MONNAIES ET DETECTIONS

Pour les passionnés de la détection

Bienvenue sur le Blog Officiel
Monnaies et Détections

Articles taggés ‘Déus’

Journal d’un cdd n°87 (le Coin du Disque du Déus)

De l’autre côté de la vallée de l’Hers, les montagnes couvertes de neige étincelaient sur l’horizon. Quand il quitta la route pour s’engager vers la chapelle, Axel vit qu’il y avait une voiture noire garée au bord du parking contre la haie.
Un homme était assis au volant. Axel rangea son fourgon un peu plus loin. Il ne s’attendait pas à trouver quelqu’un à une heure si matinale et dans un endroit aussi retiré. Cela le contrariait. Le froid le saisit dès qu’il sortit du véhicule, et quand il commença à traverser le pré vers le porche, il fit craquer l’herbe gelée en laissant la trace des pas. A gauche du clocher-mur il y avait une console en fer portant un panneau sous verre qui retraçait l’histoire de la chapelle et du village. La première mention écrite datait de 1018. Il y avait eu un château, une forge, un moulin… Il ne restait que la chapelle, restaurée au 19e, avec un cimetière minuscule en contre bas, clôturé d’un mur de pierres grises. Axel remarqua contre le mur nord de la chapelle, une rangée de vieilles souches de cyprès : à l’origine, le cimetière devait être là, tout contre l’édifice, sur ce terrain bien plat laissé en pré. Il est bien connu en effet qu’au haut Moyen Age, les fidèles voulaient se faire enterrer le plus près possible des Saints, ad sanctis, pour bénéficier de leur intercession le jour du Jugement Dernier…Seigneurs et ecclésiastiques se faisaient d’ailleurs enterrer carrément dans les églises, les places les plus prisées étant celles au pied du maitre-autel. Axel se souvenait de la fouille de silos à grains trouvés dans l’église d’un village près de chez lui. La réfection du pavage avait entrainé la découverte de silos à grains, et le maire l’avait invité à venir l’aider à les fouiller car il ne fallait pas retarder les travaux… Les quatre silos situés le long de la table de communion, une longue marche de marbre rose supportant la grille de communion et séparant le chœur du maitre-autel, avaient été entaillés tous les quatre pour y descendre un cercueil. Arrivée à ce niveau, la petite équipe avait tout rebouché et était passée à une autre rangée de silos. Il y en avait 24 en tout, par files de 4, bien alignés, mais ils avaient été comblés avec des morceaux de briques, de tuiles, sûrement lors de travaux dans l’église elle-même ou dans les maisons du village… deux ou trois seulement contenaient des cendres, des bouts de vaisselle ou de poterie, une boucle de chaussure et une dizaine de doubles tournois rongés par l’humidité.
La voiture noire était toujours là. Axel fit le tour de la chapelle. Côté sud, il y a avait juste un passage large de quatre ou cinq mètres, entre le mur et la haie d’arbustes montant du flanc abrupt de la butte sur laquelle elle était bâtie. Le chevet regardait vers le cimetière, en contrebas.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 87

 

Journal d’un CDD n° 86

Dieu fit les prospecteurs égaux.
C’est le Déus qui plus tard a fait les différences.

