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Ponthieu, mais c’est bien sûr !

Ce titre est un pastiche de la célèbre phrase dans la série policière française « Les cinq dernières minutes », fameuse chez les téléphiles d’un certain âge.

Mais le Ponthieu, qu’est-ce ?
Il semblerait que les Carolingiens aient créé cette entité afin de se prémunir des invasions vikings dans la Baie de Somme. Déjà implantés dans l’estuaire de la Seine, mais aussi dans celui de la Loire, les vigoureux commerçants scandinaves ne réussiront pas à faire de même à l’ouest d’Abbeville…
C’est donc une réussite géopolitique que ce comté de Ponthieu. D’autant qu’il est durable puisque Charles X, le dernier Capétien légitime, s’en servira, en exil, pour se déplacer incognito : quasiment mille ans d’existence !
Forcément, il y aura des conséquences monétaires de cette réussite politique. Les détectoristes qui trouvent puis identifient les oboles et deniers d’argent des comtes de Ponthieu savent qu’ils ont déterré un objet dont la cote pourra voler au-delà de la centaine d’euros.
Les alliances matrimoniales vont donner cette couronne médiévale à une dynastie maltraitée par les ducs de Normandie et leurs historiographes : les Bellême-Montgomery. Réputés pour leur caractère batailleur et leur talents de séditieux, ces puissants seigneurs règnent sur des forteresses dominant les immenses forêts couvrant la frontière du Maine et de la Normandie. Ces mêmes territoires, sombres sous la ramée de l’époque, où des universitaires actuels décèlent des restes de légions romaines ayant refusé l’invasion barbare et la chute de l’Empire Romain d’Occident bien après Romulus Augustule voire Syagrius. Il y a trace d’un accord, en 497, entre les débris militaires romains et le pouvoir franc, dans cette zone.
Pour faire un raccourci audacieux, le territoire des Bellême-Montgomery c’est un peu la Courlande en 1945 ou les “zones tribales” du Pakistan depuis 1947.
Le Ponthieu va leur donner une bouffée d’air, loin de la férule des ducs normands qui ont gardé la même “pêche” que leurs ancêtres vikings, dans une position stratégique hors de la portée des vindicatifs descendants de Rollon.

La suite dans Monnaies & Détections n° 120

Un personnage médiéval de France et d’Espagne

Le 26 mars 1366, Bertrand du Guesclin est couronné roi de Grenade dans un monastère près de Burgos. C’est son allié et son commanditaire, qui vient d’être couronné roi de Castille juste avant et au même endroit, qui a ordonné à sa cour d’organiser ce second sacre.

Bertrand du Guesclin est un militaire réputé et expérimenté, couvert d’honneurs, d’or et de titres, il passe un cap avec cette couronne royale… qui reste à conquérir. La bataille de Montiel où ses 20 000 hommes vaincront les 50 000 soldats de Pierre le Cruel et de ses alliés anglais (chiffres à minorer probablement), trois ans plus tard, va ouvrir le sud-est de la Castille au mercenaire français et, par-là, la route des montagnes qui enserrent le dernier Etat musulman de la Péninsule Ibérique : “son” royaume de Grenade.
La famille du Guesclin, petite noblesse des confins britto-normands, a une tradition familiale qui prétend qu’elle descend d’un ancêtre sarrasin, un roi de Bougie sur la rive sud de la Méditerranée. Légende, sans doute, mais qui a imprimé l’esprit des rejetons du Guesclin à chaque génération. Le chroniqueur Froissart indique que Bertrand du Guesclin se voyait bien franchir la mer pour reconquérir le royaume de son ancêtre. Une véritable croisade qui va commencer avec les raids contre les musulmans de Grenade qui possèdent un royaume plus concret que celui d’Aquin, un royaume constitué que le roi de Castille vient de lui reconnaître.
Sa croisade, Bertrand du Guesclin ne la finira pas, il est rappelé en France et y meurt en 1380. Le royaume de Grenade restera donc musulman jusqu’en 1492. Cette année-là, entre autres évènements majeurs, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille ajouteront à leurs armoiries un quartier parlant : une fleur de grenade sur fond blanc. On peut la voir, en pointe sur le blason du quadruple d’or émis par le couple.

