MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Catégorie : Vécu

Cahiers de prospection, 2012 Epilogue

Suite des cahiers de prospection tenus après chaque sortie depuis 1993 par un fidèle abonné de la revue.

Alexandre

Lundi 16 avril 2012

Je me lève à 6h30 et je pars pour une ruine au-dessus d’Ax-les-Thermes. Il fait beau mais c’est tout mouillé. Heureusement j’ai pris les bottes. Je vais derrière les restes de murs, je laisse le sac dans les buis et je prospecte dans un grand endroit sans arbre avec une herbe très épaisse, sur un terreau noir avec d’énormes taupinières. (J’ai vu un isard sur la route avant d’arriver aux ruines). Il y a une plante bizarre comme une grosse tulipe qui pousse partout. A 9h30 je trouve ma première pièce : une belle médiévale en argent, totalement inconnue, en bon état. Toujours dans cet éboulis, je vais trouver un DTL, une obole en argent malheureusement avec un petit manque, un morceau de pièce, la moitié d’un denier de Toulouse, et une cartouche de 6 mm à broche, non tirée ! Mais aucun morceau de boucle. Il y a plein de trous de prospecteurs. Sous les buis par contre je ne trouve rien. Au moment où je remontais pour aller de l’autre côté je vois un gars et une fille sur le parking. Je vais donc faire plutôt le côté route en arrivant mais c’est plein de déchets. Je vais manger à la voiture puis je fais le soleilla dans les rochers mais là aussi c’est plein de papiers d’alu. Je trouve juste un DTL.

Jeudi 19 avril 2012

Je pars dans l’Ariège à 8 h malgré le temps maussade et couvert. A partir de Tarascon les montagnes plus loin sont carrément couvertes de neige. Je monte au village dont on voit la tour depuis la route nationale. Je me gare sur le petit parking à l’entrée. Deux employés municipaux viennent enlever les affiches des élections et mettre celles de Sarkosy et de Hollande. Je discute un moment avec eux de l’histoire du village. Je monte au château dont il ne reste que la tour, au sommet d’une grande butte. Il y a plein de poules en liberté sur la ruelle. La partie de la butte tournée vers le village est entretenue, l’herbe est coupée, mais de l’autre côté c’est plein de ronces, d’herbes hautes et d’orties, avec plusieurs passages… sur lesquels il y a des trous de prospection. Je descends de ce côté de façon à arriver sur le versant boisé qui est en face de la route, en contre-bas. Je commence à chercher et j’ai tout de suite des sons : je trouve d’abord une broche cassée avec des brillants, puis au-dessus une pièce d’un demifranc 1873 en argent. Toute la colline est coupée de murs de pierres non bâties qui ont retenu de petites terrasses très étroites, qui devaient être en jardins, certaines sont même entretenues en prairies. Je vais trouver uniquement du moderne, une bague en cuivre, un cloche de vache et deux DTL. Je m’aperçois que j’ai perdu le protège disque, mais je vais le retrouver un moment après. Il y a un vent terrible qui s’est levé, d’une force incroyable, il m’envoie des branches partout. Par contre il fait très bon. Je reviens dans les abords de la tour et je fais le pentu au raz des broussailles et du sommet : je vais trouver deux balles de golf, un décapsuleur, 10 centimes d’euro, un franc Pétain, une pièce trouée, et tout en bas contre un rocher une jolie contreplaque de boucle avec un X en émail bleu. Puis pendant que je remets le détecteur dans le sac une dame arrive avec deux enfants pour goûter au pied de la tour, nous parlons un peu de ce vent de fou et je m’en vais.

Samedi 21 avril 2012

Après une quinzaine de pluie et surtout de froid, je décide malgré la météo mauvaise de partir dans l’Aude. Départ 7h30. Je suis là-haut à 9h30. Il fait un peu froid, vent et nuages. L’herbe est bien rase et tassée, l’hiver a été rude. Les ruisseaux sont tous gonflés et coulent de partout. Je vais directement sur le site, et oh surprise ! en plein milieu d’une sente de sauvagine, même pas enterrée, une belle drachme cubiste qui m’attendait pour me souhaiter la bienvenue ! Il est à peine 10h30. Ronces, fougères, buis, commencent à envahir sérieusement l’endroit… Je cherche jusqu’au coin où j’avais dormi sous le grand sapin. Rien. En redescendant je trouve un moyen bronze celtibère et un gros clou de bronze (j’ai cru un instant que c’était un coin monétaire) puis je reviens au sac de l’autre côté du chemin et je trouve un autre bronze. Je monte sur la colline où je pense avoir trouvé un fond de cabane et je vais y sortir un potin et deux autres petits bronzes. Puis je vais faire la bande au-dessus du chemin et je trouve une épaisse bague en bronze. Passent alors dans le chemin forestier une bonne dizaine de cyclistes qui font du VTT. Ils me demandent si ça marche ! Je vais ensuite dans la bande de terre plane qui domine tout l’endroit et je vais y trouver encore 2 bronzes, toujours des Celtibères. Mais à 17 h la pluie arrive, j’ai juste le temps de revenir au sac, mettre le poncho, tout emballer et commencer à descendre. J’arrive à la voiture le pantalon complètement trempé. Je suis à la maison à 19h30.

