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Bonjour, fidèle lecteur de votre revue, je demande votre expertise pour ces deux monnaies gauloises trouvées dans une vigne dans l’Aude aux alentours de  Narbonne. J’en profite aussi pour vous montrer ces deux monnaies que j’ai depuis longtemps, toujours de l’Aude, la première est une demi ou un quart de monnaie certainement romaine et enfin cette monnaie féodale en mauvais état. Laurent
Les deux gauloises sont des monnaies d’imitation emporitaine du type de Bridiers. Nous sommes au troisième siècle avant Jésus Christ.
Monnaie anépigraphe, avers : tête diadémée de Perséphone à gauche, les cheveux tirés en arrière et ramenés en trois mèches, le cou orné d’un collier de perles, un fleuron signifiant un dauphin devant la bouche. Le revers est aussi anépigraphe avec cheval tourné vers la gauche, plus rare (1 gramme, 1 cm Ø), que vers la droite (5 grammes, 1,8 cm Ø), surmonté d’une victoire stylisée tenant une couronne, ligne d’exergue sur la deuxième et tête humaine sous le premier cheval. Ce dernier symbole est inconnu ou peu connu sur les monnaies au type de Bridiers.
La première, le drachme est en état TTB++ voire SUP ; la seconde, l’obole est en TTB avec une frappe plus molle. Ce sont de belles monnaies qui font le bonheur des collectionneurs et qui peuvent monter jusqu’à 1800 euros pour la drachme avec cette particularité de la tête humaine sous le cheval et dans les 600 euros pour l’obole qui est plus rare que la drachme.

Ces derniers temps, une salve d’articles contre les détectoristes, que dis-je, les pilleurs du patrimoine, s’est fait jour dans les journaux télévisés et papiers. Anonnés par des journalistes recopiant la dictée de certains archéologues, ces articles ont tous un point commun, le mensonge par omission et une prise de position arbitraire. 

Il y a quelques années, il y avait l’Happah, assez virulente, qui s’est fait, depuis, taper sur les doigts et qui s’est calmée, on a maintenant Xavier, le Don Quichotte de l’anti-détection !

Qui est donc ce Monsieur Xavier Delestre ? C’est le conservateur régional d’archéologie de la région Paca, auteur d’un article : « Trafic, vols, fouilles clandestines, un patrimoine en danger ; conclusion d’une enquête menée sur les années 2015-2017 » où l’auteur termine par : « un objet n’a d’intérêt que s’il est associé à d’autres découvertes provenant des mêmes structures et qu’il est donc privé de toute valeur intrinsèque. Son étude et sa publication ne seraient ainsi pas de mise car elles ne peuvent être prises en considération par les milieux scientifiques, et doivent être recouvertes d’un voile gris ». D’autres de ses collègues vont même jusqu’à écrire : « un objet archéologique déplacé de son contexte est un témoin mort » (Y. Brun, Le journal de Saône-et-Loire, 23 mars 2019).

Et bien n’en déplaise à Monsieur Xavier Delestre, nous avons lu un intéressant article scientifique qui prouve exactement le contraire des dires de Don Quichotte de la Paca.

Tous les numismates se spécialisant dans le monnayage gaulois connaissent, au moins de nom, Monsieur Louis-Pol Delestrée qui, associé avec Marcel Tache, a publié les quatre tomes du « Nouvel Atlas de monnaies Gauloises », ouvrage de référence pour tous collectionneurs et chercheurs. Il y a peu de temps, ce chercheur a publié dans les cahiers numismatiques hors-série N° 2, Rencontres numismatiques 2, numéro spécial consacré aux monnaies gauloises, mars 2021, un article dont le titre a lui tout seul est déjà un désaveu de la pensée de Monsieur Xavier Delestre : « les apports scientifiques des monnaies gauloises trouvées hors contexte… »

Sur une dizaine de pages il donne des exemples frappants de l’intérêt de ces monnaies trouvées isolément.

