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Trouvaille 14.31

Petite pièce trouvée fortuitement dans un chemin caillouteux. Romaine ou Gauloise? That is the question Nicolas

  to be roman coin or not to be a roman coin…. c’est une romaine  bien sûr, du quatrième siècle, à cette époque, les Gaulois  étaient depuis longtemps des gallo-romains ayant assimilé le mode de vie des Romains nonobstant leurs particularismes géographiques. Petit bronze sans grand intérêt du second fils de Constantin I,  Constantius II  au revers, un soldat tenant un captif  sur une galère  monnaie de la période 348-354

Je vous envoie ce courrier afin d’apporter une petite correction concernant la monnaie reprise sous la référence 14.31 de la rubrique « Trouvailles ». Mais avant je tiens à vous refaire part de mon enthousiasme à la lecture de chaque nouveau numéro de votre revue enfin je devrais dire notre revue puisqu’il existe une véritable interaction entre la rédaction et le lecteur.

                                                                      Revenons à notre monnaie 14.31 : il s’agit effectivement d’un bronze de Constantius II (337-361) dont la légende du droit est DN CONSTANTIUS PF AUG et celle du revers est FEL. TEMP. REPARATIO. Le revers ne représente pas une galère (présente sur les bronzes de Constant I, frère de Constantius II), mais un soldat romain prenant par la main un deuxième personnage de plus petite taille qu’il sort d’une « hutte » située sous le couvert d’un arbre.

Le revers fait probablement référence à la campagne menée contre les Quades et les Sarmates en 357-358 par Constance II au-delà du Danube (la « hutte » situe l’événement en pays barbare au-delà du limes). Le soldat romain tenant la main d’un captif, tel que vous décrivez la scène, est pour le moins une représentation inhabituelle, en effet le captif est souvent présenté assis à même le sol dans une attitude suppliante au pied d’un trophée ou de son vainqueur. Les mains jointes, dans le monde romain, symbolisent généralement l’entente (concordia) ou la conclusion d’un contrat. C’est pourquoi je pense que le personnage tenant la main du soldat pourrait être – soit une symbolisation des otages livrés par les barbares afin de garantir le respect du traité de paix conclu avec l’empereur. Les otages étaient souvent les propres enfants des rois vaincus et ceux des notables ce qui expliquerait la petite taille du second personnage.

       – soit la représentation des prisonniers romains (le personnage semble porter une tunique typiquement romaine) que Constance II libère du joug des barbares (le personnage sort de la hutte ou quitte le pays des barbares) ce qui constitue pour l’empereur un élément de propagande de choix. Cette interprétation m’est venue en lisant un passage de l’ouvrage intitulé : Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain de Gibbon dont l’auteur se base sur le récit des événements fait par Ammien « L’empereur passa le Danube sur un pont de bateaux, tailla en pièces tout ce qui se présenta devant lui, pénétra dans le cœur du pays des Quades…..Les Barbares, épouvantés, furent bientôt forcés de demander la paix. En réparation du passé, ils offrirent la restitution de tous leurs prisonniers, et les plus distingués de leur nation pour otages et pour garants de leur conduite à l’avenir. »

Il est à noter qu’en Gaule, Julien, neveu de Constance II, nommé César, fait trois expéditions au-delà du Rhin en 357, 358 et 359 au cours desquelles il libère de très nombreux captifs faits par les Germains en Gaule ; Constance II a pu s’attribuer les exploits de Julien qui était son subalterne.

                                                                        Ce petit bronze, sans grand intérêt, ou plutôt devrions-nous dire sans grande valeur, est d’un intérêt historique certain.

Ce qui précède est bien entendu une interprétation qui me semble plausible ; les revers monétaires sont parfois de véritables rébus qui à l’époque étaient aisément compréhensibles mais présentent pour nous des difficultés de lecture en raison de notre éloignement des faits.

                                                                        Bien à vous, Thierry, Waterloo, Belgique