Petit intermède sur cet endroit

Il y a donc, dans la forêt, aux confins de l’Aude et de l’Ariège, un minuscule plateau serti entre de petites buttes et dominé à gauche et à droite par de hautes falaises de roches. En 2003, invité un dimanche chez des amis qui avaient une résidence secondaire près de Luchon, j’entends leur voisin nous raconter que son père, maquisard, lui avait demandé de venir l’aider à déposer dans une grotte une caisse d’armes allemandes, un an ou deux après la fin de la dernière guerre… Il avait douze ou treize ans… Ils habitaient alors près de Chalabre, et quelques semaines après, son père a trouvé du travail à Toulouse et ils ont déménagé… Il n’a plus jamais entendu parler ni de la caisse ni de la grotte… Je me procure la carte IGN du secteur, je repère une grotte pas très loin d’une route, et en octobre 2003 je pars avec mon frère en exploration. Nous laissons la voiture sur une aire de débardage et nous montons en direction des falaises par un chemin de terre. Après avoir grimpé plusieurs raidillons nous traversons un petit plateau et je remarque depuis le chemin, sous les plantations de grands sapins, plusieurs tas de pierres, hauts d’un mètre environ. Je me dis en moi-même : « tiens, on dirait des cabanes gauloises écroulées » (on n’a pas idée d’avoir des idées pareilles !). Nous finissons par arriver à la grotte, beaucoup plus loin, en sachant très bien que ce n’est pas la bonne, vu la distance pour y parvenir, plus d’un kilomètre de chemin forestier non carrossable. Il n’y aura pas d’autre tentative pour trouver la vraie. Fin février 2004, pensant toujours à ces « pierriers », je décide d’y revenir en compagnie d’un Adventis, le premier détecteur de XP, Décembre – Janvier 2024 le génial fabricant toulousain. Il fait un froid de loup, et quand j’arrive sur le plateau, il reste quelques larges flaques de neige. Mais toutes les herbes et les fougères ont été tassées et écrasées, et dès que je lâche l’Adventis, il commence à chercher sous les sapins. Et voilà-t-il pas qu’il me sort une, deux, trois pièces en bronze, avec des têtes d’un côté et des cavaliers de l’autre, et des lettres bizarres, pas chrétiennes… Je n’en ai jamais trouvé de pareilles et je me demande bien ce que c’est… Je n’apprendrai que dans la semaine que ce sont des celtibères… Je décide de m’écarter du chemin et d’aller autour des tas de pierres, sur le plat. Il y a plein de noi noisetiers, et pour les éviter, je traverse une sorte de chemin creux parallèle au sentier actuel, très profond (peut-être l’ancien chemin, raviné, creusé par la traine des grumes) et j’arrive sur une zone à peu près propre, terre noire et petites roches, au pied d’une énorme souche de sapin. L’Adventis, qui avait continué à chercher sans rien trouver, se remet en chasse aussitôt. Ah, un son… presque en surface, un petit morceau d’argent, même pas rond, assez épais, plein de terre, mais c’est une drachme gauloise des Tectosages ! Mais ce coquin d’Adventis ne me laisse pas le temps de la nettoyer, il m’en trouve une autre, puis une autre, et une quatrième à quelques centimètres les unes des autres. Bon, là, ça suffit, j’ai compris, je lui dis d’arrêter, je pose le sac sur la souche de sapin. Il est à peine 10h30. La grosse souche est au bord de la pente très raide qui dévale sur le versant plein de grosses roches, aussi je guide l’Adventis, impatient, vers le haut à peu près plat. Et ça sonne de partout… à midi, j’ai ramassé deux bonnes dizaines de pièces, je les pose au fur et à mesure sur la souche de sapin. Toutes des drachmes des Volques Tectosages, noires et terreuses. Je casse la croûte vite fait et je reprends aussitôt pour finir le coin partout où je peux passer entre les pieds de ronces et de buis. J’en sors une dizaine de plus et vers 15 h je reprends le sac car la nuit tombe vite et je ne connais pas trop le chemin pour descendre. L’Adventis com commence à râler, il veut chercher encore (ce n’est pas lui qui porte le sac et qui creuse), je le fourre dans le sac à dos et on commence à descendre. A moitié pente, je fais partir un cerf magnifique. Il commence à faire sombre quand j’arrive à la voiture, cette dégringolade des pentes raides et boueuses, dans un silence total, loin de tout habitat, au milieu des pins immenses, sous un ciel bas et noir, a quelque chose de lugubre, malgré toutes les pièces qui cliquètent dans ma poche. J’arrive à la maison vers 19 h et je mets tout de suite les pièces à tremper pour les nettoyer. Cédant aux injonctions pressantes de l’Adventis (puis, après sa retraite, à celles de ses cousins, Gmaxx, Goldmax Power et Deus) je vais remonter là-haut de 2004 à 2021 des dizaines et des dizaines de fois, passant sur place plusieurs fois une ou deux nuits à la belle étoile. Je vais trouver plusieurs centaines de drachmes volques des Tectosages, quelques-unes des Arécomiques (« têtes de nègres » et des Bouclés du Caussé. Mais aussi des balles de frondes, des pièces celtibères, des bagues, des anneaux, des rouelles de bronze, un poignard de fer, des DTL, quelques petits bronzes romains, un briquet de cuivre à capuchon, mèche de coton et réservoir d’essence (sans plomb ou diésel ?), une tige de bronze, plate, décorée et travaillée aux deux bouts, sûrement un instrument de soins corporels. Des jours et des jours de balayages, de marches incessantes pour élargir toujours plus le périmètre de recherche. Au bout d’un an je cesse de passer par le chemin forestier, trop long, pour monter tout droit par les ornières creusées par les troncs de sapins descendus tirés par des chaines dont je vais trouver plusieurs morceaux avec de gros anneaux de fer. C’est presque de l’escalade, il faut souvent se tenir aux branches, de petits ruisseaux descendent partout, mais je suis en haut en une demi-heure au lieu de plus du double par le chemin.

Epilogue :