Quadruple d’or avec la grenade au bas des armoiries.

La suite dans Monnaies & Détections n° 120

118.13

Bonjour, j’ai trouvé sur un chemin en Haute-Garonne cette petite boucle de ceinture avec un peu de couleur et quelques motifs (7 cm/2 cm). J’ai du mal à la dater et son origine. Merci pour votre aide, Alain.
Jolie petite boucle émaillée et dorée. Le résultat final est un travail de qualité pour une boucle de cette taille. Elle devait être d’usage personnel car finement travaillée. Sans certitude mais il semble que la chape présente un écu de gueule mais on n’arrive pas à déterminer si la couleur rouge était uniforme sur le côté gauche de l’écu ou si une autre couleur a complètement disparu. En tout état de cause cela reste une belle boucle et le plaisir de sa découverte est irremplaçable. Sa datation probable est XIII- XIVe siècle.

Casimir le Grand

Les archéologues polonais semblent prendre exemple sur le système anglo-saxon, plus pragmatique et réaliste en matière d’archéologie. Plutôt que d’essayer de lutter « en vain » contre les prospecteurs, « un combat perdu d’avance vu les millions de détecteurs en circulation », ils en tirent partie, quand c’est possible. Récemment, des archéologues étaient intrigués de voir affluer des centaines de prospecteurs dans la forêt de Sanok, au sud-est de la Pologne, à la limite de l’Ukraine. Une petite enquête a déterminé que des prospecteurs avaient découvert un « spot » prometteur, délivrant des centaines de carreaux d’arbalètes ! Et sûrement bien d’autres choses… Des fouilles lancées sur le sommet du site et une recherche plus méticuleuse avec l’aide de prospecteurs a permis d’établir qu’il s’agit sans aucun doute du site d’une importante bataille médiévale, plus de 200 carreaux d’arbalètes ont été collectés en quelques jours. Probablement le résultat de l’attaque de site fortifié Ruthène, par l’armée de Casimir le Grand (1333-1370), roi de Pologne, qui d’après les chroniques de l’histoire, s’empara des camps fortifiés « ruthènes » dans cette région. L’enquête archéologique se poursuit…

Source : thefirstnews.com

La bataille de Grunwald

15 juillet 1410, les forces polono-lituaniennes s’engagent dans une bataille titanesque contre les Teutons (les Allemands de l’époque). La bataille de Grunwald est de nos jours considérée comme l’une, si ce n’est « la », des plus grandes batailles médiévales d’Europe ! 50 000 hommes s’affrontèrent sur le champ de bataille ! La plupart des chefs et grands chevaliers teutoniques furent tués ou fait prisonniers et l’ordre teutonique ne se remit jamais de cette magistrale défaite.
Depuis maintenant sept ans, les archéologues polonais font des campagnes de fouilles sur le site de la bataille, de vastes champs et des marais. Cette année, ils ont eu l’idée de faire appel à des prospecteurs et 70 bénévoles équipés de détecteurs de métaux ont ratissé une zone bien définie. Une multitude de pointes de lances a été découverte ainsi que de nombreux artefacts métalliques, et plus rare, deux haches médiévales ont été trouvées au détecteur.
Des haches datées du 15e et sans aucun doute contemporaines de la bataille. Les charniers de la bataille, contenant sans doute un grand nombre de chevaliers, avec leurs artefacts de toutes sortes, sont eux introuvables à ce jour. Il est déjà prévu de faire appel aux prospecteurs pour l’année prochaine, ce premier essai ayant été une réussite, il a permis la découverte de plus d’objets métalliques « en une fois » que sur les sept dernières années !

