MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Catégorie : Législation

Le site archéologique du Vernai, à Saint-Romain-de-Jalionas (Nord-Isère), a été gravement endommagé par un acte de pillage : environ 60 trous ont été creusés dans une zone de fouilles, vraisemblablement après repérage à l’aide de détecteurs de métaux. Selon Robert Royet, archéologue supervisant les fouilles depuis les années 1980, cette action a provoqué la destruction irrémédiable de vestiges très rares, notamment d’une zone de dépôts rituels gallo-romains contenant céramiques, objets métalliques, et restes alimentaires. Ces objets, enterrés à faible profondeur, sont précieux non seulement en eux-mêmes, mais surtout pour leur contexte archéologique, indispensable à la compréhension des pratiques cultuelles antiques. Creuser ainsi détruit les couches de terrain stratifiées, essentielles pour l’étude scientifique du site. Une plainte a été déposée, et Royet appelle les passionnés de patrimoine à rejoindre les fouilles légales au lieu de commettre des actes de vandalisme déguisés en passion. Cet article résumé provient de France bleue par  Noemie Philippot et publié le 9 avril 2025. Il est bien sur intolérable que des archéologues travaillant sur un site voient celui-ci perturbé par des prélèvements sauvages. Je lis régulièrement les commentaires sur les groupes de détections et je peux déjà donner la réaction de ceux-ci : « ces gens-là détruisent l’image des prospecteurs ! On ne fera pas changer les mentalités avec de tels comportements » etc. etc.

Mais je vous propose un débat d’un point de vue radicalement opposé au consensus général habituel : comme toujours dans 99% des cas, l’article est à charge contre les prospecteurs, il suffit de prendre le titre : « Des vestiges « rarissimes » détruits sur le site archéologique du Vernai à Saint-Romain-de-Jalionas », ensuite la journaliste parle des mottes d’herbes retournées (ce qui implique  qu’ils n’ont pas détectés uniquement sur le chantier) Expliquez-moi  pourquoi la journaliste utilise le terme de « vestige rarissime » pour un morceau de métal prélevé? Vous et moi savons que le moindre  bout de tôle de bronze et d’aluminium informe sonnera aussi bien que la statuette du dieu Jupiter  période gréco romaine… La journaliste ne connait pas le pourcentage de déchets modernes déterrés même sur un site archéo…Elle est dans l’ignorance totale des trouvailles des prospecteurs (ils devaient au moins être deux car soixante trous de nuit dans un contexte interdit serait un exploit pour un seul prospecteur.) On est donc comme toujours sur un article à charge car les journalistes, de nos jours, n’ont pas d’esprit critiques vis-à-vis des autorités et ne font que reprendre le discours officiels des archéologues pour lesquels la prospection est strictement interdite et les prospecteurs des hors la loi. Hors la loi! Le mot est là ! Et les deux gonzes qui sont allés de nuit prospecter ce chantier de fouille ont dû se dire, qu’il y a moins de danger à prospecter un chantier de fouille  la nuit que le champ du voisin de jour avec son autorisation car de toutes manières, on est considéré comme hors la loi par tous ces intégristes vivant de l’argent du contribuable.

Je ne vais pas m’embarrasser de formules consensuelles : je n’approuve pas ce qui s’est passé au site du Vernai, mais je comprends parfaitement ceux qui l’ont fait.