En janvier-février 2023 je commence à avoir quelques problèmes de santé : difficultés à marcher (les talons « tapent » quand je marche) problèmes respiratoires… Mon toubib me fait passer plein d’examens (scanner, radios, IRM, prises de sang, etc…). On ne trouve rien. Ce n’est qu’au bout d’un an, en janvier 2024, qu’on me dit à l’hôpital que j’ai la maladie de Charcot : pas de traitement, pas de guérison, vous allez finir sur un fauteuil roulant… Aussi le vendredi 14 juin 2024 après avoir moult réfléchi vu mon état, je décide d’amener mon alter ego de détection, le grand Domi en l’occurrence, pour lui révéler ce site avant qu’il ne soit trop tard… Je suis fermement décidé à le lui faire connaitre pour qu’il prenne le relais puisque je ne pourrai plus y aller… Je suis sûr qu’avec ses qualités de « détecto détectoriste hors pair », il trouvera même où je suis déjà passé et repassé… Je l’ai bien vu plusieurs fois sur ce champ qui a été ensemencé il y a 2500 ans en minuscules oboles de Marseille, faute de lentilles. Nous y allons régulièrement tous les deux, car la graine ne s’est pas perdue et quelques-unes repoussent. Et souvent je ne trouve rien, alors que Domi à quelques mètres derrière sur mes traces, réussit à en sortir de belles… Et n’a-t-il pas trouvé plusieurs monnaies à la croix des Volques sur un labour sans la moindre trace de galets, ni de briques ni de poteries ? Je le conduis au pied de l’endroit, je me gare à l’endroit habituel, nous prenons les sacs et nous commençons à monter. Il est dix heures du matin. Je marche très lentement en m’aidant de deux bâtons. De la route au départ du sentier, il y a deux ou trois cents mètres de chemin carrossable, j’arrive à avancer, quoiqu’en m’arrêtant souvent pour reprendre souffle. Mais quand nous attaquons le sentier, très raide, traversé par plusieurs petits ruisseaux, plein d’herbes, tapissé de traces de sauvagine, je suis obligé de m’arrêter tous les dix mètres. Je sais tout le chemin qui reste à gravir et je commence à me demander si je vais pouvoir arriver au bout. Mais Domi est très patient, il ne dit rien, s’arrête avec moi, m’encourage même à m’arrêter et à me reposer. Nous finissons par arriver à la première route forestière, puis la seconde un peu plus haut, et nous attaquons la dernière pente, la plus raide. Je dois souvent m’accrocher aux branches des sapins pour ne pas tomber. Je suis tellement épuisé que je ne reconnais que tardivement les derniers lacets du sentier et je dois envoyer Domi en exploration. Dix mètres par dix mètres, nous finissons par arriver sur le plateau. Il est plus de midi : nous avons mis plus de 2 heures pour monter, alors qu’avant il me fallait à peine une demi-heure. Nous posons les sacs sur une souche et nous cas cassons la croûte. Vers 13 h nous montons les Deus et j’amène péniblement Domi sur quelques endroits intéressants. Je suis déçu de constater que depuis mes dernières venues en 2021, la végétation a tout envahi. Epuisé, incapable de détecter, je laisse Domi chercher tout seul et je retourne aux sacs en lui demandant de me rejoindre vers 14h30-15 h. Je me repose et effectivement à 14h30 il revient (pas de trouvaille), nous remballons les Deus et nous commençons à descendre… Et c’est tout de suite l’horreur… Habitué des randonnées en altitude, Domi m’avait bien dit que la descente était souvent plus pénible que la montée, mais je ne m’attendais pas à un tel calvaire. Dans cette pente raide, encombrée de roches qui roulent sous le pied, de racines, de grosses branches mortes qu’il faut enjamber, ce n’est plus tous les dix mètres que je dois m’arrêter, mais tous les deux ou trois mètres. Chères lectrices, chers lecteurs de Monnaies, Cet article est le dernier… la maladie, de plus en plus invalidante, m’oblige à arrêter de raconter toutes mes sorties… ce que je faisais depuis plus de vingt ans… je ne vous ennuierai plus avec mes aventures ! Je vous souhaite à toutes et à tous de faire de belles trouvailles, de découvrir des sites prometteurs, de vous éclater en déterrant une belle monnaie ou quelque artefact ancien ! Je souhaite surtout que les stupides lois françaises ostracisant la Détection soient remplacées par une coopération Archéologues-Prospecteurs, comme en Angleterre, pour le plus grand bien de l’Archéologie… Je termine par un petit sonnet bien connu dans lequel vous vous reconnaitrez ! Ma jambe droite ne m’obéit plus, elle se plie en arrière et je m’assois dessus en tombant plusieurs fois. Pas moyen de me relever, Domi est obligé de me remettre debout… Il essaie de m’aider à marcher sans tomber en me tenant par le sac à dos ou la ceinture mais en pure perte. Il commence à me dire que je n’arriverai pas en bas et qu’il va aller chercher du secours… Après plusieurs arrêts et plein de chutes, nous finissons par parvenir à la première route forestière, puis la seconde. Mais là, je n’en peux plus, je ne me vois pas descendre la partie la plus longue et la plus raide… je ne peux plus avancer… Domi est d’accord : il laisse son sac, qui pèse une tonne, je lui donne la clé de ma voiture, il va descendre rapidement et aller au village se faire ouvrir la route forestière et venir me chercher… Je lui demande en cas de problème de prévenir les pompiers… Il est 15h30, il me dit qu’il sera là dans une heure… Dès qu’il est parti je me couche sur le bord du fossé et j’attends Réussira-t-il à trouver quelqu’un, à dire où je suis, à retrouver l’endroit ? Et à peine trois quarts d’heure après, je vois arriver ma voiture par la gauche de la route forestière… Elle s’arrête à ma hauteur, Domi et son passager descendent et viennent m’aider à me relever et à m’installer sur le siège arrière, Domi charge les sacs et va faire demi-tour un peu plus haut… Et en roulant sur les 5 ou 6 km de route forestière pleine de cahots, il me raconte que sans le sac il a pu redescendre très vite, prendre la voiture, aller au hameau où il n’a vu personne, mais qu’en passant il a vu derrière un portail un coffre de voiture ouvert et qu’il a sonné… Il est tombé sur le bon samaritain : le gars lui a proposé de venir avec lui pour lui montrer le départ de la route forestière (non fermée mais réservée à l’ONF ou aux ayants droits). Je me voyais déjà passer la nuit au bord du fossé en faisant partir sangliers et renards à coups de piochons… Merci Domi !

Nous rejoignons la route nationale, nous rame-nons le gars chez lui en lui adressant force remerciements, et nous rentrons. Nous sommes à la maison vers 18h30…

Chères lectrices, chers lecteurs de Monnaies, Cet article est le dernier…

la maladie, de plus en plus invalidante, m’oblige à arrêter de raconter toutes mes sorties… ce que je faisais depuis plus de vingt ans… je ne vous ennuierai plus avec mes aventures ! Je vous souhaite à toutes et à tous de faire de belles trouvailles, de découvrir des sites prometteurs, de vous éclater en déterrant une belle monnaie ou quelque artefact ancien ! Je souhaite surtout que les stupides lois françaises ostracisant la Détection soient remplacées par une coopération Archéologues-Prospecteurs, comme en Angleterre, pour le plus grand bien de l’Archéologie… Je termine par un petit sonnet bien connu dans lequel vous vous reconnaitrez !

Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne

Je détecterai, écu, je sais que tu m’attends

j’irai par la forêt, j’irai par la montagne

Je ne puis demeurer sans chercher plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mon Deus

Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit

Crevé, fourbu, les bras cassés, pas d’aureus

Le jour sera pour moi trop court jusqu’à la nuit.

Je ne regarderai ni l’écran du portable

Ni les traces de bêtes en piétinant les fleurs

Et quand je rentrerai je mettrai sur la table

Un paquet de trouvailles et d’heures de bonheur.

Vive la Prospection !

Longue vie à Monnaies et Détections !

Jacques C

La plage aux bagues

En attendant que la marée descende, je décide de détecter un peu sur le sable sec du haut
de plage. C’est le mois d’octobre, les monnaies ont déjà été ratissées par de nombreuses
autres personnes mais le hasard des parcours et le travail des vagues font qu’on retrouve
toujours quelques objets sympas. Effectivement, je ne trouve que des pièces en francs,
ce qui est plutôt une bonne nouvelle car cela veut dire que les couches de sable ont été
remuées par la mer.