Source : thehistoryblog.com

Bague médiévale

Paul Gardner, est un prospecteur anglais qui vient de découvrir son premier trésor ! Une bague médiévale en or, datée des années 1200/1400. Découverte réalisée dans le comté de Manchester, une région assez pauvre en trésors, comparée à d’autres comtés anglais. La bague qui pèse 3,5 grammes a malheureusement perdu sa pierre, ce qui diminue considérablement sa valeur. Le British-Museum en offre 1000 Livres Sterling, alors que des bagues similaires avec saphir ou diamant, complètes, peuvent dépasser les 50 000 £…

Source : manchestereveningnews.co.uk

17 000 euros

Trouvés au détecteur ! Et ce n’est qu’une estimation… Encore une belle histoire qui nous vient d’Angleterre, non il n’y a pas plus de trésor en Angleterre qu’en France, la seule différence c’est que, eux, les déclarent !
Lisa Grâce, une prospectrice anglaise, elles sont de plus en plus nombreuses, a trouvé le jackpot et elle ne bricole pas Lisa, équipée d’un GPX 5000 de chez Minelab et avec en plus une bobine énorme ! L’histoire ne dit pas si Lisa avait des informations particulières, on cherche rarement au hasard avec un engin pareil, mais en tout cas elle a mis dans le mille en découvrant dans le Lincolnshire, un superbe pendentif en or d’époque médiévale !
Un pendentif orné d’une grosse améthyste en taille ancienne et de trois pendeloques en tresse d’or. Le bijou a été daté des années 1400/1550. Certains y voient même un bijou qui serait lié au roi Édouard IV (1461-1483). Ils arrivent à cette conclusion, un peu fumeuse, à cause d’un tableau représentant le Roi, qui porte une épingle à chapeau ressemblant au bijou découvert par Lisa et en rajoutant que le style du bijou rappelle le soleil d’or qui était l’emblème d’Édouard IV. S’il y a une vague ressemblance, c’est quand même un peu dur à avaler… Mais peu importe, le simple fait d’associer le nom du roi à ce bijou devrait avoir une influence plus que positive sur les enchères et c’est tant mieux pour Lisa ! A suivre…
Source : dailymail.co

La chanson de Roland

Parmi les premières productions narratives en langue romane figurent les épopées des chansons de geste. Ces dernières sont des poèmes relatant des exploits guerriers associés, dans la plupart des cas, à une légende plus au moins fondée en rapport avec l’histoire de la France royale ou féodale. Un des textes les plus célèbres de cette matière épique est « La chanson de Roland ».

La chanson de geste, un récit idéologique

La chanson de Roland dans la version du manuscrit d’Oxford, est attribuée au poète Turolde et datée de la fin du XIIe siècle. Celle-ci relate le massacre, survenu 3 siècles plus tôt, d’une douzaine de barons de Charlemagne dont le célèbre Roland et de 20 000 de leurs chevaliers par quelques 100 000 Sarrasins. Si la chanson de geste, du latin gesta, signifiant exploit, apparaît à la fin du XIe siècle, elle glorifie le royaume et les hauts faits historiques des Carolingiens. Elle offre souvent une vision réaliste, parfois démesurée, des conflits qui agitent la société autour de l’an mil. L’émergence de ces poèmes épiques chantés va surtout servir une nouvelle idéologie, celle du chevalier et de ses vertus. La chanson de Roland montre ainsi comment, par orgueil, Roland préfère mourir plutôt que de sonner du cor pour appeler Charlemagne à la rescousse.

Chanson de geste, scène de combat livré par l’armée de Charlemagne. Miniature tirée du manuscrit « Entrée d’Espagne », XIIe siècle.

