MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Catégorie : Numismatique

Les monnaies des Etats-Unis d’Amérique sont très collectionnées aussi bien en Amérique du Nord que dans beaucoup d’autres pays du monde. Les différentes pièces courantes rencontrées portent la mention « United-States of America » (Etats-Unis d’Amérique) et ont pour valeurs faciales un demi cent, un cent, deux cents, trois cents, cinq cents, une demi dime, une dime, vingt cents, un quart de dollar, un demi dollar et un dollar. Il existe aussi des pièces en or de diverses valeurs nominales. Depuis la fin du XVIIIe siècle leurs caractéristiques ont rarement changé, et pour chaque valeur il existe peu de types différents. Dans cet article nous vous présentons les seules pièces frappées il y a exactement 100 ans, en 1920, et pour lesquelles il existe uniquement sept valeurs nominales : 1 cent, 5 cents, 1 dime, un quart de dollar, un demi dollar, 10 dollars et 20 dollars.

Les Etats-Unis d’Amérique dans le monde de 1920

Sur le plan international :
Depuis un peu plus d’un an la guerre a pris fin en Europe de l’ouest contre l’Allemagne et ses alliés, mais, menée par une coalition de 14 pays (les Etats-Unis d’Amérique, la France, La Tchécoslovaquie, le Japon, le Royaume-Uni, la Grèce, la Pologne, etc.), se poursuit en 1920, en Crimée et dans d’autres régions de Russie, contre la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie.
De nombreux pays comptent des millions de morts et se retrouvent avec des régions entières terriblement dévastées et des économies exsangues. En Europe, tout est à reconstruire et il faudra du temps, beaucoup de temps. Ainsi, en France, alors qu’en un an 3 présidents de la République, Raymond Pointcarré, Paul Deschanel et Alexandre Millerand se succèdent, une inflation de + 39,5 % et une forte hausse des impôts marquent cette année 1920.

Thomas Woodrow Wilson, président des Etats-Unis d’Amérique de 1913 à 1921.

Sur le plan national :
Aux Etats-Unis d’Amérique, en 1920 le Démocrate Thomas Woodrow Wilson est président depuis
1913 et le reste jusqu’en 1921. Bien que pacifiste, il a rompu avec la tradition isolationniste américaine en
intervenant en 1917 aux côtés des Alliés contre l’Allemagne et les nations qui la soutiennent. Il reçoit le Prix Nobel de la paix en novembre 1919 en tant qu’instigateur de la Société des Nations (SDN). Il échoue cependant à faire adopter par son propre congrès l’adhésion des Etats-Unis d’Amérique à la SDN. Si son action intérieure avant la guerre est principalement économique (création du Federal Reserve Système et loi anti trust), ses décisions intérieures en 1919-1920 sont d’une part sociétales : le droit de vote donné aux femmes et la prohibition de la fabrication, la détention, le transport et la consommation de l’alcool, d’autre part politiques par des lois anti anarchistes et l’interdiction du Parti Communiste. Ces lois sont motivées par le contexte économique et social de 1920 qui provoque de graves et violents conflits avec les ouvriers et entraine la multiplication des attentats anarchistes.

Armoiries des Etats-Unis d’Amérique.

La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°111 …

 

Les pièces d’un penny et d’un demi-penny en bronze du Royaume-Uni actuel existent depuis des siècles. Le système monétaire de l’Angleterre date en effet de la fin du onzième siècle. La livre sterling était alors divisée en 20 shillings et un shilling valait 12 pence (pence est le pluriel de penny). Une pièce d’une livre s’échangeait donc contre 240 pièces d’un penny. Ce système s’est étendu géographiquement au cours des siècles suivants. D’abord au Pays de Galles, par l’intégration de celui-ci à l’Angleterre en 1536, puis à l’Ecosse par l’Acte d’Union de l’Angleterre et de l’Ecosse formant le Royaume de Grande Bretagne en 1707 et enfin à l’Irlande en 1800 par l’Acte d’Union de l’Irlande et du Royaume de Grande Bretagne qui donne naissance au Royaume-Uni. Ces pièces d’un penny et d’un demi-penny sont démonétisées à partir de 1971 lorsque le Royaume-Uni adopte le système décimal pour la subdivision de ces monnaies. C’est alors que la pièce d’un penny grand diamètre est remplacée par une pièce de petit diamètre et que les pièces d’un demi-penny cessent d’être frappées.

