MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Articles taggés ‘XVIIIe siècle’

Tabatière en or

Une rare tabatière en or du XVIIIe a été acquise aux enchères, une vente Sotheby’s, par le National Museum de Stockholm, Suède. En or bicolore, jaune et rose, ornée de diamants et d’un portrait du Roi de Suède, Gustave III (1746-1792). Gustave III fut assassiné de plusieurs coups de pistolet au cours d’un bal masqué, un complot dû à la noblesse suédoise, quelques jours après la mort du roi, le tueur à gages du nom d’Anckarström eu la main coupée (celle qui tenait le pistolet) et fut décapité ! La tabatière, dite royale, datée vers 1775 a atteint la somme de 194 000 euros…


Source : sothebys.com

Les bijoux de la du Barry

Jeanne Bécu naquit le 19 août 1743 dans un milieu modeste. Sa beauté compensant largement sa naissance, elle fut remarquée à 19 ans par Jean-Baptiste du Barry qui en fit sa maitresse. Par le jeu des intrigues, elle fut présentée à Louis XV qui en tomba éperdument amoureux. Le roi âgé de 58 ans, voulut faire de cette jeune femme sa favorite officielle, ce qui ne pouvait se concevoir sans qu’elle fut mariée et titrée.

Jeanne Bécu épousa donc le frère ainé de son précédant amant, le comte Guillaume du Barry, que l’on s’empressa de renvoyer sur ses terres, moyennant une petite compensation. L’ascension de la petite Jeanne est alors fulgurante ; ainsi succédant dans le cœur du roi à Madame de Pompadour, la jeune et très jolie comtesse du Barry bénéficia de largesses royales et reçu domaines, équipages et bijoux en quantité astronomique. Rien ne résiste à cette beauté hors du commun.
Elle s’intéressa également aux beaux-arts et contribua à l’essor du néoclassicisme, faisant notamment appel à l’architecte Ledoux qui bâtit le pavillon de musique de son domaine de Louveciennes. Elle organise soirées, concerts, bals. Elle dépense sans compter. Son train de vie était éblouissant. En 6 ans, c’est-à-dire jusqu’à la mort de Louis XV, la belle avait dépensé plus de 12 millions de livres, entre 1768 et 1774, elle consacra plus de 2 millions de livres à l’achat de pierres précieuses.
Louis XV passa commande d’une pièce d’exception aux joailliers Böhmer et Bassenge, un collier estimé à 1 600 000 livres (soit environ 72 000 000 euros actuel !). Mais la mort de Louis XV avait interrompu les tractations. Par la suite, le collier fut proposé par 2 fois à la reine Marie-Antoinette qui le refusa, jugeant le bijou trop coûteux. Ce bijou sera plus connu sous le nom du « collier de la reine ».
Hélas, la roue finit par tourner.
A la mort de Louis XV, son protecteur, survenue en mai 1774, le nouveau roi Louis XVI délivra une lettre de cachet qui relégua la comtesse du Barry de très longs mois dans un couvent. Fini la vie de château, les fêtes, les repas somptueux, le quotidien est désormais un austère couvent, sombre et humide. La punition durera jusqu’en octobre 1776, date où Louis XVI lui signe son bon de sortie. La comtesse conserva toutefois une pension de 100 000 livres par an. La comtesse du Barry s’empressa de rejoindre son château où elle vécut avec l’agréable compagnie du duc de Brissac et la vie de la comtesse repris un court normal, fêtes, banquets, chasses à cour, etc… Le 10 janvier 1791, le duc de Brissac donnait une fête dans son hôtel parisien et la comtesse y assistait comme il se doit. Alors que dans son château de Louveciennes, des voleurs très bien informés de son absence, en profitèrent pour lui dérober une énorme quantité de bijoux, évaluée à 1 500 000 livres ! Quand la comtesse du Barry s’aperçut du vol, elle entra dans une colère monstre, affichant de la sorte sa richesse à une époque où il ne faisait pas bon de rappeler que l’on devait sa fortune à sa qualité de maîtresse du roi.