Une belle légende

15 août 778 : dans la gorge de Roncevaux, l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne défile en rangs serrés. Victorieuse, elle retourne en Gaule, après une expédition militaire contre les Sarrasins d’Espagne. Le gros de la troupe a déjà franchi le dangereux défilé et les sentinelles, postées sur le versant opposé, abandonnent imprudemment leur surveillance. C’est ce moment propice qu’attendent en grand nombre les Sarrasins pour faire rouler d’énormes blocs de roches sur les pentes abruptes et fermer le passage. Puis dévalant dans l’étroite gorge, ils tombent sur le dos des soldats chrétiens. En peu de temps, des milliers de Francs sont tués. Leur héroïsme et leur courage ne peuvent résister à ces ennemis qui fondent sur eux en si grand nombre et de deux côtés à la fois.
Le paladin (1) Roland, neveu de Charlemagne, se bat avec une énergie farouche, et son invincible épée « Durandal » tranche et massacre parmi les infidèles. Olivier, ami de Roland, lui conseille vivement de sonner de l’olifant, cor d’ivoire dont le son puissant peut traverser les espaces et faire accourir le roi Charles ; mais, orgueilleusement, Roland refuse, il ne veut demander le secours de personne, ni surtout déranger son roi.
Peu à peu, la féroce mêlée voit tomber tous les Francs ; alors seulement, devant les corps de ses compagnons morts, Roland saisit l’olifant et sonne avec l’énergie du désarroi, à tel point que les veines de ses tempes éclatent et que le sang jaillit de ses oreilles. Ce n’est d’ailleurs pas pour appeler à l’aide que Roland sonne au soir de cette sanglante journée mais pour annoncer à son roi que le sacrifice est accompli.
Cependant les Sarrasins sont partis et les cadavres jonchent le sol. Le paladin parcourt le champ de bataille et demande à l’archevêque Turpin, agonisant lui aussi, de bénir ses soldats. Puis, il essaie de briser sa vaillante Durandal, mais l’épée résiste et c’est la roche qui se fend. Le héros se couche alors sous un pin, le visage tourné vers l’Espagne. Il salue son roi et se rend enfin mais à Dieu seul, en lui tendant le gant de sa main droite.
C’est ainsi que « la chanson de Roland » écrite trois siècles plus tard magnifie les exploits, en partie légendaires, du preux Roland.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 101

La bataille de Pontlevoy

En début de cette année, je suis passé par la Touraine pour faire une visite à mon oncle et ma tante qui habitent un petit village (Thenay) entre Montrichard et Contre ; un village ou je vais depuis ma tendre enfance. Là-bas, je suis tombé sur un journal qui relatait la commémoration d’une bataille qui eut lieu à Pontlevoy le 6 juillet 1016, et qui opposa Foulques Nerra comte d’Anjou et Eudes II comte de Blois. Je fus surpris de cette information : depuis soixante ans que je viens dans cette région je n’en avais jamais entendu parler.

La stèle.

Vue d’une partie du champ de bataille.

Curieux je me suis mis en quête d’informations complémentaires, et je réussis à trouver sur une carte le lieu où fut érigée la stèle pour la commémoration du millénaire de cette bataille. Le lendemain dans la matinée, par une température de moins cinq degrés et un beau brouillard givrant, je me rendis sur les lieux pour découvrir cette fameuse stèle et ce champ de bataille, dont honnêtement je ne vis pas grand-chose, la visibilité étant limitée à une cinquantaine de mètres du fait du brouillard.

Situation

Pontlevoy est situé sur un vaste plateau, non loin des sources de l’Amasse qui coule vers Amboise, et sur la petite rivière des Aiguilleuses qui se jette dans le Cher entre Bourré (Benregius) et l’ancienne station romaine de Thésée, la Tassiaca de la carte de Peutinger. La grande route de Blois à Montrichard et à Loches traverse aujourd’hui Pontlevoy. Elle est la seule sur ce point.
Dans les temps anciens, deux voies, au contraire, occupaient cette partie de la contrée. L’une, à l’ouest : c’est la grande voie qui, de Blois, après avoir traversé le Beuvron, aux Montils, se dirigeait sur l’Aquitaine, par Montrichard, ou le point qu’il occupe, par Faverolles, Le Liége, Loches, Ligueil et La Haye. Cette voie avait une importance considérable ; l’autre, à l’est, se détachait de la première aux Montils, passait à Monthou-sur Bièvre et à Sambin, comme la grande route actuelle ; mais là elle inclinait à l’est, passait entre Pontlevoy et Thenay, peut-être à Thenay même (probablement à l’est de Thenay au lieu-dit Les Creusiaux où fût fouillée dans les années soixante, une villa gallo-romaine ; le lieu de la fouille servit plus tard de décharge publique, puis fût comblée) pour bifurquer un peu au-delà et tourner, au sud-est vers Bourré, et au sud-ouest vers Thésée. Ces tracés ne sont pas une hypothèse, ils sont facilement identifiables sur place.
L’existence de ces deux voies explique du reste, la position stratégique de Pontlevoy au Moyen Age. Ne pouvant commander, dans la stricte rigueur du mot, l’une de ces routes importantes sans négliger l’autre, on avait bâti un château fort entre les deux pour les surveiller (à cette époque un château fort se composait bien souvent d’une simple tour construite en bois). Ajoutons, car ces dispositions seront indispensables à connaître plus tard, que, placé ainsi entre deux routes, Pontlevoy avait dû s’en créer de nouvelles à son usage particulier. On retrouve encore, en effet, de ce bourg aux Montils, un vieux chemin connu sous le nom d’ancien chemin de Pontlevoy à Blois ; il continuait entre Pontlevoy et Montrichard ; mais dans cette partie, il a était absorbé par la grande route moderne. Dans la direction de Bourré, partait aussi de Pontlevoy, un embranchement qui allait se souder à la voie de l’est déterminée plus haut.
Il y avait donc sur cette partie du plateau, pour résumer, deux voies, et entre les deux, un chemin qui était indépendant et qui desservait directement le château soit du côté de Blois soit du côté de Montrichard ou de Bourré.