Il n’est pas rare qu’un détectoriste déterre l’une de ces anciennes monnaies du Royaume-Uni ou qu’un chineur en rencontre une sur la table d’un exposant dans un vide-grenier. Les types monétaires que l’on trouve le plus souvent ressemblent à nos pièces de bronze de 5 centimes (un sou) et de 10 centimes (deux sous) du XIXe siècle. Elles ont été frappées depuis le règne de Victoria jusqu’au milieu de celui d’Elisabeth II et sur chacune d’elles l’avers montre le portrait d’un souverain anglais. D’autres types, plus anciens, qui sont de poids et diamètres variables, se trouvent aussi de temps à autre.

Les pièces d’un penny et d’un demi-penny frappées de 1672 à 1837

Les premières pièces d’un demi-penny et d’un penny sont en argent ou en billon (alliage de cuivre et d’argent), elles sont antérieures à la création du Royaume-Uni en 1707. A partir du quatrième quart du XVIIe siècle elles sont en cuivre. Nous vous présentons ici celles frappées à partir de 1672, sous les rois et reines Charles II, Jacques II, Marie II, Guillaume III, Anne, Georges Ier, Georges II, Georges III, Georges IV et Guillaume IV. Elles portent très souvent sur le revers Britannia assise près d’un écu aux armes du Royaume-Uni et tenant d’une main un rameau de laurier et de l’autre un trident. Parfois sur ce revers, à la place de l’allégorie de la Grande Bretagne, on trouve un Chardon, emblème de l’Ecosse ou une Harpe symbolisant l’Irlande.

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Les baquettes d’Henri II de Béarn et Navarre 1572-1589

Ces petites monnaies n’ont été répertoriées ni par F. Poey d’Avant, ni par E. Caron et G. Schlumberger.
Le nom « vaquette » ou « baquette », baque, signifie « vache » en béarnais. Dans les registres rédigés en Gascon, on trouve également « bacqvetes », « baquetes ». Comme en font foi les délivrances des Archives Départementales des Basses Pyrénées, ces monnaies nous étaient connues pour des frappes de 1572 et 1586 (baquettes non retrouvées).
Elles furent révélées grâce au trésor de Lescun (64) découvert en 1959 dans le mur d’une ancienne maison. Il rassemblait 4686 monnaies de billon, principalement frappées en Béarn sous le règne d’Henri d’Albret (1516-1555), d’Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret (1555-1562), d’Henri II (1572-1589), d’Henri IV (1589-1610) et une grosse majorité émise sous Louis XIII (1610-1643). Cette trouvaille a été examinée par Françoise Dumas. Son rapport mentionne qu’une quarantaine de monnaies seulement proviendrait de l’époque d’Henri II. La proportion démontre bien la rareté de ces baquettes du seigneur de Béarn.
En 1988 un agriculteur me sachant numismate me fit don d’un petit lot de pièces retrouvé dans le tiroir d’un meuble appartenant à la famille depuis plusieurs générations. Quelle belle surprise que cet ensemble de monnaies béarnaises, 140 baquettes et liards en cuivre et billon !
Comme dans le trésor de Lescun, celui-ci contenait beaucoup de Louis XIII, peu d’Henri IV, et seulement deux d’Henri II. Ce fut un bonheur d’intégrer ces premières baquettes dans ma collection de féodales béarnaises.