Moi-même, passionné de prospection et de numismatique, je n’ai jamais creusé sur un chantier de fouille. Mais à force d’être méprisés, criminalisés, ignorés, Je comprends que certains finissent par réagir autrement. Et je le dis sans détour : je ne crois plus au dialogue. La loi sur le patrimoine de 2016 est une hérésie, conçue par des technocrates hors sol qui ne connaissent ni le terrain, ni la passion des gens qui, depuis des décennies, redonnent vie à l’histoire de notre pays, objet par objet. Cette loi n’a pas été faite pour protéger : elle a été faite pour contrôler, confisquer, centraliser, au nom d’un ministère qui croit pouvoir mettre la main sur tout ce qui est enfoui, y compris dans votre propre jardin. Alors oui, quand on est traité de pilleur simplement parce qu’on a un détecteur de métaux, quand on est menacé pour avoir déclaré une trouvaille, quand on voit ses objets saisis au lieu d’être reconnus pour leurs valeurs patrimoniales, il y a un moment où la coupe est pleine. Ne vous étonnez pas, dans ce contexte, si certains choisissent désormais de ne plus rien déclarer, de vendre discrètement à l’étranger, ou de fondre les objets en or pour en tirer la valeur brute, purement métallique. Ce sont des gens poussés à bout, qui ont compris que dans ce pays, seule l’action radicale et le rapport de force font bouger les lignes. Car rien d’autre ne fonctionne. Il ne s’agit plus de discuter, de participer à des commissions ou de tendre la main. Cela a été tenté en vain. Aujourd’hui, la seule chose que comprend l’administration française obèse, c’est la perte sèche. Quand l’État commencera à réaliser qu’il perd des milliers d’objets chaque année – rentrés dans des collections particulières sans étude préalable, vendus sous le manteau, ou transformés en lingots – alors peut-être qu’il comprendra qu’une loi imposée sans intelligence mène à l’autodestruction du patrimoine qu’elle prétend défendre. Ce n’est pas une revendication. C’est un constat. Les archéologues du nord de l’Europe, tout aussi bien formés et légitimes  que les archéologues français, (Danemark et Suède, pour élargir l’habituelle référence aux anglais), ont compris que les prospecteurs étaient des auxiliaires précieux pour faire avancer nos connaissances. Et si rien ne change en France, alors ce qui s’est passé au Vernai,  n’est peut-être qu’un début…

La position des archéologues français démontrent particulièrement un fait grave : ce n’est pas une question de savoir qui est en jeu, c’est une question de pouvoir !

Gilles Cavaillé

Carnet de défense des prospecteurs français

Argumentaire couche archéologique

Le journal Le Bien Public du 23 septembre 2023 a publié un article concernant les fouilles archéologiques d’Alésia qui est en lui-même très parlant : https://www.bienpublic.com/culture-loisirs/2023/09/23/fouilles-archeologiques-on-en-sait-desormais-plus-sur-le-site-d-alesia

Le journaliste, peu au courant de l’hypocrisie de nos fonctionnaires de la culture, se fend d’un commentaire tout à fait anodin en relatant le mode opératoire :« Après avoir décapé la couche de terre végétale pour atteindre le niveau archéologique du sol sur une surface de 80m², Olivier Mignard, aux commandes de sa pelle hydraulique, poursuit ici le travail, sous la conduite de Mathieu Ribolet et Fabienne Creuzenet, coresponsables du chantier de fouilles (sur la photo, en bleu, au milieu du groupe). Photo B. Isabellon »

 » Après avoir décapé la couche de terre végétale pour atteindre le niveau archéologique du sol

Voilà qui est dit ! »  Cette couche est systématiquement rejetée par les archéologues et entassée en remblais dans un coin car elle ne représente aucun intérêt pour eux.

Jusqu’à présent, nous utilisions cet argument pour la défense de notre loisir, mais les archéologues rejetaient tout en bloc. Aujourd’hui, ce texte et ces photos nous donnent la preuve de ce que nous affirmons depuis des lustres. Je suis persuadé que le premier avocat venu peut utiliser en la faveur de son client prospecteur attaqué en justice ce document irréfutable. Conservez cette note et ce lien, nous avons fait des copies de sauvegarde au cas où le lien viendrait à sauter.

Merci à Serge pour ce lien qu’il nous a fait parvenir.

Le ton commence à changer…

Lu sur la Gazette Drouot en ligne le 6 avril, un article nommé « monnaies gauloises et morilles », le
journaliste se pose franchement la question du bien- fondé de la loi française actuelle sur les détecteurs de métaux en regards des nombreuses et magnifiques découvertes en Angleterre et dans d’autres pays. Garcia se retrouve à défendre et justifier sa loi au lieu de vilipender les UDM… pour lire l’article en entier : mot clés : gazette drouot, monnaies gauloises et morilles.

Une si belle stèle…

Une si belle stèle… par J-G Duflot, juin 2022

En 2011, de nombreuses émeutes , révoltes et changements de régime secouent le monde arabe et des musées sont pillés .

