MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Articles taggés ‘guerre 14-18’

Numismatique du vin

Puisque le vin est une culture, paraît-il, il nous a semblé opportun d’évoquer la numismatique de cette production sans laquelle, peut-être, nous n’aurions pas vaincu en 1918.

Il est sûr que les quarts et autre bidons, couramment trouvés en fouille ont forcément contenu du pinard, ce vin de guerre titrant 9° dont la ration quotidienne passe de 1/4 l en 1914, à 1/2 en 1916 puis 3/4 l en 1918. Censé tromper l’ennui et réchauffer les cœurs, il est moins dangereux que l’eau boueuse des tranchées et des trous de marmites. Il passe souvent par des récipients non détectables ceux-là : seaux en toile (à l’arrière seulement), litrons de verre ou dames-jeanne recouvertes d’osier pour le transport final. Il est à noter que l’adversaire n’est pas ennemi du vin puisque dans le texte « Vie quotidienne du soldat allemand dans la Grande Guerre » de M. Landolt, 2014, il est noté que « La bouteille de vin de type rhénane est omniprésente dans les positions allemandes ». L’auteur parle des fouilles des poubelles de tranchées toujours riches d’artefacts. Il faut se rappeler que le vignoble d’Alsace-Moselle fait alors partie de l’Empire Allemand tandis que celui de Champagne est assez largement ravagé par les combats et les pillages.

L’armée française doit acheminer 15 millions d’hectolitres de vin aux Poilus, pour cela elle a ses wagons-foudres qui montent vers l’arrière du Front, mais aussi les départements d’Algérie dont la production viticole est à peu près la même que la demande de guerre.

Choisissons d’évoquer ce vignoble perdu à l’époque où il va l’être, en l’année 1962. Celle-ci ne va pas seulement constituer la fin d’une société de type colonial (exode d’un million de Pieds-Noirs, disparition de trois départements), la fin d’un conflit (500 000 soldats sur place les plus fortes années) mais aussi, cette année-là comme l’aurait chanté un rapatrié (d’Egypte celui-là) va aussi nous voir perdre quelques sources d’énergie : les hydrocarbures du Sahara et le vin des exploitations bientôt confisquées.

La France a été, jusqu’à il y a très peu de temps, le premier producteur mondial de vin et cela malgré la perte des départements 9A, 9B, 9C. A eux-seuls les départements d’Algérie constituaient le quatrième producteur mondial dans les années cinquante.

Un papier-monnaie éphémère pour Bacchus l’immortel.

La monnaie d’une vie !

26 septembre 1914 à Lebbeke, Flandre-Orientale, Belgique, le jeune soldat Optatius Buyssens (1) est sur le front, dans les tranchées de la guerre de 14. Malgré des problèmes de santé, Optatius a réussi à se faire engager dans l’armée belge ; ce jour-là, le 26 septembre, le temps est couvert, un épais brouillard mêlé aux fumées et fumigènes des combats brouille la vue, on n’y voit pas à dix mètres et pourtant les Allemands sont là, tous près… Optatius est en mouvement, il essaie de se déplacer en faisant le moins de bruit possible, quand l’improbable se produit : une pile de monnaies qu’il a dans une de ses poches se met à tinter ! Des grosses monnaies d’argent, belges et françaises qui ont alors cours, début 1900. Le cliquetis des monnaies le fait repérer par un Allemand qui le tire comme un lapin, et Optatius prend la balle en pleine poitrine !
Il tombe comme foudroyé, l’Allemand s’approche, lui donne un coup de pied dans la tête, aucune réaction, le croyant mort l’Allemand poursuit son chemin. Quelques instants plus tard, Optatius va se relever vivant et sain et sauf, la pile de monnaies dans sa poche, celle-là même qui l’a fait repérer, lui a sauvé la vie, en arrêtant la balle allemande ! (2 & 3)
Optatius va survire à la guerre de 14-18, ce qui était déjà un beau fait d’armes, étant donné qu’on estime à environ dix-millions le nombre de soldats qui y ont laissé leur peau… Optatius est mort dans son lit, en 1958, et s’il n’est plus de ce monde, la pile de monnaies d’argent, elle, est toujours là ! Elle est en possession de son petit-fils Vincent, c’est à lui que l’on doit cette histoire qu’il a publiée sur les réseaux sociaux, Reddit entre autres, une sorte de Twitter en Amérique du Nord, sur lequel Vincent à eu près de deux millions de vues grâce à cette histoire hors norme !

