Il est des saisons idéales pour parcourir les plages avec son détecteur de métaux. Certains penchent plutôt pour l’été, quand les touristes désertent le sable en fin de journée, j’avoue ma préférence pour l’automne lorsque la plage, délaissée par l’homme, retrouve peu à peu son caractère primitif.
Fin octobre, les couleurs changent sur l’horizon, teintant les déferlantes de tons froids tout en enveloppant l’horizon de volutes de brumes virevoltantes. Puis, approche l’hiver qui bouleverse tout : le littoral a ceci de particulier qu’il désoriente en cette période de transition, la structure de la plage bouge et se modifie au grè du vent et de la houle, sculptant les reliefs à son gré, canaux, micro-dunes, bassins… Le visage de la plage estivale est désormais bien loin, drapé de son sable immaculé. Tous les mètres, de grandes portions de bois flottés, se mêlent aux macro-déchets. Vestiges d’épaves rejetées sur l’estran. Parfois, il est possible de retrouver des débris de coque, une bouée, un espar enchevêtré de filets dérivants… Les tracteurs cribleurs sont moins opiniâtres (et c’est tant mieux) oubliant pour un temps les vestiges humains.
Cela fait maintenant près de trente ans que je parcours la côte aquitaine avec mon détecteur et jamais je n’ai ressenti la moindre lassitude, la moindre impression de déjà-vu, le moindre doute sur cette passion absolue qui me lie au milieu marin. Cette marche coude à coude avec l’infini me manque souvent quand je m’en trouve éloigné, avec ce besoin profond d’y revenir encore et toujours.
En cette fin de journée, je file au volant de mon vieux Montero vers la côte, arrivant quelques heures avant la tombée du jour. Il n’y a personne en contrebas sur le sable, il fait un peu frais et un vent chargé d’embruns balaye le mur des maisons fermées pour la saison. Mon Excalibur d’une main, ma pelle de l’autre, je dévale la volée de marches, peu à peu avalée par le sable. Puis, comme à chaque fois, j’approche l’estran où je m’équipe lentement. Pas forcément un rituel gravé dans le marbre, mais j’ai ce besoin de prendre mon temps avant de marquer le sable humide de l’empreinte de mes bottes. Et puis je profite du son de la mer brisant ses vagues à l’approche de la terre. Mon casque couvrant sur les oreilles, je serai par la suite définitivement coupé des bruits extérieurs…
La suite dans Monnaies & Détections n° 78
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