Le chemin suivait la ligne de crête, il avait été tracé sur le substrat rocheux et la rosée du matin faisait briller les pierres. Axel remarqua tout à coup des traces de sang qui traversaient le sentier en diagonale, et en regardant sur sa droite, sous les saponaires en fleurs, il vit un gros lièvre couché sur le flanc. Il lui manquait la tête. Elle avait été soigneusement découpée. Le sang n’était même pas sec, un renard venait de le trainer là et avait été dérangé par l’arrivée d’Axel. Il devait être tapi à quelques mètres sous les prunelliers et surveiller son casse-croute. C’était un beau lièvre adulte, bien gros, il allait faire le régal de quelque portée de renardeaux car c’était la saison des naissances.
Axel profita de la halte pour sortir le détecteur et le piochon du sac à dos, et commença à prospecter le chemin. C’était la première fois qu’il venait là. Il savait par des amis qui venaient souvent randonner dans le coin, qu’il y avait sur ces collines quelques orris et des murets d’épierrements qui délimitaient sous les ronces des parcelles anciennement cultivées. Il eut tout de suite un son très franc : une grosse cartouche de carabine, un peu bosselée, marquée w w super 300 Win Mag. C’était là un bien gros calibre, plus pour le cerf que le chevreuil ou le sanglier. L’amorce était en acier blanc, elle tranchait sur le laiton de la douille : le chasseur l’avait lui-même rechargée avec une amorce qui n’était pas celle d’origine. Il reprit la marche tout en continuant à balayer, ramassant deux fers à bœufs, une belle clochette de chèvre ou de mouton, quelques culots de cartouches de douze, en cuivre, une curieuse tige, pliée, en bronze, portant un décor rectiligne de points ronds, puis un dé à coudre… Il arriva ainsi sur le sommet de la colline. Il y avait un bouquet de frênes sur la gauche, devant un amoncellement de pierres blanches, restes de quelque construction ou tas d’épierrement, et une haie de buis le long du chemin. Des deux côtés, des prairies clôturées par un triple fil de barbelés sur d’énormes piquets d’acacia. Un troupeau d’une vingtaine de vaches grises, des gasconnes, certaines avec leur veau, étaient groupées dans le champ du fond, autour d’une citerne-abreuvoir métallique. La vue sur le moutonnement des collines environnantes était splendide. De loin en loin, un petit village, des toits rouges, un clocher-mur crépi de gris. Axel reprit son balayage du chemin. Il vit tout de suite qu’il était inutile d’aller sur les prairies : l’herbe y était encore beaucoup trop haute pour pouvoir prospecter. Il ne tarda pas à recreuser : un petit bouton militaire marqué 102, des éléments de boucles, des clous de chaussure ou de fer à bœuf, un anneau de cuivre, un plomb de sac, une médaille religieuse, un gros bouton de cuivre au décor de bossettes. Et bien sûr, toujours des douilles de chasse, deux ou trois fers à bœuf, des anneaux de lacets en cuivre et des papiers d’alu (merci les randonneurs !) et … un petit robinet en aluminium ou en maillechort, probablement d’une sulfateuse : il devait donc y avoir eu des vignes sur ce plateau. Un son de ferreux ne lui parut pas très « franc » (réglage GMP, discri 5, volume fer 3) : il s’attendait à un fer à bœuf, mais déterra un morceau d’éperon en fer, couvert de rouille, et en repassant le disque sur le trou, nouveau son : c’était la molette en étoile à six pointes, elle aussi bien sûr toute rouillée, et qui avait dû se détacher de la tige depuis bien longtemps car il n’y avait plus aucune trace d’attache. Puis il trouva un double tournois, presque lisse, comme la grande majorité de ceux trouvés dans les champs : on voyait juste deux fleurs de lys et la date, encore bien lisible : 1635.
Il était arrivé ainsi presque au bout du plateau. Le chemin commençait à remonter vers d’autres collines, plus hautes, mais plus raides et sur lesquelles la friche s’installait : buis, églantiers, ronces, quelques chênes commençaient à couvrir les pentes. Axel décida de revenir à l’entrée du plateau, autour du bouquet de frênes et des tas de pierres. S’il y avait eu habitat, ce devait être par là. Il éteignit sa machine, reprit le chemin, passa devant les bêtes qui ne lui accordèrent aucune attention, constata qu’il avait correctement rebouché ses trous sur le chemin et arriva devant la rangée de buis et les frênes. Il se débarrassa du sac à dos en l’accrochant à une branche, en sortit un casse-croute et une bouteille d’eau, alla s’asseoir sur une grosse pierre plate et prit son repas tout en observant le paysage et en imaginant les lieux quelques siècles en arrière… Il termina par une barre de chocolat, remit la bouteille dans le sac, prit le détecteur et le piochon et se glissa sous le dernier rang de barbelés pour entrer dans le champ. Il s’attendait à trouver autant d’herbes hautes que dans les autres champs mais fut vite rassuré : non seulement l’herbe était rase sous l’ombre des frênes, mais en plus les bêtes avaient du pacager récemment car tout était brouté ras… à part les touffes de chardon-marie protégées par leurs piquants (Axel se rappelait que quand il était gamin et que les jeudis se passaient à jouer dans les prés avec les enfants du village, ils les appelaient des « clouques »…) l’inconvénient était l’extrême abondance des déjections avec mouches et odeurs !
Il alluma le Déus et commença par le coin à l’ombre des arbres car le soleil était très chaud. Le tas de pierres devait être là depuis très longtemps car beaucoup avaient roulé dans le champ et étaient prises sous les racines des frênes. Il eut quelques sons de ferreux, déterra deux isolateurs de clôture en plastique noir avec l’attache faite d’un morceau de fil électrique gainé de bleu, puis une pièce trouée des années 20 très abimée et un bouton de cuivre d’uniforme, sûrement d’un garde chasse car il n’avait aucun marquage, juste une étoile à cinq branches (à moins que l’Armée Rouge soit venue en manœuvre dans le secteur !). Il fit soigneusement les abords du tas de pierres grises et blanches et commença à balayer en s’approchant des frênes qui bordaient le champ, mais renonça très vite : les randonneurs devaient pique-niquer à l’ombre en s’appuyant aux troncs car il y avait des papiers d’alu et des tirettes de cannettes partout. Il s’éloigna de la haie en revenant vers l’intérieur du champ et commença à chercher en évitant les pieds de cardères et de gaillets jaunes, et quelques touffes d’orties qui commençaient à s’installer. Il prospecta ainsi un long moment, sans aucun son. Il finit par arriver au bout du pré, clôturé par trois fils barbelés cloués aux troncs des chênes et des frênes qui le fermaient de ce côté. Il suivit la clôture vers la gauche pour prendre l’autre bord, et revenir vers le tas de pierres. De nouveau, aucun son pendant un long moment, pratiquement jusqu’à l’autre bout.
Quand il arriva à la hauteur du tas d’épierrement, il lui sembla distinguer dans l’herbe les traces d’un ancien chemin qui coupait le champ en travers et se dirigeait vers la forêt. Deux ornières parallèles avaient été empierrées et la terre avait fini par les recouvrir, mais l’herbe y était rase et on pouvait en suivre le tracé. Axel les suivit en balayant jusqu’à l’endroit où elles passaient sous la clôture.
Il aperçut sous les arbres de la forêt, un nouveau tas de pierres, envahi de ronces et de houx fragons.Il éteignit sa machine et le casque, franchit la clôture en montant sur chaque rang de barbelés et en se tenant aux branches, et se retrouva sous les arbres. C’était de vieux chênes, énormes, avec de grosses branches noires et moussues, presque verticales. Axel s’étonna de voir que le sol, dessous, était propre : une herbe rare et courte, des brindilles, un tapis de glands qui craquaient sous les pieds. Il comprit très vite : toute une épaisseur de pierres apparaissait sous les feuilles mortes. Il y en avait même de grands tas vaguement ronds, hauts de plus d’un mètre, couverts de lierre.
L’adrénaline commença à lui monter. « Ce n’est pas possible, se dit-il, ils n’ont quand même pas entassé ici les cailloux de tous les champs des environs… il devait bien y avoir des habitats ou des granges, pour qu’il y en ait tant… » Il continua à découvrir l’endroit, compta cinq gros tas de pierres alignés, séparés d’une dizaine de mètres, et plusieurs petits tas irréguliers… et toujours un tapis d’éclats de roches blanches sous les feuilles ou le lierre. Au bout, après le dernier gros tas, le plateau finissait avec un dernier chêne, et un sentier de sauvagine descendait la pente abrupte entre les buis et les ronces qui reprenaient possession du terrain. La vue était magnifique. Axel pensa que c’était un observatoire idéal. Il revint jusqu’à la clôture, posa son sac, remplaça la tête de 28 par celle de 22, plus facile à passer entre les pierres dépassant du sol, régla le Déus et commença à prospecter. Il eut tout de suite des sons de ferreux : il creusa pour identifier quel genre de ferraille pouvait pousser en cet endroit, et fut rassuré : des clous tordus, des bouts de tiges ou de crochets, un anneau de fer, un piton, un fer à bœuf… Il se dit qu’il en savait assez, et en termina avec les ferreux. … La suite dans Monnaies & Détections n° 86