Un sarcophage au placage d’or , du grand prêtre Nedjemankh , disparaît parmi d’autres objets.Il est vendu au Metropolitan Museum de New-York en 2017 pour la modique somme de 3,5 millions d’euros ( il paraît légitime de se demander à quoi servent les experts du “Met” ) puis doit être restitué à l’Egypte avec des excuses…

Dans cette affaire , un marchand ayant pignon sur rue , mais bien connu d’Interpol, Roben Dib , apparaît comme l’un des intermédiaires. Il travaille avec des antiquaires californiens , les frères Simonian .

Ce réseau cosmopolite a également fait de belles affaires sur le dos du contribuable français puisque le Louvre d’Abu Dhabi s’est fendu de 50 millions € pour 5 objets dont une stèle représentant le célèbre Toutankhamon.en 2016.

D’ailleurs le directeur du Louvre ( de 2013 à 2021 ) lui-même vient d’être mis sous contrôle judiciaire , soupçonné d’avoir contribué à blanchir ces antiquités illégalement parvenues jusque dans les collections du musée qu’il gérait . Il a été entendu pendant trois jours par les enquêteurs et le siège de l’Agence France Musées ( laquelle gère Abu Dhabi Louvre ) a été perquisitionnée par les policiers français. Nous sommes au mois de mai de cette année 2022 donc l’affaire est à suivre.

Pour demeurer avec notre sympathique trio et leurs éventuels complices institutionnels il convient d’évoquer une autre stèle , celle de Pa-Di-Séna du VII ème siècle avant notre ère, elle apparaît lors d’une vente aux enchères de la société Pierre Bergé en 2016 mais la justice du comté de New-York l’avait repérée dès 2012 dans les e-mails du trio d’enfer cité plus haut et elle est saisie en 2019 .

C’est avec le sarcophage de Nedjemankh que l’enquête incidente sur la stèle de Pa-Di-Séna a commencé. Un expert et son compagnon qui avaient garanti l’objet pour la maison d’enchères sont brièvement emprisonnés en 2020.

Bref tout cela n’est pas méchant en regard des sommes englouties , même si en cas de non-culpabilité ce serait trop . L’incompétence n’étant pas illégale , il faudrait que les procès aboutissent puisque le seul demeurer en prison , depuis mars 2022, est Roben Gael Dib , évoqué plus haut.

Le 8 juin 2022 , la Fondation Clooney pour la Justice a rendu un rapport sur le trafic d’antiquités , qu’elle assimile à un crime de guerre. Elle énumère quatre pays arabes déchirés : la Libye, la Syrie, L’irak et le Yémen . Dans ce dernier pays , 12 000 objets ont été volés au Dhamar Museum, dix fois plus au Musée National et , parce qu’il y a des amateurs de militaria partout dans le Monde, 16 000 au Musée Militaire de Sanaa…Parmi les illustrations du rapport , visible sur leur site web une photo-satellite des multiples trous de pilleurs autour du temple d’Hatra , en Irak, en 2015. Impressionnant!

Il faut dire que brader les trésors d’un pays en difficulté représente beaucoup de travail , les seuls à s’enrichir vraiment étant en bout de chaîne, ce sont les derniers vendeurs.

En effet du creuseur qui ne comprend rien à ce qu’il déterre , en passant par son « contremaître » , jusqu’au musée occidental ,la route est longue .

La stèle de Pa-Di-Séna , une fois déterrée d’on ne sait où en Egypte va attendre qu’un contrebandier vérifie son potentiel économique puis envoie la photo de l’objet à un marchand. Ensuite tout un panel de fausses déclarations seront nécessaires : de valeur, d’origine, de description, de destinataire sinon l’on peut se passer de documents et insérer l’objet dans un lot de provenance légale voire carrément le débiter en morceaux qui seront réassemblés plus tard.Desartisans consciencieux travaillent pour les marchands , Dib a fait nettoyer de sa terre puis recoller la stèle de Pa-Di-Séna qu’il avait achetée sur photo, esquintée.

L’éventuelle condamnation du troupeau de vautours mis en cause dans ce trafic d’antiquités égyptiennes fait partie des risques du métier et certains gagnent même en réputation auprès de leur clientèle  » si c’est pillé, c’est que c’est du bon » comme le constate , en une formule, un enquêteur new-yorkais…

Sources: « Martinez accused in Tutankhamon stela trafficking case » in Archaeology Newsroom , 2022; « Unpacking what as been made public » de L. Albertson, 2020.

