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Six ans d’enquête dans les ravines de l’île de la Réunion

La piraterie a sévi entre le 17e et le milieu du 18e siècle dans l’océan Indien. Les îles Mascareignes qui sont constituées de l’île Maurice, l’île Rodrigues et l’île de la Réunion furent dès le début de leur colonisation des points de ravitaillements des navires marchands européens sur la route des Indes.
Certains pirates qui exerçaient la « Course* » dans l’océan Atlantique comme Tew, Taylor, Hornigold, Avery, Olivier Levasseur, La Raison, Kid, Congdom, Misson et quelques autres furent attirés par ce nouvel Eldorado de l’océan Indien où l’or, l’argent, les pierres précieuses, les épices, la soie et d’autres marchandises précieuses devinrent la convoitise des Etats européens et des forbans.
Vers 1730 la piraterie déclina mais les Etats comme la France, l’Espagne, le Portugal et l’Angleterre armèrent des corsaires pour contrer la concurrence et imposer leur politique de colonisation dans ce secteur du monde.
Un de ces corsaires* français : Bernardin Nageon de l’Estang sembla être héritier, par un concours de circonstance, d’une grande partie des documents répertoriant les dépôts* que les pirates avaient laissés sur ces différentes îles au cours des années précédentes.
Il semblerait qu’il eut été chargé de collecter un certain nombre de ces dépôts, où s’entassaient quelques richesses oubliées, afin de les ramener au roi de France pour continuer à financer la « Course » des corsaires français dans l’océan Indien.
Il fut ainsi désigné comme étant « Butin Nageon » le dernier possesseur des trésors de l’océan Indien.
J’entrepris en 2006 de suivre les traces de ce corsaire méconnu et d’essayer de connaître son parcours dans les îles Mascareignes.

Mais ce personnage a-t-il réellement existé ?

Il apparaît dans plusieurs ouvrages qui traitent d’un des plus célèbres pirates de l’océan Indien, Olivier Levasseur, dit « La Buse* » et qui fut à l’origine, avec son associé Taylor, d’un exploit retentissant en avril 1721 celui de la prise de « La Vierge du Cap » le navire du vice-roi du Portugal, au mouillage pour réparation et où se trouvaient d’immenses richesses, dans la baie de St Denis de la Réunion, autrefois île Bourbon.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 87

Une des cinq peintures pariétales dessinées par les pirates sur une paroi rocheuse que j’ai découverte sur un site anthropique à l’île de la Réunion. Un des prélèvements de cette peinture a servi à l’analyse physico-chimique des pigments la composant.

Libertalia : l’utopie pirate

Durant « l’Age d’Or » de la piraterie, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, des équipages composés des premiers rebelles prolétariens, des exclus de la civilisation, pillèrent les voies maritimes entre l’Europe et l’Amérique. Ils opéraient depuis des enclaves terrestres, des ports libres, des « utopies pirates » situées sur des îles ou le long des côtes, hors de portée de toute civilisation. 

La plus célèbre de ces enclaves fut celle du Capitaine Misson et de son équipage, qui établirent leur communauté intentionnelle, leur utopie sans loi, Libertalia, au nord de Madagascar au XVIIIe siècle.

Naviguant dans les mêmes eaux et à la même époque, Olivier Levasseur dit la Buse s’est rendu célèbre en 1721 en s’emparant du très riche vaisseau portugais de 72 canons « La vierge du cap » dans les eaux de l’ile Bourbon (La Réunion). Le butin fut immense et représente l’équivalent actuel d’environ 4.5 milliards d’euros…

En 1729, pour échapper à Duguay-Trouin, chasseur de pirate, La Buse a renoncé à la piraterie et est un modeste pilote dans la baie d’Antongil au nord de Madagascar. Il est fait prisonnier par le capitaine d’un bateau qui le reconnait et est très rapidement jugé et pendu sur l’ile Bourbon le 7 juillet 1730.

Entre la prise de « La vierge du cap » et sa mort, huit ans se sont écoulés, passés en majeure partie sur l’ile de Madagascar. Huit ans pendant lesquels La Buse a pu croiser Misson…

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