MONNAIES ET DETECTIONS

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Monnaies et Détections

Catégorie : Histoire

L’affaire du drapeau blanc

Au pouvoir depuis le 16 septembre 1824, Charles X, roi de France, signe les ordonnances du 25 juillet 1830 et provoque ainsi la Révolution et son abdication en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux…

Hélas trop tard ! le changement dynastique s’opère par la monarchie de juillet où le duc d’Orléans, fils ainé de Philippe Egalité, accède au trône de France sous le nom de Louis-Philippe 1er et cela à la grande colère du parti royaliste des légitimistes, des bonapartistes et du parti républicain. Louis-Philippe 1er commence ainsi son règne avec contre lui une triple opposition !, la plus virulente étant celle des légitimistes qui se tournent tous vers le petit-fils de Charles X, duc de Bordeaux et comte de Chambord, Henri V !
Les légitimistes font même frapper en Belgique des monnaies à l’effigie du jeune enfant, des 1 franc en 1831, 5 francs en 1832 et demi-franc en 1833. Ces monnaies furent introduites dans la circulation comme l’indique un rapport du préfet du Rhône, daté du 30 mars 1832. « Monsieur le commissaire du roi près de la monnaie de Lyon m’informe qu’il circule dans la ville des pièces à l’effigie du duc de Bordeaux avec l’ancien écu royal au revers et légende Henri V !… »


Sur d’autres monnaies de 5 centimes et de décimes du directoire est gravée la contremarque « A bas le drapeau de la misère », c’est-à-dire… le drapeau tricolore, reconnu par Louis-Philippe 1er en lieu et place du drapeau blanc royal, les monnaies de Louis-Philippe 1er sont contremarquées du « V » couronné, pour Henri V, d’autres monnaies sont gravées « Mort à Louis Philippe », ou encore « Philippe I bouro de Paris », ou montrent une trace de décapitation sur le cou, bref Louis-Philippe 1er est détesté de tout le monde !
La duchesse du Berry, mère d’Henri V, avait d’ailleurs tout fait pour installer son fils dans son rôle de prétendant légitime, en 1832 elle avait même tenté avec courage de soulever la Vendée en faveur de son fils, en vain ! Véritable danger pour Louis-Philippe 1er, elle fut arrêtée et l’on constata qu’elle était enceinte d’un enfant de père par principe inconnu ! Cette grossesse illégitime discrédita à jamais la duchesse de Berry qui ne trouva plus dès lors de partisans organisés. Le duc de Bordeaux fut contraint à l’exil ! enlevant de la sorte une solide épine du pied de Louis-Philippe 1er.

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Les bijoux de la du Barry

Jeanne Bécu naquit le 19 août 1743 dans un milieu modeste. Sa beauté compensant largement sa naissance, elle fut remarquée à 19 ans par Jean-Baptiste du Barry qui en fit sa maitresse. Par le jeu des intrigues, elle fut présentée à Louis XV qui en tomba éperdument amoureux. Le roi âgé de 58 ans, voulut faire de cette jeune femme sa favorite officielle, ce qui ne pouvait se concevoir sans qu’elle fut mariée et titrée.

