Si l’on pose que le monnayage romain obéit essentiellement à des mécanismes de citation et de référence, qui en font un texte vivant, et comme un palimpseste, il importe d’en apporter certains exemples, particulièrement révélateurs, propres à exposer la dimension textuelle de la numismatique romaine : car il est bel et bon de prétendre que les émissions impériales fonctionnent selon une cohérence interne, encore faut-il le prouver.
A ce titre, il est possible de prendre un exemple particulièrement pertinent : ce que l’on pourrait appeler l’ « affaire du bouclier », soit la reprise d’un élément du monnayage augustéen sous Claude, à propos de Néron César.
Commençons par le commencement, et par la frappe d’Auguste – probablement une des mieux connues et des plus répandues de toute la période impériale.
A l’avers, le buste lauré du prince, à droite, avec en légende CAESAR AVGVSTVS DIVI F PATER PATRIAE, soit CAESAR AVGVSTVS DIVI Filius PATER PATRIAE (« César Auguste, fils du divinisé, Père de la Patrie ») ; au revers, Gaius et Lucius Césars en toge, debout de face, avec deux boucliers et deux lances entre eux, un simpulum et une cruche dans le champ ; en légende, C L CAESARES AVGVSTI F COS DESIG PRINC IVVENT, Caius Lucius CAESARES AVGVSTI Filii COnSules DESIGnati PRINCipes IVVENTutis, Gaius (et Lucius Césars, Fils d’Auguste, consuls désignés, princes de la Jeunesse…
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