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Fouquet

Un « fouquet » est un écureuil dans le dialecte angevin. Le surintendant Nicolas Fouquet portait donc des armes parlantes « d’argent à l’écureuil de gueules rampant ». Ce blason est plus ancien qu’il n’est souvent écrit, les Fouquet – ou Foucquet – sont de cette petite noblesse qui subit les vents de l’Histoire de plein fouet et qui déroge parfois, retombant dans la bourgeoisie.
Nicolas Fouquet est un homme qui est parvenu au sommet de l’Etat, juste en-dessous de Mazarin, puis a été arrêté, jugé, condamné au bannissement, peine aggravée par Louis XIV en détention perpétuelle. Il meurt à Pignerol en 1680, à 65 ans, après 19 années de geôle. Il y a côtoyé Lauzun et le Masque de Fer. On lui reproche d’avoir détourné l’argent de l’Etat, d’avoir comploté… Rien pourtant que de très banal : Richelieu s’est rempli les poches, Mazarin a passé la vitesse supérieure et même le laborieux Colbert ne crachait pas sur une commission.
Le complot, c’est plus compliqué, si l’on ose dire. Non pas que la création d’une « place de sûreté » soit rare au Grand Siècle. Ainsi le comte d’Harcourt s’enferme dans Brisach, en Alsace, et réclame de fortes sommes pour la rendre au roi. Il est vrai qu’il est appuyé par la puissance espagnole. Le marquis de Manicamp fait de même à La Fère, il faut lui en racheter le gouvernement. Car ils sont gouverneurs militaires, nous ne sommes plus au haut moyen-âge où des seigneurs brigands défiaient, du haut du donjon, les premiers Capétiens en Ile-de-France même… Non, le XVIIe est moderne et il s’agit désormais de généraux qui se rencognent dans leur caserne.
Ainsi lorsque Nicolas Fouquet, surintendant des Finances et ministre d’Etat, achète le marquisat de Belle-Ile pour 1 370 000 livres, puis fortifie et recrute, l’on doit mesurer que c’est exagéré mais pas inédit. De 1658 à 1661, il dépense des sommes folles pour en faire une place de sûreté. Une forteresse où il pourrait se réfugier en cas de disgrâce. En effet, les monarques capétiens n’ont guère de reconnaissance pour leurs financiers, plus d’un a terminé sur l’échafaud et Fouquet le sait.

Un jeton de Nicolas Fouquet avant qu’il ne soit marquis de Belle-Isle.

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L’affaire afare

Si les Britanniques ont gardé quelques-uns de leurs cheikhs et émirs en place assez longtemps pour que ces derniers parviennent jusqu’au XXIe siècle, il n’en est pas de même des colonisateurs français. En effet les Abu Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Umm al-Qaiwain, Ras al-Khaimah, Fujeirah, Oman, le Qatar, Bahrein, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et le Koweït se portent très bien grâce surtout à la diplomatie britannique au moment des indépendances.
Par contre, seul le royaume du Maroc a survécu au protectorat français. Appuyé sur des racines profondes, l’unique sultanat anciennement compris dans l’empire colonial français à être parvenu jusqu’à notre époque constitue une exception qui confirme la règle. L’ancienneté de l’Empire Chérifien n’est pas la seule cause de cette survie, on peut y ajouter la brièveté de l’épisode français (45 ans) et le fait que le proconsulat de Lyautey a posé les bases de relations saines entre la tentaculaire administration française et les sultans.
La décolonisation est une mécanique sans fin lorsque l’on sait que Paris gouvernait plus de 12 millions de kilomètres carrés à travers le monde il y a 80 ans encore.
Jean Martin, dans sa monumentale “aventure coloniale de la France”, nous étonne en datant le premier acte de décolonisation de 1936, lorsque le Quai d’Orsay ne frémit même pas pour empêcher l’imam du Yémen de réoccuper la presqu’île de Cheikh Saïd. Stratégiquement placé sur les plages nord de la Mer Rouge, cet établissement disputé aux Ottomans faisait le pendant de la Côte des Somalis, au Sud.

La pièce de cinq francs arbore une symbolique exotique.