Revenons sur la notion de contexte archéologique

Pour l’archéologie politico-administrative, le seul contexte archéologique valable pour étudier une monnaie est sa présence dans une couche stratigraphique non perturbée dans le temps depuis la perte de cette monnaie. Autant dire que cette situation est exceptionnelle. Les contextes de situations se rattachent à de nombreux sites dont la durée d’occupation s’est étendue sur une longue période et ont été remaniés régulièrement au fur et à mesure des époques. Tous ces sites livrent des monnaies en surface qui sont considérées comme dépourvues de contextes archéologiques exploitables.

Venons-en aux monnaies gauloises proprement dites

98 % des monnaies gauloises conservées à la BnF sont dépourvues de tout contexte et de provenances exploitables. Dans la réalité, en raison des progrès considérables enregistrés depuis le milieu du XXe siècle en numismatique gauloise, la typologie et la datation des séries monétaires sont de mieux en mieux connues et inventoriées, de telle sorte que les classements des monnaies sans contexte et sans provenance s’en trouvent grandement facilités. En d’autres termes, il est de plus en plus aisé de réintroduire dans un ensemble typo-chronologique des monnaies dont l’environnement initial et la localisation exacte sont ignorés.

Prenons l’exemple de la typologie 

Souvent les coins monétaires sont supérieurs en diamètres aux flancs frappés et dans le cas de série d’émissions rares, telle monnaie trouvée hors contexte permet de compléter la composition de l’image incomplète connue. Un exemple parmi tant d’autres : un statère en or allié trouvé hors contexte appartient à la série dite à fleur (DT 2247). Devant le profil à gauche, deux motifs décrits comme « masses ovales » sont en fait deux poissons ou dauphins parallèles, figuration marine sur la signification de laquelle nous reviendrons (Fig. 1). Des exemples comme celui-là sont légions en numismatique.

… La suite dans Monnaies & Détections n° 118

Un nouveau regard sur les ateliers monétaires gaulois

On doit à Monsieur Louis-Pol Delestrée un nouveau regard sur la manière de frapper monnaies des ateliers monétaires gaulois. Jusqu’à présent, on imaginait les ateliers monétaires gaulois fonctionnant à l’identique des ateliers romains civiques et grecs. Rappelons que la monnaie est un droit public et que l’état romain se chargeait de cette fonction par le biais de personnage exerçant un pouvoir émetteur d’ordre politique. A contrario de l’usage romain et grec utilisant des ateliers fixes, pérennes dans le temps et localisés au pouvoir central de la ville émettrice, il se dessine, au vu des nouvelles recherches, un constat fort différent pour les ateliers gaulois. Ils devaient être mobiles, constitués d’artisans spécialisés et introduit dans la symbolique celtique et se déplaçaient en fonction des commandes de notables ou marchands partout en Gaule.

Ces trois dernières décennies, les trouvailles d’outils monétaires (à l’évidence pour la plupart, trouvailles de prospecteurs…) ont permis de mettre au jour deux outils monétaires inconnus auparavant : les poinçons et disques monétaires (voir article page 34 revue Monnaies & Détections N° 95). Ces outils, inconnus dans les ateliers monétaires romains fixes, sont un des nombreux éléments qui conceptualisent les ateliers itinérants gaulois.

 

Reprenons brièvement la chaine de production monétaire 

 

1. Les coins : 37 coins monétaires trouvés et publiés en France permettent d’avoir une idée précise de la composition métallique. Il fallait de véritables artisans spécialisés pour graver aussi artistiquement des symboles et figurations gauloises qui nous échappent complètement. De même, ces artisans devaient fréquenter la classe sacerdotale ou druidique pour pouvoir délivrer un message symbolique de leur mythologie sur les coins qu’ils allaient graver. Rappelons que les monnaies gauloises étaient anépigraphes jusqu’à la fin du IIe siècle avant JC et que les thèmes symboliques y sont totalement abstraits pour nous car non éclairées par des sources écrites.

