiers n’y ont jamais eu accès…

Une chose primordiale est à retenir, les seules informations dont disposaient les Américains, fin 1945, sont celles fournies par Kojima et en tant que chauffeur de Yamashita, ce dernier ne pouvait connaître et n’avoir vu que les sites fermés entre juin 1944 et octobre 1945, tous ceux qui avaient été fermés entre 1942 et juin 1944, avant l’arrivée de Yamashita aux Philippines, lui étaient inconnus.

Après avoir parlé et raconté tout ce qu’il savait, le Major Kojima va disparaître corps et bien, jamais plus personne ne le reverra…

Les sites à trésors

Dès le blocus des Philippines, début 1943, par les sous-marins US, le principal objectif du Lys d’or fut de trouver des sites pour cacher ses innombrables trésors. Si les diamants et pierres précieuses pouvaient encore être évacués, non sans risque, par avion, la quantité d’or et de platine amassée rendait cette option impossible tout simplement à cause du poids ! Il est aussi probable qu’une quantité (inconnue) d’uranium fut cachée aux Philippines, les Japonais eux aussi tentaient de maîtriser l’arme atomique. De par sa situation géographique, les trois quarts des prises de guerre transitaient obligatoirement par les Philippines.

Ce sont les princes, Chichibu en tête, qui choisirent les principales caches. Les monuments historiques, cathédrales, temples, monastères et autres, furent privilégiés, leurs emplacements échapperaient normalement aux constructions modernes d’après-guerre ainsi qu’aux fouilles. Sur ce dernier point, les Japonais commirent une erreur de jugement, le dictateur Ferdinand Marcos (1917-1989) qui s’empara, après guerre, des Philippines ne s’arrêtait pas à ce genre de détail et il mettra la main sur de nombreux trésors japonais ! Il trouvera, entre autres, deux caches impériales sous la cathédrale de Manille : butin inconnu ?

Les sources d’eau étaient aussi des endroits privilégiés pour cacher des trésors, on ne construit pas au-dessus d’une source ou d’une rivière.

Le dédale de Manille 

Mais, plus que tout autre cache, ce sont les grottes naturelles et les souterrains qui arrivent en tête de liste. Les Japonais aiment les tunnels, ils en sont mêmes les spécialistes, y compris de nos jours, l’actuel tunnel ferroviaire le plus long du monde se trouve à Seikan, au Japon et mesure plus de 50 kilomètres. … La suite dans Monnaies & Détections n° 85

Nom de code : Kin No Yuri

24 janvier 1971, Rogelio Roxas, transpire à grosses gouttes, il a eu beaucoup de mal à descendre dans ce tunnel, il lui a fallu sept mois pour en trouver l’entrée, enfin il touche au but. Sa torche éclaire faiblement des boîtes alignées le long du tunnel sur une hauteur de un à deux mètres, elles sont petites, mais très lourdes, Rogelio pense qu’il y en a des centaines, en réalité il y en a des milliers ! D’une seule main, il n’arrive même pas à en soulever une. Il a l’impression que son cœur va exploser tellement il cogne dans sa poitrine, il fait encore quelques mètres et croit avoir une vision, là, dans la pénombre du tunnel resté inviolé pendant 26 ans, un visage lui sourit !

Avant de savoir qui lui sourit, revenons un peu en arrière. Septembre 1940, les Japonais obtiennent du Gouvernement français, celui de Vichy, et alors que les Américains sont contre, l’autorisation d’installer une basse militaire en Indochine qui est encore une colonie française. Un an plus tard en septembre 1941, le prince Konoy, premier ministre du Japon favorable à la paix et à une entente avec les Américains est destitué, il est remplacé par le général Tojo qui est ouvertement pour la guerre, tout est désormais en place pour le pire…

7 décembre 1941, les Japonais attaquent, par surprise, la base américaine de Pearl-Harbour et les îles d’Hawaï et entrent ce jour-là de plain-pied dans la Seconde Guerre mondiale. Les destructions des bases d’Hawaï, de Pearl-Harbour et surtout de leurs porte-avions est un coup de maître, d’une stratégie à long terme : débarrassée de l’aviation américaine la progression des Japonais en Asie du sud-est, à l’image des nazis en Europe, va être foudroyante !

Tour à tour, ils s’emparent de Hong-Kong, de Singapour, de la Corée, ils chassent l’armée française d’Indochine et en prennent le contrôle, font tomber la Malaisie, la Birmanie, le Cambodge, les Indes orientales, le Laos et la Thaïlande. Après s’être emparés d’une partie de la Chine dont ils occupent déjà militairement la Mandchourie et la province de Nankin depuis 1937 et c’est le coup de grâce en avril 1942, repoussant à la mer le général Mac Arthur et capturant à l’occasion des centaines de soldats américains, les Japonais s’emparent des Philippines.

L’armée japonaise de l’Empire du soleil levant, arborant son drapeau de guerre “le soleil rouge à 16 rayons”, contrôle désormais toute l’Asie du sud-est.

Au cours de l’invasion des Philippines, le président philippin Manuel Quezón (1878-1944) se réfugie avec le général Mac Arthur sur l’île de Corregidor, située dans la Baie de Manille. Quezón y fait immerger à cette occasion par un croiseur de mine, 115 tonnes de pesos d’argent qui échapperont ainsi aux Japonais, mais les monnaies sans contenant furent éparpillées par les courants ! Il en reste sûrement au fond. Au même moment des milliers de pesos or, en pièces de 50, s’évanouissent dans la nature, ces monnaies sont revenues sur le marché (noir) de façon sporadique pendant des décennies. Un sous-marin US réussira à évacuer quelques tonnes d’or.

Ancienne colonie espagnole découverte par Magellan en 1521, les Philippines ont pour monnaie le peso philippin.

Bien qu’il ait sauvé une petite partie des avoirs de son pays, expédié aux États-Unis, le président Quezón n’aura pas l’occasion de le revoir, évacué par les Américains, il meurt à New York en août 1944, les Philippines étant toujours occupées par les Japonais.

Désormais alliés aux nazis, les Japonais vont appliquer des méthodes similaires concernant les matières premières et les richesses des pays occupés et ils vont mêmes être beaucoup plus méthodiques. La razzia peut commencer !

Et le terme de razzia, sur toute l’Asie du sud-est, est on ne peut plus adéquat, contrairement aux nazis qui vont attendre la déroute de 1944 pour lancer leurs opérations « Action Rhein Gold » (voir Monnaies & Détections N° 44 & 46), consistant à planquer et évacuer les trésors pillés en Europe. Les Japonais, eux, dès les premiers jours d’occupation en 1942 lancent l’opération, nom de code : Kin No Yuri, qui se traduit par : Lys d’or. … La suite dans Monnaies & Détections n° 84