Bien la peine d’avoir envoyé Henry de Monfreid y faire l’espion en 1914 : “le gouverneur de Djibouti m’y a engagé… Il reste, des fondations de l’ancien établissement français, un poste télégraphique en ruine et la ligne abandonnée dont le fer lutte contre la rouille en s’accrochant comme il peut aux quelques poteaux branlants qui restent. Sur la hauteur, une caserne turque en ruine…”
Exeunt, donc, les Français au Nord. Au Sud, ils conservent la Côte des Somalis qu’ils rebaptisent, plus justement, Territoire des Afars et des Issas en 1967. C’est plus correct, car les Afars ne sont pas des Somalis contrairement aux Issas. Mais, patatras, l’indépendance, dix ans après, sera sous contrôle somali. Aptidon devient président et, en 1999, son neveu Guelleh lui succède. Deux Issas qui mèneront une guerre féroce aux Afars. Le “triangle afar” s’étend sur environ 150 000 km2, bien au-delà de la “République de Djibouti” et donne des sanctuaires aux guérillas afares en Ethiopie. 19 chefferies structurent ce peuple dont quatre sultanats.
Depuis Napoléon III, les Français signaient des accords avec l’un d’eux plus particulièrement : celui de Tadjourah. Aussi, on peut s’étonner que la France giscardienne ait laissé choir cet allié fidèle, au mépris de la spécificité afare de surcroît.
C’est pourquoi, alors que c’est l’inoxydable Lucien Bazor qui grave les essais des monnaies destinées à la Côte des Somalis, il y aura une renaissance symbolique de la nation afare lorsque la légende est modifiée afin d’évoquer l’autre composante ethnique du territoire. Donc de 67 à 77, les Afars existent numismatiquement, mais aussi phaléristiquement puisque le sultan de Tadjourah a créé de longue date un ordre colonial dont seront friands les fonctionnaires français mutés sur les côtes de la Mer Rouge : le Nichan el-Anouar. Divisé en cinq classes… Dans sa version la plus courante, chevalier avec ruban à dominante bleu, il était coté pour l’équivalent de 120 euros en 1998. Le Nichan el-Anouar a été décerné jusqu’en 1963.

Sur les deux faces de la 20 francs de Bazor l’accent est mis sur l’essor économique du port de Djibouti avec sa grue et ses cargos, seule concession à la couleur locale : le boutre de la Mer Rouge qui domine l’avers.

Avec le sultan de Tadjourah, la République Française a oublié d’être reconnaissante comme savent le faire les Britanniques avec “leurs” émirs.
S’il n’existe pas, à notre connaissance, de monnaies de Tadjourah, puisque circulaient le thaler d’argent de Marie-Thérèse, voire les amolés de sel, la chambre de commerce de Djibouti a émis des monnaies de nécessité en 1920-21 qu’elle réutilisa en 1942. Ils restèrent en circulation jusqu’en 1950. Les monnaies récupérées, des 25 et 5 centimes en aluminium, gravées en leur temps par Thévenon, furent immergées au large. Avis aux plongeurs…