Tiens, voilà un autre prospecteur qui vient à ma rencontre : c’est Marco que je n’avais jamais ren- contré, mais nous fréquentons le même forum. La discussion s’engage sur notre loisir, le matériel, nos trouvailles de plage, de terre et de vacances… Nous décidons de continuer notre sortie ensemble et nous voilà partis à l’assaut de l’estran qui s’agrandit de minute en minute. Nous sommes confiants car depuis quelques jours il y a du gros temps avec du vent et les vagues sont fortes. Nous balayons encore et encore mais plus le temps passe et plus nous désespérons car très peu de sons s’offrent à nous et ce ne sont que des déchets. Au bout d’une heure de recherche presque vaine, Marco me dit : « On va aller au bout de ce rocher qui découvre là-bas, car j’y trouve souvent des bagues en argent. » Je trouve l’offre enthou- siasmante et j’apprécie ce partage de la connaissance qu’il a de la plage ; nous nous y dirigeons. Rien à faire, aujourd’hui pas de bijoux à mettre dans notre poche, tout juste quelques pièces, des morceaux d’accastillage de voile, et des plombs de pêche récents. Marco étend le bras et me dit ensuite : « Cet espace sous la maison rouge, c’est souvent très bon. » Nous balayons, ratissons, marchons, mais toujours rien. Bon, maintenant que la mer remonte et que je commence à en avoir assez de cette plage, je prends congé de Marco en le remerciant pour cette sortie commune. Je lui indique que je suis stationné juste à l’aplomb de notre position actuelle et je remonte tout droit vers ma voiture en continuant à détecter quand même. A peine trente mètres de parcourus qu’un bon son bien rond me remplit le casque. Je me retourne et je vois mon copain s’immobiliser et me regarder. Un coup de pelle et je sors une belle alliance bien épaisse. Aus- sitôt Marco vient me rejoindre et nous discutons à propos de cette zone favorable. Nous sommes remotivés par cette trouvaille et nous voilà repartis à détecter de plus belle. Il ne m’aura fallu que dix mètres et quelques minutes pour qu’un nouveau son me cloue sur place. Marco devine ce qui arrive et avant que je creuse, il me dit : « Mais non, c’est pas possible ! » Deux coups de pelle, je fouille le tas et je mets au jour une magnifique chevalière avec des armoiries. Nous sommes tous les deux sous le coup de l’émotion de ces deux bagues successives et nous sommes bien conscients de l’étrangeté de la situation. Nous profitons du temps que la marée montante nous laisse pour quadriller le secteur mais nous ne trouvons rien de plus. Avant de se quitter Marco me dit : « Quand une plage t’offre ce genre de cadeau, tu reviens sans arrêt sur le spot. » Par la suite, j’ai appris que Marco est revenu le lendemain et a ratissé méthodiquement l’endroit sans trouver de bijoux. Personnellement je suis souvent revenu sur cette plage dans mois et les années suivantes et j’ai sorti d’autres anneaux dorés, d’ailleurs je l’ai nom- mée la plage aux bagues !

Nicolas Gueret



Recyclage de vos déchets découverts

« Cela fait de nombreuses années que je prospecte. Et pourtant, il y a peu de mois que j’ai décidé de recycler chez le ferrailleur toutes les trouvailles en fer (et souvent de grandes tailles) que j’ai déterrées ou simplement trouvées à l’œil nu dans nos campagnes.

Je me suis installé il y a quelques années dans un coin paumé loin des grandes villes. Si je veux du pain, j’ai six bornes à faire, si je veux un produit qui n’est pas de consommation courante, c’est quarante kilomètres minimum. Temu et Amazon ont encore de beaux jours devant eux… Ça c’est pour le côté contrainte, mais quel bonheur pour le reste ! Je peux sortir à pied de chez moi et me mettre à détecter. Équipé de ma moto électrique trial, je passe partout et je découvre tout un pan de l’histoire locale rien qu’en observant autour de moi. Là où je vis, c’est très pauvre, une terre aride et rocailleuse qui n’a jamais eu l’honneur de plaire aux Gallo-Romains. Les habitations sont rares. Pour vous donner une idée, ma commune fait quatorze kilomètres carrés et possède 218 habitants, soit quinze habitants au kilomètre carré. Le village concentre la majeure partie et le reste est disséminé. La plupart des maisons établies hors village sont des résidences secondaires habitées temporairement par les Belges et les Hollandais. Les Anglais, quant à eux, s’installent plus durablement. Bref, je prospecte sereinement en pleine journée à la seule vue des chevreuils et des renards.

Du coup, les trouvailles ne sont pas franchement fantastiques, quelques sempiternels doubles tournois, petits objets et de la ferraille dans les champs : pièces agricoles et autres. Mon côté nature m’obligeait à ranger dans mon sac de détection toutes les ferrailles détectées et les jeter ensuite à la maison dans une poubelle spéciale. Dans le même temps, je tombais régulièrement sur des dépôts sauvages des années soixante et début soixante-dix. Ça me fait tout le temps raler de voir des cuisinières en fonte, de vieilles casseroles, d’anciennes canalisations en cuivre qui équipaient des maisons, jetées pêle-mêle dans le premier trou venu dans le bois. En cuivre ? Vérifions ! Eh oui, sous la couche de peinture, c’est du cuivre. Ben tiens, en rentrant à la maison, je regarderai le prix du cuivre. Cela fait quelques décennies qu’il est là, il ne va pas s’envoler… entre six et sept euros le kilo selon le type de cuivre. Il y en a bien six à sept kilos, je retournerai les chercher. Ça me paiera l’essence de ma moto électrique et les piles de mon Deus…

J’ai vidé ma poubelle de prospection, il y avait bien une soixantaine de kilos de ferrailles. C’est décidé, j’irai pour la première fois de ma vie chez un ferrailleur. Sans faire jouer la concurrence, je suis allé au plus près pour me renseigner et je suis tombé sur une femme charmante qui connaissait bien son truc. Elle m’a expliqué les conditions : fournir une pièce d’identité (la première fois uniquement), avoir trié les métaux que vous apportez par catégorie de métal. Si vous avez un doute, tout ce qui est aimantable, c’est bon pour la ferraille. Ensuite, c’est posé sur la balance, on note le poids et ça va dans le conteneur spécifique. Si vous avez un objet qui contient plusieurs métaux, ça part au poids de la ferraille. Je pensais qu’ils ne prendraient pas les objets en fer que j’ai détectés et qui sont archi-rouillés. En fait, cela ne leur pose aucun problème, tout va à la fonte. Elle m’a spécifié aussi qu’il n’y avait pas de minimum de poids requis pour faire la transaction, mais bon, il est inutile d’aller perdre son temps et le leur pour dix kilos de fer (+ ou – 1.6€). Attendez d’en avoir plus.

 Je suis donc retourné la bas et pour avoir un spectre large de gamme de métaux j’ai fouillé dans mon stock de trouvailles rangé au garage, j’ai sorti des douilles de balle en cuivre pour voir s’ils allaient les prendre, du plomb, (il m’arrive de détecter en plage ou rivière…) mais j’ai gardé mes balles napoléoniennes, de l’alu, mais le papier d’alu de détection va directement dans la poubelle. Cependant, j’avais ramené d’un dépôt ancien un gros tube en alu de vingt centimètres sur cinq mètres et du zinc provenant d’un autre. Enfin, elle m’avait précisé qu’ils ne reprenaient pas l’or et l’argent, ça tombe bien, je n’en ai pas !

 Au jour J je me présente au centre de récupération, j’avais bien retenu la leçon et préparé mon stock par catégorie de métal.  La dame a tiqué sur mes douilles de balles en cuivre, mais je l’ai rassuré en disant qu’il ne s’agit que des douilles tirées et qu’il n’y avait absolument pas de balles avec poudre dans le tas.  Pour les tuyaux en cuivre, elle passe tout simplement un aimant dessus, et si il y a la moindre accroche magnétique, elle élimine sans sourciller l’intrus,  c’est ainsi que de mes tuyaux, elle en a viré deux ! Pour mes plombs c’est passé crème, Pour l’aluminium pas de problème non plus, Je ne me souviens plus  par contre d’où elle a sorti mes trois kilos de laiton qui m’ont rapporté 10€. Je pensais avoir ramené 15 kilo de zinc, j’avais bien vu que c’était très légèrement aimantable mais pour moi ce n’était pas en fer mais le cerbère l’a reclassé en ferraille. Elle l’avait dit lors de ma prise de contact, si c’est aimantable, c’est bon pour la ferraille !  Quant aux moteurs électriques,  ce sont des gros condensateurs (grosses télé a iode et autres outils morts et jetés , mon piochon Eastwing s’amusait à faire sauter les rivets qui les retenait à la plaque en deux ou trois coups) que j’ai trouvé dans les mini décharges sauvages des années 60 et 70 dans les combes ou je passe à moto. Leur particularité c’est qu’elles sont invisibles à dix mètres de distances. Le paysan local sait ou jeter ses déchets sans que cela ne se voit !  Il connait le terrain.

