Paul, aujourd’hui âgé de 94 ans, est passionné d’aviation. Pendant la seconde guerre mondiale, il fut témoin d’un crash et nous l’a décrit : un avion allemand s’était posé en catastrophe dans un champ de Plaisance du Touch, à quelques kilomètres de Toulouse. Paul nous avait montré le site de crash en déclarant que l’avion avait cisaillé certains arbres de l’allée menant à la propriété. Et en effet, plusieurs tilleuls manquaient au milieu de cette rangée de platanes (photo 1). Mais faute de témoignage précis, notre enquête n’avait pu progresser.
Jusqu’à ce jour de novembre 2017. Ce soir-là, à la fin d’une conférence sur l’archéologie aéronautique, l’un des spectateurs, passionné d’aviation, vient me trouver et me décrit l’épisode que Paul m’a déjà narré. Quand je lui demande s’il possède des informations plus précises, il me répond « je peux vous emmener chez Joseph. Il a 97 ans et il a tout vu quand il était jeune ». Joseph est exactement le témoin recherché.
Un témoignage déterminant
Quelques jours plus tard, Joseph nous reçoit (photo 2). C’est un moment chargé d’émotion. Malgré son grand âge, il vit à son domicile, avec sa femme. Et il nous raconte : « C’était en août 1943, l’année où je suis parti au STO (le “Service du Travail Obligatoire”). J’ai vu l’avion allemand arriver. Il battait des ailes, il s’est posé sur le ventre et pendant sa course, il a arraché un arbre. Le pilote était blessé et les Allemands sont venus le chercher. L’avion avait un seul moteur, rond. Les habitants des environs ont récupéré l’essence dans les réservoirs de l’avion et l’épave a été évacuée ». Joseph nous indique avec précision l’emplacement du crash sur un plan.
Grâce à lui, des éléments sont apparus : la date du crash, août 1943 et le type d’avion, un Focke Wulf 190 (« Un monomoteur allemand avec un moteur rond » : ce ne peut être qu’un Fw 190 car le Messerschmitt 109 avait un moteur en ligne).
La suite de l’article dans Monnaies & Détections n°111 …