La voix au téléphone est sympathique, les photos de la propriété donnent une furieuse envie de prospecter et de chasser le trésor, mais il n’y a pas d’histoire de trésor, pas la moindre… La maison appartient à la même famille depuis 1830, la partie la plus ancienne date du XVe siècle. Allez je fais une exception ! En principe sans histoire de caches familiales, je ne me déplace pas, mais je dois monter sur Paris alors pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ?
Et c’est ainsi que je me retrouve dans l’Indre, un village d’à peine 1000 habitants au dernier recensement. Accueilli par les parents d’Emmanuel (mon interlocuteur au téléphone) il fait ce jour-là un froid très vif et je vois tomber la première neige de l’année. Après les courtoisies d’usage, je visite les lieux avec le maître de céans, des caves aux greniers cela nous prend bien vingt minutes. J’admire l’escalier de pierre en colimaçon dont les premières marches sont recouvertes de bois du fait de l’usure très prononcées de celles-ci et d’autres vestiges comme la porte d’entrée d’origine. Je n’ai que deux jours de prospection devant moi, il ne faut pas que je traîne car le jardin bien entretenu est immense, j’y distingue même un petit labyrinthe de buis, des massifs agencés autour de statues, de belles trouvailles à faire en perspectives. J’attaque directement par les caves car il s’y passe tellement de choses à l’abri des regards. Le sol y est de terre battue, le plafond est en voûte de pierre et contre certaines parties des murs, on retrouve les sempiternels rayons d’aciers pour entreposer les bouteilles… Je ne trouverai qu’un liard de louis XVI rincé et deux robinets en bronze d’assez jolie facture.
Un passage voûté assez bas sépare les deux caves et il faut bien se baisser pour ne pas se cogner. Celles-ci sont débarrassées de la plupart des fatras que l’on y trouve habituellement et c’est un plaisir d’y balader son appareil. Il y a plusieurs niches en pierre de taille dans le mur que j’inspecte soigneusement avec le pro pointeur. L’une des caves a une grille qui donne sur « le fruitier » comme le nomme le propriétaire qui a une autre sortie, c’est une pièce plus aérée et un peu plus haute où ils stockaient les fruits et légumes dans les meilleures conditions. Les deux casiers à bouteilles m’empêchent de vérifier la zone située en dessous : le premier est vide, je le déplace sans problème et le propriétaire se propose de transvaser les bouteilles vides de l’autre casier sur le premier de manière à ce qu’on puisse vérifier sous le second. C’est en faisant cette manipulation qu’il découvre des bouteilles à moitié pleines d’eau sur le bas et en déduit que la cave a du être inondée il y a quelques mois…
Je termine par la pièce la plus encombrée et change de tactique concernant les casiers. J’utilise uniquement le pro pointeur AT pour vérifier la zone dessous, déplacer les bouteilles prendrait trop de temps et il pourrait y avoir une cache peu profonde dessous que le pro pointeur prendrait aisément.
Midi sonne, je suis invité à leur table et nous passons un moment agréable. Ils me racontent quelques anecdotes de leurs aïeuls qui ont acheté cette propriété en 1830 notamment que son grand-père roulait en De Dion Bouton, l’une des quatre voitures de cette marque dans le département… L’un des frères a d’ailleurs récupéré pour son propre compte les phares lanternes de la voiture qui étaient les derniers éléments encore disponibles récemment.
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