Je viens de trouver cette plaque dans un champ en Touraine tout frais déchaumé, elle mesure 13 cm, certainement posée sur une calèche. Mais AUPRINCE avez-vous des infos sur ce nom ? Merci pour votre aide. Frerewil
Chercher des informations sur un certain AUPRINCE, messager en Indre et Loire et assurant son activité de BLÉRÉ à TOURS : un challenge, surtout sans plus de précisions. Pour un habitant du sud de la France, BLÉRÉ où c’est ? si ce n’est le nord ! (d’une ligne qui passe par Albi, donc l’Indre et Loire, c’est bien dans le nord). Bon, allumons l’ordinateur, allons voir le site de la commune (http://blere-touraine.com/) : au bord du Cher, près des châteaux de Chenonceau et Amboise, la commune compte 5227
habitants. Voyons la rubrique « histoire » : village gaulois semble-t-il fortifié au moyen âge, site du néolithique à proximité, traces d’activités de l’âge de bronze. Je vous invite à aller voir le site, peut-être
une visite sur place à programmer à l’avenir. Aucune trace toutefois d’un quelconque « AUPRINCE » dans le secteur, but premier de la recherche, n’oublions pas. Voyons les pages jaunes : pas de nom trouvé, pages blanches : rien non plus (du moins sur la commune). Côté des sites de généalogie, j’apprends que ce nom est très rare et visiblement peu étudié ! Bon, où chercher ? Tiens, voyons « Gallica », le site de la Bibliothèque Nationale de France (gallica.bnf.fr). Ma recherche porte sur « auprince, messagerie ». Bingo ! : « Le journal des débats politiques et littéraires » du dimanche 2 février 1879 nous apprend que le sieur Auprince, messager de Bléré à Tours souffrait depuis quelques temps d’un mal de main qui l’empêchait de réaliser son travail. Il s’était fait remplacer par son frère. Dans la nuit du mardi à mercredi précédent, ce dernier prend la route vers une heure du matin, sur sa voiture (une « deux chevaux »). Il est retrouvé étendu sur la route, entre Dierre et Saint Martin le Beau vers six heures du matin, la voiture renversée, les chevaux tombés dans le fossé, le crâne horriblement fracturé, délesté de sa montre et des 20 francs qu’il avait dans sa poche à son départ. Transporté, nous dit le journal, à son domicile, il est visité par le
médecin qui constate que le malheureux a été frappé à plusieurs reprises à coups de hachette. Dans un état critique, la victime ne peut pas donner la moindre information sur son agression. La rumeur courrait sur Tours que la victime avait succombé des suites de ses blessures.
Bon, nous avons une information, même triste, c’est une piste sérieuse. Direction les archives départementales d’Indre et Loire (virtuellement) en espérant que le site permette la consultation de l’état
civil. Recherchons les décès sur Bléré en 1879. La table des décès nous indique que Lucien Joseph Auprince est décédé le 8 février 1879. L’acte nous fait savoir que le défunt était âgé de 33 ans, messager, célibataire, demeurant à Bléré, né à Parpeçay (Indre) le 18 octobre 1845, fils de Silvain, cultivateur et de
Victoire Mardon. Il s’est éteint à trois heures du soir au domicile d’Augustin Désiré Auprince, son frère, messager de Bléré. Poursuivons sur le site des archives départementales de l’Indre, arrondissement d’Issoudun, Canton de Saint Christophe en Bazelle, commune de Parpeçay population de 240 habitants en 2011 (Vous pouvez faire un tour à cette adresse : http://www. chabris-bazelle.fr/Presentation/parpecay.html). L’acte de naissance de Lucien Joseph nous apprend qu’il est né le 10 octobre 1845 (et pas le 18) à 5 h du matin ; que son père, âgé de 23 ans (qui ne sait pas signer) est journalier à Villiers, sur la
commune de Parpeçay et que sa mère est âgée de 25 ans (vu les âges, le mariage doit être récent). Augustin Désiré AUPRINCE lui, est né le 3 novembre 1850 à six heures du matin, ses parents demeurent sur le même lieu. François Frédéric AUPRINCE voit le jour le 12 septembre 1852 à huit heures du soir, même lieu de résidence des parents. L’acte de mariage des parents le 14 juin 1843 à 10 h du matin à
Parpeçay nous indique que : Silvain, né le 31 mai 1822 à Menetou sur Nahon (Indre) est fils de
Jacques, jardinier, demeurant à Menetou sur Nahon (vivant lors du mariage) et de Françoise MAILLET décédée à Menetou sur Nahon le 21 janvier 1832. Victoire, domestique, est née à Varennes (Indre, probablement Varennes sur Fouzon) le 8 juillet 1820, fille de feu Christophe MARDON décédé à Varennes le 11 mars 1832 et de Madelaine CARRÉ, vivante, demeurant sur la commune de Parpeçay. Les témoins sont de la famille des deux époux. Acte intéressant qui nous apprend que les deux frères de l’épouse sont l’un Jean Baptiste vigneron à Varennes et l’autre, Christophe Alexis, propriétaire à Parpeçay. Les témoins de l’époux sont deux de ses beaux frères demeurant sur la commune de Menetou. J’ai arrêté là mes recherches, les renseignements sur cette famille paraissant être disponibles sur les sites des archives départementales (http://archives36.cg36.fr et http://cg37.oxyd.net/). J’ai aussi limité au nom, vous l’avez remarqué, mais il doit être possible de trouver des documents sur la « société de messagerie
AUPRINCE » elle-même et, sur place aux archives départementales, de voir s’il subsiste des traces de l’enquête qui a dû être ouverte pour trouver l’assassin de Mr AUPRINCE. Il semblerait d’ailleurs que ce lieu ait une sinistre réputation puisque quelques années plus tard (9 janvier 1883), un autre messager sur le même trajet dénommé AUBRY a perdu la vie, tué près du même endroit (serial killer ? …). Selon les informations données alors, le crime commis sur Lucien Joseph AUPRINCE est resté impuni. Il serait bon de consulter les archives des journaux locaux de l’époque. Petite précision : le nom viendrait d’un enfant dont les parents auraient été princes, mais à vérifier. Autre précision : j’ai vu un AUPRINCE secrétaire de la commission pour la lieutenance de Chatelin de CHAUDUN du 17 septembre 1712 et attribuant cette
dernière à Jean Antoine CHABRE. Merci à Frerewil qui m’a plongé dans ces recherches (une simple
plaque : un voyage virtuel dans le temps et dans une région inconnue), j’irai approfondir les sites un peu plus tard, et pourquoi pas me déplacerai peut-être pour visiter ces villes. Toutefois je me tiens à sa disposition s’il souhaite aller plus avant dans sa quête. Il lui suffira de frapper à la porte via « Monnaies & Détections ». Enfin pour vérifier un point qui me parait crucial, Frerewil devra préciser au prochain numéro pour l’information de tous les lecteurs si le lieu de découverte de la plaque est situé près de l’endroit où le messager a été attaqué (rappel : entre Dierre et Saint Martin le Beau). Si tel est le cas, il a peut-être entre ses mains les vestiges directs d’une sombre histoire…
Enquète Luc Pinel
Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback depuis votre site web.