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La rocambolesque histoire de la patère de Rennes

Rennais de longue date et habitant à la confluence entre l’Ille-et-Vilaine et la Rance, j’ai souvent l’occasion, afin de me rendre dans le centre ville pour mes courses au marché des Lices, de passer par la rue de la Monnaie qui est située à proximité de la cathédrale. À chaque passage à pied dans cette ruelle qui mène au Pont-Levis des « Portes Mordelaises » – entrée symbolique des ducs de Bretagne lors de leurs visites dans la capitale bretonne – (situation en face de l’ancien chemin menant à Mordelles), je me remémore l’extraordinaire destin d’une patère romaine du 3e siècle qui fut mise au jour d’une manière fortuite, dans ce secteur, au 18e siècle.

Le site de l’ancienne forteresse bretonne, situé à proximité du lieu de trouvaille de la patère, est un fleuron d’architecture médiévale qui fut installé sur des bases datant du Bas-Empire romain (période finale comprise entre 192 et 476) et même plus anciennes. En effet, à l’emplacement de ce site médiéval, plusieurs bifaces préhistoriques – Acheuléens et Moustériens en quartzite et en grès – ont été découverts, et ce, à plusieurs reprises lors de travaux (découvertes fortuites dans l’année 2021), dans les douves du château, au niveau d’une ancienne terrasse fluviatile placée au niveau 16 de la rue Nantaise.

Il est à noter qu’en 1180, selon l’historien Lucien Decombe, l’évêque de Rennes, lors de travaux dans l’actuelle cathédrale et sur l’emplacement probable d’un ancien temple romain, un trésor composé de monnaies romaines fut mis au jour.

Georges Lefèvre écrit dans les Annales de Bretagne avec le titre : « Le Trésor du Chapitre et la patère d’or de Rennes : « Le 26 mars 1774, au cours de la démolition d’une maison de l’ancien Chapitre de Rennes, au lieu dit Place de la Monnaie, des ouvriers maçons mirent à jour, à un mètre quatre vingt dix de profondeur, le plus considérable monument archéologique d’or découvert jusqu’alors en Occident… ». Il signale qu’il se trouvait aussi 34 deniers d’argent du premier et second siècles dont la description n’est pas parvenue jusqu’à nous (toutes ces monnaies ont malheureusement disparu).

Définition du terme patère

Ce mot féminin, vient du latin patera qui veut dire « coupe peu profonde «. Cet ustensile est parfois muni d’un manche et servait lors de cérémonies rituelles de sacrifices. La patère, un service du vin, créé par un orfèvre romain, pouvait être composé d’argile ou de métaux (souvent nobles).

Peu d’exemples de vaisselle d’or sont arrivés jusqu’à nous… Une autre patère que celle de Rennes mérite d’être signalée : le fameux plat d’or (900 grammes) de Lava en Corse révélé en 1992 par une photographie et un croquis saisis chez un brocanteur d’Ajaccio. Cette pièce d’orfèvrerie possédait en son centre un médaillon de Gallien (non retrouvé par les douanes françaises).

La patère de Rennes est donc le plus somptueux monument en or qui nous soit parvenu de l’Antiquité. En effet, il faut bien insister sur ce point car ce plat est vraiment exceptionnel, il n’a rien de commun et n’est pas un objet utilitaire ordinaire mais un objet d’apparat et donc un véritable cadeau impérial remis à un fidèle serviteur du pouvoir politique sous l’Empire romain. 

Enfouissement d’un militaire ou riche particulier, dépôt d’ex-voto à une divinité ou un don à un temple voire à cause d’autres raisons ?