La trouvaille de Malines, un casse-tête numismatique

Dans Monnaies & Détections n° 103, déc 2018-janv 2019, j’ai abordé le sujet très concret de l’apport des prospecteurs à la numismatique, celui-ci n’est plus discutable et le véritable monde scientifique l’admet sans plus aucune réserve. Comme l’a si bien dit J. Koldeweij, professeur de l’histoire de l’art du moyen-âge à l’université de Nimègue en Hollande, les détecteurs de métaux étaient une bénédiction pour la recherche historique et archéologique…, et toujours en Hollande, Madame Tas, expert réputée dans le domaine des monnaies antiques, déclare que les prospecteurs trouvent des types de monnaies nouveaux et inconnus et que de vieilles routes marchandes ont même pu être portées sur la carte grâce aux nombreuses déclarations des prospecteurs.
La découverte ici présentée fut trouvée début de l’année 2012 par un prospecteur belge dans le centre ville de Malines dans les Flandres belges. Cette monnaie étrange fut découverte dans les terres d’une tranchée creusée par la pose de canalisations. La monnaie en billon est légèrement ébréchée et fendue, pèse 0,788 gramme pour un diamètre de 19 mm et a une orientation des axes à 9 h. Cette monnaie a été soumise pour étude à plusieurs spécialistes du monnayage médiéval à savoir Dengis J.L (Belgique), N. Klüssendorf (Allemagne), A. Pol et A. Van Herwijnen (Hollande), mais a résisté à toute tentative d’identification. Cette monnaie se présente comme un demi-gros Jangelaer de la fin du XIVe ou début du XVe siècle. Le type est très similaire au gros jangelaer de Jean de Bavière, prince-évêque de Liège (1349-1418). Toutefois la légende du droit pose quelques problèmes de lecture et surtout d’interprétation, le début – Johes Dux – ne pose aucun problème, par contre le mot ou plutôt l’appréciation des 2 lettres qui suivent, est illisible. Les experts hésitent à lire la dernière lettre comme un E car elle est très endommagée par une petite fêlure et par cela rendue peu lisible par le reflet de la croix du revers. Ensuite suit BO ou moins probable RO, suivi par COMS, mais il faut aussi admettre que le M est assez curieux et ressemble à un N inversé. Enfin le dernier mot PAL est clair mais entre ce mot et le bec de l’aigle, on semble aussi pouvoir reconnaître un trait onduleux très difficile à interpréter mais qui ressemble à une lettre C. l’ensemble se laisse traduire comme Jean Duc (de) … comte du Palatinat, chose d’autant plus curieuse, car selon les traditions de chancellerie, le titre le plus important précède dans les légendes monétaires ?On s’attendrait donc ici à ce que le titre de comte de Palatinat précède et cela serait une exception, le titre ducal, le manque de lisibilité empêche d’identifier de quel duché il s’agirait… Certains experts sont tentés de vouloir reconnaître dans la légende une référence au duché très éphémère de Straubing (Hollande) où Jean de Bavière a régné entre 1404 et 1417/1425, car de toute évidence cette monnaie précède cette période dans la vie tumultueuse de Jean de Bavière. La légende du revers par contre ne pose aucun problème de lisibilité et d’interprétation. On peut la compléter comme Benedictus qui venit in domine domini (bénit soit qui vient au nom du seigneur), tirée du psaume 118 : 26 A et également des évangiles de Luc 13 : 35 B et de Matthieu 21 : 9.
Ainsi au XIVe siècle, on trouve dans nos régions (Flandres, Hainaut, Liège, Brabant…) ce type de légende sur plusieurs types de monnaies, double gros et gros, mais également sur plusieurs types de monnaies d’or.

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Les numismates

Chacun de nous un jour a ressenti le besoin de s’interroger sur une monnaie. Le motif qui l’illustre, le pays d’où elle vient, la période de sa frappe, sa forme, la composition du métal qui la compose, le lieu où elle a été trouvée, le lien avec la personne qui nous l’a offerte, sont certaines des raisons qui nous communiquent le virus de la numismatique. Pour l’un, le plaisir est dans la recherche des monnaies, pour un autre, il est dans leur étude, pour un troisième, c’est collectionner qui le passionne…

Un tableau de Louis‑Jean Charbonnel

Récemment, lors d’une visite au musée d’art et d’archéologie de la ville de Senlis dans le département de l’Oise, mon regard a été attiré par une peinture que je ne connaissais pas : Les numismates. Peinte en 1876 par Louis-Jean Charbonnel elle mesure environ 1,5 mètre de haut et sa largeur est de 2 mètres. Dans ce court article je vous invite à admirer ce tableau, où la scène représentée est si peu différente d’une réunion de collectionneurs d’aujourd’hui.

Les numismates de Louis-Jean Charbonnel
(Collection Musée d’art et d’archéologie de Senlis).

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La Semeuse, le Semeur et les monnaies

Trouver une monnaie portant la célèbre Semeuse de Roty est commun mais il existe bien d’autres sujets numismatiques illustrés d’une semeuse ou d’un semeur. Nous vous invitons ici à en découvrir quelques-uns. Il peut s’agir d’une pièce, d’une médaille, d’un jeton, d’un billet, d’une affiche, etc. Tous les objets sur ce thème peuvent intéresser un passionné d’histoire ou un collectionneur. Ils sont nombreux à jalonner notre quotidien.

