MONNAIES ET DETECTIONS

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Le flair du « lapin »

En ce début de novembre, l’été indien a brusquement tiré sa révérence. Sans prévenir, un froid piquant a prématurément chassé la douceur automnale. Une bise agaçante, sensible et tenace a décidé de nous geler les doigts et le bout du nez. Les oreilles par chance, sont à peu près à l’abri sous le casque du Déus. Le ciel est bas et lourd et nous avons hésité à sortir nos détecteurs et quitter la maison où un bon feu de cheminée faisait rayonner une douce et agréable chaleur. Mais un champ aussi beau et aussi plat qu’une table de billard français ne laisse finalement pas le choix à de malheureux prospecteurs addicts et en recherche de sensations fortes.
Malgré ma petite hésitation, mon binôme a tenu absolument à passer un coup de détecteur dans une parcelle qu’une petite et très ancienne église tarnaise domine en son sommet. Depuis des années, d’innombrables prospecteurs sont venus tenter leur chance, avec bonheur pour les premiers mais le plus souvent « brecouille » (comme le dit si joliment « lapin ») pour les autres depuis ces dernières années.
Le dit « lapin » y tient pourtant ! Alors moi j’écoute, un peu à contre cœur, « lapin » parce qu’il a souvent des intuitions et un flair d’Oryctolagus cuniculus (ou lapin de garenne). Animal petit, agile, poilu et avec de grandes oreilles !
Vu les circonstances, je me mets sans hésitation sur Déus fast. Pour employer un oxymore de circonstance, un silence assourdissant agace mes tympans. Pas le moindre son depuis un bon quart d’heure. Comme tout bon détectoriste qui se respecte dans ce cas précis, je tente un petit coup de va et vient avec la pelle devant le disque pour m’assurer que l’appareil n’est pas en panne. Au moins une bonne nouvelle, le Déus réagit au test dit du « tinkiet, tout va bien, c’est juste qu’il n’y a pas de bruit parce que tout a déjà été ramassé » !

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°109 …

Qu’a bu l’âne au lac ?

Ce matin, l’alarme du portable (guitare rythmique avec vibreur) annonce le réveil. Elle a l’air plus doux qu’à son habitude lorsque cruellement elle signale le moment fatal où finit ma nuit pour me rendre au travail. Non !! Aujourd’hui il est temps de me réveiller, de me lever et animé d’une humeur badine, de débuter une longue et belle journée de prospection. Par l’interstice des volets en clef, je devine le jardin baigné de soleil. La météo n’a pas menti (une fois n’est pas coutume !) et c’est déjà un bon début !
Après un passage rapide sous la douche et un petit déjeuner sur le pouce, je descends 4 à 4 les escaliers. Le Déus en mode charge, dans un garde à vous impeccable, m’attend gentiment dans un coin du salon. Surtout ne rien oublier (on oublie toujours quelque chose !!) : la télécommande, le casque, la pelle, le GPS, les cartes IGN, les casse-croûtes préparés amoureusement la veille, le couteau Laguiole (prononcez Laïole) et le petit rouge de derrière les fagots qui va bien. Tout y est ! Un petit “ding” sur le portable (note par défaut) me signale que je viens de recevoir un sms. “Coucou poulet (lui c’est lapin) je décolle, je suis chez toi dans un quart d’heure.”
20 mn plus tard (5 mn comprises pour l’indispensable rituel du partage du café) nous démarrons dans le matin lumineux, excités comme des électrons libres et heureux comme des gamins en récréation qui vont passer une journée formidable dans un immense terrain de jeux de pistes et de chasse au trésor, dressé dans un décor fabuleux. Aujourd’hui les sites que nous avons choisis se trouvent dans l’Aveyron et le Tarn.
Malgré les 100 km qui nous séparent de la base de loisirs du lac où nous nous rendons en premier lieu, le temps passe vite. Je vous laisse imaginer. L’évocation de la dernière monnaie qui pète le feu, la fois où l’on s’est perdu pendant des heures dans la forêt, le souvenir tant de fois ravivé du trésor d’Augier Delpech (n° 100 de Monnaies & Détections) ou celui plus drôle de la Poisse (n° 103 « Antique ou en toc »). Le nez à nez avec une harde de sangliers belliqueux ou grognons, le nez à nez avec un agriculteur belliqueux ET grognon, le commentaire sur les derniers articles de Monnaies & Détection. Et comme à l’accoutumée le débat unilatéral mais passionné sur les lois scélérates qui tendent à brimer notre cher loisir. Bref de quoi alimenter largement la discussion durant tout le temps du trajet.
La route sinueuse et étroite nous offre un décor bucolique, fait d’épicéas, de chênes et de châtaigniers remarquables. Des champs à perte de vue où paissent des vaches aux mamelles pleines d’un bon lait bien crémeux et de temps en temps un gros corps de ferme, ouvrages aux murs aussi épais que le lait des vaches, en pierre de taille et aux toits en lauze.
Au détour d’un énième virage, comme une image de carte postale, le lac apparait, majestueux. Son niveau d’eau est très bas et donc idéal à prospecter. C’est un lac de hauteur et l’été, malgré la canicule, l’eau est assez fraîche. Aussi par un phénomène naturel, les doigts des baigneurs dilatés par la chaleur se contractent sous l’effet de l’eau froide (comme d’autres parties de leur anatomie que l’on compare moqueur à un escargot dans sa coquille) et pour le malheur des vacanciers mais pour le plus grand bonheur des prospecteurs, les bagues ont une fâcheuse tendance à se perdre dans l’eau profonde. Cette zone de baignade étant asséchée, il est donc généralement fort possible de faire de belles trouvailles.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 107