Mais les coins sont fragiles et cassaient au bout d’un certain nombre de frappes et c’est la raison de l’existence des disques et poinçons suivants :

2. Le poinçon offre l’aspect du coin monétaire mais l’image à la base est en relief. Cette image en relief était obtenue par le moulage d’une monnaie frappée avec le coin d’origine. Il suffisait alors d’utiliser cette empreinte en relief et d’imprimer sur de l’argile ou un métal mou l’empreinte en creux pour obtenir, à partir de cette dernière, une nouvelle empreinte en relief qui pouvait être fixée à la base du moule dans lequel était coulé le bronze nécessaire à la création du nouveau coin en remplacement de celui qui avait lâché. 15 exemplaires sont connus et répertoriés.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°115 …

massacre scientifique Le trésor armoricain de Piolaine

L’absurdité d’une politique mise en œuvre par certains idéologues de l’Archéologie administrative vient de franchir un sommet jusqu’ici inviolé. Il s’agit d’une atteinte délibérée à la bonne conservation et à l’étude du trésor de monnaies gauloises de Piolaine (Commune de Saint-André-du-Pavail, Ille-et-Vilaine) dont la petite histoire doit être rapportée.

En bref, deux particuliers trouvèrent sur une propriété privée (1) 603 statères en billon qui furent légalement déclarés et déposés le 5 novembre 2012 au Service Régional de l’Archéologie (SRA) de la DRAC de Bretagne. Pressentant qu’il s’agissait d’un trésor éclaté et bien localisé dans un labour, le SRA élabora sans tarder un projet de sondage qui fut réalisé dès le mois de mai 2013 par une équipe de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) dont faisaient partie, à titre bénévole, les deux inventeurs initiaux (2). C’est ainsi que 484 monnaies supplémentaires furent mises au jour.
Dès le mois de juin 2013, à l’initiative du SRA, mission fut donnée à Mme Nieto-Pelletier (3) d’expertiser l’ensemble du dépôt, soit 1087 monnaies réparties en trois lots l’un regroupant les pièces de l’INRAP soit 484 ex., et les deux autres, soit respectivement 378 et 225 ex. constituant les trouvailles des deux inventeurs. L’expertise avait pour objet essentiel de proposer une estimation financière pour chacun des trois lots précités. Mme Nieto classa les monnaies selon les critères conventionnels bien qu’obsolètes dont elle disposait, prévoyant dans un proche avenir l’étude typo-chronologique approfondie de l’ensemble du trésor éclaté.
Elle s’efforça de conclure avec précision sur l’état des monnaies – lisibilité et degré de conservation –, sur la valeur vénale de chaque exemplaire, et enfin, à titre indicatif, sur l’estimation globale de chacun des trois lots considérés. Le SRA avait sans nul doute pour objectif de préparer l’acquisition par le Musée d’Archéologie Nationale (MAN) du trésor complet en vue d’une bonne conservation définitive et d’une publication scientifique élaborée.
Il est bon de préciser ici la situation juridique des trois lots :
1) Le lot de l’INRAP – établissement public – pouvait être sans problème attribué au MAN, autre établissement public.
2) Les deux lots privés devaient d’abord être partagés chacun par moitié entre les inventeurs et le propriétaire du sol selon les dispositions de l’art. 716 du Code Civil qui était applicable vu la date des faits.
3) Il était dès lors loisible de négocier avec les trois possesseurs des lots privés le rachat des 603 monnaies par le MAN, sur la base des estimations de Mme Nieto.
De source bien informée, il est avéré que le MAN avait provisionné le montant supposé de ce rachat, en vue de pouvoir au final disposer du trésor en sa totalité. Les pourparlers devaient toucher à leur terme, lorsqu’un « oukase » émanant d’un fonctionnaire encore anonyme sabota le processus décrit en interdisant soudain toute acquisition par les musées nationaux – dont le MAN en première ligne – des 603 monnaies dont la découverte pouvait ne pas être considérée par lui comme « politiquement correcte »… Une telle foucade était d’autant plus malvenue que les inventeurs initiaux participèrent activement, au sein de l’équipe de l’INRAP, à la mise au jour des 484 statères complémentaires à présent conservés dans les médailliers du MAN.
Ainsi, certaines « autorités » administratives ou politiques ont privilégié à l’évidence leur vision dogmatique au détriment de l’étude scientifique d’un trésor gaulois en place, aussi complet que possible et dont l’intérêt était de ce fait considérable (5).