La comtesse du Barry.

La suite dans Monnaies & Détections n° 120

Duels avec le Glorioso

Juillet 1747, le Glorioso, navire espagnol, approche des Açores, ramenant des Amériques une cargaison de quatre millions de dollars en argent provenant des mines du Mexique. Le navire a été construit à La Havane, en bois tropicaux fort denses et très pesants. Il est plutôt lent mais d’une incroyable robustesse, quand à son capitaine, Pedro Messia de la Cerda, c’est un chevalier grand-croix de l’ordre de Malte. C’est un homme habile, déterminé et son équipage le suivrait en enfer !

Au large de Florès, le Glorioso se fait intercepter par 3 navires britanniques : le vaisseau Warwick de 60 canons, la frégate Lark de 40 canons et un brick de 20 canons. Le Gloriosio est lui armé de 70 canons. Pour les navires anglais, il s’agit d’une proie facile, du moins le pensent-ils. Ils engagent le combat, et contre toute attente, le Glorioso contre attaque à la stupeur des Anglais. Les tirs précis des Espagnols provoquent des dégâts incroyables chez les Anglais, coques percées, gréements ravagés, équipages décimés. En moins d’une heure, les Anglais prennent la fuite avec des navires à l’état d’épaves ! Le Glorioso, bien que lui aussi endommagé, poursuit sa route vers l’Espagne, sans avoir perdu un seul homme d’équipage.
Six jours plus tard, il arrive en vue du Finistère galicien et comble de malchance, il tombe à nouveau sur les Anglais ! Cette fois, il s’agit de l’amiral John Byng qui commande l’Oxford de 50 canons, la frégate Shoreham de 24 canons, et le Brick Falcon de 20 canons. Et encore une fois, le Glorioso attaque ! Après 3 heures de combats acharnés, les navires anglais se retirent en piteux états. Le Glorioso a aussi subi de nouvelles avaries dont la perte de son beaupré, la coque est toujours intacte ! Il réussit à rentrer le 16 août dans la ria de Corcubion et d’y décharger la totalité de ses trésors. La mission remplie, La Cerda effectue quelques réparations de fortune mais constate que pour l’essentiel, il faudra un bon radoub d’Arsenal.
Devant rejoindre le Ferrol, le navire reprend la mer ; des vents contraires le déroutent et le capitaine opte pour Cadix, s’éloignant des côtes portugaises afin d’éviter toutes mauvaises rencontres. Hélas, la poisse le poursuit et le 17 octobre, non loin du cap Vincent, les Anglais lui tombent encore dessus. Cette fois, il s’agit d’une escadre corsaire, et pas n’importe laquelle, on l’appelle « la famille royale ». Elle regroupe les frégates Prince Frédérick, King George, Princess Amélia et Duke, totalisant 960 hommes et 120 canons. Pris au piège, le Glorioso ne change pas de tactique et choisit l’attaque !, à un contre quatre ! Après 4 heures de combat, le Glorioso arrive à s’extirper de la mêlée, ayant mis hors jeu un navire anglais totalement démonté. Il met le cap au sud, bientôt pris en charge par les 3 autres navires anglais, fortement amochés.

3e duel, le corsaire anglais Duke démâté.

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Une épée du XVIIIe

Il n’y a pas d’âge pour se lancer dans la détection et rêver de trésor, ce n’est pas Fionntan, 10 ans, qui nous dira le contraire. Alors qu’il essayait son cadeau d’anniversaire, un Vanquish de chez Minelab, avec son père et un de ses oncle, Fionntan a découvert dans le jardin familial, en Irlande, plusieurs bouts de métal sans intérêt puis une cible plus grosse, en ferraille. Le « tout métaux » a quelques fois du bon, puisqu’il s’agissait d’une épée ! Belle découverte et encore plus pour un gamin de 10 ans ; la lame est incomplète, mais l’épée a tout de même de beaux restes, une fois sortie de sa gangue de rouille.
Une épée dite « à panier », la main était protégée par une tresse « panier » de fer. Plusieurs experts ont été consultés, elle daterait du 18e, soit une épée de dragon anglais ou une fabrication irlandaise… Peu importe, pour Fionntan, il est déjà parti à la recherche d’autres trésors !