Belle-île-en-Mer

Vendredi 26 mars 9h30, port Haliguen Quiberon, sur la côte sud de la Bretagne. J’embarque avec armes et bagages à bord du navire « le Bangor » le seul navire de la compagnie Océane qui peut vous faire traverser avec votre véhicule, les autres navires ne prennent que des passagers et éventuellement un vélo…

Mes armes se composent, d’un fourgon pour y dormir avec des vivres pour une semaine et le plus important, mon détecteur de métaux et encore plus important, une solide gamatte. Je suis paré pour une semaine de grandes marées, coefficients de 112 au plus bas, ou au plus haut, comme vous voulez, mais moi ce qui m’intéresse, c’est la basse mer, pour aller chercher l’or perdu par les baigneurs imprudents et ils sont nombreux, à être imprudents… Le 112 de coef, sera pour le mardi 30 et au moins une dizaine de marées à plus de 90/95 me tendent les bras, reste a espérer que l’or, soit au rendez-vous.
Destination : Belle-île-en-Mer ! (1)

Bien protégée des vents dominants avec de nombreuses criques pour accoster et de hautes falaises pour voir les malfaisants approcher, Belle-île a servi d’abri très tôt. Un crâne humain daté du Néolithique y a été découvert dans une tourbière, il est exposé au Musée Dobrée de Nantes. À l’époque celtique Belle-île est la plus grande et la plus au large des 365 îles qui composent le golfe du Morbihan « dont la traduction est : petite mer ». Plusieurs monnaies gauloises y ont été trouvées, principalement des monnaies vénètes, Belle-île étant quasiment au centre de leur territoire, d’après les mémoires de Jules César, une bataille aurait opposé les Vénètes aux Romains, sur Belle-île, mais ça reste à prouver… Plusieurs éperons barrés et quelques tumulus ont été localisés. Quelques sites d’occupation romaine sont connus, mais là encore, rien d’extraordinaire.
À partir du Xe siècle, les Vikings souvent surnommés localement les Saxons, font de Belle-île leur base arrière pour aller piller un peu partout sur le continent, les nombreuses sources d’eau douce en font une place de choix. Et sur Belle-île-en-mer, on peut voir de nombreuses criques qui rentrent très loin dans les terres, des langues de mer ou de sable à marée basse, qui serpentent entre de hautes falaises et qui rappellent les fjords de Norvège, ce qui devait bien plaire aux Vikings. Pendant deux siècles et demi, Belle-île sera un repaire de vautours des mers !
Après l’annexion de la Bretagne par la France en 1532, les rois de France vont s’intéresser de plus près à Belle-île ; en 1567 Belle-île est pillée une nouvelle fois par les Espagnols, ça commence à bien faire ! En 1572, Henri II convainc les moines de Quimperlé qui possèdent toujours l’île, de la céder à Albert de Gondi, un riche militaire qui va construire les premières fortifications de l’île. Un fort voit le jour au-dessus du « Palais » l’actuelle citadelle, ce fort va assurer la prospérité de l’île pendant un siècle.
Mais rien ne dure, en 1658 les héritiers Gondi sont à sec et mal vus du cardinal Mazarin, qui est aux affaires, les Gondi sont forcés de vendre Belle-île au surintendant des finances du Roi Louis XIV, le célèbre Nicolas Fouquet ! pour la somme d’un million quatre cent mille livres. Fouquet renforce les fortifications, il commencera même la construction d’un beau manoir, de nos jours en ruine, qu’il n’aura pas le temps d’habiter ; deux ans plus tard, en disgrâce à son tour, Nicolas Fouquet est emprisonné. La légende dit qu’il aurait eu le temps de cacher une partie de son énorme fortune sur Belle-île, un trésor jamais retrouvé, ou pas déclaré… Une petite plage de l’île porte son nom : le port Fouquet, juste en face de la pointe de Quiberon, c’est la distance la plus courte à vol d’oiseau pour rejoindre l’île, et elle est à mon programme, on ne sait jamais…

