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Le trésor mérovingien de Gourdon

Le dimanche 23 mars 1845, le jour de Pâques, une jeune bergère nommée Louise Forest fit une découverte surprenante à proximité du village de Gourdon en Saône-et-Loire. Caché sous une tuile romaine gravée d’une croix, un trésor mérovingien fut découvert.

Au total, c’est une bonne centaine de monnaies d’or burgondes, ainsi qu’un calice en or et une patène en or du VIe siècle qui furent retrouvés. Son propriétaire était un moine burgonde, car à Gourdon on connaissait l’existence d’une ancienne église avec un ancien monastère d’après le “monastorium Gartonensis” (la charte du monastère), mentionné par Grégoire de Tours. Suite à la conquête des Francs sur la Bourgogne, un moine burgonde avait donc caché ces biens précieux avant de prendre la fuite, puis le trésor ne fut jamais récupéré.
L’enfouissement datait de l’an 520 à 530. Les monnaies d’or dataient des empereurs romains bizantins de l’an 457 à 474 pour la plus ancienne, à l’effigie et sous le régne de Léon Ier de 457 à 474, ensuite celle de Zénon de 474 à 491, celle d’Anastase Ier de 491 à 518 et les plus tardives de 518 à 527, sous Justin Ier.

La patène : c’est une sorte de petit plateau eucharistique sur lequel on faisait reposer le pain ou l’hostie de la communion durant les messes. C’était un accessoire religieux indispensable qu’un prêtre ou un moine sacristain pouvait avoir à utiliser pour la préparation de la messe. Celui retrouvé dans le trésor de Gourdon mesurait 19,5 cm de long sur 12,5 cm de large, borduré de grenats sertis dans l’or, ainsi que des pierres turquoises à chaque coin du plateau. La croix centrale chrétienne était généralement apposée par adoption dès que le roi Clovis fut reconverti en 497.

Le calice : c’était une petite coupe dans laquelle on déposait le vin et l’eau à boire après l’eucharistie du prêtre pendant les messes. Celui de Gourdon, de petite taille et en or massif, était pourvu de deux anses en forme de griffon, animal symbolisant le Christ, mentionné dans l’exegèse de certains pères de l’église. Les grenats remplacent les yeux des deux griffons. La coupe, cloisonnée de pierres semi-précieuses, est incontestablement un ouvrage d’orfévrerie barbare. La technique de travail des pierres serties avec force dans des cloisonnements d’or ainsi que l’iconographie représentée, proviennent comme de nombreuses œuvres d’art, de fabrications wisigothes ou lombardes.


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Les trésors de l’abbaye de Cluny

Un trésor monétaire a été découvert à l’automne 2017 sur les terrains de l’abbaye de Cluny dans le département de Saône et Loire.

Vue aérienne générale du site de l’abbaye de Cluny vers 1950/1960.

Ce lieu chargé d’histoire est classé par trois fois dans la liste des monuments historiques français. D’abord en 1862 pour les bâtiments anciens de l’abbaye, puis en 1902 pour sa Tour des Fromages et enfin en 1960 pour une partie des dépendances et terrains qui lui sont rattachés. S’il ne reste aujourd’hui que le dixième des bâtiments ayant existé au XVIIIe siècle, cet ensemble monastique, dans lequel se dressait la plus grande église de l’Occident, l’abbatiale de Cluny, n’en demeure pas moins un monument touristique attirant de nombreux visiteurs. Nous vous invitons à découvrir cette abbaye à travers son histoire, son architecture et la numismatique qui y est associée.

L’histoire des trois abbayes de Cluny

Le Duc Guillaume d’Aquitaine offrant les terres de Cluny à l’Eglise (enluminure sur un manuscrit déposé à la Bibliothèque Nationale de France).

Trois abbayes sont construites successivement à partir de 910 sur les terres offertes par Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne, du Velay, de Mâcon et de Bourges. L’église qui existe alors est remplacée par une première abbaye, appelée de nos jours Cluny I. Construite entre 910 et 927 la nouvelle abbaye, consacrée à Saint Pierre et Saint Paul, est placée dès 930 sous l’autorité directe du pape. Elle est dirigée par un abbé et les moines qui y vivent respectent la règle bénédictine rédigée par Saint Benoît vers l’an 550 : partager son temps entre prière et travail manuel utile à la communauté. La place occupée dans le monde religieux par l’abbaye de Cluny grandit rapidement. Ses bâtiments deviennent trop petits pour accueillir de nouveaux moines. La construction d’une abbaye plus grande est donc décidée

Saint Benoît expliquant ses règles de la vie monastique à un jeune moine (enluminure sur un manuscrit du XIVe siècle déposé à la bibliothèque de l’université de Düsseldorf).