(5) Un mauvais sort s’acharne sur les trésors gaulois d’Armorique, dispersés jadis et mal connus, ou connus et non publiés, ou encore négligés par les « autorités » comme ce fut le cas pour le trésor dit d’Hennebont (Morbihan) dont la publication n’est due qu’à l’heureuse initiative d’un chercheur indépendant.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°110 …

68 000 monnaies

Trois ans ! Il aura fallu trois années aux archéologues anglais pour séparer, une par une, les monnaies composant l’énorme trésor de Jersey. Le plus gros dépôt de monnaies gauloises connu à ce jour ! Un peu plus de 68 000 monnaies, on n’a pas le chiffre exact, personne ne trouvant le même compte ! Le trésor, rappelons-le, fut découvert en 2012 par des prospecteurs amateurs qui le traquaient avec leurs détecteurs depuis 30 ans ! Il n’y a que les chasseurs de trésors pour être aussi acharné… Tout ça, grâce à quelques monnaies gauloises trouvées dans un champ voisin par un agriculteur il y a trois décennies. Les monnaies sont attribuées principalement à des tribus armoricaines, en grande majorité des Curiosolites, le trésor fut caché vers -30/-50 av JC, soit à l’époque où les tribus fuyaient devant l’invasion romaine de Jules César. Quelques objets en or, des torques assez frustes, un superbe pendentif fait d’un fil d’or torsadé, des perles de verre et les restes d’un sac de cuir accompagnaient les monnaies.
Le gouvernement de Jersey doit maintenant statuer sur le devenir du trésor, l’acheter, les inventeurs et propriétaires du terrain attendent leurs primes, ou le vendre aux enchères ? Cette dernière option risque de faire plonger la côte des Curiosolites… A sa découverte son estimation était de 10 millions de livres sterling !
Source : smithsonianmag.com

Archéo-terrorisme ? Une déplorable affaire

À la fin de l’année 2010, Mr D. Ridet, entrepreneur en bâtiment à Romeney (Saône-et-Loire) découvrit fortuitement dans un tas de terre de plusieurs m3 entreposé devant ses ateliers, un objet en bronze qu’il ne sut identifier. Il tenta de s’informer à ce sujet sur Internet auprès d’un forum de prospecteurs en se présentant comme l’un d’eux, espérant ainsi qu’on lui répondrait, ce qui fut le cas. Il obtint une identification préliminaire par un membre d’Action Centurion qui l’a orienté et conseillé au mieux en vue de « sauver » cet objet. Le membre du collectif reconnut immédiatement l’intérêt exceptionnel de la trouvaille.

Mr Ridet, parfait honnête homme, fit déposer l’objet pour étude au Cabinet des Monnaies et Médailles de la BnF où il apprit qu’il devait déclarer cette découverte dans une forme appropriée, ce qu’il s’empressa de faire.

Il s’agissait d’une valve en bronze portant huit gravures en creux et provenant d’un moule bivalve destiné à fabriquer des monnaies gauloises en bronze coulé. En très bon état de conservation, unique spécimen connu en Gaule et dans toute l’Europe celtique, l’objet présentait bien une importance capitale.

Voici quelle fut la réaction de l’autorité responsable, en l’espèce un Service Régional de l’Archéologie au sein de la D.R.A.C. de Dijon (Côte-d’Or).

Mr M. Prestreau, Conservateur régional et chef de ce service administratif, n’accusa pas réception de la déclaration, ne se dérangea pas pour étudier sur place l’origine possible de la terre rapportée, ne fit pas la moindre enquête et ne chercha même pas à prendre contact avec Mr D. Ridet alors qu’un dialogue de quelques minutes aurait permis d’éclairer d’un coup l’événement. Sans solliciter l’avis préalable de ses collègues de la BnF déjà dépositaires de l’objet, sans prendre aucune disposition telle qu’un classement légal de cet outil exceptionnel dont l’intérêt dut lui échapper, M. Prestreau déposa une plainte pénale en termes outrageants contre l’inventeur qui se vit soudain accuser d’infractions multiples telle que la « fouille sans autorisations » et (sic) le « vol d’un objet archéologique »… dont il était légalement propriétaire ! Voilà comment D. Ridet fut récompensé par l’administration française de son civisme et de sa bonne volonté.

Bien entendu, dans les mois qui suivirent, l’affaire aurait été classée « sans suite », mais le mal était fait, … La suite dans Monnaies & Détections n° 83