La Semeuse de Roty

A la fin du XIXe siècle le graveur Louis-Oscar Roty crée sa première Semeuse. Elle illustre une médaille du ministère de l’agriculture. Rapidement elle trouve la place qui la rend célèbre sur des pièces de monnaie françaises dont la frappe débute en 1897. Aujourd’hui elle est toujours présente sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes d’euro. C’est probablement, avec Marianne, l’image féminine française la plus connue de par le monde et pourtant, mettre un nom sur le modèle qui a servi au graveur n’est pas possible puisque l’histoire hésite entre deux femmes : Charlotte Ragot et Rosalinda Pesce.

La semeuse de Roty a été reproduite ou redessinée sur de nombreuses autres médailles et monnaies. Ainsi nous pouvons citer, parmi bien d’autres, les pièces de nécessité oranaises frappées dans les années 1920 pour la ferme El-Fahoul des familles Fuentes et Macia, la pièce d’argent au module de 5 francs frappée en 1929 en hommage à Georges Clémenceau, Raymond Poincaré et Aristide Briand, la pièce commémorative 1,50 euro de 2004 commémorant le centenaire de l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, la pièce bimétalique de 5 euros également frappée en 2004 où la Semeuse est présente dans un insert d’or sur un fond d’argent, les 8 pièces d’or et d’argent émises de 2008 à 2010 où la semeuse prend une position différente sur chaque valeur faciale de la série, ou encore la médaille d’une loge maçonnique sur laquelle la semeuse est tournée vers les attributs symboliques de l’équerre et du compas.

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Le caveau du dey

Il ne s’agit pas ici d’une sépulture, ni même d’un fantôme sinon celui d’une imposante masse d’or et d’argent. Le polémiste Pierre Péan est mort fin juillet. Parmi ses enquêtes, « Main basse sur Alger » révèle des faits intéressants.

Les raisons de la conquête d’Alger ne seront pas plus ici notre propos que son déroulement militaire. La victoire française est effective lorsque le dey Hussein quitte son palais fortifié de la Casbah le 5 juillet 1830 au petit matin. Il emmène sa famille et ses proches avec or et argent mais « laisse beaucoup de ses biens ». Il abandonne aussi le Trésor, constitué principalement des produits de la Course, activité séculaire de la Régence d’Alger. A 9 h le colonel de Bartillat entre dans la Casbah ouverte avec « sept ou huit officiers du quartier général ». Le général Loverdo, entré peu après, va constater, comme il l’écrit à sa femme, que les appartements du dey, ainsi que ceux de sa fille unique ont déjà été complètement pillés. Mais quid du Trésor ? Le maréchal de Bourmont, chef de l’expédition constitue au même moment une commission chargée de prendre possession de l’or et de l’argent. Elle est composée de Dennié, intendant, de Tholozé à l’état-major, de Firino payeur général. Elle est arrivée à 11 h, ce 5 juillet, à la Casbah. Depuis deux heures le palais se vide de ses ornements, vraisemblablement transférés sur les chevaux des officiers arrivés à 9 h ou sur ceux de leur escorte. Le voisinage semble avoir prélevé une bonne part de l’ameublement, les sentinelles ayant été disposées de manière trop prévisible ou tardive.
A 12 h, « un vieil homme à longue barbe blanche », le Khasnadji, remet les clefs du Trésor au maréchal de Bourmont qui les confie aux trois membres de la commission. Le procès-verbal mentionne que le Trésor est remis intact mais qu’aucun document ne permet d’en établir le montant… Pourtant, de nombreux témoins, dont le dey en exil lui-même, affirmeront que de tels registres ont été tenus. C’est la porte ouverte… au sens figuré car la salle du petit Trésor qui renferme plusieurs grandes caisses à compartiments emplis de monnaie locale, le boudjou d’argent, et quelques caisses d’or reçoit des scellés et la clé en est confiée à Firino. Une autre pièce contient de l’or et des lingots d’argent, voici enfin le grand Trésor, réparti dans trois caveaux de 20 m3 chacun. Celui du milieu contient un monceau de monnaies d’or, les deux autres contiennent l’un un tas de piastres du Portugal, l’autre un amoncellement de piastres d’Espagne. La clef du grand Trésor est remise à Firino. Dans les jours qui suivent, les opérations officielles de pesage et comptage se succèdent. Les premiers bateaux sont affrêtés afin d’amener le butin de l’autre côté de la Méditerranée. Péan détaille quelques-unes d’entre elles, or les poids de métaux précieux ne correspondent pas entre les procès-verbaux de sortie et les quantités déclarées au port d’arrivée. Par négligence les capitaines révèlent des sommes qui n’apparaissaient pas au départ d’Alger.
La révolte de Paris lors des Trois Glorieuses de la fin juillet amène un changement de régime. Durant la transition, certaines pratiques de l’armée de Charles X remontent à la surface. Un polémiste, Flandin, est nommé rapporteur d’une commission d’enquête par le général Clauzel nouveau patron à Alger, avec pleins pouvoirs à compter du 4 septembre. Perquisitions, auditions puis visite des salles du Trésor, désormais vides. Les salles à monceaux de pièces gardent les traces du sommet des tas. Les amas de monnaie ne montaient pas jusqu’au plafond. Comme les fonctionnaires du dey avaient quand même séparé les monnaies d’argent et celles d’or, on l’a vu plus haut, le cubage de chacun de ces métaux, simplement pour les salles du grand Trésor est possible. Il existe un ratio de conversion d’un volume de monnaie vers son poids. Le volume du grand Trésor est évalué à 4,469 m3 d’or et 34,407 m3 d’argent.
Pour la publication de l’ouvrage en 2004, Péan a demandé à Michel Prieur, numismate, de calculer les poids minimaux représentés par ces volumes : 62,566 t. d’or et 240,849 t. d’argent… Seulement pour le grand Trésor…

