24 janvier 1971, Rogelio Roxas, transpire à grosses gouttes, il a eu beaucoup de mal à descendre dans ce tunnel, il lui a fallu sept mois pour en trouver l’entrée, enfin il touche au but. Sa torche éclaire faiblement des boîtes alignées le long du tunnel sur une hauteur de un à deux mètres, elles sont petites, mais très lourdes, Rogelio pense qu’il y en a des centaines, en réalité il y en a des milliers ! D’une seule main, il n’arrive même pas à en soulever une. Il a l’impression que son cœur va exploser tellement il cogne dans sa poitrine, il fait encore quelques mètres et croit avoir une vision, là, dans la pénombre du tunnel resté inviolé pendant 26 ans, un visage lui sourit !
Avant de savoir qui lui sourit, revenons un peu en arrière. Septembre 1940, les Japonais obtiennent du Gouvernement français, celui de Vichy, et alors que les Américains sont contre, l’autorisation d’installer une basse militaire en Indochine qui est encore une colonie française. Un an plus tard en septembre 1941, le prince Konoy, premier ministre du Japon favorable à la paix et à une entente avec les Américains est destitué, il est remplacé par le général Tojo qui est ouvertement pour la guerre, tout est désormais en place pour le pire…
7 décembre 1941, les Japonais attaquent, par surprise, la base américaine de Pearl-Harbour et les îles d’Hawaï et entrent ce jour-là de plain-pied dans la Seconde Guerre mondiale. Les destructions des bases d’Hawaï, de Pearl-Harbour et surtout de leurs porte-avions est un coup de maître, d’une stratégie à long terme : débarrassée de l’aviation américaine la progression des Japonais en Asie du sud-est, à l’image des nazis en Europe, va être foudroyante !
Tour à tour, ils s’emparent de Hong-Kong, de Singapour, de la Corée, ils chassent l’armée française d’Indochine et en prennent le contrôle, font tomber la Malaisie, la Birmanie, le Cambodge, les Indes orientales, le Laos et la Thaïlande. Après s’être emparés d’une partie de la Chine dont ils occupent déjà militairement la Mandchourie et la province de Nankin depuis 1937 et c’est le coup de grâce en avril 1942, repoussant à la mer le général Mac Arthur et capturant à l’occasion des centaines de soldats américains, les Japonais s’emparent des Philippines.
L’armée japonaise de l’Empire du soleil levant, arborant son drapeau de guerre “le soleil rouge à 16 rayons”, contrôle désormais toute l’Asie du sud-est.
Au cours de l’invasion des Philippines, le président philippin Manuel Quezón (1878-1944) se réfugie avec le général Mac Arthur sur l’île de Corregidor, située dans la Baie de Manille. Quezón y fait immerger à cette occasion par un croiseur de mine, 115 tonnes de pesos d’argent qui échapperont ainsi aux Japonais, mais les monnaies sans contenant furent éparpillées par les courants ! Il en reste sûrement au fond. Au même moment des milliers de pesos or, en pièces de 50, s’évanouissent dans la nature, ces monnaies sont revenues sur le marché (noir) de façon sporadique pendant des décennies. Un sous-marin US réussira à évacuer quelques tonnes d’or.
Ancienne colonie espagnole découverte par Magellan en 1521, les Philippines ont pour monnaie le peso philippin.
Bien qu’il ait sauvé une petite partie des avoirs de son pays, expédié aux États-Unis, le président Quezón n’aura pas l’occasion de le revoir, évacué par les Américains, il meurt à New York en août 1944, les Philippines étant toujours occupées par les Japonais.
Désormais alliés aux nazis, les Japonais vont appliquer des méthodes similaires concernant les matières premières et les richesses des pays occupés et ils vont mêmes être beaucoup plus méthodiques. La razzia peut commencer !
Et le terme de razzia, sur toute l’Asie du sud-est, est on ne peut plus adéquat, contrairement aux nazis qui vont attendre la déroute de 1944 pour lancer leurs opérations « Action Rhein Gold » (voir Monnaies & Détections N° 44 & 46), consistant à planquer et évacuer les trésors pillés en Europe. Les Japonais, eux, dès les premiers jours d’occupation en 1942 lancent l’opération, nom de code : Kin No Yuri, qui se traduit par : Lys d’or. … La suite dans Monnaies & Détections n° 84