Source : thevintagenews.com

110.13

Bonjour, j’ai trouvé en détection du côté de L’Isle-en-Dodon ces deux objets : la platine ronde avec la tête du diable, je pense à une déco de carrosse, de porte ou de coffre ? Pour le deuxième qui ressemble à une aiguille d’un diamètre de 5 mm, d’un poids de 3,8 g percé d’un trou avec des stries (déco?) : peut-être du romain mais sans conviction. A côté de l’objet j’ai trouvé une pièce romaine. Pourriez-vous m’en dire plus ?
Il s’agit bien d’une applique décorative sur un élément quelconque : coffre, meuble voire carrosse. Elle présente le visage grimaçant d’un satyre, époque XVIIIe siècle.
Quant à votre petit élément en bronze, il ne peut être identifié en l’état car il manque l’ensemble dans lequel il devait prendre sa place.

102.12

Voici les photos d’une boucle métallique provenant d’un bois près de Grenoble de 55 mm x 50 mm et d’un poids de 32 g. Je pense à la boucle d’une ceinture ou d’une chaussure ancienne. Au plaisir de lire vos avis et encore merci pour votre revue ! D’avance merci Michel38.
Oui boucle de chaussure ajourée du XVIIIe siècle. Elle est de forme rectangulaire, les côtés sont incurvés vers l’intérieur et ils sont renforcés par un second arc de courbe plus marquée qui se reprend sur chaque angle. Le métal est difficile à identifier. La chape d’accrochage et l’ardillon simple sont de même nature métallique. Il semble aussi que l’axe attachant la chape soit du même métal sinon il y aurait une trace importante de rouille sur la chape si l’axe eut été en fer.

101.8

J’ai trouvé dans un champ de Seine-Maritime une matrice de sceau qui fait environ 2 cm par 3 cm et la tige derrière de la matrice fait 4,5 cm. On distingue un homme tendant un objet à une femme (une bourse ?) dans des costumes qui me font penser à ceux du XVIIIe siècle. Ça m’a l’air en bronze. J’ai essayé d’en faire l’impression dans de la cire tiède mais ça n’a rien donné de probant. Pourriez-vous m’en dire plus sur cet objet ? Merci d’avance, JB75

Cela ressemble a un gros clou décoratif du début XVIIIe siècle avec une scène galante gravée : une femme en robe à volants ou panier tend la main à un galant tenant une bourse. C’est un type de clou qui pourrait avoir été utilisé pour achever l’ornementation de décors divers (grande tapisserie murale de palais ou d’une vaste demeure) ou encore clou de décor de la caisse d’un carrosse, ou du vantail d’une grande porte cochère d’un hôtel particulier décorée de sculptures sur bois dorées ou peintes. Décor d’une scène de petit théâtre privé (toujours avec des ornementations sculptées et peintes nécessitant la fixation de pièces de bois annexes de décor par de la clouterie adaptée.

Avant le détecteur était la charrue

Le trésor d’Aïn Tinn (Algérie)

Aïn Tinn, anciennement Belfort

Bien avant l’installation par l’armée française d’un centre de colonisation en 1874 le site d’Aïn Tinn était déjà un lieu d’habitation ancien dont certains hameaux et lieux-dits ont gardé les noms évocateurs de ce passé. Dominée par une chaîne montagneuse qui culmine à 1266 mètres, la ville d’Aïn Tinn, dont le nom précédent était Belfort, commune officiellement créée le 23 novembre 1880, est située à une altitude moyenne de 680 mètres. Elle se trouve à 25 kilomètres à l’ouest de Constantine, troisième ville d’Algérie, et elle fait partie de la Wilaya (le département) de Mila. C’est une ville essentiellement tournée vers l’agriculture où les champs sont nombreux mais petits et dispersés. Dans le village, où sont présentes quelques administrations, sont établis quelques commerces, notamment : alimentation générale, bureaux de tabac et journaux, boucheries, boulangeries, fruits et légumes, etc. Une petite zone industrielle existe également.