Les travaux durent de 960 à 980 et donnent naissance à une nouvelle église : l’abbatiale de Cluny II. Cent ans plus tard la même problématique se rencontre une nouvelle fois et en 1080 de nouveaux travaux débutent afin de construire une église et des dépendances plus vastes. Ils durent un siècle et demi jusqu’à l’achèvement de la troisième abbaye de Cluny en 1220. L’abbatiale de Cluny, dont l’architecture de style roman est un modèle du genre, est consacrée par le pape dès 1130, un siècle avant son achèvement. C’est alors le plus grand édifice religieux du monde avec ses 187 m de longueur pour une largeur de 90 m au niveau du transept. Elle le reste jusqu’en 1506, date de la construction de Saint Pierre de Rome. Autour d’elle sont construites les nombreuses dépendances indispensables à la vie d’un millier de moines. C’est ainsi qu’une véritable cité se développe au XIIIe siècle. L’autorité spirituelle de son abbé le place à la tête d’un ensemble de congrégations religieuses regroupant plus de 10 000 moines installés en France mais aussi en Italie, en Espagne et en Grande-Bretagne.

Les deniers et oboles de l’abbaye de Cluny (le droit de battre monnaie)

Au début du XIe siècle les Clunisiens sont chargés de frapper des monnaies émises par le duché d’Aquitaine, mais dès 1058 l’abbé de Cluny reçoit du pape Etienne IX le droit de battre monnaie pour lui-même. Ce droit permet la frappe à partir de 1123 de deniers et d’oboles (demi-deniers) en argent spécifiques à l’abbaye de Cluny. Ces frappes s’étalent sur environ cent ans. Dans un article consacré à ces monnaies sur le site internet « La Numismatique en Mâconnais » nous pouvons lire sous les initiales JCD : « Par leur poids et leur aloi, les deniers de Cluny valaient beaucoup plus que les deniers royaux, parisis et tournois. Mais, de ce fait, ils étaient recherchés par les changeurs pour les revendre comme métal à d’autres ateliers monétaires. De plus, leur utilisation dans les transactions courantes était limitée à Cluny et aux comtés voisins. Cela explique que l’abbaye n’ait sans doute pas tiré grand bénéfice de sa monnaie ». Sur ces monnaies qui portent une croix cantonnée à l’avers et une clef au revers nous découvrons les légendes + CLVNIACO CENOBIO (au monastère de Cluny) et PETRVS ET PAVLVS (Pierre et Paul). La photothèque de l’Abbaye de Cluny nous propose sur le site internet cité ci-dessus un très grand nombre de photographies de monnaies et de méreaux frappés à Cluny.

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Archéo-terrorisme ? Une déplorable affaire

À la fin de l’année 2010, Mr D. Ridet, entrepreneur en bâtiment à Romeney (Saône-et-Loire) découvrit fortuitement dans un tas de terre de plusieurs m3 entreposé devant ses ateliers, un objet en bronze qu’il ne sut identifier. Il tenta de s’informer à ce sujet sur Internet auprès d’un forum de prospecteurs en se présentant comme l’un d’eux, espérant ainsi qu’on lui répondrait, ce qui fut le cas. Il obtint une identification préliminaire par un membre d’Action Centurion qui l’a orienté et conseillé au mieux en vue de « sauver » cet objet. Le membre du collectif reconnut immédiatement l’intérêt exceptionnel de la trouvaille.

Mr Ridet, parfait honnête homme, fit déposer l’objet pour étude au Cabinet des Monnaies et Médailles de la BnF où il apprit qu’il devait déclarer cette découverte dans une forme appropriée, ce qu’il s’empressa de faire.

Il s’agissait d’une valve en bronze portant huit gravures en creux et provenant d’un moule bivalve destiné à fabriquer des monnaies gauloises en bronze coulé. En très bon état de conservation, unique spécimen connu en Gaule et dans toute l’Europe celtique, l’objet présentait bien une importance capitale.

Voici quelle fut la réaction de l’autorité responsable, en l’espèce un Service Régional de l’Archéologie au sein de la D.R.A.C. de Dijon (Côte-d’Or).

Mr M. Prestreau, Conservateur régional et chef de ce service administratif, n’accusa pas réception de la déclaration, ne se dérangea pas pour étudier sur place l’origine possible de la terre rapportée, ne fit pas la moindre enquête et ne chercha même pas à prendre contact avec Mr D. Ridet alors qu’un dialogue de quelques minutes aurait permis d’éclairer d’un coup l’événement. Sans solliciter l’avis préalable de ses collègues de la BnF déjà dépositaires de l’objet, sans prendre aucune disposition telle qu’un classement légal de cet outil exceptionnel dont l’intérêt dut lui échapper, M. Prestreau déposa une plainte pénale en termes outrageants contre l’inventeur qui se vit soudain accuser d’infractions multiples telle que la « fouille sans autorisations » et (sic) le « vol d’un objet archéologique »… dont il était légalement propriétaire ! Voilà comment D. Ridet fut récompensé par l’administration française de son civisme et de sa bonne volonté.

Bien entendu, dans les mois qui suivirent, l’affaire aurait été classée « sans suite », mais le mal était fait, … La suite dans Monnaies & Détections n° 83