La suite dans Monnaies & Détections n° 120

Trouvaille 109.01

Bonjour, je vous contacte pour mettre un article sur votre magazine. Il y a peu de temps un ami me demande si cela me dit de faire de la détection dans une petite crique en Bretagne où il a déjà fait quelques objets en argent. J’accepte sa proposition. Manque de chance, le jour même, j’ai un imprévu avec ma voiture et vers 10h, Jeremy m’envoie un message sur Messenger pour savoir s’il peut m’appeler pour identifier une monnaie. Il m’appelle et me dit “Tom prends pas des pincettes et dis-moi ce que tu en penses même si ça peut me décevoir. Il m’envoie une photo, Waouh ! C’est une royale en or. Par contre elle n’est pas française. Je regarde vite fait sur Internet du côté des monnaies portugaises. Bingo ! Une 1000 réal en or de Saint Vincent ! (7,58 g). Jeremy le soir même me dit : “Tom, je sais pas pourquoi, mais pour moi il y en a d’autres !” Sans le savoir un ami à lui passe deux jours après dans la même crique sauf que lui, il soulève les cailloux et là : bingo pour lui aussi ! Une monnaie en or espagnole de Philippe II. Moi aussi voulant ma monnaie en or, nous sommes retournés en janvier 2019 après des coups de vents en Bretagne. J’avais dit à Jeremy : “S’il y a des monnaies sur une rive, il y a de fortes chances qu’il y en ait de l’autre côté du bras de mer”. La chance me fuit encore car ce jour là j’oublie mon pro pointer. Ayant un CTX3030, je vous laisse imaginer la galère pour trouver des micros cibles dans du sable vaseux ! Vite découragé, je vois une prairie et l’agriculteur près de l’endroit où je me trouve. Je préviens Jeremy et je lui dis que je vais demander l’autorisation à la personne. Je me dis à ce moment : “Autant dans la mer, les monnaies se déplacent, autant en prairie elles restent quasiment à l’endroit de la perte”. Après quelques minutes, j’ai un bon son. Je creuse assez profond car je n’ai pas mon pro pointer et là, dans une motte, je vois une monnaie sur la tranche. Rien qu’avec la tranche, j’ai vite compris de quoi il s’agissait ! Je l’a nettoie doucement et voilà qu’entre mes mains j’ai 2000 ans d’Histoire : un quart de statère osisme en électrum. Après recherches pour une identification, il s’avère qu’il est inédit et non répertorié. Début février Jeremy est retourné dans cette crique magique et a refait une monnaie ,mais cette fois-ci en argent, avec une contremarque en forme de fleur de lys. J’ose espérer que l’histoire ne s’arrêtera pas en si bon chemin… Affaire à suivre… Ps : En pièces jointes les monnaies une fois nettoyées. Thomas

Commençons par la monnaie portugaise : il s’agit d’une monnaie du Portugal pour Joao III (1521-1557), type de Saint Vincent ou 1000 reis. Avers : IOANNES: III REX: PORTV ET AL (Jean III, roi du Portugal et d’Algarve). Ecu du Portugal couronné. Revers : USQUE ADMORTEN ZELATOR FIDEIS (Par ce signe tu vaincras). Saint Vincent à droite tient un navire et la palme des martyrs. Deux étoiles l’entourent de part et d’autres. C’est une monnaie qui représente Saint Vincent, tenant une palme et un navire rappelant son martyre subi en 304. Après avoir été épargné par les fauves de l’arène, son corps fut attaché à une lourde pierre et jeté à la mer. Le rocher se mit alors à flotter miraculeusement jusqu’au rivage. Ses restes furent alors ensevelis. En 1173, ses reliques furent amenées à la cathédrale de Lisbonne où elles reposent encore. La monnaie conserve un beau panache, elle est en TTB et s’estime 2200 euros.

La seconde monnaie trouvée par Jérémie ne se rattache pas du tout à la même époque puisque on est à la fin du XVIe siècle. Il s’agit d’un dizain ou douzain contremarqué, inidentifiable dans cet état.