Jeanne Bécu épousa donc le frère ainé de son précédant amant, le comte Guillaume du Barry, que l’on s’empressa de renvoyer sur ses terres, moyennant une petite compensation. L’ascension de la petite Jeanne est alors fulgurante ; ainsi succédant dans le cœur du roi à Madame de Pompadour, la jeune et très jolie comtesse du Barry bénéficia de largesses royales et reçu domaines, équipages et bijoux en quantité astronomique. Rien ne résiste à cette beauté hors du commun.
Elle s’intéressa également aux beaux-arts et contribua à l’essor du néoclassicisme, faisant notamment appel à l’architecte Ledoux qui bâtit le pavillon de musique de son domaine de Louveciennes. Elle organise soirées, concerts, bals. Elle dépense sans compter. Son train de vie était éblouissant. En 6 ans, c’est-à-dire jusqu’à la mort de Louis XV, la belle avait dépensé plus de 12 millions de livres, entre 1768 et 1774, elle consacra plus de 2 millions de livres à l’achat de pierres précieuses.
Louis XV passa commande d’une pièce d’exception aux joailliers Böhmer et Bassenge, un collier estimé à 1 600 000 livres (soit environ 72 000 000 euros actuel !). Mais la mort de Louis XV avait interrompu les tractations. Par la suite, le collier fut proposé par 2 fois à la reine Marie-Antoinette qui le refusa, jugeant le bijou trop coûteux. Ce bijou sera plus connu sous le nom du « collier de la reine ».
Hélas, la roue finit par tourner.
A la mort de Louis XV, son protecteur, survenue en mai 1774, le nouveau roi Louis XVI délivra une lettre de cachet qui relégua la comtesse du Barry de très longs mois dans un couvent. Fini la vie de château, les fêtes, les repas somptueux, le quotidien est désormais un austère couvent, sombre et humide. La punition durera jusqu’en octobre 1776, date où Louis XVI lui signe son bon de sortie. La comtesse conserva toutefois une pension de 100 000 livres par an. La comtesse du Barry s’empressa de rejoindre son château où elle vécut avec l’agréable compagnie du duc de Brissac et la vie de la comtesse repris un court normal, fêtes, banquets, chasses à cour, etc… Le 10 janvier 1791, le duc de Brissac donnait une fête dans son hôtel parisien et la comtesse y assistait comme il se doit. Alors que dans son château de Louveciennes, des voleurs très bien informés de son absence, en profitèrent pour lui dérober une énorme quantité de bijoux, évaluée à 1 500 000 livres ! Quand la comtesse du Barry s’aperçut du vol, elle entra dans une colère monstre, affichant de la sorte sa richesse à une époque où il ne faisait pas bon de rappeler que l’on devait sa fortune à sa qualité de maîtresse du roi.

La comtesse du Barry.

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Récit de la traque d’une couronne

Dans son “Miskito coast”, publié pour la première fois en 1991, P. Ford nous raconte comment il a recherché la couronne du roi des Mosquitos, contraint de jouer un jeu dangereux avec les sbires de la dictature sandiniste au Nicaragua.

Son aventure commence au Bélize, cet étrange pays qui appartint longtemps aux Britanniques, fait unique en Amérique Centrale, se poursuit au Honduras (anciennement “espagnol” puisque le nom du Bélize, jusqu’à son indépendance en 1981 était “Honduras britannique”) puis gagne le Nicaragua. L’ennui est que depuis 1982, les Mosquitos s’étaient rebellés contre la dictature sandiniste d’Ortega et que la zone frontière entre les deux Etats était particulièrement dangereuse.
Le peuple mosquito avait une indépendance encore fraîche puisque c’est seulement en 1860 que le Royaume-Uni abandonna la protection de ce royaume tropical et reconnut qu’il devenait une simple réserve indienne de la République du Nicaragua. Le roi des Mosquitos passa du statut de monarque à celui de chef de tribu. Bien entendu, ici comme dans le reste de l’Amérique Latine, les Amérindiens furent soumis à toutes sortes de brimades, travaux forcés, enlèvements, viols, rackets de la part de commerçants et d’industriels avides de main d’œuvre gratuite.
La modernité et le progrès arrivèrent au milieu du XXe siècle dans le sens où les armées et autres “gardes nationales” avaient désormais les moyens techniques d’imposer leurs propres exactions en lieu et place de leurs prédécesseurs, les trafiquants et les planteurs de monocultures.
Dans ce sanglant bazar, la couronne et le sceptre des anciens rois des Mosquitos avaient disparu.
Peter Ford va sur le terrain, est menacé, emprisonné, racketté par diverses factions, dans des régions tout aussi diverses mais s’en sort (il est britannique, autant dire neutre dans cette guerre entre les sandinistes soutenus par Cuba et les contras équipés par les USA) et recherche des témoignages. Bien sûr il est confronté aux hâbleurs des bars, comme il y en a partout dans le Monde, menteurs soucieux de proposer la meilleure histoire à un auditoire crédule. Bien entendu, il est confronté aux pertes de mémoire, cet étrange phénomène qui fait que l’on va se souvenir de faits insignifiants arrivés la même année que d’universels bouleversements complètement oubliés, eux.
Troisième obstacle, parfaitement respectable celui-là : la méfiance envers un étranger venant aux renseignements à propos de traditions enfouies.
Il n’a pas que des déboires, il connaît même des situations comiques. Ainsi lorsqu’il découvre la statue du Libérateur de l’Amérique Centrale en pleine capitale du Honduras (Tegucigalpa) il constate que les Français, au XIXe, leur avaient recyclé une statue équestre d’un maréchal de Napoléon… A Trujillo, autre ville du Honduras, un habitant lui indique l’adresse du consulat britannique. Las, celui-ci a été supprimé trente ans auparavant mais la demeure est celle de l’arrière-petit-fils du dernier consul qui “entretient un petit musée de reliques consulaires”. Ou encore cet anthropologue qui débarque dans un village et, soucieux d’en connaître les faits anciens, s’enquiert du doyen d’âge, réponse : “le doyen, il est mort.”