Trésor viking, bis !

Et un de plus au patrimoine, anglais… Un nouveau trésor viking, découvert au détecteur de métaux par un prospecteur amateur bien sûr, un détecteur français en l’occurrence, le Déus a la cote chez les Anglais et pas que chez eux… Un beau cadeau pour James Mather, qui prospectait, le jour de ses 60 ans, un champ à l’ouest de Londres en octobre dernier lorsque son Déus a accroché une belle cible, un lingot d’argent ! James a tout de suite pensé : viking ?


Et quelques mètres plus loin, le Big son, quelques coups de pelles et des monnaies mélangées à d’autres artefacts apparaissent ! James a alors eu le bon geste de stopper là, et de prévenir les archéologues du « Portable Antiquities Scheme » (le truc qu’il nous faudrait en France) qui ont procédé à la fouille quelques jours plus tard. Le gros du trésor ayant été extrait dans sa gangue d’argile.
Mi décembre, le British-Muséum a présenté le résultat à la presse : un superbe trésor composé uniquement d’argent, de quelques bracelets, de 15 lingots et le plus intéressant du magot, de 186 monnaies anglo-saxonnes dont la plupart sont très rares, quelques-unes n’étaient connues qu’à un seul exemplaire, datées des années 870 époque où les Vikings étaient en conflit permanent avec les royaumes de Mercie et du Wessex.
Source : history.com

