MONNAIES ET DETECTIONS

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Journal d’un CDD (le Coin du Disque du Déus)

Le mois d’octobre de cette année 2014 fut une succession de belles journées lumineuses sur toute la frange lauragaise qui longe la rive droite de l’Ariège. En ouvrant ses volets, Axel voyait le soleil se lever derrière les peupliers du bord du fleuve, après les champs de tournesol. La boule rouge montait en incendiant le ciel déjà bien bleu et en le striant de longues trainées roses. En milieu de matinée, le vent d’autan arrivait. Il détachait les premières feuilles jaunies, faisait tomber les noix que les voitures éclataient sur le chemin, plaquait sur les clôtures de longues bandes de fanes de maïs, et sifflait dans les casques des prospecteurs qui marchaient dans la chaleur des collines.

Il finissait surtout de dessécher la terre, car il ne tomba pas une goutte d’eau de fin septembre à début novembre. Les tracteurs qui semaient ou préparaient les terres avançaient en soulevant une épaisse trainée de poussière jaune. On voyait des champs entamés par un ou deux tours de labour, puis laissés en attente car la terre était trop dure pour un travail correct.

Axel avait prévu d’aller prospecter un champ en bord de Garonne, dont il connaissait bien le propriétaire. Celui-ci l’avait appelé un jour après avoir perdu les deux rasettes d’une charrue en labourant. Axel avait passé tout un après-midi à les chercher avec son Deus, sur les indications de l’agriculteur qui était sûr qu’il les avait perdues « là », et il avait fini par les retrouver bien loin de « là », sous d’énormes mottes dures comme du béton et hérissées de bouts de cannes de tournesol.

En arpentant le champ, il avait aperçu quelques gros galets de rivière, et de petits éclats de poterie jaune vernissée. Le propriétaire n’avait jamais entendu parler de quoi que ce soit d’anciennement bâti sur cette parcelle, et l’avait invité à venir prospecter « pour voir » avant même qu’Axel ne le lui demande. Mais quand il arriva en vue du champ, il ne descendit même pas de voiture : le labour n’avait pas été travaillé, il y avait toujours les grosses mottes qui lui avaient cassé les chevilles quand il cherchait les deux rasettes. Il continua quelques kilomètres pour un autre endroit appartenant au même agriculteur : il finissait justement de semer du colza, dans un nuage de poussière. Ils parlèrent un moment dans le vacarme du tracteur, puis Axel repartit vers un troisième champ qu’il avait déjà prospecté en août sur le chaume de blé, peinant sur les tiges dures et l’herbe haute pour quelques malheureux doubles tournois… Mais ce champ aussi n’avait pas été travaillé, les herbes avaient poussé plus haut que le chaume, même pas la peine d’allumer le Deus… Il décida de rentrer en faisant un petit détour pour un champ sur lequel il n’était pas revenu depuis deux ou trois ans. Un champ en bordure d’une petite départementale, à l’angle d’un chemin qui menait à une ferme, quelques dizaines de mètres plus haut. Il était très pollué par des ferreux modernes (Axel avait remarqué qu’autour des fermes, la terre a tendance à sécréter généreusement une multitude de ferreux.

Ceux-ci se groupent le plus près possible des bâtiments, et deviennent bizarrement plus rares quand on s’en éloigne…) mais il avait trouvé aussi quelques morceaux de boucles médiévales. Quand il fut en vue de la parcelle, il vit avec plaisir qu’elle avait été travaillée, il n’y avait pas une herbe.