L’ami qui soulève les cailloux a trouvé une monnaie des Pays Bas espagnols pour le duché du Brabant pour Philippe II en 1558. Cette monnaie est un réal d’or non daté, frappé à Anvers (Main), 149 841 exemplaires fabriqués pour tout le règne et pour cet atelier, De Mey 466. Avers : PHS. D: G HISP. ANG Z REX. DUX BRAB. Buste à droite de Philippe II couronné et cuirassé, dont la couronne coupe la légende. Légende sans séparation avec le champ et la figure mais avec grènetis extérieur. Revers : écu couronné aux armes écartelées en 1 de Castille et Léon (écartelé de), en 2 d’Aragon-Deux-Siciles (parti de), en 3 d’Autriche-Bourgogne ancienne (coupé de), en 4 de Bourgogne moderne-Brabant (coupé de) ; sur les 3 et 4, un écusson parti de Flandre et Tyrol. L’écu est entouré du collier de l’ordre de la Toison d’Or, le bijou pendant dans la légende. Légende : DOMINVS . MICH / HI . ADIVTOR main (le seigneur est mon aide). Cette monnaie possède un léger coup sur la tranche sinon elle est de belle conservation et s’estime environ 1000 euros.

Enfin dans un autre registre et avec une jolie chance, voyons votre quart de statère osisme. Ce quart peut se rattacher à la série « au trépied » (DT 2229), bien que le motif en triangle (« trépied ») soit complètement hors flan. Le profil est tourné à droite : c’est sans doute une variante originale de DT 2228-29. La localisation de cette série se situe au N-O des pays osismes. Avers : profil à droite ; la chevelure est entourée d’un cordon perlé. Devant, une croix bouletée. Revers : cheval androcéphale à gauche, au-dessus, les restes d’un aurige. En dessous, un trépied constitué d’une roue sur un trépied. Monnaie en état TTB,  estimation 400 euros.

La plage du cochon d’or

6 novembre 2018, je prospecte une plage, quelque part en Bretagne… Sur un coefficient de 90, c’est le début d’une semaine de grande marée et je suis sur le pied de guerre, avec un seul et unique objectif : trouver de l’or !

Ça commence mal, rien sur la première marée, trop de sable, je change de tarmac. Lire une plage et définir la hauteur de sable, bonne ou mauvaise est une chose à apprendre si vous voulez optimiser vos chances de réussite. La deuxième plage me permet de toucher du sable noir à 30/40 cm ce qui est un bon signe. Le sable noir est plus dense et retient les objets lourds, dont l’or et effectivement je vais sortir une alliance 18 carats de 4 g et des brouettes… Sur la marée suivante, rebelote, une autre alliance 18k de 5 g et un peu de plomb, mais sans plus.
J’ai donc deux jaunes dans la poche, ce qui est déjà pas mal, mais la plage ne me plait pas trop, pas assez de cibles lourdes et la zone porteuse, là où j’ai tapé les deux bagues, n’est pas assez grande à mon goût pour espérer beaucoup plus… Je reprends le volant, de nuit, vers une autre plage à 100 km de là, ça me prend comme ça, quelques fois, et quelquefois le pif peut changer la donne…
Bon, j’avoue, mon pif était un peu aiguillé, quatre mois plus tôt j’avais sorti une belle chevalière de 16 g sur la plage vers laquelle le destin me conduit (1) et étrangement, mis à part une alliance de 1.8 g trouvée sur cette même plage en 2012, rien d’autre !
Je note mes trouvailles, plage par plage, année par année, des statistiques utiles au bout d’un certain temps, surtout si vous prenez des notes sur des repères fixes, permettant de déterminer la hauteur de sable. Évidemment si vous faites toujours la même plage, ça n’a pas d’intérêt…

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 107

 

Une histoire de détection bretonne (suite et fin)

Dans le M&D n° 100 vous aviez pu lire le récit de Gweltaz au sujet de la découverte de nombreuses balles de fusils sur une plage du nord de la Bretagne. Vous êtes certainement nombreux à vous poser des questions sur les raisons de leur  présence aussi nous allons tenter de vous apporter quelques éléments de réponse…