Trésor viking

Un nouveau trésor viking, découvert au détecteur, par un prospecteur amateur au Danemark. Robert Hemming-Poulsen posait des câbles de fibre optique sur la petite île danoise d’Omø. Comme tout bon prospecteur en vadrouille il avait mis son Déus dans son sac, au cas où… Alors qu’il discutait avec l’agriculteur propriétaire du champ traversé par le câble, il a évidement porté la discussion sur ce que l’on peut trouver au hasard des labours… pas bête le Robert. L’agriculteur lui a alors parlé d’une bague en argent torsadé qu’il avait trouvée quand il était jeune, dans un champ voisin ! Le boulot fini, Robert est allé y passer un coup de Déus et là, Bingo ! Les archéologues prévenus ainsi que trois autres prospecteurs chevronnés et un trésor viking contenant plus de 550 monnaies et des artefacts tout en argent étaient mis au jour !
Le trésor sans contenant était éparpillé par les labours sur une bonne vingtaine de mètres carrés. On trouve parmi les monnaies de rares pièces frappées sous le règne du Roi Harald Bluetooth vers 975-980 et considérées comme les premières pièces de monnaie danoise. Les Vikings étant de grands voyageurs, le dépôt contient des monnaies anglaises, polonaises, tchèques et mêmes quelques dinars arabes ! Depuis que le Danemark a adopté une loi similaire au Treasure-Act anglais, les découvertes de trésors et surtout le plus important « leurs déclarations » sont en hausse constante ! Dixit les archéologues Danois…
Robert, récompensé pour son geste civique, va recevoir une récompense pour son trésor, elle sera déterminée en fonction de la valeur marchande du trésor, car quoi qu’on en dise, tout a une valeur, même les trésors…
Source : medievalists.net

Trouvaille 85.30

Bonjour, je suis Scipion04 détecteur depuis plus de 5 ans, je viens d’acquérir un Déus, auparavant j’avais un GMP. J’ai trouvé récemment ces 2 pièces en argent à 20 cm l’une de l’autre, dans un champ des Hautes-Alpes. J’ai retrouvé la première, un gros sol au coronat, Louis III d’Anjou. +:LVDOV:IhR:ET:SICL:REX: (Louis, roi de Jérusalem et de Sicile). Grande couronne surmontant deux lis placés sous un lambel. Revers : +:COMES:PVICE:ET:FORCAL: (Comte de Provence et de Forcalquier). Champ parti de Jérusalem et d’Anjou. Argent 1,79 g, 22,5 mm. Mais la deuxième, je n’arrive pas à la trouver. Je n’arrive pas à lire le contour, malgré les recherches effectuées, l’aigle est couronné, le blason je n’arrive pas à l’identifier. La pièce pèse 2,7 g en argent, et mesure 23 mm. Cordialement, Scipion04

Rien à redire pour le sol coronat de Louis d’Anjou, c’est exact : son état est moyen et le revers est absent mais on peut l’estimer à une trentaine d’euros.

La monnaie suivante est un pierreale de Sicile d’Alfonse IV roi d’Aragon et de Sicile. Avers : écu aux armes d’Aragon surmonté d’une couronnelle, le tout dans un octolobe cantonné de huit annelets. AC ATENARU (rose) NEOPATRI: DUX. Au revers : + COSTA: DEI: GRA: ARAG z SICIL: REGIA. Aigle éployé, la tête à droite, dans un octolobe cantonné de huit annelets : ALFONSUS D: G: ARAG: SICIL: R:, Alfonse par la grâce de Dieu roi de Sicile et d’Aragon. Cette monnaie est en état TTB – légèrement rognée et s’estime 80 euros.

