Si l’histoire des emprunts russes peut-être considérée comme « La plus grande spoliation du (XXe) siècle », elle peut être vue sous un autre angle puisque ayant atteint le jackpot chez des collectionneurs. En effet, les amateurs d’actions et d’obligations (les scriptophiles) ont toujours constitué un monde aux lisières de la numismatique. Aux puces de Saint Ouen, il y a cinquante ans, certains d’entre eux ont raflé, au poids, des lots d’emprunts russes récupérés par les chiffonniers lors de successions.
Il y a vingt ans le ministère des finances français pondait un document intéressant : la liste officielle des emprunts russes remboursables. Plusieurs centaines de milliers d’exemplaires furent imprimés. Quoique “officielle” la liste était susceptible d’être “complétée” ou réduite… Autant dire que c’était un écran de fumée permettant d’évaluer la nature et le nombre des titres qui seraient présentés aux guichets du Trésor Public et d’en tirer une liste économe. La ficelle était d’autant plus grosse que le principal titre (Nathan-Rotschild, émis à trois millions d’exemplaires) était oublié. Ce second fait, après l’élasticité de la liste “officielle”, indiquait que le ministère des finances escomptait ne pas indemniser en complément de la maigre enveloppe obtenue des Russes.
Soixante et onze ans après la révolution d’Octobre, le successeur de Lénine, Staline, Kroutchev (etc…) acceptait de rembourser une infime portion de l’argent emprunté avant 1917 par le gouvernement des tsars.