La suite dans Monnaies & Détections n° 123

Les hommes qui voulurent rester rois

Cas exceptionnel dans les annales de la fin de la Grande Guerre en Allemagne, le roi de Wurtemberg résiste 20 jours à la trouille qui a saisi certains autres monarques allemands.
Cet autre Guillaume II porte barbe et, malgré les évènements révolutionnaires qui commencent en sa capitale de Stuttgart le 9 novembre 1918, il refuse, seul contre tous les conseillers apeurés, d’abdiquer son titre royal.
Il y avait peut-être un attachement hors du commun puisqu’il faut dire que celui-ci n’était pas glissé dans les langes de son berceau. En effet, il est le cousin au 4e degré de son prédécesseur. Qui parmi nous pense hériter un jour d’un cousin aussi éloigné ? Qui parmi nous fréquente des cousins au 4e degré voire, simplement, connaît leur prénom ?
Il est vrai que, dans le cas des familles royales, le travail de recherches généalogiques est fait par des experts qui se renouvellent au fil des générations. Autant dire que nous ne sommes pas dans le cas de la personne lambda à qui l’on annonce soudainement une parenté royale. Puis, il y a le niveau social : Guillaume avant d’être roi de Wurtemberg est déjà duc et possède des biens considérables.
Lorsque le trône lui échoit en 1891 c’est tout de même grâce aux draconiennes lois dynastiques du Wurtemberg. Entre loi salique et mariages morganatiques, l’écrémage des dynastes allemands est une constante.
Cette dynastie concerne les Franc-Comtois car l’une de ses branches possédait le comté de Montbéliard jusqu’en 1793. Elle aurait pu concerner également les habitants du Rocher puisque les Urach étaient les héritiers de Monaco avant la légitimation de la grand-mère d’Albert II. Cela juste avant la Grande Guerre qui sera fatale au gouvernement des Wurtemberg à Stuttgart.
Cette dynastie avait un lointain passé puisqu’on la remonte avec certitude jusqu’au XIe siècle. Dans la mouvance des empereurs germaniques, elle a toujours montré de l’hostilité envers les Capétiens et leurs successeurs. Dès 1268, elle finance le raid de Conradin en Italie du Sud contre les Anjou, en échange du duché souverain de Souabe. Duché dont elle conserve la couronne, tel un titre annexe, jusqu’en 1918. Le titre royal, lui, est venu de Napoléon Ier mais ils furent dans les premiers à se retourner contre lui en 1813.
A l’automne 1918, le dernier roi va résister à la vindicte des conseils de soldats, aux émeutes et à tous les prémices de la révolution spartakiste. Beau sang-froid de la part d’un vieil homme qui sait que nombre de ses pairs sont déjà partis en exil.

Armoiries simplifiées des Waldeck-Pyrmont, 3 pfennigs de Georges-Victor prince de Waldeck-Pyrmont.

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Traces de la grande guerre et artisanat de tranchée

Dès le début de la guerre de 1914, une activité fut mise en pratique dans les tranchées en attendant les assauts contre l’ennemi. Les soldats eurent besoin de s’occuper l’esprit et commencèrent à travailler le métal des obus tirés pour y graver quelques motifs décoratifs et le souvenir de leur campagne. Le conflit se transforma assez vite en guerre de position, les poilus eurent le temps d’élaborer cette activité qui fût en fait, un moyen de se remonter le moral.

Les soldats fabriquèrent ainsi de très belles œuvres à partir de morceaux de métal, on pouvait avoir aussi bien des obus finement ciselés, ou des petits objets comme des coupes-papiers, des ustensiles de bureau comme des portes-plumes faits à partir de cartouches de fusils, des crayons ou des briquets, en passant par des tabatières, des encriers, des petites voitures, des avions, des boîtes à bijoux richement décorées de motifs floraux ou encore des bagues destinées aux épouses et fiancées. Beaucoup de ces objets portaient le nom et la date de la campagne, et le nom de celui qui avait réalisé l’œuvre y était parfois inscrit. On fabriquait des crucifix à partir de cartouches de fusils, et ils pouvaient contenir à l’intérieur des petits morceaux d’éclats d’obus d’un blessé en guise de piété et de protection. L’activité manuelle des œuvres obligeait l’esprit du poilu à se concentrer sur ce travail créatif permettant, non seulement de faire plaisir à un proche pour un cadeau valorisant, mais aussi d’en améliorer l’ordinaire par la vente des œuvres réalisées, et surtout à oublier l’anxiété provoquée par les dangers, le stress des combats et des blessés.