Un dollar “fort” du Poyais.

L’épée volée du sacre de Charles X

Le sacre de Charles X.

Le retour de la monarchie en France au XIXe siècle fut chaotique et compliqué ! Louis XVIII né à Versailles (1755-1824), frère cadet de Louis XVI (1754-1793), fut ainsi roi de France à la chute de Bonaparte, de 1814 à 1824 (hors période des Cents jours), mort sans aucun héritier, la couronne de France revient ainsi à son frère cadet. Il était comte d’Artois quand il émigra en 1789, et organisa la défense de la couronne depuis l’étranger, en organisant un débarquement qui échoua en Vendée en 1795.

La couronne du sacre.

Ainsi, il devient roi de France le 16 septembre 1824 sous le nom de Charles X.
Etant nostalgique de la monarchie absolue de droit divin et voulant à tout prix gommer tout héritage de la Révolution, Charles X fit reprendre pleinement le cérémonial de l’ancien régime. Son frère Louis XVIII avait renoncé à la cérémonie du sacre parce qu’il n’aurait pu en supporter les fatigues ! Charles X reprit la tradition et voulut une cérémonie fidèle à celle de ces ancêtres, c’est-à-dire grandiose et fastueuse ! Les préparatifs commencèrent dès novembre 1824, un budget très important fut consacré à la restauration des bâtiments et la décoration fastueuse de la cathédrale de Reims et du palais épiscopal. Le roi fit spécialement composer une messe par Luigi Cherubini, directeur du conservatoire de Paris et commanda également un opéra à G. Rossini, « Le voyage de Reims ». Une épée fut aussi réalisée pour le sacre de Charles X, celle-ci était composée de 1 576 diamants, Charles ne voulant pas utiliser l’épée du sacre des rois de France car celle-ci fut profanée par Bonaparte qui fit gommer les fleurs de lys ornant la poignée de l’épée et l’utilisa lors de son sacre comme empereur des Français, et cela révulsait Charles X  qui n’avait que haine et mépris pour Bonaparte.
Le 27 mai 1825, le cortège royal partit de Compiègne, étape incontournable sur la route du sacre. Le 29 mai le sacre de Charles X se déroula devant un parterre de nobles, de savants, d’artistes et poètes, Victor Hugo composa l’ode « Le sacre de Charles X » qu’il publia dans son recueil « Odes et ballades ». Une médaille en argent fut émise à l’occasion du sacre, d’un diamètre de 41 mm et de 40,25 grammes, œuvre de Gayrard Raymond (1777-1858). Cette médaille fut également émise en bronze.
Pour rassurer l’opinion populaire, Charles X avait accepté de prêter serment de fidélité à la charte constitutionnelle de 1814, charte octroyée par Louis XVIII qui met en place une monarchie constitutionnelle et qui garantit les libertés acquises par la Révolution de 1789 !
Le sacre de Charles X fut des plus limités dans l’opinion publique où l’anticléricalisme était vivace ! Le peuple n’y voyait que la résurrection de l’ancien Régime, et le ministère autoritaire de Villèle lui valut une impopularité tenace. L’avènement du ministère Martignac en 1828 n’y changea rien ! La chambre ayant refusé la confiance au cabinet Polignac fut dissoute mais les élections furent favorables à l’opposition !