Défendons notre loisir

Vu sur M6 un mini reportage commandité par l’Happah datant du 18 juillet 2022

On y voit une chasse aux jetons interrompues par les gendarmes commandités par un conservateur local qui a tellement honte de lui (ou peur, allez savoir !) qu’il refuse de répondre aux questions du journaliste et à celles de l’organisateur et a demandé à ce que son visage soit flouté sur le reportage.
C’est vous dire comment le mec il assume. Il serait bien de prendre contact avec l’organisateur qui doit savoir comment s’appelle ce conservateur et de l’interpeller via les commentaires sur la page Facebook de ce reportage M6… Je suis sûr qu’il apprécierait et ses collègues aussi.
Le reportage rebondit sur un interview de Desforges le président de l’Happah, là, bien sûr rien de nouveau ! Même son de cloches depuis des années. Mais étudions le contexte de ce reportage.
Desforges est dans un champ cultivé et ramasse des débris de poteries, le champ n’est pas classé site historique et il parle des pillages faits au détecteur sur ce site. Ok le paysage est posé et voici ce que nous devons tous rétorquer en commentaires sur les réseaux sociaux et vous pouvez vous inspirer de ce texte en citant la source.

1 : Il n’y a plus de couches archéologiques et les archéologues enlèvent aux bulldozers cette strate remuée par les engins agricoles pour travailler dessous sans se préoccuper de ce qu’il pourrait y avoir dans la couche enlevée. Nos détecteurs, dans 99,99 % des cas ne vont pas au-delà de la couche travaillée par l’agriculteur donc nous n’interférons jamais avec l’intérêt des archéologues quand nous prospectons un terrain agricole.

2 : Tous les objets archéologiques, petits et grands, incluant tous les métaux sans exceptions ou autres matières (verres, poterie, os, pierre) sont attaqués chaque année par les produits chimiques déversés par
les agriculteurs, oxydant de manière irrémédiable la plupart des métaux. Les engins agricoles ne sont pas en reste et déchiquètent petit à petit et à chaque passage un peu plus le moindre artefact dans le sol cultivé. Le prospecteur qui ôte une trouvaille de ce sol sauve cet objet d’une destruction irrémédiable.

3 : En Angleterre, l’archéologie officielle a commandité une étude scientifique pour analyser la vitesse de destruction des objets archéologiques dans les champs cultivés. Cette étude s’appelle : « les effets des labours sur les artefacts enfouis » par Julian D Richards et D. Haldenby. L’étude s’est faite sur une dizaine d’années et le résultat fut à ce point inquiétant que je vous cite un extrait de la conclusion : « De manière cruciale, les résultats montrent que le niveau de fragmentation des artefacts récupérés augmente avec le temps. Le labour est la cause principale de la dégradation complète des artefacts métalliques. Et donc la récupération par détection de métaux (bien que certains soient destructeurs) est préférable à l’alternative de ne rien faire… » Lien de l’étude anglaise : https://eprints.whiterose.ac.uk/42708/1/

4 : Pourquoi le petit soldat ignare et médiatique de M6 interroge Desforges sans interroger l’autre camp qui aurait pu faire valoir tous ces arguments recevables pour le téléspectateur ou le citoyen totalement étranger à ce débat spécifique ? Parce qu’on ne peut plus faire confiance ni à la télévision ni aux journaux mainstream qui ne font que rabâcher la parole officielle sans ouvrir de débat constructeur. On sait maintenant que les journalistes ne font plus qu’annoncer les dépêches officielles de l’AFP sans avoir les moyens de développer une analyse constructrice et contradictoire du sujet. Alors, à la lecture de cet article, cher Monsieur le citoyen lambda, quand vous verrez un prospecteur dans un champ, au lieu de penser que c’est interdit comme on essaye de vous le faire croire, dites-vous qu’il participe au sauvetage du patrimoine commun et félicitez-le…

