Le cimetière des forbans. © Gilles Kerlorc’h
L’île jardin
Sainte-Marie présente une forme toute en longueur, effilée comme une dague – un peu plus de soixante kilomètres de long sur cinq de large – Sainte-Marie est une île singulière de l’océan Indien. L’île baigne à quelques encablures au nord-ouest de sa grande sœur, Madagascar. Ses eaux chaudes offrent un lieu idéal de rencontre et de reproduction des baleines. On la nomme à juste titre « île jardin », un petit paradis tropical qui offre au regard du visiteur une débauche de couleurs, une luxuriance végétale inégalée. De nombreuses espèces d’orchidées embaument les pistes, dont la somptueuse et rarissime « Reine de Madagascar », aux teintes mauves et rouges. La quasi-totalité de l’île est recouverte d’une forêt primaire exubérante : fougères, arbres et racines entremêlées. Dans les frondaisons, avec un peu d’attention (et beaucoup de silence), on peut observer plusieurs espèces de lémuriens, dont le grand lémur vari, au pelage ivoire et ébène. Il n’est pas vraiment farouche et vous approchera sans crainte lors de vos randonnées forestières. En longeant les rives sud-est de Sainte-Marie, vous aurez peut-être la chance de tomber sur un lieu insolite : d’antiques et mystérieuses pierres tombales, la plupart dévorées par la végétation. Ce sont les tombes des derniers flibustiers de l’océan Indien qui cachèrent peut-être à proximité de leur dernier séjour, le fruit fabuleux de leur rapine.
Les premiers visiteurs occidentaux
Le nom de Sainte-Marie fut donné à l’île en 1506 par des navigateurs portugais qui échappant à un naufrage trouvèrent refuge sur ses rives, le jour de l’Assomption. Les populations malgaches nomment cette langue de terre, Nosy Boraha. Depuis le naufrage portugais, l’île connut siècles après siècles la visite d’une faune bigarrée de coureurs des mers. Madagascar devint également pour les flibustiers un lieu d’asile. Au XVIIIe siècle, Nosy Baroha obtient le statut de petit royaume, gouverné par un certain Ratsimilaho, descendant d’un pirate anglais et d’une fille de chef malgache. Puis l’île est cédée à la France en 1750, dans un climat de violences. Bien des années plus tard, l’Angleterre s’approprie le territoire en 1811 – puis la France à nouveau en 1818, lequel est enfin rattaché à Madagascar en 1896…
La suite dans Monnaies & Détections n° 75