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L’impôt du sang

Avant la guerre 1914-1918 et depuis la période napoléonienne, la conscription* se pratiquait par tirage au sort et comme il était permis aux citoyens aisés de se faire remplacer moyennant une contribution financière, on eut tôt fait de dénommer cette pratique « l’impôt du sang ».

Cette injustice profita à de nombreux « fils à papa » et autres petits bourgeois n’ayant aucune notion du devoir accompli. Ceux-là le payeront du prix fort lors du premier conflit mondial. Ils seront les premiers à périr au feu, la plupart n’ayant aucune notion du maniement des armes à feu ! Certains diront que justice fut rendue !
Cette pratique de la conscription fut instaurée en France par le décret du 23 août 1793 qui stipulait « dès ce moment jusqu’à celui où les ennemis de la France auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées ». Le comité du salut public imposa la conscription pour les hommes célibataires âgés de 18 à 25 ans… Par la suite, la loi Jourdan du 5 septembre 1798 instituait la conscription universelle et obligatoire de tous les Français âgés de 20 à 25 ans.
En 1805, sous Bonaparte, dans les rues de Paris, on voyait bien que la population s’inquiétait de la mobilisation de dizaines de milliers de conscrits pour constituer une armée de réserve, cela ne fit qu’envenimer la situation.
Le Grand Empire napoléonien réclamait des conscrits pour soutenir son effort de guerre. Au total, plus de 2 millions d’hommes furent enrôlés dans la grande armée entre 1803 et 1814. A elle seule, la Belgique en fournit plus de 216 000 entre 1798 et 1813.
La confédération du Rhin dut mettre à disposition 100 000 hommes, la Suisse 12 000, et pour l’Italie 125 000 hommes furent mis à disposition de Bonaparte ! Les états satellites et alliés durent fournir 600 000 hommes, 90 000 polonais, 17 000 westphaliens, 5 000 napolitains, 7 000 hommes du duché de Francfort, etc, etc…

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1628, Banco hollandais à La Havane