Situation de Pontlevoy.

Quant au rôle que ce château devait jouer dans les guerres qu’amenait la situation respective du comte de Blois et du comte d’Anjou, un coup d’œil sur la carte suffira pour comprendre.
De Pontlevoy, il était facile, en effet, de se jeter dans la vallée de l’Amasse pour aller inquiéter Amboise. Si l’on tentait quelque opération sérieuse sur cette forteresse, on pouvait être soutenu et ravitaillé par Blois, sans que l’ennemi eût le moyen de s’y opposer. Par Pontlevoy, en gagnant Bléré, on avait toujours une communication assurée entre Blois et Tours. Enfin, gardant la route par laquelle le comte d’Anjou aurait pu, de Loches, pousser une pointe sur le Blésois, en se faisant soutenir par les Ambasiens, Pontlevoy permettait d’aller, par cette même route, inquiéter Loches et ses environs. En outre se reliant, au moyen de la route de Thésée, à la grande voie de Tours à Bourges, il donnait facilement la main à Saint-Aignan, et dans le cas où la garnison d’Amboise venant à monter l’Amasse, aurait menacé le premier de ces châteaux, du second on venait à son aide.
Après un descriptif de l’environnement, voici un résumé des prémices et du déroulement de cette bataille, selon diverses sources d’archives et de travaux d’historiens.

Qui étaient les antagonistes ?