Le secret d’Augier Delpech

Nuit du 3 novembre 1617

A Paris, le roi Louis Xlll dit “le juste” âgé de 16 ans règne depuis 5 mois sans partage après avoir évincé la régente Marie de Médicis et fait assassiner son favori, le Maréchal de France et Marquis d’Ancre, Concino Concini.
Au même moment dans un petit village du Tarn, Augier Delpech enfile son lourd manteau noir par dessus sa chemise de grosse toile et met sur sa tête un méchant bonnet en laine. Dehors, la nuit est froide et seul un croissant de lune dans un halo apporte une infime lueur dans les impénétrables ténèbres. Des milliards d’étoiles tremblotent faiblement dans un ciel profond et noir d’encre. Cécile sa femme et ses enfants se sont couchés sans tarder après complie.
Augier mouche les deux chandelles qui éclairent d’une lueur vacillante la vaste cuisine de la demeure. Il est l’heure, il est grand temps et il ouvre, plus brusquement qu’il ne l’aurait voulu, la lourde porte en bois qui dans un grincement sinistre le fait sursauter ! Il se fige, il écoute. Dans la maison silencieuse, personne ne bouge. D’un pas décidé, il longe comme une ombre la vieille grange imposante. Contre le mur une pelle est posée qu’il saisit dans ses rudes mains transies.
Dans sa gibecière, le pot en terre vernissé est bien à l’abri et bien dissimulé. Dans la nuit glaciale et profonde, il emprunte la petite sente qui le mène à quelques toises jusqu’à la route qui rejoint le village. Il la traverse, inquiet et à l’écoute du moindre bruit, du moindre mouvement et se presse un peu plus. Le puits en pierre est là tout près en bordure du champ. Cela fera un excellent et immuable repère. Il compte vingt pas depuis la source en se dirigeant plein sud. Il s’arrête, aux aguets. Seuls les bruits des animaux nocturnes troublent un peu le silence angoissant et pesant de cette nuit glacée. Augier creuse dans la terre un trou d’une cinquantaine de centimètres de profondeur et du double dans sa largeur. Ensuite il s’empare religieusement du pot en grès et le pose consciencieusement et avec d’infinies précautions au fond de la cavité.
Augier Delpech, marchand de son état, vient de recouvrir de terre le fruit de ses économies qu’il a accumulées au fil des ans. Son trésor : testons, huitièmes d’écus, quarts d’écu toutes en argent de bon aloi à l’effigie pour la plus ancienne de François 1er jusqu’à celle de Louis 13 pour la plus récente, en passant par Charles 9, Henri 3, et Henri 4. Pour compléter le dépôt, Augier a rajouté 10 monnaies en or : escudos et doublons de Philippe 2 d’Espagne, une monnaie italienne de deux doppies au portrait de Ranuccio Farnese, un écu d’or au soleil de Louis 13. En tout 300 monnaies vont attendre des jours meilleurs bien à l’abri des regards indiscrets, des envieux et des brigands.
Six mois plus tard, le sieur et bon chrétien Augier Delpech repose en terre consacrée… Sa femme et ses enfants le pleurent. C’était un bon père et un bon mari… Son seul grand défaut légendaire était son avarice maladive qui faisait tant jaser et sourire les modestes feux du bourg. Augier est mort en emportant tous ses secrets et avec lui l’endroit près du puits où dort une petite fortune…