Piet Hein

Les colonies et conquêtes du Nouveau Monde sont une source de revenus et de richesses incroyables pour l’Espagne. Deux flottes au trésor rapatrient à Séville les richesses du monde espagnol. La flotte de terre-ferme part de Carthagène et rapporte l’or d’Equateur, les émeraudes de Colombie et l’argent du Pérou via Panama. La flotte de Nouvelle-Espagne charge à Veracruz l’argent du Mexique, mais également les épices, les teintures, les soieries et les porcelaines venues de Chine par Manille et Acapulco.
Les dangers qui guettent ces flottes sont nombreux et variés, pirates, corsaires, Anglais, et surtout, les éléments naturels, tempêtes, cyclones et le très redouté « pot au noir », la zone de convergence intertropicale qui désigne la région autour de l’Equateur où se rencontrent les alizés des deux hémisphères et où se forment de très violents orages, tant redoutés des navigateurs. Ainsi entre 1504 et 1650, on recense plus de 519 naufrages dans cette zone pour l’Espagne. Du côté portugais, on recense 216 naufrages entre 1497 et 1650 soit 20 % du trafic, la France compte 60 naufrages entre 1720 et 1762, les Anglais 200 naufrages entre 1600 et 1834 et les Portugais et Hollandais dénombrent 653 naufrages entre 1650 et 1800. A quoi il faut encore ajouter les naufrages de toutes les autres nations. Quoi qu’il en soit, les enjeux économiques en cas de naufrage sont tels que les autorités montent des expéditions de récupération quand le naufrage a lieu à faible profondeur, au-delà de 20 mètres de profondeur les vestiges disparaissent.
En 1568, les Pays Bas espagnols (la Belgique, le Luxembourg, la Hollande et le nord de la France) tentent de s’affranchir de la tutelle de l’Espagne de Philippe II et cela par les armes. La première phase du conflit aboutit en 1581 à la création des Provinces Unies, formés des 7 provinces protestantes du nord, les dix autres provinces étant reconquises et soumises par le sang. Une première trêve est signée en 1609 à Anvers. Les belligérants hollandais et espagnols étant exsangues, la trêve est fixée pour 10 ans ! Mais en réalité, les 2 camps se sont radicalisés et les Hollandais ont épousé la cause des protestants dans la guerre de 30 ans qui débute en 1618. Les hostilités démarrent durement pour les Hollandais, l’argent vient rapidement à manquer ! Suite au blocus du pays par les Espagnols, et surtout les déboires des protestants en Allemagne, quand Spinola prend la place clé de Breda en 1625, c’est la crise… et la survie des Provinces Unies s’en trouve grandement menacée…, déjà en 1623, l’amirauté hollandaise avait établi un grand projet appelé « groot desseyn », le grand dessein. Il décide de l’activer après la chute de Breda, celui-ci consiste à s’emparer du Brésil, possession portugaise entrée dans l’empire Habsbourg avec l’union des couronnes portugaise et espagnole en 1580 et par établir des comptoirs en Afrique, pour contrôler le commerce de l’ivoire et de l’or africains, tout en tarissant les ressources espagnoles en main-d’œuvre pour les mines du Pérou et du Mexique.

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Les fibules ornées d’oiseaux, de chevaux ou de masques humains

Suivi d’une correspondance avec les fibules à ailettes (Essai)

Quand on observe les fibules dites « kräftig profilierte » (profil trapu), on remarque que ces artefacts provenant d’Europe Centrale et datant du 1er siècle présentent effectivement une bonne impression de solidité sous un aspect paraissant rustique, mais des variantes nous proposent aussi de grandes finesses d’exécution et des surprises singulières.
Au delà des classiques le plus souvent à décor simple, les fibules dites « en ancre » (mais ce sont peut-être des cornes ou des antennes) nous offrent quand même une grande variété… Quand on tourne ou retourne la fibule suivante, il apparaît un animal aux yeux grands ouverts, ou bien n’est-ce que de l’imagination ?

Sur celle-ci le profil est classique.

Mais vue de face c’est d’un seul coup une découverte étonnante : un masque humain digne de l’art africain mais avec une coiffure ressemblant tout à fait à la Vénus de Brassempouy.

À comparer : une autre fibule avec un masque sur l’arc elle aussi, dommage son ressort a disparu.

Plus rares, les fibules à visage humain en relief sur l’arc.