D’un côté se trouvent EUDES II, comte de Blois et son fidèle vassal, Gelduin, seigneur de Pontlevoy ; de l’autre FOULQUES III NERRA (dit FAUCON NOIR), comte d’Anjou et pour la circonstance, Herbert Eveille chien, comte du Maine.
Ces deux comtes ont usé de l’absence de l’un comme de l’autre, pour mener, chacun à son tour des razzias sur les terres ennemies, faisant payer un lourd tribut aux paysans qui subissent pillage et incendie de leurs récoltes.
Tout tend à se faire équilibre dans la marche de l’humanité comme dans le monde physique ; et dès qu’il y a excès quelque part, il y a bientôt réaction. La position des Tourangeaux et des Blésois dans la vallée du Cher et les environs, n’était plus tenable. Geldun de Saumur et Geoffroy de St-Aignan se plaignirent amèrement au comte de Blois du préjudice que leur portait le château de Montrichard, et demandèrent à grands cris qu’une expédition fut préparée pour s’en rendre maître. Geldun, surtout faisait valoir, non seulement qu’il avait à souffrir du voisinage de la nouvelle forteresse, mais encore qu’elle avait été à son égard un sujet de spoliation, et que son patrimoine s’en était considérablement diminué.
C’était Eudes II qui tenait alors le comté de Blois. Il était le second fils d’Eudes 1er et de Berthe, mariée, depuis au roi Robert, et il avait succédé, en 1004, à son frère aîné Thibault II. Eudes II avait des possessions immenses et une ambition à la même mesure. Mais ces ambitions étaient principalement tournées vers la Champagne, et la Brie, possédées par Etienne, son proche parent, vieux et sans lignée, dont il surveillait les intentions. La Bourgogne, sur laquelle il pouvait avoir des droits du chef de sa mère, ne le laissait pas non plus indifférent. Peut-être, dans son désir d’agrandissement, faisait-il d’autres rêves encore ? Comment avec de telles préoccupations aurait-il sérieusement songé à la Touraine ?
(À cette époque, le roi de France Robert II dit le pieux, qui a régné de 996 à 1031 avait un territoire très petit et qui était coincé entre les possessions du comte d’Anjou sur toute la façade ouest, et du comte de Blois qui avait des possessions au sud et en partie à l’est, et qui par héritage cherchait à prendre possession de la Champagne, de la Brie et de la Bourgogne ; ce qui aurait étouffé le royaume du roi de France. Le comte d’Anjou et le comte de Blois étaient de ce fait plus puissants que le roi de France).
Du reste, il venait de soutenir une guerre assez rude contre Richard II, duc de Normandie, et ses troupes avaient été fort maltraitées en 1006 devant le château de Tilliéres, où le comte du Mans, Hugues son allier, avait été contraint de prendre la fuite. Les circonstances étaient donc peu favorables. Aussi le comte de Blois n’écouta-t-il qu’à moitié les plaintes de ses vassaux, et, tout en formant le projet d’une nouvelle coalition contre Foulques-Nerra, mena-t-il cette affaire avec une extrême lenteur, n’opposant à son ennemi que les expéditions de ses vassaux, auxquelles il prêtait le secours de quelques troupes blésoises.
On ne sait combien de temps cet état de choses aurait duré, lorsqu’une nouvelle entreprise du comte d’Anjou vint tout-à-coup tirer Eudes de sa torpeur et appeler toute son attention sur la Touraine.
A une demie-lieu seulement de la ville de Tours, sur la rive droite de la Loire, vis-à-vis de l’ancien couvent de St-Côme, et au débouché de la vallée de la Choisille, s’élève comme un promontoire un monticule abrupt, relié d’un côté aux collines de la Choisille, de l’autre à celle de la Loire. Ce lieu se nomme aujourd’hui Bellevue. Au XIe siècle il avait un nom moins poétique ; il s’appelait Montboyau. La seule chose qui doive nous occuper c’est son ancienne valeur stratégique. Avec la ville de Tours pour objectif, elle était à nulle autre pareille. Aussi dès que Foulques-Nerra, revenu de Jérusalem, eût accompli tout ce qui regardait ses fondations pieuses il reprit la suite de ses plans en Touraine ; son premier acte fut de s’en emparer et de la fortifier.
Pourtant il fallait une audace d’autant plus grande pour prendre ainsi position à la porte de Tours, que la forteresse de Langeais, enlevée à Foulques en 995, était restée aux mains de ses ennemis. C’était donc entre deux places fortes, dont l’une était une ville importante, que le comte d’Anjou venait résolument se camper.
Eudes II sentit le danger de la situation. On était alors en 1015, et la grande querelle d’Eudes avec le duc de Normandie s’était apaisée, grâce à l’intervention du roi Robert qui avait craint de voir la guerre favoriser le séjour en France des rois de Suède et de Norvège, appelés au secours de l’armée normande. Le comte de Blois était donc libre de ses mouvements. Il en profita pour mettre une armée sur pied, et toutes les dispositions furent prises pour affranchir cette fois la Touraine de la domination envahissante du comte d’Anjou.
Eudes II veut en finir. Il comprend la menace que représente la construction méthodique en des points stratégiques de nombreuses tours fortifiées par Foulques-Nerra. Très confiant, il s’appuie sur un nombre d’hommes d’armes nettement supérieur à celui de son adversaire. C’est sans compter sur la ruse dont ce dernier est capable.
De son côté Foulques-Nerra ne reste pas inactif. Le comte du Mans, Hugues 1er, venait de mourir. Allié d’abord du comte de Blois, dans les querelles de ce comte avec le duc de Normandie, Hugues avait été fort mal traité, et n’avait regagné son comté qu’avec des difficultés sans nombre. Foulques-Nerra en avait profité pour le forcer de se reconnaître son vassal. C’était maintenant Herbert 1er, fils d’Hugues qui tenait le comté, et Foulques lui faisait la guerre, espérant profiter de sa jeunesse pour s’emparer de ses états. Mais Herbert se défendait vaillamment. Foulques se hâta de s’accommoder avec lui, et il eut l’art de s’en faire un allié fidèle, qui lui fournit des troupes contre Heudes II et il marcha de sa personne sous la bannière d’Anjou.