Il sauta le petit fossé et s’arrêta sur le bord pour allumer sa machine. Mais dès qu’il posa le Deus pour ajuster le casque, il eut un doute : ce champ était trop propre, ce n’était pas possible, il venait sûrement d’être semé… et effectivement, au-delà de la « contournière » un peu brouillonne, il distingua les petites sillons du semoir. Et en se penchant, il vit quelques petits grains de blé de semence, bien rouges, qui n’avaient pas été enfouis… Décidément, se dit-il, c’est le quatrième champ qui ne me veut pas aujourd’hui, c’est plutôt mal parti ! Il reprit le chemin du retour, résigné à battre les mottes des champs en bas de chez lui, pour la centième fois, en espérant toujours le miracle…

Il roula un long moment sur la quatre voies, la quitta pour franchir la Garonne sur un vieux pont de briques, traversa un petit village posé en long entre le fleuve et les collines. Il eut soudain une idée : cela faisait des centaines de fois qu’il passait par là, il y avait la Garonne, ces collines qui arrivaient presque au bord, certaines très hautes et très pentues… Et s’il faisait la ligne de crête, juste au-dessus du village ? …

La suite dans Monnaies & Détections n° 81

Chronique de la prospection ordinaire

De Victor Hugo (les Contemplations) :
Dieu bénit l’homme, non pour avoir trouvé, mais pour avoir cherché.
Bréviaire de Saint Jacques Boucles d’or

La rivière était prête à déborder. Les eaux jaunes charriaient des arbres morts et de longues plaques de branches et d’écorces noires, qui se disloquaient dans les tourbillons et se reformaient un peu plus loin. Les gens s’arrêtaient sur le pont, regardaient d’abord vers l’amont l’énorme masse liquide qui coulait à pleine vitesse dans un vacarme impressionnant, puis ils se penchaient sur les grilles du parapet pour jeter un œil sur les culées des piles : elles disparaissaient sous l’amoncellement continu des troncs et des branches qui y restaient accrochés.

Axel laissa sa voiture sur une petite place, chaussa ses bottes, enfila les gros gants raides de terre, prit la pelle et le Deus, et suivit une rue étroite bordée de vieilles maisons, avec des jardins à l’arrière, parallèles à la rivière. Les eaux faisaient un bruit de fond continu.

Passée la dernière maison, le goudron laissa la place à un chemin de terre, qui longeait sur la droite un vieux mur de clôture en briques et galets, traversait un pré à l’herbe rase, puis s’éloignait de la rive et conduisait en montant à l’entrée d’un champ. Un champ immense, un véritable plateau, bordé et caché à gauche par la ripisylve large d’une centaine de mètres, et à droite par les collines parsemées de villas et de petits immeubles. Axel vit que tous les bords du champ étaient jonchés d’un fouillis de branches de peupliers : l’agriculteur avait ramassé le maïs (on voyait les bouts de tiges restées en place) puis avait coupé les grands peupliers plantés en ligne sur les côtés du champ. Les troncs avaient été emportés. Il ne restait que les branchages plus ou moins entassés vers l’intérieur du champ, et la file des grosses souches, taillées ras, dont la coupe n’avait pas encore noirci. Et il y avait partout des traces de pneus de tracteurs profondément marquées dans le sol sableux, de véritables ornières. Axel traversa l’enchevêtrement des branches pour entrer dans l’intérieur du champ. Il se dirigea vers l’autre bord, au pied des collines, tout en observant le sol. Il vit très vite de menus éclats de brique rouge, et de poterie vernissée jaune et verte. Mais il vit surtout des traces de pas, bien marquées dans la boue, et… d’énormes trous, bien carrés, bien propres, avec la terre sortie et déposée sur le côté… Il se dit que ce n’était pas possible, ce ne pouvait pas être des trous de prospecteurs, aucun prospecteur ne pouvait être aussi galapiat, pour faire autant de trous et ne pas essayer un minimum de les reboucher… Il pensa à ces vérins que les camions équipés d’un bras de manutention, positionnent avant de charger ou de décharger, pour se stabiliser.

Peut-être que ces trous carrés avaient été faits par ce genre de vérins, par les camions qui étaient venus emporter les troncs des peupliers ?… mais comment expliquer la terre, au bord du trou ?…

Lisez la suite dans Monnaies et Détections n° 70