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Les reliques de Jeanne

Jeanne d’Arc, personnage emblématique de l’histoire de France, qui pourtant ne fut réellement reconnue comme telle que très tardivement, et plus exactement dans les années 1870-1871, années terribles pour la France de Napoléon III, battu et humilié sur son propre sol par l’armée de Prusse, et cela en 5 mois et demi ! Pire encore, le 18 janvier 1871, l’empire allemand est proclamé à Versailles, le 26 janvier l’armistice signé à Versailles, et l’ultime humiliation le 10 mai, avec le traité de Francfort, l’Alsace-Moselle est annexée !, et de plus, la France versera entre 4 et 5 millions de pièces d’or de 20 francs à l’Allemagne, pour l’entretien des armées d’occupation !
Après cela, le monde politique, académique, des arts, les historiens, le monde militaire et populaire regrettent de concert l’héritage de Clovis et de Charlemagne, ces barbares germaniques, la France humiliée se cherche de nouveaux héros, et surtout, une nouvelle identité et de nouveaux ancêtres moins germaniques que les Francs ! C’est ainsi que naîtra le « Roman National Français », et la soudaine apparition d’un prince gaulois totalement inconnu de tous ! Il en sera de même pour Jeanne d’Arc, véhiculant l’image de la guerrière ayant « vaincu » les Anglais, et surtout ayant rendu le trône de France au dauphin Charles VII.
La France meurtrie a besoin de nouveaux héros, et Jeanne d’Arc en fera partie. A partir de cette époque, les objets à l’effigie de Jeanne d’Arc deviennent légion, et cela, sous toutes sortes de formes ! car de Jeanne d’Arc, il ne reste rien !
Selon les récits de l’époque, le bourreau fera brûler à trois reprises les restes, afin que rien ne reste de son corps, les cendres jetées dans la Seine, ainsi que son cœur et ses entrailles. Il ne reste ainsi aucune relique de la Pucelle… et encore moins de tombe… Et pourtant, certaines reliques sont apparues, la dernière en date étant la soi-disant bague de Jeanne d’Arc !, achetée plus de 300 000 euros !
Mais avant d’aller plus loin, c’est quoi exactement une relique ?

Les reliques

Dans la religion chrétienne, le culte de latrie est réservé à Dieu, le culte d’hyperdulie est réservé à la Vierge Marie, le culte de dulie est réservé aux saints. Il revêt deux formes, la vénération et l’invocation.
Il faut distinguer plusieurs sortes de reliques. La première concerne les ossements, les cheveux et le sang. La deuxième rassemble les reliques ayant appartenu à un saint ou bienheureux, vêtements, ustensiles de la vie courante, instruments de pénitence, de sa captivité ou de son supplice. La troisième catégorie réunit les reliques « représentatives », les objets contenus dans les reliquaires, parce que proches des autres reliques, ont capté les saintes vertus.

A gauche : Six reliques sous la protection du fameux agnus dei, dans ce reliquaire du XVIIIe siècle avec encadrement en bois.
A droite : Une relique de la Sainte Croix avec son authentique, qui en fait aussi l’essentiel de sa valeur pour un collectionneur.

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Bokassa Ier

Le diamant de 82 carats est au centre de la couronne.

Lorsque Sa Majesté Impériale Bokassa Ier décida des détails de son couronnement, Elle tenait à ce qu’il rappelât l’Empire français. Jean-Bedel Bokassa, ancien officier des Troupes de Marine françaises, avait une fascination pour l’époque napoléonienne.
Le 4 septembre 1977, il coiffa une couronne impériale, se défit de ses lauriers en or et sortit de la salle du couronnement habillé dans la réplique de l’uniforme du maréchal Ney. Comme Napoléon Ier avec Joséphine, il avait lui-même coiffé de la couronne son impératrice à lui, Catherine.
Les bijoux avaient été dessinés par Arthus-Bertrand et les robes par Cardin : la diligence des joailliers et des couturiers parisiens sur ce projet sera moins évoquée après la destitution de Bokassa en 79. En attendant, la société Arthus-Bertrand avait dépêché son tailleur spécialiste des grosses pierres, pour travailler pendant trois mois sur les diamants bruts de grande taille que Bokassa Ier destinait à ses regalia.
Or celles-ci ont disparu suite à l’opération Barracuda menée par les parachutistes du 1er RPIMa qui avait pour but de remplacer l’inquiétant Bokassa par le dépressif David Dacko, ramené d’exil dans la soute d’un Transall français. Cela tombait bien, il était déjà le prédécesseur de Bokassa.
Faisons le compte des objets disparus : proclamé empereur en 1976, Bokassa Ier a demandé à la maison Arthus-Bertrand, à partir de mai 1977, de lui fabriquer une couronne impériale, une couronne de lauriers d’or, un sceptre et une épée. Pour l’impératrice il demandera un diadème impérial ainsi qu’une couronne de palmes d’or. La plupart de ces objets sont enrichis de diamants dont la Centrafrique demeure un gros producteur. Il y aura notamment, parmi six mille, un brillant central de 82 carats.
Après consultation de quelques ouvrages traitant du domaine si particulier des regalia, nul ne semble savoir qui avait disposé des couronnes et sceptres de la famille impériale centrafricaine.