Les préparatifs

C’était donc les grands préparatifs de part et autres. Tout annonçait que le choc serait terrible, et la lutte persévérante. Le plan du comte de Blois était de se porter d’abord sur le château de Montrichard, de s’en emparer, et de reprendre ainsi possession de toute la vallée du Cher. Le château de Montbazon ayant été enlevé au comte d’Anjou, à une époque qu’on ignore, Eudes n’avait point à s’en occuper, et Montrichard pris, il se serait porté avec toutes ses forces sur Montboyau pour en faire le siège en règle ; car cette position ne pouvait en aucune façon être enlevée par un coup de main.
Foulques comprit le plan de son ennemi ; il rassembla ses troupes à Amboise, où vint le rejoindre le comte Herbert, et bientôt, informé de la marche du comte de Blois, remontant la vallée de l’Amasse, il se porta sur l’arête même du plateau, en avant et au nord de Pontlevoy. Là, il s’embusqua, sans doute sur la lisière, ou sous les premiers couverts d’un bois connu aujourd’hui sous le nom de « bois royal » mais dont les limites étaient alors beaucoup moins restreintes. Dans cette position qui le couvrait, Foulques était près de la grande voie que nous avons signalée à l’ouest, et n’avait que quelques pas à faire pour se porter au besoin, sur le chemin de Pontlevoy à Blois.
Le comte du Maine de son côté, gagna la vallée du Cher par la voie d’Amboise à Bléré, et, remontant cette vallée, vint poser son camp sur la rive droite de la rivière, un peu au-delà de Montrichard, près du bourg de Bourré.
Il est possible qu’en disposant ainsi ses troupes, Foulques gardat, en cas de succès, la secrète pensée de couper la retraite à son ennemi du côté de Blois, et de refouler sur la voie de Bourré, pour le prendre entre deux gros de troupes. Mais dans tous les cas, les dispositions prises étaient excellentes. En effet les troupes de Foulques gardaient les routes de Montrichard ; mais si par une habile manœuvre, le comte de Blois parvenait à dérober sa marche du côté de Bourré pour se jeter inopinément sur la forteresse du comte d’Anjou, il trouvait le passage gardé, avec la rive droite du Cher, et devait avant tout livrer une bataille. Deux corps d’armée s’appuyaient d’ailleurs mutuellement. Si celui d’herbert venait à faiblir, Foulques laissait quelques troupes dans la position qu’il occupait, pour maintenir la forteresse de Pontlevoy, et marchait avec le reste, au secours de son allié. Si au contraire, le corps de Foulques qui soutint la bataille et qu’il fût malmené, Herbert accourait à son aide. On voit que la tactique de Foulques était tout aussi sûre que sa stratégie, et bien lui en prit ; car la fortune des batailles fut, en ce moment décisif, sur le point de le trahir.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 96

93.01

J’aimerais avoir quelques infos sur la datation et l’origine de cette croix fortuitée dans l’Hérault… Gros restes de dorure… sous la croute après nettoyage. Dimensions : 4,5 cm x 3,7 cm… épaisseur : 0,2 cm… Ricko 31
Le motif de cette croix est élaboré et semble, avec son motif de rosaces en grenetis, appartenir du fin moyen âge au XVIe siècle, mais sans la bélière on ne peut affiner la datation. ID : JHD