 Pour la ferraille, je me suis dit que tant qu’à faire le déplacement, autant nettoyer autours de chez moi, je connaissais une cuisinière en fonte, trop lourde pour être ramenée en sac à dos et en moto. A coup de masse j’ai pété les plaques de fontes pour monter au total du poids de ferraille à 260 kg

Voici la facture que m’a fourni le centre de récupération, le montant de 124.30€ n’est pas mirobolant pour l’effort fourni. Mais j’ai la satisfaction de savoir que le chemin sud que j’emprunte pour partir en moto a travers bois est dégagé de la pollution visuelle que représentait cette gazinière. De plus, elle m’économise un forfait mensuel en salle de sport à utiliser des appareils de muscu sous tension électrique. Je préfère suer à nettoyer un coin de campagne qu’en salle de sport. C’est meilleur pour la planète !

Réflexion sur une bague

Nous sommes nombreux aux quatre coins de la France à avoir découvert une bague avec ce chaton
mystérieux. Pour moi c’était il y a une quinzaine d’année et depuis différentes lectures ont été
proposées sur les forums et magasines : « M pour Marie », fleur de lys, « V surmonté d’un cœur »,
symboles méro … Mais aucune de ces hypothèses ne m’a jamais convaincu … Pourquoi ces traits
pour accompagner ces différents symboles qui se suffisent à eux- mêmes ?
Je pense aujourd’hui qu’il s’agit d’une représentation stylisée d’un oiseau, les traits symbolisant le
déplacement dans l’air et/ou la vitesse en vol. Certains modèles portent des traits à 45° au niveau de
la « tête ».
L’oiseau en vol, un symbole très usité par les voyageurs, les messagers, les célibataires ou encore les
libertins.
Un rapace ? Aigle, faucon ou épervier sont comme vous le savez, des oiseaux appréciés pour leurs
qualités dès l’antiquité. Bague de légionnaire, de chevalier ou de fauconnier ?
Il est difficile de dater cette bague, je vote pour ma part pour la période XVI /XVIIIème mais le motif a
eu du succès à son époque car les trouvailles sont relativement nombreuses.
Les exemplaires que j’ai vu passer étaient tous en cuivre, si vous possédez un exemplaire en or ou en
argent, merci de nous les faire partager pour le plaisir des yeux tout d’abords mais aussi si vous
possédez des modèles avec une gravure plus fine et aboutie qui permettront peut- être d’affirmer
mes dires.
Au plaisir de vous lire,

Le coffre fort

Le coffre-fort

Je suis parti pour aller faire une sortie de détection que je qualifie d’habituelle. Lorsqu’il y a de grandes marées et que je ne travaille pas, j’aime bien me rendre sur cette plage sans trop chercher un spot particulier. En fait ce sont plus des sorties de détente et un bon prétexte pour prendre un grand bol d’air frais. C’est mon moment de loisir personnel quand tout le bricolage de la maison et les obligations familiales sont remplies.

Sur la côte que je fréquente, les heures de marée basse des grandes marées sont toujours l’après-midi, donc je déjeune de bonne heure et je pars aussitôt pour 40 minutes de route.

J’ai mes habitudes ; je me gare toujours à la même place et je descends d’abord voir le bord de mer avant de sortir le matériel. En ce début d’après-midi du mois de décembre, le vent fort de secteur Est me cisaille dès la sortie de la voiture, c’est glacial !  Je regarde le bord de mer et très vite je remarque une anomalie : juste à trente mètres de moi, dans le haut de plage, la mer à gratté une petite zone. Ce n’est pas très grand, environ cinquante mètres de long sur quatre mètres de large, mais assez profond. Il y a bien un mètre de profondeur et je vois des blocs de granit apparaitre ainsi que de la grosse ferraille. Je m’équipe très vite de bons vêtements chauds et de tout le matériel nécessaire, tout excité par la perspective d’aller fouiller cette zone.

Dès mon arrivée sur le site, je trouve des monnaies et je remonte le temps : euros, francs récents puis plus anciens et même des pièces de l’époque de Napoléon III. Très vite je trouve une chevalière en or avec des initiales gravées sur une plaque en or blanc. Après quelques bagues de pacotille, suivra une autre chevalière en or pouvant servir de sceau, avec les initiales gravées à l’envers. Je creuse et je creuse sans arrêt sans vraiment changer de place ; les plombs de pêche de tous les modèles qui ont pu exister me passent dans les mains, entrecoupés de bijoux et de pièces, c’est vraiment incroyable ! Arrive ensuite une alliance en or de 1914, puis des morceaux de jouets en plomb, un pendentif en argent et un crucifix en cuivre. Je trouve aussi un morceau de plomb plié en deux, qui enserre une pierre de silex : c’est le percuteur d’un fusil à silex. Le seul souci provient des gros morceaux de ferrailles présents et collés dans la tangue grise du fond de la fosse. Ils font « couper » mon détecteur et peuvent cacher de bonnes cibles. Je fais ce que je peux, je les contourne, je les arrache et je ne perds pas trop de temps car les journées sont les plus courtes à cette période de l’hiver. Les heures s’écoulent très vite sans que je me rende compte du froid car l’exercice physique me réchauffe. Lorsque la nuit noire et la marée montante m’obligent à arrêter, cela fait 5 heures que je creuse sans arrêt et je suis rincé.

A mon retour à la maison, je fais le compte de mes trouvailles : j’ai sorti 57 pièces de monnaie, 3 bagues en or, 3 bagues de pacotille, 2 pendentifs, des morceaux de jouets en plomb, 25 plombs de pêche très blanc, le plomb de fusil à silex et très peu de vrais déchets. Ce qui fait plus de 100 trous en 5 heures, donc une trouvaille sortie toute les 3 minutes. Bien que conscient de la rareté de la situation, je ne peux pas retourner sur le site avant 48 heures pour des raisons familiales et professionnelles. Dès mon retour sur place, deux jours plus tard, je constate une plage de

la suite de l’article dans la revue N°136: https://www.monnaiesdetections.com/?product=monnaies-detections-n136

Mes premiers pas dans la détection.