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 100

Trouvaille 86.08

Récemment, j’ai découvert dans un labour du Tarn une monnaie ruthène en très bon état, à la frappe bien centrée, en argent massif, d’une masse de 3,15 g et de dimensions 14,1 x 13,5 mm.
Il semble qu’elle appartienne au groupe des drachmes à tête cubiste. Il semble y avoir une trace des “dauphins” sur le bord de la pièce. Cependant, l’avers présente 2 grènetis de tailles différentes devant le visage, que je ne retrouve sur aucune monnaie semblable (mis à part les 2 points représentant la bouche). Je souhaiterais une confirmation de cette identification, ainsi qu’une estimation compte tenu de l’état et de ses particularités, si particularités il y a. JL
Il ne s’agit pas d’une ruthène mais d’une volques tectosages type cubiste. Le grenetis dont vous parlez est effectivement peu courant il semble y avoir un reste de dauphins devant les deux points symbolisant la bouche. Le revers n’est pas répertorié non plus avec cette particularité de la hache bouletée à gauche avec deux points derrière.
Mais ce type de monnayage est extrêmement varié et les répertorier est tâche impossible pour les chercheurs de bonne foi qui veulent travailler avec les prospecteurs car le lobby des ânes bâtés est constant à maintenir l’obscurantisme le plus total sur notre patrimoine commun… En Angleterre il y aurait longtemps qu’un livre spécialisé sur le monnayage à la croix, avec la répartition géographique des trouvailles permettant un rattachement plus sûr, aurait vu le jour, avec mise à jour annuelle pour compléter l’ouvrage. Pauvre France malade…
Votre monnaie reste une belle cubiste bien centrée en TTB, pour sa particularité on l’estime à 380 euros.

Trouvaille 84.19

Merveilleuse trouvaille faite par un prospecteur régional dans le Tarn avec cette obole inédite, 14 mm, 0,51 g, de Raymond IV de Toulouse (1088-1106) : (9h) RAIMVNDVS buste à droite. Globule sur le visage. Revers (6h) : +TOLOSA CIVI buste à droite. Les deux portraits présentent une série de points reliés avec une ligne dépassant sur le front et la nuque suggérant un casque ou un couvre-chef ? Totalement inédit ! Noter la forme du S typique du XIe siècle : deux croissants de lune inversés se touchant par la pointe et précédés d’un triangle à chaque extrémité des croissants, le tout sur une ligne. Etat SUP, cette monnaie s’estime à 4 500 euros.

Trouvaille 66.03

Trouvés par Georges dans la rivière du Tarn, ces deux objets liturgiques en bronze sans patine (à cause de l’eau) sont intéressants à plus d’un titre.

Le seau, haut de 18 à 20 cm, présente cinq scènes évoquant la vie de moines ou religieuses, rehaussées par les voutes romanes en plein cintre. Tous les personnages ont une auréole, et sont accompagnés de personnages ou animaux secondaires ; enfants, anges, griffons ou rapaces ? La femme est assise sur un trône central entourée de deux enfants, un troisième sur les genoux, les moines copistes ou lecteurs sont tournés sur la gauche et la droite. Au-dessus se situe un liseré à motif floral qui se répète sur tout le pourtour du seau et une inscription que je me suis amusé à déchiffrer, est gravée malhabilement (lettres penchées, taille différentes, etc. etc.) sur toute la circonférence du seau : IASUD ENTE SACRIS- INNCRIRELYPN TES AMB-OCOD DITBIS. Cette inscription n’est pas franchement traduisible. Pour l’époque, je pencherais pour une production du néo-roman du XIXe siècle vers 1850 – imitation du style roman, mais avec une facture plus moderne dans le traitement des gestes et des silhouettes.

Venons-en au petit coffre qui reprend aussi des scènes religieuses que je ne détaillerai pas. Celui-ci est en métal coulé, le travail est un peu plus crédible que le précédent objet, il  pourrait passer pour de l’artisanat du XIVe siècle, artisanat local… Mais le style très inhabituel est troublant et on pourrait tout aussi bien avoir là l’œuvre d’un antiquaire-faussaire du début ou milieu XIXe siècle, féru de médiéval – et on sait qu’il y en a eu quelques-uns célèbres dans la région Toulouse/Albi dont un certain Chevalier… promoteur de pseudo-découvertes archéologiques comme la fausse pierre tombale de Simon de Montfort… dont on a retrouvé… deux exemplaires !!! – la prudence est donc de mise devant ces objets très très inhabituels.

Trésor en donation

La société archéologique de Lavaur, Tarn, a récemment bénéficié d’une donation en provenance des demoiselles de Roucou-Crayol, consistant en une vingtaine de monnaies, dont quelques-unes provenaient d’un trésor ! Il y avait dans le lot, deux rarissimes deniers de Raymondin (Raymond VII) frappés au XIIIe siècle. Le trésor, composé de 1680 monnaies féodales, 1300 deniers et 380 oboles, fut découvert par un paysan en 1900, sur l’emplacement d’une église (St Vincent) disparue, au lieu dit la Garrigue.

Source : ladepeche.fr