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La médaille de la rue Bac

Les médailles religieuses sont légions et nous prospecteurs en rencontrons souvent lors de nos sorties. On en trouve partout !, dans les champs, les prairies, les forêts, les parcs et les jardins. Elles sont en cuivre, en aluminium, en argent et, parfois en or et cela, sous toutes formes ! Elles représentent divers Saints, la Vierge ou la Sainte Trinité, bref, la totalité du Panthéon chrétien.Il y a toutefois une médaille qui surclasse toutes les autres, la célèbre médaille miraculeuse de la Vierge, plus connue sous le nom de « médaille de la rue du Bac », située à Paris.

L’histoire débute en 1830 avec une jeune nonne de 24 ans, Catherine Labouré. Celle-ci se prépare à prononcer ses vœux au noviciat des Filles de la Charité, fondation ayant pour vocation d’assister les pauvres et aussi de recueillir les enfants abandonnés.
Catherine Labouré est d’origine paysanne bourguignonne et totalement illettrée. Le 18 juillet 1830, à la nuit tombée, la jeune nonne est en train de prier dans sa cellule quand, soudain, un enfant totalement inconnu d’elle lui rend visite et lui annonce que la Vierge l’attend !
Il la conduit ainsi dans la chapelle qui est illuminée d’une multitude de cierges, et, soudain, un bruit se fait entendre et la jeune nonne voit la Vierge Marie assise à ses côtés. Cette vision se reproduira le 27 novembre 1830. Mais cette fois-ci, la Vierge Marie est debout, les bras écartés et ses mains irradient les rayons d’une lumière céleste et la Vierge lui demande alors de faire frapper une médaille. Elle lui explique que ces rayons sont le symbole des grâces qu’elle obtient pour les hommes. La vision est entourée de l’invocation suivante : « Ô Marie conçue sans pêché, priez pour nous qui avons recours à vous ».
Puis, soudain, la Vierge s’estompe et fait place à la lettre M avec la petite croix et les deux cœurs (celui du Christ et celui de la Vierge).
En décembre 1830, Catherine voit pour la dernière fois la Vierge Marie ! Les autorités religieuses du diocèse de Paris au courant de ces apparitions donnent leur accord à la frappe de la médaille en mars 1832. L’abbé Aladel, confesseur de la jeune nonne, commande les premières médailles au bijoutier Vachette situé 54 quai des Orfèvres à Paris, et cela en mai 1832.
Le 30 juin, les premières 1 500 exemplaires sortent des ateliers et la première distribution concerne les Filles de la Charité, puis les personnes atteintes du choléra.
Les miracles, guérisons et conversions suivent immédiatement cette divulgation. A un point tel que dès février 1834, la médaille est qualifiée de « miraculeuse ». Le 10 juin 1834, sa diffusion a déjà atteint Constantinople, puis le monde entier ! En 1834, la diffusion atteindra des chiffres impressionnants, 62 664 exemplaires, en 1835, plus d’un million, sans parler des copies qui ne respectent pas les critères fixés par la Vierge. La demande ne cesse d’être grandissante. En 1839, 10 millions d’exemplaires originaux sont ainsi vendus de par le monde. En 1876, à la mort de Catherine Labouré, plus d’un milliard de médailles circulent de par le monde, la « médaille miraculeuse » est universellement connue !

Le premier tirage

Ces premiers tirages sont reconnaissables par la présence au revers de deux petites barres horizontales sous le M et, plus bas, d’un trèfle situé entre les 2 cœurs, le poinçon de la société Vachette. Les 12 étoiles qui figurent autour de la tête de la Vierge lors de l’apparition sont placées sur le pourtour. Sur l’avers, la légende sur le pourtour est inscrite sur deux lignes.

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