J’arrête de fumer. D’ailleurs j’arrête tout. De rêver, de faire des projets, de courir. En ce moment, je passe un sale moment. Parfois la vie nous joue de bien vilains tours. Au boulot, à la maison tout va de guingois, j’ai le moral au fond des chaussettes. Ma première résolution, arrêter de fumer. J’ai fumé jusqu’au dégout parfois, mangé comme un ourson et bu jusqu’à plus soif… Ça ressemble assez à une sorte de capitulation lente. Je dois me reprendre en main, me retrouver et me trouver une occupation. Une passion. Tout cet argent que j’économise en me tenant loin du « bourreau » de tabac doit me servir à me faire du bien, à me donner un but, à m’aider à faire quelque chose dans ma vie qui me fera oublier la douce et enivrante fumée du tabac et me donner un peu de bonheur. À deux paquets par jour, au bout de six mois (soit 60paquets par mois fois 6 égale 360 paquets) je vais me
faire un joli cadeau. Un voyage à l’étranger ? (J’ai peur en avion.) Un vélo pour me remettre au sport ? (Je
n’aime pas le vélo.) J’ai toujours rêvé de m’acheter une guitare électrique (mais j’ai la flemme d’apprendre).
Alors quoi ? Il y a bien des années, j’ai rencontré dans les Pyrénées un Espagnol qui se baladait tête baissée se déplaçant à petits pas avec un énorme casque sur les oreilles,concentré sur une drôle de machine à la main qu’il
balançait consciencieusement de droite et de gauche. Je m’approche et lui fais un signe amical. Il me salue à son tour et ôte le casque de ses oreilles. « Ola que tal hombré ? » Oui ça « tal » pas mal merci ! Je lui demande ce qu’il cherche dans ce coin paumé. « Yé cherche dé la monnaie mais yé trouve surtout des puta madré dé capsoul dé la coca cola ! » Autrement vous trouvez quand même quelques fois des jolies choses ? « Valé valé (balai balai). Si amigo quélqués fois, si, des monnaies antiguas ou médievales perro no menudo » (mais pas souvent, traduction approximative de l’auteur). Je sens bien qu’il n’a pas très envie de m’en dire plus mais je sens bien aussi qu’il aurait pu m’en dire bien d’avantage. Il remet son casque, rallume son détecteur et comme par miracle, ses quinquets aussi s’allument instantanément d’une lueur étonnante. Je le suis des yeux quelques minutes, mine de rien et je le vois s’arrêter, s’accroupir, creuser consciencieusement et sortir de terre une rondelle blanche qui de loin ressemble bien à une monnaie… Il se retourne, met l’objet dans sa pochette et me dit : « de nuevo una puta de capsoule dé la coca cola ! » Ah ouais d’accord… Je lui fais un petit hola (en gros, coucou en espagnol) et le laisse tranquillement à ses occupations. Un jour peut-être me dis-je passerai- je le pas et m’achèterai-je un appareil de détection. Ce jour est venu. Le bocal en verre que j’ai rempli depuis des mois est plein de monnaies et de petites coupures.J’ai retrouvé un souffle acceptable, une haleine moins lourde et un peu plus de vitalité. Finalement les bienfaits de la détection se faisaient déjà sentir en amont. En parcourant les pages jaunes, je découvre une boutique « Loisirs détections » sise Boulevard Carnot à Toulouse. Ça tombe bien, j’habite dans le Tarn mais la boîte où je travaille se trouve juste à proximité du magasin. En poussant cette porte, je ne me doutais pas à quel point cette démarche allait changer ma vie. En entrant dans l’échoppe j’avise derrière le comptoir un type frisé à l’oeil noir, taciturne, brun à lunettes pas très grand, trapu et pas très avenant. Ça parlait fort avant que j’arrive mais dès lors que je franchis la porte, les trois ou quatre « clients » m’observent d’un oeil pas franchement amical. Genre qui c’est celui-là ? Ils affichent des mines patibulaires (mais presque) : mâchoires carrées, cheveux très courts pour les uns et très longs pour un autre. Le genre de personnages qu’une jeune fille bien élevée et nubile n’aimerait pas rencontrer au détour d’une rue, la nuit du côté de la gare Matabiau. J’explique que je désirerais m’offrir un détecteur de métaux et Gilles, le patron, (puisque c’est ainsi que ses acolytes le nomment) m’invite à découvrir les différents appareils qui sont pendus au mur. Je me fais un peu oublier et la discussion reprend entre les clients. Bien entendu et comme si de rien n’était j’écoute les échanges. Dialogues dignes d’un film d’Audiard genre les tontons flingueurs : Y’en a ? Oui oui y’en a ! Tu as creusé profond ? Et c’était plutôt antique ou en toc ? Ou encore : Tu étais plutôt en discri ou en tous métaux ? Et c’était plutôt le champ du haut ou celui près de la rivière ? Hum ! Hum ! Ça c’est le Gilou (il y en a un qui l’appelle comme ça) et qui fait des onomatopées tout en regardant dans ma direction. Je me dis qu’apparemment c’est comme pour les champignons, moins on en dit et mieux on se porte. Bon, je vous ressers une bière demande le Gilou ? À l’unanimité, clairement, tout le monde a grand soif. De mon côté, j’ai une pépie qui me laisse la gorge brûlante et douloureuse mais à priori je ne fais pas encore partie du clan des détectoristes. (Je me rattraperai plus tard). Après les conseils éclairés deMonsieur Cavaillé, je choisis un Tesoro Silver sabre. Je passe à la caisse et un peu honteux je règle en espèce. La mine renfrognée du patron se transforme en un instant en une bonne bouille tout sourire. Et de me clamer. « En voilà au moins un qui ne me fait pas caguer avec sa carte bleue ! Pour la peine une pinte au jeune homme! » Voilà, l’aventure (la belle aventure) allait pouvoir commencer

suite au prochain numéro

Chasse aux météorites dans le département de l’Aude

Voici une histoire rocambolesque mais bien réelle qui m’est arrivée et que je vais vous conter.

Le début de cette histoire de chasse a commencé en 2015 : quand quelqu’un s’était inscrit sur un forum de météorites, et que j’ai répondu à sa bienvenue sur le forum. Il s’était rapproché de moi pour mes compétences dans le milieu de la détection. Au bout d’un an, après m’avoir emprunté mon matériel (qu’il s’est fait une joie de démonter sans me le dire avant, mais s’en est vanté après) et ayant pompé tout ce qu’il y avait à pomper comme connaissance il a décidé de reprendre sa liberté pour aller chasser cette météorite dans l’Aube sans moi. Au mois de juin 2023, je suis présent au salon des météorites à Ensisheim où je fais la connaissance de Daniel qui au bout de deux jours me fait la proposition d’aller chercher des météorites dans le département de l’Aube. Il m’apprend qu’il a déjà participé à une recherche en 2019 mais que le partage n’a pas été équitable, il connaît le coin où il faut chercher pour en trouver. Oui, pourquoi pas ! Après Ensisheim, je suis allé rendre une visite à une amie à Châteauvillain en Haute-Marne. Voyant que le lieu de la chasse n’était qu’à 120 km de là, je n’ai pas résisté à aller y faire un tour ! Sur place, j’ai appelé mon coéquipier et avec son concours je me suis rendu sur le lieu où il avait trouvé
des météorites et marqué un point GPS, enfin c’est ce que je croyais, car cela remontait déjà à 4 années et les souvenirs dans la tête et visuels sur le terrain peuvent être tout autre. Du coup, je suis reparti voir Daniel. Chez lui, j’ai récupéré des photos qu’il avait prises lors de sa recherche en
2019 et surtout plein de renseignements et d’autres photos sur Facebook ou sur les sites des découvreurs qui ont eu la générosité de poster pour se mettre en valeur avec les dates de leur découverte (ça m’a été très utile avec Google Earth). J’ai découvert par la même occasion les déconvenues de ses ex-coéquipiers ainsi que la rancœur qu’ils avaient tous les uns avec les autres. La chasse est programmée pour début août. Mais le temps n’est pas du tout au beau et mes véhicules tombent en panne en même temps ce qui repousse mon départ