Les balles retrouvées par Gweltaz peuvent être identifiées de façon précise. Sur la photo de la page 16 (M&D n° 100), en bas à droite on peut aperçevoir deux balles (oxydées) pour le fusil allemand Mauser 7,92 mm et au centre se trouvent plusieurs balles en plomb déformées qui semblent correspondre au calibre de 11 mm Gras modèle 1874. Enfin à gauche, des balles D pour le fusil Lebel modèle 1886 dont certaines sont déformées. Nous allons nous intéresser plus particulièrement à cette dernière munition qui a par ailleurs été retrouvée en assez grand nombre (plusieurs centaines d’exemplaires) sur cette plage.
Ces deux munitions (11 mm et 8 mm) ont tout d’abord été tirées par des armes règlementaires françaises probablement entre le dernier quart du XIXe siècle jusqu’au premier quart ou le premier tiers du XXe siècle. Ces armes étaient le plus souvent des fusils et des mitrailleuses en dotation dans l’armée française au cours de cette période et régulièrement lors de leur service militaire, les troupes étaient régulièrement entrainées aux tirs sur des terrains aménagés. Certaines plages du littoral plus accessibles à marées basses constituaient également des zones dégagées et permettaient de s’exercer au maniement des armes à feu (fusils et mitrailleuses) mais également au tir à l’aide de cibles.
Il existait certainement à proximité de la plage où Gweltaz a retrouvé toutes ces balles et à une distance relativement proche un ancien terrain de manœuvres ou un lieu de cantonnement pour les troupes françaises. A Saint-Brieuc, dans le nord de la Bretagne, la caserne Charner construite en 1875 fut chargée d’accueillir le 71e régiment d’infanterie et la caserne des Ursulines a également abrité le 271e régiment d’infanterie. Ce sont peut-être des troupes qui appartenaient à ces deux régiments qui se sont entrainées au tir sur les plages où ces nombreuses balles furent retrouvées ?

Photos de Gweltaz, M&D n° 100 page 16.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 107

Mis à part les 2 balles « en fer » sûrement chemisées en acier avec un placage de cuivre ou de cupro-nickel, avec un noyau de plomb et malheureusement difficilement identifiables, vous avez 2 sortes de projectiles :
– Les plus anciennes, en plomb : ce sont des balles du système GRAS, calibre 11 mm, dénomination 11 x 59R (R = rimless : bourrelet) Modèle 1874 en plomb pur ou durci à l’antimoine en fonction des modèle. 3 types de balles : modèle 1874, 1879 et 1879-83. Elles pèsent toutes 25 g (poids théorique) pour une longueur comprise entre 27 et 28 mm. Les cartouches étaient chargées de poudre noire. (photo 1)
– Les plus « récentes », en Tombac : 90 % de cuivre et 10 % de zinc, sont du système LEBEL, calibre 8 mm, dénomination 8 x 50R Modèle 1886 à balle D. Les balles originales étaient de forme cylindro-ogivale avec un méplat. Elles étaient chemisées de maillechort (alliage de cupro-nickel et de zinc : 55 % Cu, 25 % Zn, 20 % Ni) avec un noyau en plomb. En 1898, pour améliorer la portée et la précision, le Capitaine Désaleux propose plusieurs modèles de balles désignées A,B ,C et D et c’est le 4e modèle, le modèle D qui fut adoptée. C’est une balle de forme bi-ogivale, monolithique en Tombac. Elles pèsent environ 12,8 g pour une longueur de 39,20 mm. Une gorge de sertissage fut ajoutée en 1905. Les cartouches à balle D furent fabriquées jusqu’à la veille de la 2e guerre mondiale, bien qu’il existait un modèle adopté réglementairement en 1932. Les cartouches sont chargées de poudre dite « sans fumée »

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 103

Le trésor du Bois d’Amour

Le quartier du Bois d’Amour à Pont-Aven dans le Finistère est situé le long de la rivière Aven. De nombreuses cartes postales du début du XXe siècle nous montrent que depuis longtemps c’est un espace naturel reconnu, devenu aujourd’hui un circuit de randonnée aménagé très fréquenté. Ce lieu romantique, qui a inspiré de nombreux peintres comme Paul Gauguin, Emile Dezaunay, Paul Sérusier et bien d’autres, vient d’être placé au centre de l’actualité numismatique en raison de la découverte d’un trésor monétaire.