Une monnaie de 2 boudjous frappée à Alger en 1822.

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La monnaie du Bossu

« Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! » Tout le monde connaît cette phrase du roman Le Bossu, le plus connu des personnages de cape et d’épée, après les mousquetaires.

Gonzague trahit Nevers, qui sera vengé vingt ans plus tard, c’est l’argument du livre : Paul Féval a fabriqué une fiction inspirée d’une réalité historique avec l’important duché de Nevers qui appartient à la famille Gonzague, laquelle réclame la succession de leur cousin Vincent II, duc souverain de Mantoue. D’où la Guerre de Succession de Mantoue.
En effet le duché de Mantoue est important puisqu’il contrôle quelques passages des Alpes tout à fait stratégiques. Les armées françaises et espagnoles vont donc s’affronter chacune pour leur candidat. Tout commence en 1627 avec l’héritage de Mantoue par Charles, duc de Nevers. Une guerre oppose pendant quatre ans les armées des voisins pour la possession des forteresses et particulièrement pour celle de Casale Montferrato. Elle s’achève par la victoire de Charles I de Gonzague-Nevers, il meurt dix ans plus tard et laisse le trône à son petit-fils, Charles II. La monnaie très usée présentée ici porte le visage poupin de l’enfant et surtout la mention de sa souveraineté d’Arches. Ce village des Ardennes, ceint de murailles et organisé par les architectes du grand-père est devenue Charleville. Charles II vend toutes ses possessions françaises à Mazarin, en 1659.
Le cardinal italien s’est fait connaître lors de la négociation pour Casale, son talent de diplomate pontifical évite un nouveau bain de sang au pied de la forteresse montagneuse en 1640. Il fait son entrée à la cour de France où il prend la suite de Richelieu puis amasse une immense fortune qui lui permet de racheter les biens des Gonzague en France. Ces derniers restent ducs de Mantoue jusqu’à la mort de Charles III en 1708. Il ne laisse qu’un fils illégitime auquel tout droit sera dénié au profit des puissances voisines qui annexent Mantoue mais aussi son Etat associé, Montferrat. Ce marquisat appartenait aux Paléologue, famille des empereurs de Constantinople et échoit aux Gonzague par mariage, leur permettant de bourrer leurs armoiries de prétentions orientales ; y compris sur le trône de Jérusalem, ajoutant ainsi un prétendant de plus à cette prestigieuse royauté virtuelle. (Cf. “Un modeste liard”, n° 101 de Monnaies et Détection).

respectivement : Charles II duc de M(antoue). / Double de la souveraineté d’Arches (en abrégé).

… La suite de l’article dans Monnaies & Détections n° 107