J’arrive sur la zone le 14 août par le sud d’Origny-le- Sec, avec l’aide des photos publiées et récupérées sur internet. Je cherche des peupliers, arbres très rares sur le secteur. Je vais mettre du temps à les trouver, je ne suis pas du bon côté du village : c’est au nord qu’il me faut chercher ! Je vais réussir à avoir ma première autorisation d’un propriétaire : Mr D, c’est le petit-fils de la première météorite trouvée à Origny-le-Sec. Son terrain est situé au nord où je vais détecter avec mon grand cadre 2 m x 2 m, mais trop au nord pour apercevoir les peupliers. Par contre, je serai juste à côté d’un tout petit bois où je
ais pouvoir passer mes deux premières nuits dans ma voiture. Et quelles nuits… Alors que celle-ci est presque noire, je vais voir passer plusieurs fois des voitures tout feu éteint ??? La deuxième nuit, j’entends gratter comme un rongeur du côté de mon moteur. Du coup, je me lève, j’ouvre le capot, je fais du bruit, j’allume le moteur en espérant avoir fait fuir l’intrus ? Je me recouche et m’enferme dans la voiture (comme toutes les voitures d’aujourd’hui elles ne sont pas discrètes avec leurs feux clignotants à l’ouverture et à la fermeture des portes) et c’est là que j’entends une voiture débouler tous phares allumés et me braquer une lampe de forte puissance dans le pare- brise qui m’aveugle complètement.

La suite de l’histoire dans le numéro 133 de la revue Monnaies&Détections

Cahier de prospection 2010

Suite des cahiers de prospection tenus après chaque sortie depuis 1993
par un fidèle abonné de la revue. Alexandre

Jeudi 21 octobre 2010
De 11 h à 16 h je m’en vais à Dicies pour faire le champ tout le long du chemin de Bordeneuve, car hier en allant à Toulouse j’ai vu qu’il avait été travaillé, d’ailleurs de l’autre côté du chemin dans le champ du notaire il y avait un tracteur en train de herser les restes de tournesol. Je suis très déçu : juste deux liards de France très rognés et quantité de bouts de plomb. Vers midi Gilbert et Laurent amènent la moissonneuse et commencent à ramasser le maïs, Franck vient les rejoindre pour les aider. (Le soir vers 23 h quand je rentrerai de chez mon fils je verrai les phares de la machine qui continue à travailler dans la nuit, tant mieux, car c’est à l’emplacement du maïs justement qu’il y a le plus de trouvaille

Lundi 25 octobre 2010
Le matin, il pleut un peu. Roger va chercher Domi en début d’après-midi puis ils passent me prendre et nous partons à Rieumajou. Il s’est levé un grand vent, froid et violent, qui pousse les nuages gris. Je ne monte même pas sur le plateau, je vais directement dans l’angle du champ, côté ferme (juste un petit bronze, même pas un DTL) puis je remonte derrière la petite cabane de vigne en briques. À l’aplomb du mur du fond, à un mètre l’une de l’autre, deux pièces en argent : un Antoninien, puis un denier de la République. Malheureusement le soir à la maison en les nettoyant, je vais m’apercevoir que le
denier est fourré, et percé en plus ! Rien d’autre que ces deux pièces. Puis je rejoins Roger et Domi qui sont restés sur le plat. Ils n’ont rien trouvé , nous repartons à 18h

Mercredi 27 octobre 2010
Je pars à 7 h du matin pour la tour de Belfort dans les contreforts de la Montagne Noire. C’est dans le bas
de cette tour en ruine qu’il y avait la carcasse d’un chevreuil qu’un renard avait dû traîner jusque-là, la première fois où nous y sommes allés avec Domi. J’arrive vers 9 h 30. Il a gelé cette nuit, c’est la première fois. Tout est blanc. Mais la journée va être magnifique, soleil et ciel

la suite de l’article dans le numéro 133 de la revue Monnaies&Détections.

Cahiers de prospections 2010

Suite des cahiers de prospection tenus après chaque sortie depuis 1993
par un fidèle abonné de la revue. Alexandre

Vendredi 26 mars 2010
À 9 h je pars à Revel avec la Kangoo pour amener chez Al un canapé et un fauteuil puis vers 11 h je m’en vais à Belfort pour faire le vieux château après le village. Je me gare sur la place comme d’habitude, je discute de circuits de randonnées avec le jardinier municipal, il me dit que le vieux village était autour du château, sur la pente tournée vers le village actuel. Je commence à détecter vers midi. Je vais d’abord en haut à gauche dans la partie boisée, juste au raz des ruines : je trouve en faisant l’acrobate dans les buis et les églantiers, coup sur coup, d’abord un énorme anneau de cuivre, très large, comme un cerclage de chatière ou de petite ouverture dans une porte ou un mur, pour donner du jour, puis 3 belles boucles médiévales avec des restes de dorure. Mais après, plus rien pendant un bon moment. Vers 15 h je redes- cends et je vais faire le dessous du chemin qui passe en bas de la colline portant les ruines. Là je trouve une broche en cuivre doré, puis une jolie monnaie médiévale toulousaine en bel argent, un denier, en assez bon état, un bout de boucle tordue, et une grosse pièce très épaisse de Louis XVI, et quatre de ces doubles tournois lisses présents partout. Puis je vais faire l’endroit du vieux village, dans la pente côté village actuel, mais là je ne trouve qu’un anneau de cuivre et une petite croix de chapelet.
C’est trop pollué de ferrailles et déchets modernes. En plus c’est rempli de touffes de houx fragons,
impénétrables, on ne peut pas passer partout. Je repars vers 18 h.