Pont-Aven est une commune au sud du Finistère très connue pour son école de peinture.

Carte postale ancienne montrant l’entrée du Bois d’Amour
à Pont-Aven et ayant circulé entre Pont-Aven et Paris en août 1920.

La découverte du trésor

Le mercredi 6 juin 2018 trois employés d’une entreprise du bâtiment de la région s’affairent sur le chantier de rénovation d’une vieille habitation près de la rivière Aven dans le quartier du Bois d’Amour de la commune de Pont-Aven. Le travail débuté deux semaines auparavant est en voie d’achèvement. Dans un tas de gravats et d’objets hétéroclites venant de la démolition, l’un des travailleurs remarque un objet qui ressemble à un ancien obus. Lorsqu’il le prend en main il lui semble entendre un bruit métallique. Il l’ouvre et découvre à l’intérieur des pièces de monnaies. Il y en a 600, elles ont un diamètre de 21 millimètres, pèsent 6,45 grammes et elles sont en or ! Ce sont des pièces de 20 francs, toutes en très bon état. Le propriétaire de la maison est informé et la presse locale (Ouest-France et le Télégramme) nous rapporte sa réaction : il n’est pas étonné de la découverte car son grand-père était collectionneur. La mairie et la gendarmerie sont rapidement prévenues et les pièces sont mises sous scellés.

Le Moulin du Bois d’Amour le long de l’Aven à Pont-Aven.

Le trésor et son origine, ses bénéficiaires ?

Nous avons vu que les monnaies découvertes sont des pièces de 20 francs en or appelées couramment en France des « Napoléons ». L’étude du trésor nous donne des renseignements supplémentaires. Elles ont été frappées entre 1870 et 1882. Elles portent sur une face l’effigie d’un souverain : Léopold II, roi des Belges de 1865 à 1909. Sur l’autre face sont présentes les armes de la Belgique : un écu portant le lion belge entouré du collier de l’ordre de Léopold sous un pavillon au manteau fourré d’hermine surmonté d’une couronne. La devise nationale belge « L’Union fait la Force » y est également apposée.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 101

Une histoire de détection bretonne

Pendant les vacances scolaires, en ce mois de mars, souhaitant éloigner tout le monde – moi y compris – des écrans et afin de prendre l’air, j’ai pris l’initiative de proposer à ma fille et à mon neveu une promenade au bord de mer. Il s’agissait aussi de faire un brin de détection avec eux. Ils s’y sont prêtés de bonne grâce, et nous sommes partis sur une plage de la côte nord de Bretagne, près de Saint Brieuc.

Peu de monde en ce temps de léger frima. Mais, il est si bon d’être tranquille et de faire doucement glisser sur le sable le va-et-vient de l’auréole du détecteur. Rien que des morceaux de métal issus d’un grillage vert de clôture de jardin et un peu d’alu. Nous ne sommes en effet pas si loin de petites propriétés de bord de mer. Nous nous éloignons de plus en plus de la plage et c’est avec appréhension que je me dirige vers les petits bancs de sable, répartis entre les roches émergentes. La falaise n’est en effet pas si loin de nous et se jette progressivement dans la mer. Soudain, un son plus aigu se fait entendre… enfin quelque chose d’intéressant me dis-je !

Et quelle ne fut pas ma surprise de sortir du sable une petite balle de cuivre, déformée. Je restai songeur en y repensant. Mais, alors qu’elle était déjà dans ma poche, c’est un son similaire que nous avons entendu. Une autre balle de cuivre, plus droite, celle-là. Puis une autre, une quatrième et encore de multiples sons. C’est sûr, nous étions sur un filon. Aucun danger, toutes ces balles avaient été tirées et sans doute s’étaient-elles déformées en percutant la falaise ou en frottant le sable. Vu le nombre, on aurait pu se croire sur un site où des combats avaient eu lieu, pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais non ! Rien de semblable dans l’histoire locale. Aucune attaque venue de la mer. Nous sommes si loin des plages de Normandie.