Sorties en terrain inconnu

Ma voiture est stoppée depuis quelques secondes devant l’imposante grille en fer forgé, lorsque celle-ci s’ouvre mécaniquement presque aussitôt. J’avance lentement sur ce long chemin rocailleux qui se dessine devant moi, me laissant le temps de contempler la vaste étendue de la propriété et sa magnifique bâtisse du XVIIe siècle…
* * *
Le Déus d’une main, la Draper de l’autre, je termine un rang d’une prairie d’environ un hectare. Prairie qui m’a rapportée pas mal de trouvailles jusqu’à maintenant et que je compte bien prospecter entièrement. Il n’est que onze heures, mais déjà le soleil m’oblige à me désaltérer à l’orée de cette parcelle à l’ombre de mûriers et autres arbustes sauvages. Heureusement, j’ai apporté ma bouteille d’eau qui est bien appréciable sous ce soleil de plomb. Je profite de cette pause imprévue pour grignoter quelques baies cueillies directement sur le buisson. Ma gourmandise me pousse à les attraper toujours plus haut, toujours plus loin, jusqu’au moment où j’écarte les ronces qui me libèrent un paysage surprenant : une magnifique demeure, impressionnante par sa multitude de fenêtres aux jambages sculptés et ces hautes cheminées briquetées rouges. Je ne pense pas qu’elle soit abandonnée car la toiture me semble récente, mais aucune âme à l’extérieur et de nombreux volets occultent les vitrages. Bien sûr, j’avais bien repéré en me garant à l’entrée du champ l’énorme mur de pierres qui longeait la route sur plusieurs centaines de mètres, mais j’ignorais complètement ce qui se cachait derrière… Je suis resté comme cela plusieurs minutes, les mains écartant les branches de ronces, à contempler cette habitation envoutante et le parc arboré environnant.
* * *
Tout à commencé par un simple appel téléphonique au propriétaire de cette habitation. Avec les outils actuels, cela ne m’a pris que quelques minutes pour aboutir à ma requête. Les présentations effectuées, j’en arrive rapidement au sujet qui fâche… Je lui explique brièvement mon hobby préféré et à mon grand étonnement, mon interlocuteur semble très renseigné sur la réglementation et les différentes lois encadrant la pratique de ce loisir ! Encore plus étonnant, il est possesseur d’un Garret Euro Ace ! Je reste abasourdi par la tournure de notre échange ! Il me précise qu’il a acquis cette machine pour retrouver ses flèches égarées lors de ses sorties de chasse à l’arc sur sa propriété et les bois attenants ! Il me propose que nous nous rencontrions pour échanger de vive voix et par la même occasion en profiter pour détecter une petite heure ensemble. Je ne peux évidemment pas refuser une telle invitation ! Avant de raccrocher, nous fixons la date du dimanche suivant à dix heures devant l’entrée de la propriété.
Le châtelain est là, sous le porche, me faisant signe d’avancer en m’indiquant un lieu où garer la voiture. Comme convenu, je me présente à lui à dix heures tapantes. L’homme d’une quarantaine d’années me reçoit chaleureusement. Je le remercie de m’accueillir sur ses terres et de m’ouvrir les portes de son domaine. Nos échanges tournent principalement sur la détection, mes découvertes, l’histoire de la région, l’origine de sa propriété… Je réponds également à ses interrogations sur l’utilisation de son Garrett. Il m’avoue ne pas s’en servir souvent, bien moins en tout cas que ses enfants qui l’utilisent pour « fouiller » la cour… Il me propose de prospecter dans un champ de blés coupés, à une centaine de mètres de là. Je sors mon Déus du coffre de la voiture et lui montre (il le connaissait déjà de nom !). De son côté, il prend son Garrett et un odomètre, car il m’explique qu’il souhaite mesurer son champ de long en large pour y installer une clôture à moutons. Et tout en discutant, nous nous dirigeons vers le lieu de notre terrain de jeu…
Après avoir longé un chemin, traversé un fossé asséché et enjambé une clôture, nous arrivons devant un champ de blé fraichement coupé mais pas encore déchaumé. Celui-ci mesure environ un hectare. Un haut mur de granit le longe sur une largeur et la rivière située un peu en contrebas cloisonne longitudinalement cette parcelle. D’ici, la vue est imprenable sur le domaine et les bois adjacents. J’explique à « mon élève » les réglages de son appareil en fonction du type de terrain et nous commençons la prospection. Très rapidement, il s’aperçoit qu’il a oublié sa pelle à la propriété… Il stoppe ses recherches et entame son travail initial de quadrillage de la parcelle. Pour ma part, je choisis le programme 2 sur le casque de mon appareil et commence mon balayage. Je détecte donc seul tandis que le propriétaire des lieux fait rouler son appareil de mesure tout en m’observant du coin de l’œil. Les pieds de blé étant assez hauts, je suis donc obligé de détecter avec le disque surélevé de plusieurs centimètres, faisant perdre inévitablement en profondeur les capacités de mon appareil. J’extrais tout de même assez rapidement un reste de monnaie médiocrement conservé. Comme le propriétaire est proche de moi à ce moment là, je lui montre la pièce. On peut encore y voir un H majuscule surmonté d’une couronne d’un côté et une croix médiévale de l’autre (Liard Henri III). Apres un bref échange, chacun repart vaquer à ses occupations. Le champ est parsemé de divers objets en aluminium qui remplissent considérablement mes poches. Parmi tous ces déchets, un d’entre eux m’interpellera après avoir été détordu et légèrement nettoyé. Il s’agit d’un objet publicitaire pour une banque lyonnaise qui promulguait son taux intéressant de six pour cent en mille neuf cent vingt !! Soudain et contre toute attente, un double tournois fait son apparition. Il est plutôt bien conservé et l’année 1656 est encore bien visible. Je me hâte vers le propriétaire des lieux pour le lui montrer. Il semble étonné de ma découverte et par l’état de conservation de la monnaie. Voilà maintenant un peu plus d’une heure que nous détectons (moi un peu plus que lui) et j’ai parcouru grossièrement le champ. Il est temps de faire un point. Deux monnaies pour le Déus, zéro pour le Garrett. Nous reprenons le chemin du retour en discutant de mes trouvailles et de l’étendue de sa propriété. Arrivé devant les portes de la bâtisse, il me demande si une visite guidée m’intéresserait. Bien sûr, que ça m’intéresse ! En plus, circonstance intéressante, aujourd’hui débute le week-end des journées du patrimoine ! … La suite dans Monnaies & Détections n° 85