Dimanche des Rameaux 28 mars 2010
Je vais à Saint Sernin dès le matin. On devait y aller avec Philou, mais il m’a téléphoné à 8 h il est crevé, il ne peut pas venir. Il fait assez beau, avec des passages nuageux. Il y a un gros 4 × 4 garé dans l’impasse devant la villa, il partira vers 11 h en faisant un bruit de moteur assourdissant. Je vais faire au moins une centaine de trous ! Heureusement, j’ai pris un petit bidon en plastique comme la dernière fois et je mets tout dedans en vrac, pièces, artefacts divers et variés, et surtout clous, rivets, boulons, fils de fer, bouts et papiers d’alu, morceaux de tuyaux d’irrigation, fers de bêtes, car c’est très pollué. Autant de moins à ramasser les prochaines fois. Je fais tout le haut du champ très soigneusement, je ne rentre même pas dîner, je mange un sandwich sur place et je repars crevé en fin d’après-midi. J’ai bien dépollué pour les prochaines fois, mais je suis plutôt déçu des trouvailles après tri et nettoyage : 2 pièces médiévales
en argent : un denier de Toulouse mais l’autre pièce, plus grosse, est toute lisse, un anneau, un gros morceau de plaque boucle wisigothe (bien en avant du socle en briques de la croix) un Napoléon III, un bon pour 50 centimes de 1923, 2 petits ardillons scutiformes (un qui est vraiment minuscule), une agrafe à double crochet (on dit que ce sont des agrafes de linceul ?), 2 plombs de sacs modernes, un double tournois lisse, une petite fleur en cuivre, et

la suite sur le magasine N°130



Australie, chasse aux météorites et pépites d’or.

Le 25 février 2015 me voici de nouveau en Australie, il est 2h30 du matin à l’aéroport de Perth, c’est la fin de l’été, la température est de 24 ou 25° c’est très agréable pour moi qui adore la chaleur.Je rejoins Patrick sur le parking de l’aéroport, il est venu m’attendre avec mon 4×4 c’est un Land Cruiser HJ60, le moteur est un six cylindres en ligne, c’est un véhicule lent mais costaud, sans électronique mis à part le découpleur automatique des deux batteries, une est pour le démarrage du moteur, l’autre ne sert que pour le chargement des batteries des détecteurs, des piles, des téléphones, ordinateurs, GPS… Il me reste à faire quelques aménagements sur le 4×4 avant de partir dans le bush, je dois y installer ma nouvelle galerie et un deuxième coffre de toit, cela va me prendre environ quatre jours, plus deux pour faire toutes les courses. Tout au long du chemin qui nous emmène chez Patrick à Armadale, nous échafaudons déjà des plans afin de savoir quand nous serons prêts à partir dans le bush. Patrick est mécanicien 4×4, il a tout refait sur mon Toyota afin que je ne risque pas de tomber en panne au milieu du bush, ça m’a couté cher mais ma vie n’a pas de prix. Il vend aussi des pièces détachées de HJ60 par petites annonces, ce qui lui a permis de rencontrer il y a quelque temps un couple de français, Florence et Luc avec qui il a sympathisé, il les a aussi invités à se joindre à nous pour ce périple de recherche de météorites et de pépites d’or. Notre périple vas nous emmener jusqu’à Southern Cross, nous irons un peu plus au nord (200 km) sur le Mount Manning Range pour y chercher des morceaux d’une météorite de fer qui porte le nom de « Mount Dooling » Patrick y a déjà trouvé quatre gros morceaux de cette météorite. Nous devons y rester une dizaine de jours et après aller chercher des pépites d’or sur Leonora. Après ce périple Florence et Luc doivent accompagner Patrick dans la zone désertique de Nullarbor Plain pour y chercher d’autres météorites « Mundrabilla, Camel Donga et Mulga North ». Le 5 mars à 6 heures du matin sonne le départ pour le bush, il nous faut rejoindre la « Great Eastern Hwy 94 » pour aller jusqu’à Southern Cross. Patrick qui est le plus lourd et le plus lent ouvre la route avec son 4×4 et sa remorque, Florence et Luc le suivent avec un superbe HJ61 et moi je ferme la marche avec mon HJ60. Il va nous falloir la journée pour arriver sur le lieu de recherche. Arrivés à Southern Cross nous y faisons notre dernier plein, au nord de la ville la route goudronnée s’arrête-là, nous attaquons une piste de latérite, ce qui nous oblige à augmenter nos distances de sécurité entre chaque véhicule afin que nos moteurs n’avalent pas trop la poussière de celui qui nous précède. Nous roulons depuis 150 km sur une piste bien large, quand Luc met son clignotant à droite et s’engage sur une piste plus petite. Nous y faisons une centaine de mètres pour nous arrêter à coté du véhicule de Patrick, une petite halte de dix minutes afin de nous désaltérer et nous dégourdir les jambes. Allez, c’est reparti, au bout de quelques kilomètres sur cette piste je commence à voir au loin une montagne c’est le Mount Manning Range qui se trouve dans une réserve naturelle.

Le sol change, il devient sableux, un sable jaune, on se croirait presque dans des dunes de bord de la mer, mais pas d’eau ici, juste une végétation très dense qui ressemble aux genêts que nous avons en France. La piste se rétrécit encore, et nous finissons par la quitter pour une autre sur la gauche. Elle est à peine visible, elle serpente entre les eucalyptus et les genêts, c’est la piste que les chasseurs de météorites ont faite à force d’y passer. Patrick nous dit : « C’est d’ailleurs comme cela que j’ai trouvé le coin, j’ai suivi les traces des autres chasseurs de météorites, je le fais systématiquement ce qui me permet de voir où vont les autres et surtout s’ils trouvent, car ils laissent tous leurs trous grands ouverts, ça me donne des infos sur le dispersement des morceaux de la météorite et surtout leur grosseur, quand je trouve des gros trous avec des gros morceaux de fer rouillé « shels » je sais qu’ils en ont sorti une grosse ». Patrick s’arrête sur la piste, elle fait un creux, il nous apprend que nous sommes dans le petit cratère, car il y en a un autre plus grand, un peu plus loin. Nous ressortons de ce cratère, la piste continue de zigzaguer entre les arbres, il nous montre l’emplacement du second cratère où, dit-il, il a trouvé de nombreuses petites météorites de cinq à une vingtaine de grammes. Nous repartons et allons monter notre camp à environ 900 mètres plus au sud-ouest de ce lieu. Patrick, comme d’habitude, positionne son véhicule à l’écart, car le matin il dort, il n’aime pas le bruit que nous pourrions faire et qui risquerait de le réveiller, j’ai eu l’occasion de voir comment il parle à son père quand cela arrive… Moi je suis habitué de sa façon de faire, c’est la deuxième fois que je pars avec lui, mais cette façon de faire à un peu surpris Florence et Luc. Pas grave, nous nous positionnons un peu plus loin, calculons d’où vient le vent, afin de savoir où nous allons faire en toute sécurité un petit feu pour nous restaurer et qu’aucun d’entre nous n’ait directement la fumée sur nos véhicules. La soirée se passe autour du feu, Patrick qui a l’air d’apprécier énormément Luc fera de nombreux aller retour de son camp au nôtre tout au long de la soirée pour venir discuter avec lui ! Comme je vous l’ai dit Patrick est déjà venu ici plusieurs fois, il a trouvé à plusieurs reprises de belles météorite qui sont exposées sur son bureau, de mémoire, 7 kg, 11 kg, 26 kg et 29 kg avec tout un tas de petites de 5 à 50 g, mais cela fait trois campagnes de recherche qu’il dit ne plus rien trouver, alors il nous prévient, « cela va être dur d’en trouver une de plus de 20 grammes ».

piste sableuse

camps et matériel

Mount Dooling découverte météorite de 383kg

la suite sur le N° 128 de Monnaies&Détections