Dans les balles recueillies, il en était certaines totalement éclatées, alors que d’autres s’étaient à peine déformées. Mais plus encore : dans le lot récupéré, il en était deux en fer. Et bien d’autres en plomb également. Ces balles de plomb étaient toutes déformées, et avaient dû percuter soit la falaise, soit le sol, vu les déformations qu’elles présentaient. Le détecteur s’affolait désormais, et nous avions un secteur où la concentration des balles était extraordinaire.

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 100

Chasse au cercueil !

Vu le titre, on pourrait penser à une recherche macabre, mais non pas du tout ! Il existe en Bretagne et plus généralement dans le grand Ouest et probablement dans d’autres régions de France, une tradition qui consiste à enterrer une boite, nommée cercueil, lors d’un enterrement de jeune fille/garçon se préparant à sauter le pas du mariage.

Photo 1

Cette tradition se perd dans la nuit des temps, certainement une origine plus ou moins catholique qui a dévié en fiesta avec le temps…
Fiesta souvent bien arrosée, en Bretagne en tout cas, je vous le confirme ! Début 2005, j’étais invité à une de ces journées, je me souviens des jeux de pistes, de la partie de paintball et au final d’une belle journée avec la famille et les amis qui se termina autour d’un banquet dans le jardin des parents du futur marié. Assurancetourix le barde, n’était pas là, mais tout le reste y était ! Et vers deux ou trois heures du matin, celles et ceux qui avaient encore les yeux ouverts, participèrent à l’enterrement du fameux cercueil. Celui-ci avait été fait par un des oncles du marié, menuisier-ébéniste ça aide, on y met ce que l’on veut, souvent des bouteilles, des peluches pour les futurs bébés, des lettres et autres babioles…
Quelques semaines plus-tard, le 25 juin 2005, une belle Bretonne dans sa robe d’un blanc nacré, prenait pour mari un grand brun au regard ténébreux. Deux beaux bébés arrivèrent dans la foulée ou presque.
La tradition veut que, normalement, le cercueil soit « exhumé » à l’arrivée du premier bébé. Mais bien souvent pour x raison, déménagement et autres, il reste en terre et comme tout ce qui est caché on l’oublie plus ou moins.
Et le temps passa jusqu’à un beau jour de 2016 – donc 11 ans plus tard ! – où quelqu’un posa enfin la question : et le cercueil vous l’avez déterré ? Ah tiens non, mais il faudrait déjà le retrouver… Avec un détecteur de métaux peut-être, et dans ces cas-là, c’est à bibi qu’on pense… Voilà comment je me suis retrouvé à chercher un cercueil, une première pour moi ! (1)

Photo 2

On se souvenait tous à peu près de l’endroit, le long d’une grange. Une fois la zone nettoyée, j’ai passé quelques coups de poêle. Je comptais sur les capsules et têtes de bouteilles en alu pour repérer le magot et après quelques bouts de ferrailles et dessus de boites de conserves un son assez diffus, mais large s’est fait entendre. Quelques coups de pelles donnés par le marié, c’était pour remplir sa cave, fallait bien le faire creuser un peu… deux ou trois coups de barres à mines pour être sûr, et bingo on était pile dessus ! (2)

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 94

Trouvaille 90.11

Patricia en Bretagne a trouvé cette monnaie peu commune : un gros de Jean IV de Montfort pour la Bretagne : A l’avers : IOhANNES* DV – BRITANIE V : écu penché de Bretagne à dix mouchetures d’hermine, sommé d’un heaume corné portant le lion de Montfort, le tout dans un polylobe. (Jean, duc des Bretons). Au revers : + DEVS In ADIVTORIVM MEV IN TEDE. Croix fleuronnée portant un quadrilobe et une rose en coeur. (Que Dieu me vienne en aide). Monnaie en état TB++ qui s’estime
à 300 euros. Les deux autres morceaux de monnaies proviennent d’un autre exemplaire de gros du même type et nous fait dire une fois de plus que les prospecteurs sont de véritables outils de sauvetage
de notre patrimoine numismatique français.