Journal d’un CDD (le Coin du Disque du Déus)

A la manière de F. G. Lorca :

Romance des Prospecteurs
Ils portent de noirs cerceaux
Dont les attaches sont noires
Des traces d’herbe et de terre
Luisent le long de leurs bottes
S’ils ne trouvent c’est qu’ils ont
Des jouets au lieu de machines
Et une chance un peu ternie
Par les chemins ils s’en viennent
Groupe diffus et tenace
Sur leur passage ils font naitre
De grands moments de rêves
Et des visions d’écus d’or fin
Ils vont par où bon leur semble
Cachant au creux de leur tête
Une vague astronomie
De détecteurs irréels.

« Je suis déjà venu ici des dizaines de fois, dit Domi. C’est ici que je venais essayer mon nouveau détecteur chaque fois que j’en changeais. A une époque, au début, je changeais tous les six mois. Je voulais les tester tous. »
Ils venaient d’arriver tous les trois sur le sommet du mamelon. Ils dominaient toute la succession de collines qui finissaient quelques kilomètres plus loin au bord du fleuve. Le vert des champs de blé en couvrait une bonne partie, mais ils voyaient aussi d’immenses carrés de terre jaune sur lesquels des tracteurs semaient ou hersaient dans un nuage de poussière.
Du petit lac devant la maison de Jean-Pierre, en bas, un concert de cris d’oies, de canards, de chiens, s’éleva soudain et parvint jusqu’à eux, porté par le vent d’autan.
« Avant, dit Jean-Pierre, il y avait tout un hameau, là, à gauche. Il ne reste plus que cette ferme d’habitée. Il reste encore le porche et un morceau de mur de la petite église, de l’autre côté de la route, au milieu des aubépines. Le petit carré en friche sur le côté n’est pas travaillé car c’est l’ancien cimetière. Il est minuscule car les gens avaient l’habitude de ne mourir qu’une fois ! Il y avait même une école jusqu’au début des années 1900… Je connais bien le gars qui travaille les terres, je lui ai dit que nous allions venir aujourd’hui, il a préparé les terres et ne sèmera le tournesol qu’à la fin de la semaine. Il a dit qu’il ferait peut-être un saut car il avait prévu de préparer un champ à côté. »
Il attendit que Ron finisse de monter et arrive à leur hauteur pour tout lui répéter en anglais.
Ronald et Jean-Pierre s’étaient rencontrés plusieurs années auparavant, en prospectant tous les deux sur une plage du littoral atlantique. Ron et son épouse vivaient en Angleterre, ils prospectaient tous les deux et avaient à leur actif plusieurs trouvailles d’objets et de monnaies. Ils « faisaient » les plages quand ils venaient en vacances en France. Ils sympathisèrent avec Jean-Pierre, devinrent de grands amis, et s’invitèrent tout à tour en France ou en Angleterre.
Ron venait de prendre la retraite et avait acheté une maison près de Bordeaux. Il voulait changer de détecteur et avait entendu parler du Déus. Il avait demandé à Jean-Pierre s’il pouvait venir essayer le sien. Ce dernier avait alors pensé organiser une journée « détection » et avait demandé à Domi et Axel de venir aussi avec leurs Déus.
Ron n’était arrivé que vers midi. Ils avaient diné en parlant trouvailles, Jean-Pierre traduisait, Ron avait fait admirer à la ronde une splendide monnaie d’or d’un roi anglais du Moyen-âge, trouvée bien sûr au détecteur. Puis ils étaient partis en lisière d’un champ fraichement hersé pour faire tester les Déus à Ron avec les trois têtes différentes. Axel avait apporté plusieurs monnaies : double tournois, obole d’argent de Toulouse, de Marseille, monnaie à la croix, gros Napoléon III, pièce de 10 et de 20 francs des années 1960, petite bague en or.
Ron était équipé de sa machine habituelle : un détecteur extrêmement lourd, avec disque et casque filaires, et un gros écran sur le dessus indiquant le métal ciblé… Il fut si surpris de la légèreté du Déus qu’il crut qu’il était incomplet et qu’il fallait y ajouter les accessoires !
Ils passèrent plus d’une heure à enterrer les cibles à des profondeurs différentes pour lui faire tester les Déus et comparer à chaque fois avec son propre appareil. Puis Axel avait récupéré bague et monnaies et ils avaient traversé le champ en montant vers la crête qui dominait l’endroit qu’avait choisi Jean-Pierre.
Ils se mirent en ligne à une dizaine de mètres les uns des autres, chacun alluma sa machine et ils commencèrent à prospecter en descendant vers l’emplacement du hameau disparu. … La suite dans Monnaies & Détections n° 85