Gilles Cavaillé
rédacteur de la revue Monnaies&Détections

ps


PS : pour ceux qui veulent récupérer ce texte et le publier systématiquement sur les réseaux sociaux dans un autre cas de figure que ce reportage de M6, faites un copier coller et mentionnez la source: https://www.monnaiesdetections.com/

detecteurs de métaux, numismatique, défense du loisir de la detection

courrier des lecteurs 107

Objet : Magazine N° 105 avril-mai 2019 / article « Appel à tous les prospecteurs de France ! » Bonjour, Suite à votre article nommé en objet, je ne peux que bondir sur ma chaise en lisant que vous demandez aux UDM de se mettre hors la loi ! Pourquoi ne pas publier des choses pouvant faire réellement évoluer notre loisir plutôt que donner de l’eau au moulin de nos détracteurs ? Il faut sensibiliser nos amis UDM au respect des lois qui encadrent notre loisir, càd : – ne détecter qu’avec autorisation – ne pas détecter sur zone classée / archéo – DECLARER !!!!! en cas de découverte fortuite, les déclarations en ligne se font très bien, et n’envoient personne au tribunal si tout a été fait dans les règles !!!! Votre article n’est ni plus ni moins un encouragement pour la Drac et l’Happah à continuer leur combat contre les détectoristes qui cachent ce qui pourrait intéresser l’art, l’histoire, préhistoire ou l’archéologie !!! Si nous voulons vivre notre passion et la faire évoluer, il faut rayonner par l’exemple et montrer qu’on respecte les lois en vigueur, je ne comprends pas votre intérêt à publier des choses non déclarées qui vont nuire + qu’elles ne feront avancer notre loisir. Pour information les déclarations se font directement en ligne, pour ceux qui ne sauraient pas faire, des associations, qui elles luttent pour faire évoluer positivement notre image et notre loisir, existent un peu partout en France, ils peuvent se tourner vers nous, et on les aidera sans problème ! Les associations fédérées FNUDEM respectent le code de bonne conduite de l’Udm et DECLARENT pour ainsi montrer légalement leurs découvertes ! Aucun déclarant n’est au tribunal, aucun déclarant n’est en prison et pourtant certains en sont à + de 300 déclarations en deux ans. Quelle est la finalité de votre démarche concrètement ? Je ne comprends pas comment l’augmentation des expositions des choses non déclarées pourrait faire évoluer les choses dans le bon sens… Dans l’espoir de voir un jour notre passion évoluer, je compte sur votre coopération pour penser à rappeler à vos lecteurs l’importance de déclarer. En espérant voir mon courrier publié dans votre magazine pour ouvrir la voie à vos lecteurs avec un autre avis. Veuillez agréer mes salutations distinguées.