Bagues en aluminium.

Bague sertie de fleurs.

Coupes-papiers en cuivre.

Une lettre de décembre 1915 témoigne de la fabrication fréquente d’objets : « Je t’envoie un porte-plume que j’ai fait pendant mon séjour à l’infirmerie avec deux cartouches boches que j’ai soudées, et deux bagues, une pour toi, l’autre pour ma mère. J’en ai aussi deux autres pour mes nièces Lucie et Anne que je n’ai pas tout à fait finies ». Le travail effectué, permettait ainsi d’entretenir un lien affectif avec les membres de la famille. Selon une lettre de novembre 1914 d’un officier, la matière première était récupérée sur des munitions allemandes : « Mes hommes trouvent mille petits moyens ingénieux pour se distraire, actuellement la fabrique des bagues en aluminium fait fureur, ils les taillent dans les fusées d’obus, les boches fournissent la matière première à l’œil, certains soldats sont devenus très habiles et je porte moi-même une jolie bague parfaitement ciselée et gravée par un légionnaire ».
La récupération des obus nécessitait beaucoup de prudence car de nombreux soldats inconscients et pressés de récupérer la marchandise des boches, se contentaient de prendre des munitions non explosées. Une lettre d’un soldat de juillet 1915 en témoigne : « Il y a eu ce soir deux soldats morts et cinq blessés, c’étaient des soldats qui avaient touché un obus qui n’était pas explosé, pour avoir de l’aluminium afin de faire des bagues ».

Poilus au travail d’obus.

Cendrier en forme de képi de poilu.

Le travail de l’artisanat de tranchée était aussi pratiqué par des blessés en convalescence ou des prisonniers. L’origine de l’activité datait déjà du XIXe siècle. On pratiqua beaucoup cet artisanat qui évolua tout au long de la première guerre et perdura jusqu’à la deuxième guerre de 1940 et même après. Toutes ces œuvres sont aujourd’hui très recherchées par des collectionneurs et passionnés d’art et de militaria, elles sont regroupées sous la dénomination d’artisanat de tranchées. Les pièces les plus élaborées proviennent de France en Yser et de Grande-Bretagne. Ces deux pays recèlent les plus beaux exemplaires ouvragés et intéressants.

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Les bagues allemandes de la guerre 14-18

Passionné par la prospection depuis pas mal d’années, et habitant une région du nord-est de la France, je me suis orienté dès le début vers le militaria 14-18. En effet à part les inévitables cartouches, balles, shrapnells et autres objets indésirables je me suis aperçu que de nombreuses belles choses ont été perdues et méritent d’être sauvées. Cela va du simple bouton à la boucle de ceinturon en passant par les plaques d’identité, les emblèmes de casques à pointe et… les bagues.

Ayant trouvé en prospection un nombre relativement important de bagues allemandes et estimant ces petits objets intéressants, j’ai décidé de les présenter dans cet article.
Je précise que ces bagues ont pour la plupart été trouvées sur des cantonnements situés à l’arrière du front où elles ont probablement été perdues par leurs propriétaires.
Que dire des bagues allemandes ? Il semblerait que les bagues « souvenir » étaient fort prisées par les soldats du 1er conflit mondial, toutes nations comprises. Il se dégage deux grandes familles, les bagues commerciales et les artisanales.

LES BAGUES COMMERCIALES ALLEMANDES

Bague en argent marquée 1914-1917, celle-ci est poinçonnée.

Bague en argent, je l’ai trouvée écrasée, ce jour-là ce fut mon premier signal ! Je l’ai faite redresser par un bijoutier, elle en valait bien la peine.

Bague en argent, elle se trouvait au milieu d’un tas d’étuis de 7,92 Mauser, j’ai bien fait de tout vouloir ramasser lors de cette sortie !

Les bagues commerciales allemandes sont le plus souvent en argent, les autres étant en laiton.Elles étaient en vente dans les foyers du soldat ou par correspondance. Ci-contre un extrait de catalogue d’époque.
On peut prétendre sans trop se tromper que les bagues commerciales étaient fort couramment diffusées chez les troupes allemandes même si il a existé chez eux une production artisanale assez conséquente…

La suite dans Monnaies & Détections n° 73