Journal d’un CDD

(le Coin du Disque du Déus)

La colline était couverte de buis, de chênes et de châtaigniers. Les arbres avaient réussi à pousser dans le substrat rocheux qu’on devinait sous la couche d’humus. On voyait les racines sortir de la moindre fente entre les blocs de pierre. Le sous bois paraissait propre, à part quelques églantiers et des groupes de houx fragon. Mais pour y pénétrer Axel dut traverser une haie d’aubépines, de prunelliers et de ronces, qui poussaient sur toute la bordure, entre la forêt et le chemin. Sa vieille veste militaire et son sac à dos furent très vite pleins d’épines. Et il dut décrocher plusieurs fois son bonnet resté pris dans les branches. Quand il rentra enfin sous les grands arbres, il passa un long moment à se débarrasser des feuilles mortes, des épines et des débris de bois secs dont il était couvert. Il en avait même dans ses chaussures. Mais beaucoup étaient rentrés dans le dos par l’ouverture du col dans la nuque, et frottaient sur la peau. Il fut obligé de se déshabiller malgré le froid pour les faire tomber. Il nettoya aussi le sac à dos, sortit le piochon puis le Déus et le monta.

Avant d’allumer la télécommande et le casque, il marcha un bon moment entre les arbres, tout en restant à proximité de l’orée d’aubépines parallèle au chemin. Il voulait découvrir un peu l’endroit. C’était la première fois qu’il y venait. Le terrain était moyennement pentu, la terre était noire, avec de larges plaques de mousse épaisse et du lierre qui courrait partout. Encore une colline qui avait été cultivée pendant des siècles : il restait les replats étroits des longues terrasses, entre les murs de soutènements faits de roches sans liant mais soigneusement agencés. Par endroits, les racines des arbres, les intempéries et surtout l’abandon, avaient fait verser des pans de murs dans la pente, et les ronces, les églantiers et le lierre recouvraient les tas de pierres écroulées. Axel se félicita d’être venu ce jeudi 19 mars, malgré le froid et le mauvais temps annoncé, car aucune feuille n’était encore sortie, et l’herbe n’avait pas encore poussé : la moindre parcelle de terrain pouvait être prospectée facilement. On voyait très bien partout, même sous les pieds de ronces. Il y avait seulement des touffes de perce-neige dont la fleur était déjà fanée, et de magnifiques pieds d’anémones hépatiques, bleues ou blanches, en pleine floraison. Et de timides violettes naines entre deux roches. Satisfait de sa prise de contact, Axel alluma sa machine et commença à prospecter. Il resta sur la terrasse du haut, par laquelle il était arrivé. Elle était très large, car elle épousait le plateau sommital de la colline. Il fit un premier passage en se tenant au bord de la haie. Il eut quelques sons de ferreux, puis rapidement, des douilles de chasse, et coup sur coup, deux cartouches de carabine, marquées W-W SUPER 300 WIN MAG… Il se dit qu’il avait bien fait de venir un jeudi, jour de fermeture de la chasse, car ce calibre ne plaisantait pas !

Il trouva également quatre pièces modernes : 25 centimes troués à la date illisible, 20 francs 1950, 2 francs 1943 et 10 francs 1964, beaucoup de papiers d’alu, et quelques boites de conserves rouillées. Au bout de plusieurs centaines de mètres, il arriva au bout de la terrasse : à cet endroit, la pente de la colline devenait un vrai ravin, côté nord, et l’espace qui avait été cultivé s’arrêtait là. Tout un fouillis de ronces, d’épineux, de genêts, de sureaux, couvraient ce côté. Axel repartit dans l’autre sens. Il décida de se placer cette fois vers le milieu de la terrasse. Il y avait encore moins de végétation que sur le bord, les arbres étaient plus hauts, plus grands, surtout les buis. Quelques ferreux (dans le doute, Axel creusa sur deux clous de chaussures) mais plus de cartouches. Un fer à bœuf, puis une fourche à fumier à laquelle il ne restait qu’une dent… La suite dans Monnaies & Détections n° 84

Journal d’un CDD (le Coin du Disque du Déus)

Le mois d’octobre de cette année 2014 fut une succession de belles journées lumineuses sur toute la frange lauragaise qui longe la rive droite de l’Ariège. En ouvrant ses volets, Axel voyait le soleil se lever derrière les peupliers du bord du fleuve, après les champs de tournesol. La boule rouge montait en incendiant le ciel déjà bien bleu et en le striant de longues trainées roses. En milieu de matinée, le vent d’autan arrivait. Il détachait les premières feuilles jaunies, faisait tomber les noix que les voitures éclataient sur le chemin, plaquait sur les clôtures de longues bandes de fanes de maïs, et sifflait dans les casques des prospecteurs qui marchaient dans la chaleur des collines.