 La découverte du trésor

Un jour du printemps 2003, dans un hameau d’Aïn Tinn, dénommé douar Benzekri, deux frères agriculteurs firent de manière inopinée une fabuleuse découverte dans le champ qu’ils labouraient : une jarre contenant un trésor composé de monnaies anciennes probablement enterrées lors de turbulences politiques à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle par la famille Ben Zekri, famille dont plusieurs documents rappellent qu’elle était liée à plusieurs Beys (gouverneurs) de Constantine. Les deux frères auraient peut-être pu devenir riches en conservant puis en revendant ce trésor. Malheureusement pour eux, ils parlèrent de leur fabuleuse trouvaille. La police locale, alertée de la découverte de ce trésor, intervint très rapidement et procéda à son dépôt provisoire à la Direction des domaines de Mila, préfecture départementale distante d’une quinzaine de kilomètres. Ainsi les deux laboureurs ne profitèrent pas personnellement du trésor d’Aïn Tinn mais la dispersion d’un bien inestimable pour la connaissance de la circulation monétaire dans cette région constantinoise était évitée.

L’étude du trésor d’Aïn Tinn

L’étude de cet ensemble monétaire fut rapidement confiée aux spécialistes de numismatique du musée national Cirta de Constantine qui établirent qu’il était composé d’une pièce d’or de la République de Venise frappée au XVIIIe siècle et de 195 pièces d’or de l’époque ottomane frappées entre 1707 et 1788. La première de ces monnaies est un sequin au nom du doge Alvise dont l’avers a pour légende « S M VENETI. ALOY. MOCENI.DUX ». Sur cet avers Saint-Marc remet au doge agenouillé une oriflamme. Sur le revers où, dans une ellipse étoilée, le Christ est présenté debout de face, la légende est « REGIS. ISTE.DVCA. SIT. T.XPE. DAT. Q. TV ». Toutes les autres monnaies sont des pièces d’or, pesant environ 2,6 grammes chacune, frappées aux noms de cinq sultans de la Porte Suprême à Istanbul (Turquie) où trônaient les califes ottomans : Ahmet III (1703/1730), Mahmoud 1er (1730/1754), Osmane III (1754/1757), Mustapha III (1757/1774) et Abdülhamid 1er (1774/1789). Si la plus grande partie de ces monnaies, à qui l’on donne parfois le nom de soltanis, est en très bon état, certaines sont percées d’un ou deux trous de suspension car elles ont servi à former de somptueux colliers dont les sultans et les membres de leur entourage aimaient se parer ou encore étaient fixées sur des coiffes, les chachias soltani, que les Constantinoises portaient lors des fêtes. Ces pièces ont été frappées en Turquie, en Egypte, en Tunisie ou en Libye. Elles portent dans des grènetis les légendes notées en arabe : « A la gloire de … sultan des deux terres et souverain des deux mers », « Victorieux, glorieux sur terre et en mer »  ou encore « … Sultan fils de Sultan ». Sur chacune d’elles est aussi indiqué le nom du sultan et la date de frappe de la monnaie selon le calendrier de l’Hégire. Aujourd’hui toutes les pièces du trésor d’Aïn Tinn sont exposées dans la salle de numismatique du Musée National Cirta de Constantine et plusieurs sont représentées sur l’un des catalogues du musée.

Une partie des monnaies du trésor d’Aïn Tinn présentées
au musée Cirta à Constantine :

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