Cordialement Florian, président de Saint Antoine Détection

Réponse de la rédaction

Saint Antoine Détection,

Merci pour votre courrier, le moins que l’on puisse dire c’est que nous ne partageons pas le même point de vue. Nous sommes entièrement d’accord avec vous pour sensibiliser les prospecteurs à ne détecter qu’avec l’autorisation du propriétaire et d’éviter les zones classées. Déclarer ? À vous lire, tout se passe dans le meilleur des mondes à déclarer un potin fatigué ou une boucle du XVIIIe ? Tant mieux, mais cela n’intéresse pas réellement les archéologues. (Quand on a déclaré la patère de Najac, même si au final nous étions dans notre droit, et que les archéologues durent faire marche arrière piteusement vous n’avez pas lu les médias qui parlaient de pillages archéologiques et destruction du patrimoine ? Le mal était fait !). La loi de 2016 est très claire, tout objet découvert fortuitement est présumé appartenir à l’Etat. Alors arrêtons les jérémiades et les béni oui oui dans le genre de votre courrier juste pour vous faire de la pub gratuitement !… Dans une époque où respirer est la seule action non taxée par un gouvernement avide, chaque prospecteur qui trouverait un ensemble ou unique artefact ayant de la valeur sera tenté de le garder pour lui ne serait-ce que pour survivre, comme diraient les gilets jaunes, puisqu’il n’aura droit à rien ! Et la carotte, c’est l’essence même de l’humanité… Et quand bien même l’objet serait unique et invendable, il y a de fortes chances qu’il soit fondu pour éviter les problèmes et le métal vendu. Et c’est contre cela que nous luttons, car c’est irrémédiable et c’est déjà ce qui se passe ! Je vous cite un des paragraphes de la nouvelle loi de 2016 : « II. – Dans un délai de cinq ans à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement conduit une évaluation des conséquences de la reconnaissance de l’appartenance à l’Etat des biens archéologiques mobiliers, découverts fortuitement et ayant un intérêt scientifique justifiant leur conservation ainsi que sur le nombre de biens découverts fortuitement et déclarés à l’Etat. Cette évaluation est rendue publique, au plus tard, un an après son début. » Ce paragraphe ouvre une voie : celui de revenir en arrière. Nous n’avons pas trouvé d’annonce publique de cette première évaluation mais selon nos sources, le premier bilan de déclaration depuis cette loi, inquiète les autorités, la chute est vertigineuse. Nous même le ressentons, moins d’envois de trouvailles au détecteur, les gens se cachent et ne montrent plus. Comparez la rubrique trouvaille des derniers numéros et ceux d’il y a une quinzaine de années, les monnaies gauloises ont quasiment disparu ! Alors si vous aviez lu notre article en entier, vous sauriez qu’il s’agit de prouver, par un électrochoc, ce qui se passe réellement en France, pays extrêmement riche de son passé. Le Treasure act a dépassé depuis longtemps le million d’objets classés au patrimoine, la Belgique s’ouvre enfin comme les pays du nord. Alors vous ne pouvez pas mettre en valeur les centaines de déclarations de dés à coudre et de bronzes du IVe siècle en comparaison de ce qui se fait ailleurs. Notre patrimoine archéologique est en destruction actuellement, ET CE N’EST PAS A METTRE UNIQUEMENT SUR LE COMPTE DES PROSPECTEURS IRRESPECTUEUX ! Il s’agit d’un rapport de force pour que le ministère de la Culture fasse marche arrière, et dans ces temps houleux c’est une manœuvre courante chez nos gouvernants. Oui, quand une loi est contraire au bien commun il est de notre devoir de citoyen de la déclarer irrecevable.

Je persiste et signe

Gilles Cavaillé

Ave Res Nullius, inventori te salutant !*

Et non, RES NULLIUS n’est pas un empereur aussi connu que le célèbre Abribus… 

C’est une expression latine utilisée en droit civil qui désigne une chose sans maître, c’est-à-dire qui n’a pas de propriétaire mais qui est néanmoins appropriable. C’est justement parce que cette chose n’a pas de maître que le premier qui s’en empare en devient propriétaire. Cette chose doit être un bien meuble, c’est à dire un objet que l’on peut déplacer, et qui n’est pas solidaire d’un immeuble. Point important à préciser un objet ou une chose qualifiée de Res Nullius ne doit pas avoir ou jamais avoir eu de propriétaire… C’est exactement le cas de la météorite de Mont-Dieu, Ardennes (voir M&D n°76). Pourtant, un objet trouvé doit obligatoirement avoir un propriétaire non ?

La réponse se trouve dans notre bon droit Français. Celui-ci comporte une définition particulière à propos de ces choses dont le propriétaire s’est volontairement débarrassé : c’est ce que l’on appelle un RES DELICTAE. Cette expression latine, désigne les choses abandonnées par le premier occupant ou possesseur, c’est-à-dire celles qui ont été laissées de côté par leur propriétaire abandonnant ainsi tout droit dessus. Et c’est bel et bien par un acte volontaire d’abandon sur la chose par son propriétaire, qu’elle se distingue du Res Nullius. Un bon exemple de Res Delictae concerne les choses que vous pouvez trouver dans les encombrants, c’est à dire celles déposées sur le trottoir. Par contraste, des choses perdues peuvent concerner des biens meubles égarés par leur propriétaire : mais celui-ci maintient donc son droit dessus bien qu’il en ait perdu la possession. Donc, lorsque vous perdez quelque chose, juridiquement, vous n’en n’êtes pas dépossédé, vous en êtes toujours propriétaire. L’article 717 du Code civil nous en donne la définition : “chose perdue dont le maître ne se représente pas”  …

La suite dans Monnaies & Détections n° 77

*Bonjour Res Nullius, les inventeurs te saluent !