Il finissait surtout de dessécher la terre, car il ne tomba pas une goutte d’eau de fin septembre à début novembre. Les tracteurs qui semaient ou préparaient les terres avançaient en soulevant une épaisse trainée de poussière jaune. On voyait des champs entamés par un ou deux tours de labour, puis laissés en attente car la terre était trop dure pour un travail correct.

Axel avait prévu d’aller prospecter un champ en bord de Garonne, dont il connaissait bien le propriétaire. Celui-ci l’avait appelé un jour après avoir perdu les deux rasettes d’une charrue en labourant. Axel avait passé tout un après-midi à les chercher avec son Deus, sur les indications de l’agriculteur qui était sûr qu’il les avait perdues « là », et il avait fini par les retrouver bien loin de « là », sous d’énormes mottes dures comme du béton et hérissées de bouts de cannes de tournesol.

En arpentant le champ, il avait aperçu quelques gros galets de rivière, et de petits éclats de poterie jaune vernissée. Le propriétaire n’avait jamais entendu parler de quoi que ce soit d’anciennement bâti sur cette parcelle, et l’avait invité à venir prospecter « pour voir » avant même qu’Axel ne le lui demande. Mais quand il arriva en vue du champ, il ne descendit même pas de voiture : le labour n’avait pas été travaillé, il y avait toujours les grosses mottes qui lui avaient cassé les chevilles quand il cherchait les deux rasettes. Il continua quelques kilomètres pour un autre endroit appartenant au même agriculteur : il finissait justement de semer du colza, dans un nuage de poussière. Ils parlèrent un moment dans le vacarme du tracteur, puis Axel repartit vers un troisième champ qu’il avait déjà prospecté en août sur le chaume de blé, peinant sur les tiges dures et l’herbe haute pour quelques malheureux doubles tournois… Mais ce champ aussi n’avait pas été travaillé, les herbes avaient poussé plus haut que le chaume, même pas la peine d’allumer le Deus… Il décida de rentrer en faisant un petit détour pour un champ sur lequel il n’était pas revenu depuis deux ou trois ans. Un champ en bordure d’une petite départementale, à l’angle d’un chemin qui menait à une ferme, quelques dizaines de mètres plus haut. Il était très pollué par des ferreux modernes (Axel avait remarqué qu’autour des fermes, la terre a tendance à sécréter généreusement une multitude de ferreux.

Ceux-ci se groupent le plus près possible des bâtiments, et deviennent bizarrement plus rares quand on s’en éloigne…) mais il avait trouvé aussi quelques morceaux de boucles médiévales. Quand il fut en vue de la parcelle, il vit avec plaisir qu’elle avait été travaillée, il n’y avait pas une herbe.

Il sauta le petit fossé et s’arrêta sur le bord pour allumer sa machine. Mais dès qu’il posa le Deus pour ajuster le casque, il eut un doute : ce champ était trop propre, ce n’était pas possible, il venait sûrement d’être semé… et effectivement, au-delà de la « contournière » un peu brouillonne, il distingua les petites sillons du semoir. Et en se penchant, il vit quelques petits grains de blé de semence, bien rouges, qui n’avaient pas été enfouis… Décidément, se dit-il, c’est le quatrième champ qui ne me veut pas aujourd’hui, c’est plutôt mal parti ! Il reprit le chemin du retour, résigné à battre les mottes des champs en bas de chez lui, pour la centième fois, en espérant toujours le miracle…

Il roula un long moment sur la quatre voies, la quitta pour franchir la Garonne sur un vieux pont de briques, traversa un petit village posé en long entre le fleuve et les collines. Il eut soudain une idée : cela faisait des centaines de fois qu’il passait par là, il y avait la Garonne, ces collines qui arrivaient presque au bord, certaines très hautes et très pentues… Et s’il faisait la ligne de crête, juste au-dessus du village ? …

La suite dans Monnaies & Détections n° 81

Trouvaille 73.06

Belle monnaie trouvée par Dimitri au premier jour d’utilisation de son Deus : un denier d’Avigneau (Escamps, Yonne) ABINIO.
Avers : GISLIMVNDO buste. Revers : ABINIO FIT croix sur base. Réf Belfort 0004.

Belle monnaie avec frappe vigoureuse, les légendes sont complètes et bien centrées, on peut estimer cet exemplaire à 600 €, voire 800 € car je n’ai pas retrouvé trace de vente de cette monnaie.